"Vieilles Charrues, Vieilles Charrues, Vieilles Charrues !!!" : ce nom trotte dans ma tête tout le long de notre périple pour rejoindre la Bretagne et plus précisément la petite ville de Carhaix et ses 8.000 habitants. On dit de ce festival qu'il est convivial, énorme, gigantesque bref qu'il est en passe de devenir (s'il ne l'est déjà !) LE festival rock en France ! 3 jours de concerts avec deux scènes principales, une 3ème pour des découvertes et des spectacles de rues à gogo ! Il est prévu 150.000 spectateurs venus de la France entière pour acclamer des artistes d'horizons si différents qu'on a du mal à comprendre comment la cohabitation est possible. Jugez plutôt : Mass Hysteria qui côtoie Joan Baez, Beck sur la même scène que William Sheller, Rinôcerôse à la même affiche qu'Alan Stivell ! L'éclectisme est de rigueur !
Vieilles Charrues 2000
Vendredi 21 juillet
Il est 16 heures quand arrive sur scène le groupe Raspigaous. Comme son nom ne l'indique pas, la formation joue du reggae et elle le fait fort bien ! Ils ont réussi le pari de faire réagir le public lors de la première prestation live du festival. Raspigaous est composé de 14 musiciens dont une bonne majorité est d'origine marseillaise, mais rien à voir avec le Massilia Sound System : aux Vieilles Charrues, le groupe, comptant dans ses rangs aussi bien des guitares que des cuivres et un violoncelle, distille pour notre plus grand bonheur un excellent reggae ragga bien roots pour rendre tout le monde de bonne humeur. Ils revendiquent aussi dans leurs influences la musique latine et du classique, alors autant dire que leur musique est riche ! Puis vint le tour de Gomez, le groupe britannique qui a tout raflé en Grande Bretagne en 1998. Cette formation vieille de 4 ans compte dans ses rangs 5 musiciens qui joue un pop rock tout à fait plaisant. A l'écoute du concert de ce groupe prometteur sur la grande scène du festival (la scène Glenmor), on retrouve des influences assez distinctes comme Buckley, Hendrix, Marvin Gaye, et tout le toutim. Autant dire que le concert a beaucoup plu aux festivaliers déjà présents en masse sur le site. Pour une surprise, c'est une surprise !!!
Alors que l'on attendait les Mystic Revelation of Rastafari, voilà que ce sont les Silmarils qui rejoignent la Scène J. Kerouac (la 2ème scène). Le groupe parisien est en fait l'invité de dernière minute suite à l'annulation des vieux rastas. Alors le groupe va tout donner pendant une heure et va faire découvrir au public, très fort pour le slam, une bonne partie des titres de son 3ème album Vegas 76 ainsi que les hits de leurs 2 précédents opus ! Le groupe est beaucoup funky qu'à leur époque "fusionnante ", et la bande est même accompagnée dorénavant d'un DJ. Bonne prestation dans l'ensemble ce qui donne l'envie de tendre une oreille attentive sur leur dernière production. On passe le compte-rendu du concert de W. Sheller, qui n'a rien de rock 'n' roll bien que son répertoire soit attachant.
Passons donc aux choses sérieuses et à la première grosse claque de la journée : La Ruda Salska. Ce n'est pas une surprise tellement chaque prestation de la formation "rock-ska-goods" est à vivre comme un vrai moment de bonheur ! Après avoir accordé une interview pour le W-Fenec, Pierrot et ses ska-colytes enflamment les Vieilles Charrues. Le groupe n'a pas failli à sa réputation de bête de scène et la transe était au rendez-vous avec leurs mélanges de cuivres ska et de guitares rock ! Encore bravo les gars !! Super ! Voilà Alan Stivell mais je suis désolé pour vous, j'ai suivi le concert de très très loin alors je ne serais pas très objectif en commentant la prestation du breton... D'ailleurs, un nordiste comme moi ne peut pas comprendre la (vieille) musique bretonne, disons, traditionnelle ! Saïan Supa Crew : un groupe de rap dans une chronique pour un WebZine Rock, c'est étonnant non ? Et bien moi, je ne pense pas du fait que je ne considère pas le Supa Crew comme un groupe de rap à cliché, c'est à dire des jeunes contre la police et pour foutre le bordel, mais comme un groupe novateur et explorant toutes les combinaisons possibles existantes entre la communion de plusieurs chanteurs. Le public l'a