Depuis plusieurs années, chaque été, fin juillet, je tâche d'être de la party à Cap Découverte, au-dessus d'Albi, pour l'Xtreme Fest et son cadre (on peut prendre le télésiège et se baigner dans le lac la journée, si c'est pas cool ça !), sa zguen attitude, son respect des festivaliers et sa programmation punk-rock et hardcore. Y avait aussi du metal sur les premières éditions mais pour mon plus grand bonheur, ils l'ont viré de la prog. Chacun et chacune vit un festival à sa manière, les autres membres de l'équipe ne se seraient peut-être pas attardés sur les mêmes groupes, toi non plus mais voici un report complètement subjectif, en mode gonzo, de mon Xtreme Fest 2022.
Jour 1 (jeudi 28 juillet) :
À l'affiche de la soirée d'ouverture, on retrouve Les Ramoneurs de Menhirs (et leurs bignous), Ladies Ballbreaker (et leurs reprises d'AC/DC), The Roadies Of The D (et leurs reprises de Tenacious D). Je préfère aller m'échauffer à la Secret Place TAF, salle underground rock mythique près de Montpellier, avec Clowns et leur punk HxC Rn'R, qui rappelle parfois The Bronx, en tout autant énergique et encore plus fun. Leur no-look à base de petits shorts de sport, mulets, moustaches y contribuant pour beaucoup. L'été, les concerts ont lieu en extérieur, il n'y a pas forcément foule mais le public est très vite conquis par l'enthousiasme communicatif et la prestation des Australiens. Bonne entrée en matière.
xtreme fest - antiflag
Jour 2 (vendredi 29 juillet) :
Il y a un camping (très sympa) sur le site du festival mais notre team se la joue crust caviar. Petite halte à l'Air Bnb de Carmaux donc et direction Cap Découverte.
16h45. Hey ! Ho ! Let's go to the billetterie récupérer nos pass, au son de The Cabrones, groupe basque qui ouvre cette journée et fait des reprises des Ramones... à la mode Ramones. C'était la fin du set, on ne les verra pas sur scène mais ça avait l'air cool. Parfaite bande son pour régler un petit problème logistique et upgrader le pass 3 jours de ma camarade Dina en pass presse, donnant accès au bar "VIP" bénévoles / presse, permettant de se poser parfois la journée ou en soirée et, au contraire, poursuivre les festivités une fois le dernier concert fini. Le temps de faire un petit tour des lieux, voir ce qui a changé depuis 2019 (en 2020 il n'y avait rien eu, 2021 c'était une édition spéciale, à base de groupes français uniquement et je n'avais pu m'y rendre), claquer quelques bises/checks aux connaissances et amis présents, je rate également les Clermontois One Burning Match et leur crust punx HxC, récoltant des bons échos de leur prestation. Ça fait un moment que ce nom (et ce groupe) tourne, je m'y intéresserai plus en détails la prochaine fois, c'est promis. Le timing est serré, onze groupes sont programmés sur deux scènes (Zguen Stage à l'extérieur et Family Stage à l'intérieur) et dès qu'un groupe lâche son dernier accord, le suivant rentre en scène de l'autre côté. Tout est extrêmement bien huilé et il n'y aura aucun temps mort, ni répit pendant tout le weekend. Ces enchaînements à la minute près font que par moments, certains groupes débuteront devant peu de personnes, la foule se compactant et grossissant au fur et à mesure.
17h40, place maintenant à The Venomous Pinks, sous un soleil de plomb. Le trio d'Arizoniennes envoie un punk-rock à la sauce Distillers, de bonne facture mais n'est pas Brody Dalle qui veut. Les 45 minutes de set passent néanmoins très bien et ce temps à transpirer dehors (atténué par les quelques bénévoles qui sillonnent la fosse avec des brumisateurs) donne envie de se désaltérer. Il y a beaucoup de monde derrière le bar et on attend très peu, voire pas du tout pour récupérer sa bière, ce qui est toujours un plus dans un festival. Je n'étais de toute façon pas pressé d'aller voir Ryker's dans la salle. Les vétérans du hardcore allemand (depuis 1992) balancent de la zik pour gros costauds et vu la taille de mes bras, je traîne plutôt au frais dans l'espace merch, avec à l'étage celui des groupes (pas encore très rempli à cette heure) et en bas celui des fringues de l'Xtreme Fest et les bacs à disques (bien remplis) de Kicking Records et de sa distro pour l'occasion.
