Troisième report d'affilé que je fais de l'Xtreme Fest pour le W-Fenec, huitième édition à laquelle je participe sur les onze qui se sont tenues (ratées uniquement pour cause d'embouteillage de planning), tu auras normalement déjà compris que ce festival, c'est de la balle.
Imparfait
Il y a moult raisons d'y participer, toutes autant objectives que subjectives. Cela va de la proximité du site (15 minutes d'Albi) avec mon lieu de villégiature estivale, à la programmation à dominantes punk-rock (mmmhh, yeah !), hardcore (hum, ok), metalcore (hum, sans moi), avec une réelle attention pour proposer "more women on stage" (copyleft Lola P3C). On peut également souligner la très bonne ambiance familiale, collégiale et festive qui y règne, notamment via les CRIS revendiqués (Convivialité, Respect, Inclusion, Solidarité), qui ne sont pas que des paroles en l'air, la jauge (quelques milliers) rendant les scènes et toutes les commodités faciles d'accès, le site en lui-même, Cap Découverte, avec un lac accessible en journée via un télésiège pour s'y rafraîchir (et réaliser des interviews), tout en regardant des concerts sur la bien-nommée Beach Stage, ou encore les trois autres scènes dont tout un espace gratuit pour celles et ceux ayant des difficultés à boucler les fins de mois, l'accueil par tous les différents bénévoles... Bref, si ce n'est pas encore le cas, tu peux d'ores et déjà réserver ton dernier week-end de juillet 2025 pour l'Xtreme Fest 12.
En attendant, revenons donc sur la fête extrême de cet été concoctée par Pollux Asso, avec comme précaution d'usage que le choix des groupes vus (et non vus), ainsi que les commentaires s'y rapportant n'engagent que les goûts persos (et discutables) de l'auteur de ces lignes et que comme bien souvent, il y a autant de façon de vivre un festival qu'il n'y a de festivaliers.
A Wilhelm Scream
Jour 1 : Vendredi 26 Juillet
Malgré la présence d'un camping plutôt bien équipé à proximité, on opte comme les années précédentes pour une option crust caviar AirBnB. "On" c'est notre team qui s'est quelque peu agrandie car si on a malheureusement perdu sieur Guillaume Gwardeath, trop occupé par ses projets, avec Dina ma sidekick de toujours on a récupéré Seb de La Dépêche du Midi, Bertrand de New Noise et des ami.es de Séb (Marion, Mehdi et Miglen). Après un faux départ, ou plutôt l'arrivée sur place à 14h pour l'interview prévue de Crisix qui ne pourra se faire, les Espagnols étant en retard, le festival commence pour de bon vers 18h. Enfin, sauf pour Dina, la pauvre, coincée à l'autre bout de la France du fait des galères de train en ce jour d'ouverture des J.O. Paris 2024, et qui sera contrainte de prendre un bus de nuit puis un TER pour arriver samedi matin et rater cette première journée. Pas glop.
Un peu de garage-rock sexy sur la scène de l'Estafette (au niveau du Parvis, la partie off et gratos du festival) pour s'échauffer les cages à Pussy Miel, qu'on se dirige vers la X-Cage. Comme l'année dernière, le site qui s'était vu légèrement réaménagé pour souffler ses dix bougies propose deux scènes extérieures dans sa partie payante. Les sets alternent sur la Family Stage et la X-Cage, donc, une cage surélevée avec le groupe enfermé dedans et le public pouvant se disposer à 360 degrés tout autour. Ce sont les fils (mais pas les filles) des Sorcerer que vous n'avez pas brûlés qui s'y collent en premier. Si je n'écouterais pas forcément chez moi le hardcore légèrement metallique, mais pas spécialement chaotique des Parisiens, c'est néanmoins plaisant à voir sur scène. Prestation efficace et intense, sans le trop plein cliché de testostérones que je peux parfois reprocher aux groupes du genre. En parlant de cliché, Imparfait en aligne quelques-uns. La ressemblance de la chanteuse avec Skin de Skunk Anansie est un peu facile à mettre en avant mais c'est ce qui me saute aux yeux, de même que la forte influence neo-metal. Sauf que je n'en écoutais déjà pas il y a 20-25 ans, alors je n'éprouve toujours aucune nostalgie ni sympathie en 2024. Il en faut pour tous les goûts, aucun problème, d'autant que c'est bien exécuté. C'est donc le moment idéal pour aller se sustenter, burrito végé bien copieux ce soir, accompagné d'une Frimousse (bière artisanale à 0,9° bien bluffante) et faire un petit tour sur les stands de merch, pour notamment déposer des fanzines HuGui(Gui) les bons tuyaux et Joining The Circus chez l'ami Cu! de Kicking.
