Je ne compte plus les fois où j'ai assisté à ce fameux festival de l'extrême près d'Albi. Je sais que j'ai raté quelques éditions, shame on me, mais celle ci était notée en rouge dans mon agenda et de longue date. D'une parce que l'Xtreme Fest soufflait ses 10 bougies, avec plein de nouveautés par rapport aux années précédentes, notamment ses scènes qui restaient dans l'espace Cap Découverte mais étaient légèrement déplacées. De deux car j'étais assuré de revoir une palanquée d'ami.es parmi les festivalier.es, groupes, bénévoles, accrédité.es presse, le festival étant très vite devenu un rendez-vous estival incontournable dans le Sud et même au-delà, de gens venus chercher la "zguen attitude" promue par Pollux Asso, agitateur culturel du Tarn depuis 2000. De trois car il y avait comme d'habitude une affiche aux petits oignons, avec des groupes connus, certains habitués, quelques nouvelles sensations et un gros poisson, les Descendents, formation punk-rock californienne, culte depuis le début des 80's et n'ayant pas foulé une scène française depuis bien 20 ans. Je pourrais très facilement lister autant d'autres bonnes raisons qu'il y a de bougies sur le gâteau de l'Xtreme Fest, mais je ne voudrais pas être trop redondant avec mon report de l'édition 2022.
ten56. Xtreme Fest 2023
Vendredi 28 juillet
Voyage tranquille, installation Air B'n'B nickel (il y a bien un camping sur place mais depuis le Groezrock 2008 j'ai arrêté, trop vieux pour ces conneries, ou trop bourgeois peut-être), et là c'est le drame. En scrollant les réseaux sociaux, un mug de café à la main, je découvre que Milo, chanteur des Descendents, vient d'avoir de sérieux soucis cardiaques, est hospitalisé et la tournée européenne annulée. Naaaaaaan ! Everything sux today ! J'imagine le branle-bas de combat que ça doit être du côté de la prod' de l'Xtreme pour trouver une solution satisfaisante de remplacement...
On arrive peu après sur le site du festival Off en milieu d'aprèm. Dans notre team, qui va s'agrandir avec le week-end, il y a Dina, présidente de la Once Again Asso (orga concerts sur Montpellier) et Guillaume Gwardeath, qu'on ne présente normalement plus ici. L'accès à cette partie off du festival est gratuit, et on y retrouve divers stands de nourriture, un coiffeur, une rampe de skate et du merch divers (celui du festival, les nombreux bacs à vinyles de Kicking Records, Useless Pride, etc...), ainsi qu'une petite scène dénommée l'Estafette. That's All Folks y joue de sympathiques reprises punk-rock à la sauce acoustique, pendant que nous récupérons nos pass 3 jours.
Premier tour des lieux, bises, checks, hugs et c'est le moment d'aller voir découvrir les deux autres scènes. La X-Cage, qui avait donné lieu à des moments épiques au camping les années précédentes a été légèrement surélevée mais est toujours, comme son nom l'indique, une sorte de cage, dôme en acier à la Mad Max, avec un public pouvant se placer autour, à 360°. Cool. C'est M.O.S.H. pour Method Of Thousand Hardcore qui lance les hostilités et là aussi, comme son l'indique, le groupe de Toulouse ne fait pas dans la dentelle. Du bon gros hardcore metal des familles qui défouraille (il y en aura pas mal durant le week-end) mais M.O.S.H. rate le coche de peu. Pourquoi demander un banal circle pit quand ils auraient pu avoir un très opportun circle cage ? Petite particularité de cette édition, l'ajout d'une troisième scène fait que les concerts entre l'Estafette et la X-Cage se chevauchent quasi tout le temps. Un peu dommage quand on veut voir deux groupes qui jouent au même horaire, chose qui se répétera à plusieurs occasions. Je ne vois donc que le dernier morceau rude rock reggae des Gascons Branlarians. À titre personnel la prog' du vendredi n'est pas la plus enthousiasmante me concernant donc je vais me contenter de picorer quelques morceaux par ci par là. Sur la très grande Family Stage, les gars de Ten 56. font les chauds (ça bouge dans tous les sens) et assurent le show. Je ne sais pas s'ils viennent du Morbihan (edit, non, de Paris) mais ils sont venus avec un photographe fou, qui arpente la scène comme eux, en mode ninja. Musicalement, je dirais que c'est du neo neo metal avec samples, chants mélangeant death et rap, pas vraiment ma came donc mais ça envoie en live. Hard Mind de Rennes enchaîne sur la X-Cage et plaît certainement aux fans de M.O.S.H. et de mosh parts. Je me dirige plutôt vers l'Estafette pour le set des Booze Brothers. Moins de tough guys, pas de blues ni de la bouse mais un joyeux bordel sur scène, mixant punk-rock et influences celtiques. Des airs de St-Patrick le jour de la Saint-Samson. Ça explique sûrement pourquoi je ressens le besoin de refaire une pause rafraîchissement houblonnée. Allez, c'est aussi l'heure d'un bon burger option végé et d'un point Bison Fûté. Concernant le remplacement des Descendents, les pronostics vont bon train mais celui qui a la meilleure cote place Les $heriff de Montpellier en haut de la mise. À suivre.