19h10 c'est l'heure de se déhancher au son de Get Dead. Les Californiens ont plusieurs disques à leur actif sur Fat Wreck Chords et brassent de multiples influences : punk-rock, bien sûr, mais aussi un peu de ska, de reggae, de hip-hop parfois, avec un chanteur charismatique à la voix éraillée. Les gars sont rodés à la scène et livrent un très bon concert. Je ne m'attarde pas car j'ai RDV avec les Belges Brutus pour mon interview de la journée (présente dans les pages de ce Mag #52). Elle a lieu pendant le set d'Authority Zero, autre groupe en provenance d'Arizona, existant depuis le milieu des 90's et qui bénéficie d'un statut de culte dans le groupe Facebook Ceux qui aiment le punk mélodique. Allez-y faire un tour si vous avez du temps, des fois ça s'écharpe sur NOFX, c'est marrant. J'espère cependant ne pas m'en faire bannir en disant que je n'ai jamais accroché à AZ mais aux dires de tous, c'était encore une fois un très bon concert et c'est bien là l'essentiel. De mon côté l'interview avec Brutus s'est plutôt bien passée, la musique et le sérieux du groupe détonnant quelque peu avec l'ambiance plutôt fun de l'Xtreme Fest...
xtreme fest - clowns
20h45, la température est plus clémente sur la Zguen Stage mais elle va monter d'un cran avec le concert de Suzi Moon. La guitariste gauchère de Civet (chez Hellcat Records, label de Tim Armstrong de Rancid pour situer le genre) a donc monté son propre groupe et sera pour moi la meilleure surprise de la journée. Je m'attendais à un concert sympa, jouant peut-être avec les clichés de la pin-up (elle est arrivée avec cheveux roses, bottes et combi léopard) et j'ai pris, pardon, on a tous et toutes pris une putain de leçon de punk-rock ! J'avais regardé 2-3 clips avant et les morceaux, mélodies, refrains me sont revenus en tête direct, preuve qu'ils étaient efficaces. Il n'y a pas eu un seul temps mort dans le set, les musiciens qui l'accompagnent envoient le pâté et l'attitude offensive, punk qui va avec (plutôt datée 77 avec des groupes comme Dead Boys ou même The Stooges avant) et la Suzi n'est pas en reste. N'hésitant pas à monter et jouer debout sur les barrières, au milieu de la foule et du circle pit qui l'entoure après nous avoir fait un temps asseoir puis nous lever et nous déchaîner. Rien ne semble cliché ou surjoué, elle transpire le punk et nous le partage sans concession. Si elle passe par chez vous, foncez. Autant dire que la prestation de Millencolin derrière paraît un peu plus fade. Quand bien même j'ai écouté ce groupe et ses albums en boucle quand j'étais ado et que j'ai assisté à des concerts d'eux où c'était beaucoup moins carré. À part la voix du bassiste-chanteur Nikola Sarcevic, qui pousse moins qu'en studio, comme pour s'économiser, ses camarades de jeu bougent, échangent de place sur scène, font le show, les tubes sont joués ("Bullion", "No Cigar"...) mais cela sonne plus calibré, moins authentique que ce qu'on a vécu juste avant. Plein de festivaliers apprécient néanmoins, grand bien leur fasse et ça fait moins de monde aux food trucks. Tout le monde est content. Ce sera donc un burger pepper option végé pour moi.
22h40, il fait désormais nuit noire dehors, parfait pour en prendre plein les yeux et les oreilles avec Brutus. Les Belges faisant figure d'OVNI dans la programmation de la journée, voire du festival, avec leur post-hardcore metal. Beaucoup ne les connaissent pas ou auront du mal à rentrer dans leur concert, ce qui ne sera pas mon cas. Guitariste à gauche, bassiste au centre et batteuse-chanteuse à droite, iels envoient un set sans fioritures, plus aéré que les autres groupes, tout en émotions et intensité contenues puis lâchées, dévoilant quelques chansons inédites de leur troisième album à venir. Parfait avant de rentrer à l'intérieur, dans la Family Stage, se reprendre une dose de punk-rock ricain avec Anti Flag. Plus de 25 ans maintenant qu'ils écument les salles, festivals de tous les pays, débordent d'énergie et scandent leurs hymnes anticapitalistes et autres "fuck racists, nazis, homophobics and police brutality !" Ça ne mange pas de pain et peut paraître un peu facile, superflu, démago mais c'est toujours bon de le rappeler. Outre le bassiste Chris No.2 qui saute partout, les chants qui alternent rajoutent aussi de l'intensité en live. Pas forcément beaucoup de surprises pour qui les a déjà vus mais un concert d'Anti Flag est toujours un bon moment, c'était à nouveau le cas. Avec quand même à souligner, l'absence du deuxième guitariste, isolé dans le tour bus pour cause de Covid et remplacé au pied levé par le roadie, avec le manager assurant les chœurs en cinquième homme derrière. Si je n'avais pas été bien renseigné, je n'y aurais vu que du feu.