Crisix
Après cette petite pause, retour aux affaires musicales et c'est la fête du Slip (tu comprendras mieux après) sur la Family Stage et dans la fosse : pogo, stage-diving, chenille... Les Californiens de Mad Caddies délivrent leurs tubes ska/punk/reggae dans une très bonne ambiance. En bon néo boomer que je suis, je vibre davantage sur les vieux morceaux, plus catchy, (j'avoue ne pas les avoir écoutés depuis qu'on a changé de siècle) quand stupeur, après avoir déjà reconnu Sean Sellers de Good Riddance derrière la batterie, je crois reconnaître le gars derrière le trombone ! Il s'agit de Nico, bassiste du groupe punk-rock francilien Slip (tu comprends mieux maintenant). Mais what ze fuck ?! Mon informateur Jean-Luck Lopez me confirmera ça et on taillera le bout de gras avec lui plus tard. Le gars est tromboniste professionnel et si ça ne court déjà pas les rues, dans le punk-rock encore moins. Ça fait donc moins de 2 ans qu'il est membre à part entière de Mad Caddies et partage les scènes et backstages avec les autres groupes du label Fat Wreck Chords, dont les dernières dates de NOFX. Tranquille. En parlant de punk-rock et d'Amérique, LE concert que j'attends le plus aujourd'hui c'est justement celui qui arrive sur la X-Cage : A Wilhelm Scream. J'ai déjà pu les voir à plusieurs reprises, c'était la branlée à chaque fois et divulgâchage, il en sera sans surprise de même à nouveau. Le chanteur, véritable pile électrique sort très vite de la cage pour prendre possession de la petite scène devant et son énergie positive associée aux morceaux speed, techniques mais mélodiques de ses camarades (dont un batteur avec un beau teesh Hot Water Music) est ultra communicative. Comment ne pas devenir complètement zinzin dès les premières secondes de "Me vs Morrissey in the pretentiousness contest" (tiré de l'excellent album Ruiner (2005)) qui lance les hostilités du concert. C'est la folie dans le pit, ça slamme à tout va, jusqu'à ce que tout s'arrête brutalement car un festivalier est mal retombé et a perdu connaissance. Grosse frayeur pendant quelques instants, avant d'être rassuré (il est revenu à lui) et après son évacuation par la Sécu et Protection Civile sous les applaudissements du public et du groupe, the show can go on. Pas facile mais le quintet du Massachusetts arrive brillamment à réchauffer les ardeurs de tout le monde, jusqu'au final épique, "The King is dead", dont les notes et arpèges d'intro me filent de véritables frissons. Rien à voir avec la nuit tombée, le thermomètre affiche toujours plus de 25 degrés.
S'ensuit le set des Anglaises de Nova Twins sur la Family Stage, qui peuvent rappeler Prodigy avec leur electro-rock et basse ultra saturée, sans le côté punk et foufou de leurs compatriotes, puis le hardcore basique et bas du frontal de Real Deal : "si vous voulez vous foutre sur la gueule c'est maintenant", nous informe le chanteur depuis la X-Cage. Hum, merci non merci. C'est enfin Crisix qui a la double lourde tâche de clôturer ce vendredi soir de fête, et de remplacer Sick Of It All, contraint d'annuler à cause des soucis de santé du chanteur Lou Koller. Les Espagnols ont décidé de reverser les bénéfices du cachet pour aider aux frais médicaux de ce dernier et c'est tout à leur honneur. Quant à eux, c'est le thrash metal bien old school et bien fun qu'ils mettent à l'honneur, ainsi que le titre "Step down" de Sick Of It All, qu'ils reprennent en chœur et à l'unisson avec le public.
Monde De Merde
Merci, bonsoir, on lève le camp après cette sympathique première journée, et on finit devant la télé et la cérémonie d'ouverture des J.O., avec la prestation remarquée de Gojira, et d'autres qui mettront en P.L.S. les réacs de la France entière.