Xtreme Fest 2023 : Pogo Car Crash Control
Ce qui suit là maintenant c'est un petit groupe pas du terroir, qui sème la terreur sur la scène familiale. Si t'en reveux du hardcore, y'en re n'a, avec donc Terror, le quintet de L.A. qui n'en est pas à son premier Xtreme Fest, et continue à garder la foi après toutes ces années. C'est ensuite au tour de Point Mort de jouer dans la cage mais je passe la seconde pour ne pas rater The Slackers, formation new-yorkaise rocksteady emmenée par Vic Ruggiero. Ça fait du bien de reposer un peu ses oreilles après les déluges de cris et gros riffs et c'est une véritable bouffée d'air frais que ce groupe OVNI au milieu de la prog HxC et metalcore. Le Vic c'est lui qui joue du clavier sur les albums de Rancid, j'ai déjà eu l'occasion de le voir plusieurs fois en solo, c'était toujours très sympa, sincère, sans chichi ni prétention et c'est le cas ici aussi avec ses potes musiciens. Très bonne ambiance devant l'Estafette, ça chante, danse, tout le monde le sourire aux lèvres.
Les lèvres, les bouches, Landmvrks les casse. Ici c'est pas la capitale, c'est Marseille bébé. En une petite dizaine d'années, le groupe s'est imposé dans la scène metalcore internationale à base de concerts survoltés, hauts en couleur et ce sera encore le cas ce soir. Pogo Car Crash Control a ensuite la tâche d'achever les derniers survivants, ce à quoi iels s'emploieront. Je n'ai toujours pas bien compris leur musique (on ne doit pas avoir les mêmes références musicales), mais le contexte du festival, de la scène particulière donnera à leur concert un aspect bien sauvage. D'aucun auront entendu scander "More women in cage", faisant ainsi allusion à l'inscription sur la basse de Lola Frichet et il est vrai que cette année, encore plus que les précédentes, on aura vu davantage de musiciennes sur scène (et entre les barreaux, donc). Chose indispensable si on veut changer les représentations et créer des vocations donc bien joué l'Xtreme Fest ! Si P3C étaient branché.es sur la Fréquence violence, Madball qui déboule derrière pour clôturer la Family Stage fait tout péter. Avec un roadie promu bassiste, Hoya Roc ayant raté son avion pour venir et sûrement bien les "madboules" d'être resté coincé à New-York. Jeu de mot copyleft Guillaume Gwardeath, qu'on pouvait retrouver dans sa rubrique sur la Gazette du Zguen, feuille d'infos A4 dispo chaque jour sur les divers stands. Les darons du NY HxC ont toujours bien la forme et un cardio à toute épreuve (Milo Auckerman, prends-en de la graine), si j'en crois les allers retours que fait le chanteur Freddy Cricien. Ses 10 000 pas ont été réalisés easy en 1h de concert. On a bien crapahuté nous aussi, la fatigue se fait sentir et il reste encore deux jours et soirs de fête alors on la joue raisonnables et rentrons faire dodo à Carmaux, ville de Jean Jaurès.