00h40, c'est déjà l'heure du dernier groupe, Clowns, quintet de Melbourne vu la veille à la TAF. Sauf que là le public est bien plus nombreux, bien plus chaud et que nos Australiens livrent le dernier concert de leur folle tournée d'un mois et demi en Europe. On peut dire qu'ils ont rentabilisé leurs billets d'avion. Ce n'était pas le groupe le plus connu, réputé de la journée, en revanche pour terminer, c'était parfait. Je n'ai pas de disques d'eux mais c'était la quatrième fois que je les voyais en live et sûrement la meilleure. Toutes les conditions étaient là : fun, passion, énergie, public en liesse, zguen attitude et pendant 1h le batteur a martelé ses fûts, le chanteur s'est trémoussé comme lors d'un cours de gym tonic, les guitaristes chevelus ont envoyé riffs rapides et mélodiques agrémentés de nombreux soli et la bassiste s'est donnée plus que ses quatre compères réunis. Après le final, le chanteur et l'un des gratteux ont slammé, se sont retrouvés pour se faire un smack et le premier, toujours porté par la foule, a fini son slam sur le comptoir du bar, a sauté derrière pour se servir lui-même une bière. Merci, au revoir. Enfin presque, le temps de boire une dernière bière au bar VIP, d'y croiser le chanteur de Clowns s'enfiler un shot et rejoindre ses camarades pour un beer pong. On a également le droit à un concert d'un groupe plus ou moins local dont je n'ai pas bien saisi le nom, ni le concept, pastiche de glam hard-rock avec perruques et consorts mais ils souffrent pas mal de la comparaison avec ce qu'on s'est pris toute la journée et on se croirait davantage le 21 juin qu'autre chose. Allez, zou, cette fois c'est vraiment l'heure de rentrer.
xtreme fest - poesie zero C'EST DE LA MERDE
Jour 3 (samedi 30 juillet) :
Parmi les nombreuses particularités et qualités de l'Xtreme Fest, il y a les concerts dans la X-Cage au camping, le troisième et quatrième jour vers 12h15. Une expérience généralement bien wild, en plein cagnard, avec le public positionné à 360 degrés tout autour d'une cage en metal à la Mad Max, et aujourd'hui c'est Poésie Zéro (PZ) qui s'y collait. Mes camarades de Air Bnb ne connaissaient pas, je les ai bien motivés et ils n'ont pas été déçus du voyage. Déjà, de base, un concert de PZ c'est pas tout à fait un concert comme un autre avec cette combinaison de punk basique (Fikce au chant, Goose à la guitare et Jay (Djé ?) aux chœurs et aux samples) et de stand up entre les morceaux mais dans ce contexte précis, ça allait au-delà de mes espérances. J'ai mis "punk basique" parce que c'est ce qu'on perçoit en premier et surtout ce qu'on se prend en pleine gueule, en plus des postillons, insultes et autres confettis de merde mais si l'on fait effort de gratter un peu le vernis des paroles, on y trouve une critique assez acerbe, bien vue et nihiliste de la société de consommation, du capitalisme, du travail aliénant, de l'État policier (c'est quoi un arbitre de foot sinon "un flic en short")... Le pogo et la destruction ("Cocktail molotov", "Char d'assaut", "Casser des trucs") étant un autre thème récurrent dans les textes. Bref, pendant 30-40 minutes on s'est fait engueuler (mais moins que Jay, le souffre-douleur de Fikce), on a hurlé les refrains, rigolé comme des gros débiles et on en a redemandé.