compris et s'en donne à cœur joie pour accueillir les Parisiens, alors que le scénario inverse s'est produit pendant la conférence de presse où aucun journaliste n'est venu les questionner ! Outre le fait de phraser à gogo, le combo a une chorégraphie béton et use de leurs cordes vocales pour imiter divers instruments comme les percussions ou bien des platines en pleine séance de scratchs ! Un groupe super positif dans l'attitude et l'esprit. Encore une fois, je dois affronter un concert des Cranberries avec la très énervante chanteuse Dolorès ! Alors au lieu de vous parler du concert du groupe qui joue une musique qui retient l'attention, évoquons plutôt le comportement de la chanteuse qui est, il faut le reconnaître, détestable : la dame a exigé des organisateurs de lui trouver une coiffeuse pour lui refaire son brushing environ 2 heures avant son concert. Mieux, elle a eu besoin de 2 gardes du corps pour l'entourer dans son chemin entre la jaguar qu'elle avait, là encore, exigée et les marches de l'entrée de la grande scène ! C'est pitoyable mais ça ne surprend en fait pas grand monde. 1 heure du matin. Un groupe composé de babas cools monte sur scène pour exécuter une prestation que je considère comme LA révélation de la journée ! Les Hilight Tribe sont de Paname la capitale et ils jouent une musique qui est difficilement classable. On peut dire qu'ils mélangent les instruments occidentaux comme la guitare ou la basse avec des instruments ethniques tels le djembé, le didjéridoo, le dun dun, le sylat, …Le dossier de presse du festival qualifie la musique de Natural Transe. Moi je dirais plutôt que c'est de la musique ethnique tribale aux tempos transe ! En fait, on s'en fout du qualificatif, mais quand on sait que le groupe a participé aux teufs d'Ibiza l'été et aux soirées Gaïa, on sait tout de suite à qui on a affaire. L'esprit de la musique indienne et africaine est omniprésent. Le public était très réceptif au live de ce groupe et la fête a été complète en ce début de nuit Carhaisienne. Nous avons zappé le cinéaste Emir Kusturica accompagné des No Smocking Orchestra ! D'après les festivaliers, le groupe a fait un concert tout bonnement inimitable ! L'artiste accompagné du groupe de Sarajevo flirte avec des rythmes country, des marches turques, des boucles techno pop, de la tradition tsigane, j'en passe et des meilleurs. Mais bon la journée fut bien longue pour que j'assiste à ce dernier concert de la nuit ! Dommage, mais faut bien un groupe qui clôture la journée ! Heureusement que le camping ne se situe qu'à 50 mètres de l'entrée du festival !
Vieilles Charrues 2000
Samedi 22 juillet
Après une courte nuit pendant laquelle j'ai entendu des bruits bizarres que j'arriverais à identifier la nuit suivante, la journée démarre fort avec un artiste local que le festival a tenu à promouvoir parmi 450 groupes du coin ! Il s'appelle Siméon Lenoir et il est accompagné des Travel Music. L'homme offre au festival, à travers ses compositions, une world music francophone qui invite l'auditeur à faire un voyage à travers le monde, des pays du Maghreb à la Hongrie en passant par les Caraïbes ! Sa musique est très riche, forte des expériences musicales du chanteur qui a parcouru le monde et qui aspire à l'exotisme. C'est très rafraîchissant sous le soleil de Bretagne qui tape fort en ce début d'après midi ! On savait, à la vue du programme de cette journée, que nous assisterions à beaucoup de concerts de qualité ! Preuve en est faite avec la prestation des Américains de 16 Horsepower. Les petits protégés de nos Nwar Dez locaux ont secoué les festivaliers présents aux pieds de la grande scène. Le groupe joue un rock écorché et envoûtant. Les musiciens alternent les ambiances avec la voix rocailleuse du leader de la formation David Edwards qui racontent des histoires du sud de l'Amérique faite de violences, de pauvreté et de tragédies ! Le groupe a recours à beaucoup d'instruments comme le banjo, l'accordéon et la cithare... La formation dans ses mélodies et sa noirceur, n'est pas sans rappeler le groupe de Bertrand Cantat, un Bertrand que les rumeurs annonçaient sur le site pour jouer un morceau avec les 16 mais il n'en fut rien !