Xtreme Fest 2023 : Toy Dolls
Samedi 29 juillet
Parmi les nombreuses nouveautés cette année, il y a la Beach stage, qui comme son nom l'indique est sur la plage. Le site de Cap Découverte où se tient l'Xtreme Fest propose en effet une plongée en téléphérique vers un lac artificiel, où il fait bon se baigner et se rafraîchir la journée. Gros plus, surtout en cette saison estivale, même si on a moins cuit que l'année dernière. Une petite scène sous un chapiteau a donc été montée pour l'occasion, avec un indispensable bar à côté et les pieds dans le sable, une bière à la main, on pouvait dès 16h entendre la somptueuse folk de Mike Noegraff. Regard transperçant, tatouages saillants et bonnet suant (quelle idée saugrenue !), le Lyonnais écume les festoches européens avec ses chansons chiadées et c'est amplement mérité. Un petit duo avec Trint Eastwood puis c'est au tour de ce dernier. Le héros pas commun venu de Mars de ma jeune vie d'adulte a troqué ses cheveux verts contre des tempes grisonnantes et, casquette toujours vissée à l'envers, a débranché les amplis électriques mais même en acoustique, les morceaux des Unco font toujours mouche. Nouveau duo, avec un Corse avec futal (et teesh Vote for me) sur "Pizza man" et je dois filer car j'ai rendez-vous pour ma première interview. C'est la rush hour pour remonter en téléphérique et j'ai 15-20 minutes de retard, et un créneau écourté pour m'entretenir avec Elena de Yawners, qui joue peu après. Dans la journée je m'étais enquis de savoir s'il était possible de faire les interviews sur le téléphérique et ça semblait un peu compliqué d'organiser ça à brûle pourpoint mais il faut absolument que je m'en rappelle pour l'année prochaine (car bien sûr, je compte y retourner) pour anticiper et caler tout ça.
Il faut ensuite choisir entre Topsy Turvy's sur l'Estafette ou Fallen Lillies dans la X-Cage. Je n'ai rien contre ces dernières (le peu que j'ai écouté pour découvrir est plutôt plaisant même), mais j'ai certaines proximités musicales et amicales (coucou Cyp !) avec le gang de Poitiers et depuis plusieurs années que j'écoute et même chronique leurs disques, je n'avais pas encore réussi à les voir sur scène. C'est désormais réparé. Chouette concert, un peu mélo, un peu emo, très mid-tempo. Les chansons sont cools, certaines mélodies catchy restent bien en tête mais il manque un petit quelque chose, un peu de folie pour que ça décolle vraiment. Malgré un paquet de dates dans les jambes, on sent un peu de retenue... et bim ! Les voilà qui balancent in the middle du set un gros medley de tubes des années 2000 (Jimmy Eat World, Against Me !, Blink-182, No Use For A Name... je les avais tous sauf "Waiting" de Green Day) et ça s'enflamme davantage dans le public. Je me demandais comment iels allaient bien pouvoir rebondir derrière avec leurs chansons mais ça l'a fait. J'avais des attentes (mais pas le pire) et je n'ai pas été déçu. Je squatte l'Estafette et reste pour Yawners, aux dépens du skatepunk ricain de Drunktank dans la cage. Les Madrilènes ont la particularité d'être le seul groupe à jouer deux fois à l'Xtreme Fest cette année, en formule électrique, normale, puis en acoustique demain sur la plage. J'avais déjà été conquis par leur power-pop et leur concert parisien en septembre 2022 et l'essai est à nouveau confirmé, faisant d'autres émules autour de moi. Le power trio avec un mec à la basse (pour une fois c'est pas l'inverse) semble hyper content d'être là, ça se voit. Gros smiles mais un jeu plus tendu, plus brut que sur disque, alternant chansons en anglais (dont le tube "Rivers Cuomo") et en espagnol (dont le tube "Suena mejor"). À suivre de près.
Xtreme Fest 2023 : Yawners
Sinon entre temps les rumeurs se sont confirmées, et ce sont bien les pistoleros héraultais qui remplaceront au pied levé (et guitares aussi) les Descendents demain. On sent un peu de déception dans certaines discussions sur le terrain mais en 24h c'était difficile de faire mieux. Les groupes étrangers ont déjà des tournées ultra bookées à l'avance, sans day off l'été, et question groupes français, ça aurait pu être bien pire. Ça va chanter en chœurs à la chaleur des missiles... En parlant d'armes à feu, je vais faire un tour devant Stick To Your Guns. Le quintet punk hardcore californien mené par Jesse Barnett est plutôt revendicatif dans ses textes (parlant de politique, social, du mouvement straight edge) et ce dernier le porte sur lui entre sa casquette ACAB et son teesh Rage Against The Machine à l'effigie du Che, qui feraient hurler Pascal Praud... C'est le moment de la pause burrito/bière, afin d'être fin prêt pour le set de Grade 2 sur la X-Cage. Le trio street/punk en provenance de l'Île de Wight a été l'une des excellentes découvertes l'année dernière, leur concert me motivant à les interviewer, sympathiser et les embarquer dans l'after karaoké endiablé du bar bénévoles/presse jusqu'au petit matin. Ils avaient un day off le lendemain, fort heureusement. C'était déjà ultra carré et comme ils ont dû faire genre 200 concerts en un an, ça l'est encore plus, si tant est que ce soit possible. Ils étaient bien attendus et eux non plus n'ont pas déçu. Les gens slamment, scandent les paroles, pogottent, grosse ambiance !