Jour 2 : Samedi 27 juillet
La première interview télésiège filmée (avec Aerial Salad) est prévue à 14h, on arrive donc sur site vers 13h avec Dina, "fraîchement" débarquée de son périple épique depuis le Grand Est (train + bus de nuit + TER) pour faire un premier essai caméra. Tout se passe hyper bien, on poursuit la discussion en off avec les Anglais tous contents d'être là, autour d'une bonne pinte sur la guinguette près de la plage, le rdv est pris devant l'Estafette pour leur concert et c'est l'heure de Forest Pooky en solo sous la tente de la Beach Stage (15h45). Il fait chaud. Très chaud. Très très chaud. Mais en bon professionnel qu'il est, Forest assure le show, délivrant un set avec des chansons extraites d'un peu tous ses disques/groupes (excellente reprise de Sons Of Buddha au passage), pour éviter la redite avec son concert du lendemain en mode quartet. On apprendra qu'il a dû faire une sieste de plusieurs heures pour se remettre de la chaleur extrême mais il faut ce qu'il faut pour la fête extrême. À peine le temps de picorer quelques minutes des grungies Pythies, dont la proximité avec les Pixies n'est pas que phonétique (même si on les rapprocherait davantage des L7) que tout un Monde De Merde s'est réuni dans, devant et autour de la X-Cage. Bender et Pit Samprass aux grattes, Lucette au mic (désolé pour le basse/batt' dont je n'ai pas les blazes) nous blastent sans jamais nous blaser avec leur punk-hardcore qui défouraille. Mieux que n'importe quelle boisson énergisante taurreaufiée (désolé pour le néologisme), c'est exactement ce qu'il fallait pour nous réveiller de cette torpeur estivale. Derrière, sur la Family Stage et malgré l'annonce Make War, ce n'est pas tant la guerre que ça sur scène. Le trio de Brooklyn signé sur Fat Wreck Chords est certes très efficace, ça chante et joue très bien, mais il manque un tout petit truc à son punk-rock au fort accent Gainesville/The Fest/No Idea pour que je ne sois pleinement convaincu à passer au stand de merch récupérer un disque. Je suis exigeant mais néanmoins prêt à leur redonner leur chance et retourner les voir en concert si l'occasion s'en présente.
Billy Hornett
Petit dilemme et embouteillage de planning rapidement résolu (la question ne se posait de toute façon pas), désolé pour le Hardcore Los Angoulêmes de Who I Am, c'est devant la scène de l'Estafette que ça se passe, pour la salade musicale post-punk-rock-noisy d'Aerial Salad. Le trio est déchaîné sur scène (à l'instar de la fois où je les avais vus au Supersonic à Paris), Jamie (guitare/chant) est un véritable showman, Mike (basse) n'est pas en reste et Jake transpire à grosses gouttes, tout rouge derrière sa batterie quand en plein milieu du set, il s'éclipse soudainement pour aller vomir et se rafraîchir. Insolation. Peut-être que l'interview télésiège et les pintes en plein cagnard à 14h-15h (plus celles qu'il a dû enchaîner ensuite) ne sont pas étrangères à tout cela... Oups. Jake improvise un morceau guitare/chant pour combler et l'on retrouve juste après notre rouquin tout sourire, qui envoie à la batterie comme jamais pendant les 20 minutes suivantes, sous les yeux amusés et chambrages amicaux de ses camarades. Prestation bien fun, bien zguen et bien sauvage, observée et validée par Milo Aukerman (chanteur des Descendents) qui n'en aura pas ratée une miette et les aura qualifiés de mix entre The Fall et Gang Of Four. Cool. Fous ta cagoule si t'as les boules, c'est l'heure de Moscow Death Brigade, qui envoie ses punchlines, ses samples et beats electro-punk-hip hop et son flow en joggings fluos des années 80.