Retour à la petite scène pour assister à la prestation les locaux de la journée, les Percubaba ! Le groupe qui monte, qui monte en Bretagne a fait énorme sensation à l'heure du thé ! Le collectif reggae-ska-ragga-dub-rock (!!!) la joue plutôt énervé et prouve qu'il n'a rien à envier à toute la scène reggae-ska française actuelle. Le groupe, pour le live, s'est adjoint la présence d'un jongleur danseur afin d'ajouter au coté festif de leur musique un visuel de cirque... et ça marche car le public est très réceptif aux morceaux de cette jeune formation bretonne ! Le reggae n'est qu'une mode passagère ? Et bien même si c'est le cas (et j'en doute) tant mieux pour nous comme ça on peut en écouter et en voir partout ! La 1ère grosse sensation de la journée arrive sur scène : après une intro de violoncelle électrique, le fantasque mais néanmoins génial M déboule sur la grande scène des Vieilles Charrues : il va nous délivrer pendant un peu plus d'une heure un concert magique et intense comme on les M et comme on ne les oublie pas ! De "Machistador" à "je dis M" en passant par "Le complexe du corn flakes", le fils de qui on sait surprend et envoûte un public entièrement acquis à sa cause ! Faut dire que le chanteur à la voix prenante est aussi un excellent musicien (il joue toutes les parties guitare avec beaucoup de brio), et c'est aussi une bête de scène, prêt à toutes les poses pour faire chavirer son public. Dans un décor spécialement imaginé pour permettre à chaque musicien de se créer un petit monde personnel (comme un milieu naturel pour le batteur et une glace placée au-dessus du DJ pour permettre au public de suivre tous ses faits et gestes sur ses platines !), le multiple vainqueur des victoires de la musique se sent bien à Carhaix, et Carhaix le lui rend bien ! M est tellement décontract' qu'il autorise même les journalistes à le photographier pendant la conf' de presse, chose qu'il avait interdite aux Eurockéennes ! Un grand Merci à cet artiste qui a encore prouvé qu'il n'était pas là au hasard, et dont le charisme est explosif.
On loupe la quasi-totalité des Day One pour arriver au rappel, où le groupe de Bristol, adepte du folk et du hip hop, nous balance leur hit "It is your life", enfin je crois que c'est ça ! En tout cas, nous, on n'a rien perdu car on a vu le morceau qui a fait réagir le public, peu nombreux devant la 2ème scène... La faute à qui ? Sûrement au créneau horaire où les festivaliers se restaurent. Ou alors, c'est parce qu'un artiste pas comme les autres va investir la grande scène, un rescapé de Woodstock qui doit son salut à l'alcool et au tabac : j'ai nommé Joe Cocker ! C'est un événement pour un festival de recevoir cette légende vivante du rock 'n' roll dans ce coin perdu de Bretagne ! Toujours est-il que l'Américain va jouer pendant environ 1h30 ses plus grands hits, et dieu sait s'il y en a beaucoup : de "With a little help from my friends" à "Night calls" sans oublier "N'oubliez jamais", Joe fera un set que l'on peut qualifier d'honnête, mais bon, ce n'est pas tous les jours que l'on a l'occasion de pouvoir écouter et voir en live un monstre sacré du rock, une légende vivante qui n'a rien à prouver ! Son jeu de scène est très réduit, mais on a l'impression de revoir le jeune homme chantant 30 ans auparavant à Woodstock ! Tout ça pour dire que la magie était présente à Carhaix pendant que l'homme donnait des frissons aux quelques 60.000 festivaliers présents ce soir là !
Et maintenant, place aux jeunes !! "La jeunesse, au taquet !!!", ça ne vous rappelle rien ? Mais oui, les Mass Hysteria investissent la scène et ils ne vont pas faire dans la dentelle ! Normal quand on sait que Mouss est breton et qu'il nous avouait la veille que cela faisait 5 ans qu'il attendait de jouer à ce festival ! Malgré un problème de micro au début du concert, le set des furieux s'est parfaitement bien déroulé à la tombé de la nuit ! Il faut dire que jouer entre Joe Cocker et Louise Attaque n'était pas forcément gagné d'avance pour le seul groupe de métal programmé pendant tout le festival, mais Mass aime les défis, et jouer après Cocker qui a fait "leur 1ère partie" (dixit Mouss !) n'a pas altérer l'humeur des festivaliers qui vont s'en donner à cœur joie pendant tout le show ! Les Mass quittent la scène après avoir dédicacé "Finistère amer" à leur ancien gratteux Erwan présent sur le site tout comme "Knowledge is power" aux Masnada ! Un show vraiment rentre dedans et très apprécié du public qui s'est déplacé en …Mass pour faire un triomphe au groupe dont la dynamique et l'énergie sur scène n'est pas qu'une légende !