Les ayant revus en avril, je retourne du côté de l'Estafette pour assister à la fin du concert des Dead Krazukies. Je ne me suis jamais trop attardé sur ce groupe mais force est de constater qu'il bénéficie d'un réel following. Chante, danse et mets tes Vans, là aussi le public est bien dense devant les Landais.es et bien chaud également, notamment quand arrive la reprise "Maniac" tirée de Flashdance où là, tout le monde devient complètement fou. D'autres qui sont bien barrés ce sont les énergumènes anglais de Toy Dolls sur la Family Stage. Depuis 1979, Olga le guitariste/chanteur à la voix de canard fait son trublion punk et ça fonctionne toujours. Costards, lunettes fluos, cheveux hérissés, énorme bouteille de champagne en plastique qui explose, paillettes, vannes (et le batteur, Duncan, aussi dans Snuff n'est pas en reste). Si tout ça est complètement fou, la suite est complètement floue car mes acolytes ont repéré le seul bar à shots du festival, en bas du skate park jouxtant les deux scènes. Seul problème, il ouvre à des créneaux bien précis et les bartenders ne rigolent pas avec les règles et les horaires. Impossible d'avoir notre shot à 23h25. En revanche, à 23h30 pétantes, c'est parti pour les tournées. La tienne, la mienne, la tienne... oh, mais c'est Jack que voilà. Le sympathique guitariste/chanteur des Grade 2 tenait à nous faire un coucou avant de reprendre la route pour leur date du lendemain en Italie. Allez, c'est de nouveau ma tournée et l'année prochaine, vous calez un day off après votre concert à l'Xtreme Fest pour qu'on refasse la fête. Autant dire qu'après tout ça, je n'ai pas vu le hardcore de Alea Jacta Est, ni celui de Capra. Dommage car il paraît que ce dernier a fait sensation et on n'a pas fini d'en entendre parler. La folle soirée s'est poursuivie encore pendant quelques heures, avec des erreurs et échanges impromptus de sac à dos, un téléphone et une vapoteuse perdus mais finalement retrouvés le lendemain. Ouf' !
Xtreme Fest 2023 : Les Sheriff
Dimanche 30 juillet
Dimanche c'est le jour que perso j'attendais le plus, de même que la grande communauté du groupe Facebook, Ceux qui aiment le punk mélodique, présente en force ce week-end dans le Tarn. Descendents, Snuff, Good Riddance, Cigar, Authority Zero, en voilà une affiche qui ne laissait pas indifférents tous les quarantenaires ayant grandi avec les compils Epitaph et Fat Wreck Chords. Il y a du reste eu du punkémonage à gogo (en plus de la mayonnaise des $heriff), activité consistant à se prendre en photo/selfie avec un membre de groupes de musique ou un correspondant actif dudit groupe FB, certains se rencontrant/attrapant ici pour la première fois. C'est aussi ça, l'Xtreme Fest, un chouette rassemblement de chouettes personnes. Tous comportements relous, sexistes, racistes, transphobes ou autres saloperies du genre étant bien évidemment prohibés, avec un effort fait sur la signalétique (diverses affichettes un peu partout), un stand dédié, une brigade en chasubles violettes tournant régulièrement sur le site... Bref, le festival se veut safe et inclusif (j'ai déjà mentionné la mixité remarquée sur scène), à juste titre, et ce ne sont pas que des mots, les actes suivent les paroles. Il fallait le préciser.