La journée et soirée de la veille avait laissé des traces, la sieste s'imposait et a fait qu'on a raté le thrash Tourangeau des Verbal Razors (mince), ainsi que le HxC metalcore des Belges Fatal Move que je ne connaissais pas mais qui ne m'avait pas donné envie de me presser. En revanche, à 17h45, le soleil qui cognait encore ne m'a pas empêché d'être devant les Copyrights, c'est-à-dire au niveau des barrières. Ça faisait moins d'une heure que les ricains étaient arrivés sur le site, de leur date la veille en Italie, ils se sont installés et ont linechecké aussi rapidement et efficacement que ne sont leurs chansons. 1-2-3-4 ! et c'était parti pour 45 minutes d'autoroute de tubes pop punk rawk, repris en chœur par le public de connaisseurs autour de moi. La suite c'est In Other Climes du thrash metal HxC de Nice sur la Family Stage. Très bien fait mais pas pour moi. La programmation a en tout cas été savamment pensée, avec les groupes punk-rock plutôt sur la Zguen Stage et les groupes plus musclés sur la Family Stage ce qui induit qu'on me verra moins souvent à l'intérieur le samedi. Je trouve d'ailleurs que les concerts sonnent paradoxalement mieux à l'extérieur, ce qui m'arrange.
Ce petit moment de pause est l'occasion de flâner un peu sur le site, d'aller regarder l'évolution de la fresque de la team Kronik, collectif de dessinateurs, illustrateurs et même tatoueurs, qui éditent régulièrement des fanzines et donc se déplacent parfois sur des évènements pour réaliser une grande fresque personnalisée. Le festival est vraiment à taille humaine (quelques petits milliers de spectateurs) donc on se retrouve, se croise souvent. On croise aussi plusieurs brigades à chasubles violettes, là pour faire de la prévention contre les violences sexuelles, sexistes et tout autre comportement intolérable et nuisible. Pollux Asso veut une fête sûre et responsable pour tous et toutes, faire entendre haut et fort ses C.R.I.S (Convivialité, Respect, Inclusion, Solidarité) et on peut dire que la mission a été réussie.
19h15, un des moments très attendus et encore plus à l'échelle locale, c'est le concert de Nemless, groupe d'Albi de punk-rock hardcore mélodique, actif entre 1996 et 2003, reformé pour un concert en 2010 avec les Burning Heads et donc en 2022 pour cette date unique avec trois guitaristes, l'un, Jo, ayant dû arrêter avant la fin pour se consacrer pleinement à Babylon Circus. Ils jouent à domicile, certains fans attendent ce show avec des étoiles dans les yeux (dédicace à Junk WBZ et mes potes Chanmax) et d'autres voient leurs papas sur scène pour la première fois. C'était presque émouvant ces enfants qui hallucinaient à la fois sur le public en train de pogoter, slamer, chanter et leurs pères sur scène en train de transpirer et s'en donner à cœur joie. On voyait que ces derniers étaient vraiment contents d'être là et leurs émotions mêlées d'une certaine humilité étaient très communicatives. Très bonne ambiance, très bon concert qui a ravi tout le monde et qu'on peut retrouver comme quasi tous les autres (si les groupes ont donné leur autorisation), sur la chaîne Youtube du Wallabirzine.
La suite pour moi c'est l'interview très fun de Direct Hit ! (à lire dans ce Mag #52), en lieu et place du concert de Ordem, groupe Toulousain remplaçant les Anglais de Higher Power, ne pouvant être présents. Je traîne ensuite au fond de la Zguen Stage pour découvrir Blowfuse, groupe espagnol qui mixe un punk-rock qui galope par moments, avec quelques éléments crossover fusion. Ça change un peu, me rappelle un spirit 90's, c'est sympa et les gars se bougent bien sur scène mais je décroche au bout d'une vingtaine de minutes. Est-ce dû à l'appel du succulent burrito végé qui me faisait de l'œil la veille ? Sûrement... À l'intérieur c'est Born From Pain groupe HxC metal néerlandais qui met le feu et mosh le pit, mais je préfère garder des forces pour les trois derniers groupes de la soirée.