Zebrahead
Pause burger végé avec en fond le psycho-r'n'r local de Billy Hornett ; la contrebasse est là, la gomina est là et les rythmes et tubes endiablés aussi, signes d'un retour sur les planches réussi après une pause de 8 ans. Il reste de la place pour une douceur sucrée et je me laisse tenter par le dessert polonais CF98 (entre Sum 41 et Blink-182), emmené par la pétillante Karolina, pour toujours "more women in cage". Parmi les ingrédients, à défaut d'originalité, on retrouve de la pop-punk, du skate-punk, du punk-mélo et une grosse dose de PMA (Positive Mental Attitude). Tout ceci rend bien évidemment le public complètement accroc à leur cause. C'est ensuite au tour de Zebrahead de prendre possession de la Family Stage. Et il en faut de la place sur scène pour mettre tous leurs techniciens, et le bar sur le côté, rempli de bouteilles dans lesquelles ils piochent allégrement. Concept plus que particulier, auquel j'adhère moyen, je dois le confesser. C'est un show ultra huilé que proposent les Californiens, trop, même, ça manque quelque peu de spontanéité. Oui, l'un des guitaristes a une très belle moustache et fait de beaux solos, notamment quand il est baladé sur scène debout sur un fly case. Oui, j'ai pris un plaisir coupable à apprécier quelques vieux morceaux ("Rescue me") mais la mixture punk-rock et fusion californienne a moyennement pris me concernant, d'autant qu'ils n'étaient pas aidés par le son un peu fuyant et pas toujours bien équilibré. Pas de bol pour eux, c'était quasi les seuls du festival quand tous les autres ont sonné aux petits oignons.
Descendents
Après le plaisir coupable, place au voyage coupable. Pas du tout ma came musicalement de prime abord mais les Anglais de Guilt Trip ont mis tout le monde d'accord avec leur Hardcore moderne dans la X-Cage. Pas de moches, toustes étaient belles et beaux dans le pit, à danser, stage-diver ou alors tout simplement se faire happer par l'intensité des morceaux et l'authenticité des musiciens, dont un chanteur bien habité. Belle découverte et un groupe que je reprendrai plaisir à revoir, tout comme les suivants. Les légendes du punk-rock mélodiques Descendents avaient été contraints d'annuler à la dernière minute leur venue à l'Xtreme Fest 10 (problème cardiaque du chanteur), dans le doute, et parce que l'occasion fait le larron, j'étais allé les voir la semaine précédente dans un club à Barcelone. Je n'ai pas regretté une seule seconde, le concert était meilleur que ce soir, qui était déjà excellent. À l'opposé complet de Zebrahead juste avant, tout était là ultra minimaliste. Pas de back drop, pas de tenue de scène (les gars avaient les même jeans teeshirts avec lesquels ils avaient pu déambuler tout simplement dans la journée), jeu de lumières sobre voire inexistant, aucune attitude de poseurs mais juste des grands sourires, une réelle cohésion entre eux, une sincérité débordante et des tubes à la pelle, traversant toutes les époques des Californiens depuis la fin des années 70 ("Hope", "Myage", "Good good things", "Suburban home", "I'm the one", "Without love", "Smile"). Les papys font de la résistance et avaient la grande forme. Leur prestation était sensiblement la même qu'à Barcelone mais la différence venait du public espagnol, venus exprès pour eux et qui les poussaient (et nous poussaient) davantage qu'ici, où les gens étaient venus les voir (ou pas) parmi d'autres groupes.
Clap de fin, un dernier verre au bar orga/presse/ où l'accueil est toujours au top et il était temps de rentrer, reprendre des forces pour une dernière journée encore bien chargée.
Punky Tunes
Jour 3 : Dimanche 28 Juillet
On attaque cette troisième journée de fête extrême à 14h30 les pieds dans le sable pour le concert acoustique de Pit Samprass. Il fait toujours aussi chaud sous la tente de la Beach Stage mais on est content d'y trouver un peu d'ombre et ce ne sont pas les reprises extraites des deux albums en solo de l'ex-Burning Heads, torse nu et donc plus Naked que Covered qui font baisser la température. Concert très sympa, ambiance bon esprit (ça tape des mains en rythme pour accompagner), c'est la bienveillance qui règne et tout le monde se contrefiche d'éventuelles paroles oubliées ou de solos éludés. Certains comme moi seraient curieux de voir comment pourraient sonner en acoustique des chansons de son ancien groupe culte mais à défaut, on vibre avec ses reprises de Jawbreaker, The Clash, Nancy Sinatra... On le laisse remballer le matos et se tremper dans le lac mais il a à peine le temps de sécher qu'on l'embarque avec Dina pour une interview filmée dans le sens de la remontée. Joining the chairlift avec Pit Samprass, puis The Meffs, le duo punk-rock anglais à qui je prête ma crème solaire, quasi dans la foulée, pour redescendre au lac. Deux courtes interviews (le trajet dure moins de 10 minutes) au poil mais on ne traîne pas trop pour remonter à nouveau et aller se placer devant Punky Tunes sur l'Estafette. Dammit, on a raté le début et leur reprise "Mystery" de Turnstile ! Le quintet de Sélestat, qui semble mélanger deux générations sur scène, s'est formé à l'origine en reprenant des morceaux à la sauce street punk hardcore mélo. Il a depuis sorti des EPs avec des compos persos et c'est ce qu'il nous joue, affichant un plaisir non dissimulé d'être là et cette énergie positive contamine immédiatement le public. Puis iels reviennent à leurs premiers amours et des covers de Rancid, Interrupters, Bad Religion, H20... Cool mais je m'éclipse avant la fin de leur set pour aller voir les Canadiens de Belvedere sur la Family Stage. Ce n'était pas forcément un bon choix tactique, n'étant plus aussi fan de ce skate punk mélodique que je ne l'étais il y a 25 ans. C'est sympa, le groupe est à fond, il y a des grands sourires sur les visages et des sauts (peut-être pas aussi hauts qu'avant) mais ça m'en touche une sans faire bouger l'autre comme disait ce grand philosophe.