La journée démarre comme la précédente à la plage, avec la toute fin du set acoustique de The Sobers de Marseille et celui de Yawners, Elena la guitariste/chanteuse madrilène seule sur scène. C'était son tout premier concert complet en acoustique, et ça s'est senti. Quelques petites maladresses, manque de justesse, oublis de paroles, dus au trac mais l'audience était très bienveillante et le moment plus que touchant. Je préfère quand même Yawners en version électrique mais c'était parfait pour lancer la fête. Tout comme la suite, à savoir Plastic Age, trio power-pop grungy de Nevers sur l'Estafette. Entre temps j'avais appris en remontant le téléphérique que mon interview prévue de Snuff ne pourrait avoir lieu pour des problèmes de timing. Tant pis. Je ne connaissais pas du tout Plastic Age, j'étais en chemin pour sustenter ma soif et suis resté jusqu'à la fin de leur prestation, qui transpirait et débordait d'énergie, de sincérité. Pas de look particulier, pas de poses mais des morceaux catchy, un batteur solide, un guitariste inspiré, une bassiste/chanteuse pas en reste, et dont le timbre de voix pouvait rappeler Gwen Stefani de No Doubt. Chouette découverte ! Derrière, le passage au bar a duré plus de temps que prévu, me faisant rater les concerts de Madam et Underground Therapy. En revanche ne comptez pas sur moi pour passer à côté de la grande messe des $heriff. Pour cela il faut repasser par la Sécu, file d'attente, fouille des sacs etc. pour accéder à la partie payante du festival et c'est l'un des petits inconvénients de cette nouvelle configuration du site. Ça bouchonnait parfois, même si je confesse avoir par moments dépassé tout le monde avec aplomb, mon pass "Presse W-Fenec" bien en évidence pour tracer.
48h en amont, aucun des cinq Sudistes ne savaient qu'ils auraient la lourde tâche de remplacer les Descendents. L'un jouait la veille avec son autre groupe dans le Grand Est, un autre était tranquillement en vacances, un autre embauchait tôt le lendemain matin, d'où l'horaire (19h45-20h45) et rentrait direct se coucher une fois le concert terminé... mais ils aiment jouer avec le feu et pas de doutes, rien de tout ça ne s'est vu. Condamnés à brûler sous un soleil de plomb, ils ont enchaîné leurs hits à coups de batte de base-ball, les anciens comme les nouveaux et on a assisté, comme à chaque fois, à un requiem 5 étoiles. Est-ce que j'aurais préféré voir Descendents ? Oui. Est-ce que j'étais content de voir Les $heriff et chanter "là où je suis né, là où je finirai, à Montpellier" ? Oui. J'ai quand même filé avant la fin pour ne pas perdre une miette des Anglais de Snuff. Là aussi, groupe culte formé au milieu des années 80, split puis reformation au milieu des années 90 sous l'impulsion bienheureuse de Fat Mike (bassiste/chanteur de NOFX), qui vivote depuis une quinzaine d'années (albums et concerts sporadiques). Il faut dire que le batteur/chanteur Duncan Redmonds est davantage pris (et mieux payé) avec les Toy Dolls. La foule est assez compacte devant l'Estafette, s'ambiance devant les vieux classiques ("Not listening", "Vikings", "Nick Northern", "Soul limbo", "Iyehf taidu leikh"...) tirés des albums aux noms imprononçables (allez donc checker leur discographie) et devient encore plus folle quand débarque la section cuivres. En plus d'un batteur à l'humour british qui ressemble à un grand-père, d'un guitariste aux cheveux hirsutes qui ressemble à un clodo mongol, Snuff a cette spécificité de teinter son punk-rock plutôt mélodique mais souvent assez agressif (limite metal par moments, un peu comme les Hard-Ons) d'une section trompette/trombones Redmonds (dont le frère et la nièce de Duncan), sans pour autant sonner ska/punk. J'avais eu l'occasion de les voir quelques mois auparavant donc la séquence émotion/nostalgie a été moins forte que pour d'autres, que j'ai vu bien vibrer dans le pit mais c'était en tout cas un superbe concert.