xtreme fest - satanic surfers
22h40, c'est Satanic Surfers que j'attends. Ils ont bercé mon adolescence, je les ai vus plusieurs fois dont la dernière ici même mais dans la salle, où ils étaient 5 sur scène avec Rodrigo (batteur-chanteur mythique) se contentant du chant et là, stupeur, les Suédois ne sont que 3 à s'installer. En mode trio, ça va être une première. Après le premier morceau, ils annoncent que Magnus, leur guitariste originel est resté en Suède, malade et lui dédient la chanson suivante, "Egocentric"... et celle d'après, "Hero of our time", qui renvoie tous les quarantenaires comme moi en 1995. Et ce n'est pas "The treaty and the bridge" qui suit qui va changer la donne, ni "Puppet", "Head under water" ou "Armless skater" du même album jouées également. "La chanson avec un message", nous explique le bassiste (NDLR : elle parle d'un skateur amputé ne pouvant plus se masturber), dont la jovialité tranche avec l'attitude pince-sans-rire de Rodrigo. Il fait quand même quelques petites blagues, comme le fait d'avoir apporté ses baguettes quand le bassiste nous raconte que non seulement ils sont venus en avion sans guitariste mais aussi sans matos, prêté ici par Dirty Fonzy. La formule en trio fonctionne très bien en tout cas et le concert fini, je file à l'intérieur, pour me placer sur la balustrade, à l'étage et profiter ainsi de Comeback Kid et d'une vue en hauteur du pit endiablé. C'est le seul set du weekend que je verrai en entier dans la salle, mais d'une, on m'avait vanté leur prestation au Hellfest, de deux, les Canadiens ont en effet envoyé du gros hardcore, fait transpirer les corps (les leurs et ceux du public déchaîné) et mis tout le monde d'accord, et last but not least, ils ont joué en dernier le titre "Wake the dead", pour nous achever.
00h40, si Clowns la veille n'était pas franchement le groupe le plus connu pour clôturer la soirée, Direct Hit ! l'est encore moins. Ce ne sont pas les plus pros, ça chantait parfois faux, n'appuyait pas toujours sur les bonnes cases et pourtant, là encore, ça a marché. Beaucoup de sourires, de sueur, d'énergie sur scène, le groupe a peu parlé si ce n'est exprimer leur immense satisfaction d'être ici (on peut imaginer pire contexte pour débuter une tournée européenne) et a balancé une pelletée de titres pop punk rawk (dont "Werewolf shame"), à l'instar de leurs camarades The Copyrights plus tôt mais avec un batteur encore plus véloce et un guitariste ayant une bouille de nerd à jouer dans Stranger Things. Un final un peu moins foufou que le vendredi mais qui termine là encore sur une note fun. Un dernier cocktail pour la route, Kraken Coca façon granita au bar VIP et c'est l'heure de reprendre des forces pour le lendemain.
Jour 4 (dimanche 31 juillet) :
C'est la flemme, pas de concert dans la X-Cage au camping (désolé Verbal Razors), ni de LOVVE, autre groupe Tourangeau encore plus vénère, déjà vu dans un squat en banlieue parisienne et pas de Nothing From No One (is innocent ?) non plus. Non, à la place on prend le télésiège pour descendre au lac, essayer de trouver un peu de fraîcheur. Le petit tour dure 5-10 minutes quand même, la vue est superbe mais je profite de ce temps pour réfléchir à des questions pour Grade 2. C'est War On Women, groupe de Canadiennes que j'étais très chaud de revoir en live et que j'avais prévu d'interviewer à la base mais j'ai appris vers 14h qu'elles étaient bloquées avec leur van près de Reims et ne pourraient venir à l'Xtreme Fest. Pas glop. En vérifiant vite fait la prog, mon choix s'est donc reporté sur les jeunes Anglais, dont je commençais pas mal à entendre parler, en bien. Il fallait donc bosser un peu pour ne pas paraître trop ridicule devant eux. Au bord du lac, la fraîcheur se trouve finalement à la guinguette ombragée et dans un Panaché.
xtreme fest - dirty fonzy
17h25 c'est l'heure de se reprendre une deuxième dose de Poésie Zéro, à nouveau en plein cagnard. Quand on aime (la merde), on ne compte pas. Et c'est reparti pour les insultes, les fachos (de merde), les bourgeois (de merde), le pays (qui est à chier, ah, tiens, ça change), le public (de merde)... et tout le monde éructe, siffle, applaudit, s'assoit quand Fikce nous le demande et engueule les récalcitrants... avant de jeter le micro et se casser de scène après un «voilà un public qui se tient sage» (copyleft David Dufresne), laissant les gens assez circonspects. Fin de concert punk. On se remet de nos émotions et on ne crache pas d'aller se mettre à l'ombre, dans la salle, pour voir No Trigger. Le groupe de punk-rock HxC ricain jouit d'une belle réputation scénique mais va quand même peiner à motiver le public, assez clairsemé / fatigué / peu enthousiasmé (vas-y, fais ton choix). Le chanteur essaie pourtant, on ne peut pas lui enlever ça. Il parle beaucoup entre les morceaux, nous dit qu'il comprend que c'est notre trois-quatrième jour de festival, que lui aussi est quarantenaire... Je trouve ses interventions sympas au début (on le sent très sincère) mais devant le peu de réaction, peut-être aurait-il été plus judicieux d'enchaîner davantage les morceaux car là ça manque d'intensité et j'ai du mal à rentrer dedans. Du coup, je sors dehors.