Belvedere
Dans la famille "more women in cage" je voudrais Calcine. Je grapille quelques minutes du HardCore moderne des Parisien.nes mais à 19h le Forest Pooky Quartet prend place sur l'Estafette et il n'est pas question d'en rater une miette. Aux côtés de Forest et sa guitare en bois, pas le dernier pour haranguer le public on retrouve Bazile (Not Scientists/Supermunk) à la batterie, Fred (The Pookies/Not Scientists) à la basse et Zuzu (Lame Shot) qui a remplacé Stephan (Dionysos) à la guitare. Je trouve l'ensemble encore plus tight et rock que le concert à la Boule Noire auquel j'avais assisté l'année dernière. Alors oui, certes, j'ai souvent fait tourner les disques, notamment le dernier album Violets are red, roses are blue and dichotomy mais je suis toujours autant surpris de voir comment les morceaux et les mélodies restent en tête. Chapeau l'artiste ! C'est un excellent concert, dans le top 10 du fest, sans conteste mais aujourd'hui c'est la hess, les timings se chevauchent dans tous les sens et il y a une autre formation que je ne veux pas rater non plus qui joue sur la Family Stage. Strung Out est le groupe vétéran de l'écurie Fat Wreck Chords dont j'ai le plus de CDs (sans compter NOFX). Bien plus que Lagwagon, No Use For A Name ou je ne sais quels autres Californiens de l'époque fortement plébiscités sur le groupe Facebook Ceux qui aiment du punk mélodique. Ils se démarquent sûrement car ils agrémentent leur punk-rock de riffs et solos légèrement metôl mais pas trop non plus, Satan m'en préserve. Leur dernier album en revanche n'est vraiment pas gégé mais fort heureusement, la setlist va piocher dans toute la discographie : "Too close to see", "Firecracker", "Velvet alley", et un "Matchbook" épique pour finir. La voix du chanteur Jason Cruz est toujours sur le fil mais tient admirablement bien pendant les 45 trop courtes minutes que dure le concert.
Calcine
Même pas le temps de prendre un verre que c'est au tour de The Meffs d'investir la cage. Pendant ou hors interview (les choses les plus intéressantes sont souvent dites une fois les micros éteints), le duo anglais nous avait confié être très excité à l'idée de jouer à l'Xtreme Fest et sur cette scène peu ordinaire, tant leurs camarades Grade 2 (présents lors des deux précédentes éditions) en avaient vanté les mérites. J'étais pour ma part resté un peu sur ma faim quand je les avais vus début juin ouvrir pour NOFX en Allemagne mais là je suis tout de suite conquis. Lily maîtrise vraiment son sujet, joue sur l'intensité avec sa guitare, alterne la complicité qui s'installe avec le public et celle de longue date avec son camarade Lewis, balance quelques slogans antifa bien sentis. Le groupe nous délivre ainsi une belle leçon de punk et de politique, les deux étant depuis toujours intrinsèquement liés. Comme c'est la journée des reprises, on a droit à une version brute à couper le souffle de "Breathe " de Prodigy. Avec tout juste deux EPs et un LP qui sort fin septembre, retenez ce nom, on devrait entendre parler de The Meffs pendant longtemps. De toutes façons, quand on a des chaperons comme Fat Mike (qui te signe sur son label) et Frank Turner (qui produit et enregistre tes disques), c'est plutôt un gage de qualité street. La faim se fait sentir mais je m'octroie une dose de The Baboon Show sur la Family Stage. Le quartet balance une sorte de hi energy rock'n'roll comme les Suédois en ont le secret. La chanteuse moulée dans sa combinaison en cuir donne de sa personne avec son coffre de voix et ses nombreuses poses provocantes, quand derrière les musicien.nes envoient le bois et lèvent les manches.