Xtreme Fest 2023 : Good Riddance
Deux salles deux ambiances, on m'avait grandement vanté les mérites de Scowl, toute nouvelle sensation punk/hxc en provenance de Californie, et j'avais d'ailleurs rendez-vous devant la scène avec Mathieu, fils du metal et guitariste de feu Cobra (06130 en force !), venu à l'Xtreme Fest spécialement pour ce groupe et Capra la veille. Bon bah on ne va pas tergiverser, c'était la branlée ! Grosse présence scénique de tout le monde et encore, un des guitaristes avait une imposante orthèse au genou qui lui faisait une jambe bionique et l'empêchait de trop bouger. Batteur monstrueux au teesh Dinosaur Jr, chanteuse en mini jupette, cheveux verts et teesh Gorilla Biscuits... je ne suis pas vraiment familier du genre mais j'ai l'impression que Scowl sonnait à la fois moderne (original ?), tout en payant un tribute honnête au hardcore 80's, alternant morceaux et chant bien vénères et des passages où Kat Moss minaudait davantage, prenait des poses lascives et jouait avec sa féminité. Un des meilleurs concerts du fest, avec au milieu deux reprises assez surprenantes qu'étaient "Do you wanna dance" des Ramones et "99 red balloons" de Nena (mais en anglais, comme l'avait fait Goldfinger). Un groupe que j'ai absolument envie de revoir !
J'étais tellement happé par Scowl que j'en ai raté le début de Good Riddance, autre fleuron du punk-rock californien milieu 90's début 00's sur le label Fat Wreck Chords. Quand j'arrive devant l'Estafette, ça bouge, pogotte, slamme dans tous les sens ! C'est d'ailleurs le seul groupe que j'ai vu où il y avait autant de ferveur. J'ai l'impression d'avoir pris la Dolorean et d'être revenu 20-25 ans en arrière et je pense que certains ont du sentir et redécouvrir toutes leurs articulations le lendemain... Mais ce soir c'est la fête, il y a eu plus de slams en 1h que pendant tout le reste de l'Xtreme Fest et tout le monde s'en donne donc à cœur joie. Ou presque, le chanteur Russ Rankin n'est pas le plus souriant (doux euphémisme que de dire ça) mais il faut dire que ses textes très engagés (critique de la société américaine, traitant d'anticapitalisme, d'écologie, de la cause animale etc...) ne sont pas des plus réjouissants quand on voit la trajectoire que prennent les pays développés. Mais pas de "prêche" entre les morceaux, ça joue vite, ça enchaîne vite, c'est ultra efficace, j'avais presque oublié qu'ils avaient autant de refrains accrocheurs et fédérateurs, et qu'à l'inverse de Russ, le bassiste Chuck Platt affiche, pendant tout le concert, un sourire débonnaire, n'hésitant pas à avoir des petits mots sympas, voire drôles avec un public aux anges.
Il restait encore trois groupes mais j'aurais tout à fait pu finir sur cette note ultra fun. Hum, Cigar ou no Cigar ? Je préfère ce titre, "No cigar" de Millencolin, et sur disque parce qu'en live, bof bof mais je suis quand même allé voir 3-4 morceaux de Cigar, autre groupe de punk-rock ricain. Alors certes le bassiste est bien technique, en met partout et n'en rate pas beaucoup mais l'ensemble sonne un peu trop mélodique pour moi, encore plus après le set de Good Riddance, qui était davantage rugueux. Walls Of Jericho derrière, pour le coup, c'était trop. Un mur infranchissable. Parenthèse ouverte. Suis-je devenu trop vieux, trop fatigué pour tenir trois jours ? Ah, autre petit point à réfléchir, peut-être, pour l'orga l'année prochaine, c'est que sur place, il était difficile de se (re)poser. On n'a plus 20 ans, en tout cas moi, non. Sur le site officiel, ça alternait sans arrêt X-Cage et Family Stage, et sur le site off, quand ça ne jouait pas sur l'Estafette, ça crachait non stop de la musique à burne avec la Charcuterie Musicale. Parenthèse fermée. Est-ce que j'aurais eu encore la force de m'époumoner devant les tubes des Descendents ? Oui. Est-ce que j'ai eu la force d'aller voir le concert de Autorithy Zero (punk-rock, Arizona), qui après une modification du timing clôturait cette dixième édition de l'Xtreme Fest ? Hum, non.
Pour autant, est-ce que je suis chaud bouillant pour revenir l'été prochain ? Ouiii ! Et toi aussi j'espère.
Big up Pollux Asso, bravo les bénévoles et coucou plus particulièrement à Petit Ju, Rooliano et Jay derrière le bar.
Merci à Junk du WallaBirZine pour les photos et Vincent Monin, chargé de communication de l'Xtreme Fest.
Coucou à tous les potes croisé.es sur place.
Photos : Junk WBZ
Publié dans le Mag #57