18h55, c'est l'heure du concert de Grade 2, je vais voir ce que ça donne et affiner mes questions pour l'interview prévue. Premier constat : les trois protégés de Tim Armstrong de Rancid (il a produit et sorti leurs deux derniers albums) sont vraiment des minots, avec un bassiste au look oi! (cheveux rasés, polo Fred Perry, bretelles, Doc Martens). Deuxième constat : ils maîtrisent vraiment bien leur sujet, à savoir la scène et les morceaux entraînants. Sans surprise, ils donnent dans le street punk avec des chansons plus frontales, d'autres plus mélodiques. Le bassiste et le grand guitariste (qui fête aujourd'hui ses 24 ans !) échangent fréquemment de micros, chantent respectivement et le batteur défonce derrière. Vraiment. Le public ne s'y trompe, répondant de plus en plus présent et commençant tout juste à être chaud bouillant quand c'est malheureusement la fin. 3-4 chansons de plus et ça aurait été le feu. Excellente surprise donc et je suis très content de pouvoir échanger quelques mots avec eux plus tard.
War On Women ayant déclaré forfait, c'est le groupe de punk mélo Fastlane de Bordeaux qui l'a remplacé au pied levé. Enfin, ils ont dû appuyer sur l'accélérateur pour être là en temps et en heure. La rumeur dit qu'ils étaient en plein barbecue chez eux, le midi, quand on leur a proposé de venir. Et ils ont accepté, merci à eux, même si de mon côté la déception était grande. Je me rattraperai au Fest en Floride à la Toussaint, où War On Women est programmé, au milieu de 250 autres groupes de punk rawk et assimilé.
xtreme fest - flogging molly
20h30, je retourne sur la Zguen Stage pour The Last Gang, qui n'est pas le dernier groupe à jouer... ni le dernier gang à sonner comme The Distillers. C'est qu'elle en aura influencées, Brody Dalle, et motivées des meufs à prendre la guitare et chanter, et c'est tant mieux. "More women on stage" comme on dit et si l'équité est loin d'être atteinte, on dénombre quand même environ un quart des groupes avec au moins une musicienne, en espérant que bientôt on n'ait plus besoin de compter. On pourra en revanche toujours compter sur les Californien.nes de The Last Gang pour envoyer du bon punk-rock. Et les vieux Californiens de Circle Jerks alors ? Ont-ils encore de bons restes ? Ce sont quand même des papys historiques du punk HxC qui sont sur scène, avec le chanteur Keith Morris (Black Flag, Off...) et ses dreads qui lui arrivent aux genoux, le guitariste originel Greg Hetson (Bad Religion, Redd Kross), l'imposant bassiste Zander Schloss qui n'est là "que" depuis 1984 et nouveau "gamin" dans la bande, le batteur Joey Castillo (Queens Of The Stone Age, The Bronx) qui n'a que 56 ans. On est un peu sur un culte culte clan, là, non ? [Désolé, j'ai maté hier un docu sur Arte et les gogols en cagoules blanches...] Les morceaux dépassent rarement la minute 30, avec souvent quelques sauts de cabri de Greg et Keith parle beaucoup entre les titres. On est à mi-chemin entre un concert et un prêche mais respectueux, on se tait et boit ses paroles. Pas de "ta gueule et joue" déplacé à déplorer. À la fin du set, je retrouve Jack, guitariste de Grade 2 que j'avais précédemment hélé pour l'interviewer mais il avait souhaité que ça se fasse après le concert de Circle Jerks. Normal. Un peu de flottement pour récupérer tout le groupe mais je remercie Vincent et Victoire, Xtremes organisateurs, de s'être démenés pour que cet excellent moment ait lieu. Notamment quand ma camarade Dina, pleine de spontanéité et pour marquer le coup avait acheté un cadeau sur un stand pour fêter l'anniversaire du Jack, qu'on voyait pour la première fois ! Il était tout surpris et ému. Interview à retrouver dans le prochain numéro, le 53. Le feeling est tellement bien passé à discuter, rire, que le temps aussi, nous faisant complètement rater le concert des locaux de Dirty Fonzy sur la Zguen Stage, annoncés quelques semaines auparavant en remplacement des Canadiens Flatliners initialement prévus. [Petit aparté, beaucoup de groupes sont contraints d'annuler des tournées (ou parties), avec l'augmentation de tous les coûts, etc..., ça ne va pas s'arranger et le meilleur moyen d'endiguer cela, c'est encore d'aller aux shows et de prendre ses places à l'avance, quand on le peut.] Bien dég' mais on se console comme on peut avec la vidéo du Wallabirzine et le très joyeux bordel qui s'en dégage, avec le final sur "My baby left me for a dirty fonzy" où le groupe fait monter sur scène tous les bénévoles. Moins Vincent, le chargé de comm', qu'on retient avec notre interview. Désolé encore Vincent, j'espère être quand même invité à nouveau l'année prochaine. Smiley. Tout ça pour rappeler que leur "We are an xtreme family" n'est pas qu'un slogan. Cela se ressent sur les larges sourires et rides ornant les visages, synonymes d'une fête bien réussie.