The Baboon Show
Le hasard faisant bien les choses, je commande et dévore un hot-dog pendant que Mustard Plug joue sur l'Estafette. Les seuls souvenirs que j'ai d'eux sont quelques titres sur des compils Hopeless Records il y a 20-25 ans, que j'avais souvent tendance à zapper car ça correspondait à la période où j'avais arrêté d'écouter du ska-pouet. Pour autant, devant la joie et bonne humeur qui règnent aussi bien sur scène quand dans le public, je me mets à apprécier l'ensemble. C'est assez irréel qu'un groupe de ska-punk des 90's de seconde zone (Grand Rapids dans le Michigan) se retrouve à jouer ici au Garric. Je ne suis pas spécialement client de toute la prog du festival mais je dois reconnaître un certain mérite à Pollux Asso de combiner ainsi vieilles (semi) gloires et jeunes pousses de cinquante nuances de punk-rock. Un autre groupe que je n'avais pas spécialement prévu de voir c'est The Casualties. Je m'attendais à du street-punk à crêtes bourrin mais comme ils jouaient dans la cage, je me suis dit que je n'avais pas grand-chose à perdre d'y faire un tour. Grand bien m'a pris, j'aurais sinon raté un des meilleurs moments du festoche. Rien que ça ! Alors, oui, c'est bien du street-punk bourrin, avec de belles crêtes arborées par le guitariste et le nouveau chanteur David Rodriguez (depuis 2017) mais je ne m'attendais pas à ce que ce soit aussi rapide, massif, carré et prenant. Le groupe se veut incisif et vindicatif avec "1312", communiant avec "We are all we have" et David est une véritable boule de nerfs, vivant le concert avec une intensité sans pareille. Le voilà qui grimpe en haut des grilles de la cage (plusieurs mètres de hauteur), motive le pit qui vient se placer en dessous, et se jette en arrière, dans le vide. Wow ! Respect. Mais ce n'est pas tout, il lance ensuite ce que j'attends depuis trois jours (et même depuis l'année dernière), à savoir un circle pit mais autour de la cage : un circle cage !!! Merci ! Pas le choix, obligé d'y aller et je ne me fais pas prier ! Ça c'est la fête extrême pour laquelle je suis venu. Dernier moment fort du concert, quand il passe le flambeau, enfin le drapeau à l'effigie du groupe à un gamin de moins de 10 ans, qui devait en être à son 30ème slam du week-end, en déclamant : "You are the future ! This is the future !" avant d'entamer et finir avec "Unknown soldier", pendant que le kid agite le drapeau sur le côté de la scène, un grand sourire aux lèvres, avec en fond l'inscription We're an Xtreme family qui prend tout son sens. Bordel, si on m'avait dit que je prendrais une telle claque avec The Casualties, je n'aurais pas misé un centime dessus. Cette cage, même surélevée, avec des gars de la Sécu autour (des têtes que je revois tous les ans et dont il revient de saluer le flegme, le professionnalisme et le très bon esprit) provoque toujours des trucs de fou.
C'est aussi ça la magie de l'Xtreme Fest, cet aspect ultra familial, au sens propre (il y avait un paquet d'enfants) comme figuré (j'ai croisé un paquet de copaines, trop pour les citer sans en oublier). La fête est censée se poursuivre avec Rise Of The Northstar mais si de base le neo metal manga ce n'est pas ma tasse de Frimousse (j'ai dit qu'elle était hyper bonne ?), le fait de devoir signer un contrat spécial et faire valider les photos par le management/groupe avant toute publication sous peine de s'exposer à des poursuites judiciaires/financières, euh... no way ! Merci bonsoir. On a quand même fait la fête ensuite dans le bol de skate transformé en piste d'after eurodance, puis prolongé au karaoké à l'espace orga/presse, avant de plier bagages et de se donner rdv sans faute l'été prochain, tellement ce festival c'est de la balle.
Un grand merci à Vincent et Pollux Asso, les bénévoles, Junk du Wallabirzine pour les photos que je lui pique tous les ans, Dina pour les interviews vidéo et la team AirBnB pour le fun.
Photos : Junk
Publié dans le Mag Fest 2024