23h15, le final dans la salle est assuré par Flogging Molly et leur punk-rock celtique américano-irlandais (on pense bien sûr aux Pogues). Il fallait prolonger la zguen attitude (marque déposée) et bonne ambiance des Dirty Fonzy juste avant et la troupe menée par Dave King s'y est bien employée. Rien à redire là-dessus. Après, je concède être un peu sectaire donc comme pour les binious, les mandolines, violons, banjos ou autres accordéons dans mon punk-rock ne me ravissent guère. Mais encore une fois, en scrutant le public et en échangeant avec celles et ceux qui attendaient Flogging Molly, tout le monde semble avoir passé un bon moment, et c'est bien là l'essentiel. Je crois que j'ai déjà écrit ça précédemment mais va trouver trente formules différentes pour parler des groupes et postule donc au W-Fenec.
C'est Change qui avait la lourde tâche de clôturer cette neuvième édition de l'Xtreme Fest à l'extérieur. Pas forcément ma tasse de Kro, ni la leur d'ailleurs, le groupe de punk HxC ricain étant straight X edge (pas d'alcool, de drogue...). Ce qui leur permet de courir, sauter partout, lever bien haut les manches des guitares, même si d'autres groupes moins sobres le font tout autant. Un bon petit high kick et coup de massue derrière la nuque pour se dire au revoir et prendre rendez-vous sans faute l'année prochaine afin de souffler la dixième bougie de ce très très chouette festival, qui coche toutes les bonnes cases. Et que dire de cet after bénévoles-VIPs à base de karaoké ! Il a mis un peu de temps à se lancer (faut dire qu'on attendait pas sagement et bien d'autres étaient encore en train de bosser) et nous a fait perdre Sid et Jacob, bassiste et batteur de Grade 2, en day off le lendemain avant un concert à Paris, qu'on avait débauchés et que j'avais inscrits pour chanter du Arctic Monkeys (avec leur consentement bien évidemment) ! Jack, le guitariste fêtant ses 24 ans ne pouvait, lui, pas partir comme ça et est donc resté avec d'autres festivaliers amis s'étant tapés l'incruste, à chanter, danser, jusqu'à ce qu'on se fasse gentiment virer vers 5h-6h du mat.
Jour 5 (lundi 1er août) :
C'est donc frais comme des Gardois un lendemain de feria qu'on quitte notre Air Bnb à midi pétante, pour rentrer sur Montpellier et tomber en rade 1h après, sous un soleil de plomb, à attendre la dépanneuse au bord d'une 2x2 voies, nous amenant dans un garage perdu au milieu d'une zone artisanale à 15 kms de Rodez, sans agence de location de voiture disponible autour. C'est finalement un covoitureur qui nous sauvera la mise.
Festival trop chouette, after épique, retour apocalyptique et RDV en 2023 pour encore plus d'xtreme et de zguen.
WBZ (20 hits)
Un grand MERCI à Pollux Asso, son staff, les bénévoles et plus spécialement à Vincent.
Coucou à toutes les personnes positives et amies croisées sur ce fest.
Photos : Junk WBZ et Vincent 8 ans et demi.