Pour se remettre de nos émotions, les programmateurs ont eu l'idée (excellente d'ailleurs !) de faire jouer les Louise Attaque sur la grande scène ! Que dire des Louise ? Personnellement, que du bien tellement leur musique est poignante et sincère ! Le groupe joue l'essentiel de ses 2 albums, albums qui sont tout aussi excellents l'un que l'autre ! On a beaucoup parlé du 1er, mais pour moi le second opus des Parisiens est vraiment réussi, avec des ambiances plus tristes, des morceaux plus noirs, une caractéristique que l'on retrouve dans les jeux de lumière qui font penser (une fois de plus !) aux Noir Désir ! Noir Désir, un groupe, un modèle d'intégrité que les Louise affectionnent beaucoup, jusqu'à en reprendre un morceau obscur mais magnifique issu d'une face B d'un single des Nwar Dez' : "là-bas". Le concert, qui se déroule devant 60.000 personnes, est un triomphe, même si on apprécie plus le groupe sur une scène plus intimiste. Le public ovationne la formation qui n'est pas qu'un phénomène temporaire mais un groupe qui a de l'avenir devant lui !
Et voici le 3ème groupe français d'affilée qui joue sur une des deux scènes des Vieilles Charrues, et ce groupe ne vous est pas inconnu : il s'agit de Marcel et son Orchestre ! La formation du 5.9 joue à Carhaix le dernier concert de sa tournée marathon qui a duré près 1 an et demi ! Le possee nordiste va jouer à fond sa formule youpi-groovy-heavy-crazy-sexy, et ce n'est pas peu dire !!! En effet, les Marcel misent tout sur l'énergie et ça marche !!! Le public, après avoir halluciné sur l'accoutrement de nos amis, joue le jeu et se donne corps et âme pour danser et délirer pendant près d'une heure aux bords de la petite scène ! Et quand 40.000 personnes commencent à danser "La danse dépovga", et bien je vous assure que ça le fait ! Le groupe puise dans tous ses albums, aussi bien les "gros" albums que les deux 6-titres que le groupe a déjà sorti ! L'interprétation des morceaux est très punk rock, le visuel est monstrueux avec tous les musiciens qui se lâchent, et le rappel du groupe est incroyable : en jouant "Les vaches", les Marcel demandent à l'assistance de réaliser un sitting pour protester contre l'incarcération de nos amis les vaches, et ça marche ! Le public s'exécute sous les yeux ébahis de la Ruda et des Mass Hysteria dans les backstages ! Sur scène, les Marcel invitent leurs potes de la Ruda et même l'ultra positif Mouss à participer à la fête que l'on est pas prêt d'oublier de si tôt !!!
Pour finir cette journée en beauté avec une affiche vraiment puissante, les Montpelliérains de Rinôçérôse ont lâché à Carhaix leur électro-dub-house-pop, et franchement, ça le fait bien ! Tout en jouant avec des musicos comme un flûtiste et des guitaristes, l'écran géant transmet des images de synthèses qui se prêtent totalement à la musique ! Les deux leaders, Patou et Jean-Philippe, sont très à l'aise sur scène, tous comme les autres musiciens présents sur scène, et leur live vaut vraiment le coup d'être vu ! Chapeau ! Alors que l'on se retourne vers le camping, nous assistons ébahis à une course effrénée entre un mec déguisé en lapin et 50 jeunes qui lui courent après en hurlant : "Le lapin, le lapin !!!" c'est donc ça les bruits qu'on entend toute la nuit sur le camping !!! Les Vieilles Charrues, c'est vraiment la fête !
Vieilles Charrues 2000
Dimanche 23 juillet
Après une courte nuit à chasser le lapin et, accessoirement, à dormir, retour sur le site des Vieilles Charrues pour démarrer la journée tout cool avec The Skatalites. Il faut dire qu'un groupe obscur, les Goristes, ont commencé à 13h30, ce qui n'est pas une heure pour commencer un concert pendant un festival, surtout un 3ème jour de festival !!! Retour donc avec les Skatalites et leur ska très roots sans chant et avec des cuivres omniprésents. Ce groupe appartient à la légende du ska en Jamaïque et c'est vraiment impressionnant de voir comment ces vieux artistes (le groupe a été créé en 1963 !) ont la pêche et arrive à communiquer sa joie de jouer au public "And for you, U Roy !!!" : encore une légende aux Vieilles Charrues, mais cette fois, c'est du reggae ! C'est un des derniers artistes made in Jamaïca de la grande époque qui soit encore dans le circuit. Après une intro instrumentale, c'est le percussionniste du groupe, un vieillard aveugle, qui pousse la chansonnette avant que le "maître" incontesté des DJ jamaïquains, U Roy, entre en scène pour poser sa voix sur les morceaux 100% roots reggae joué par son groupe. Epaulé par une choriste, U Roy s'enflamme au rythme de la musique et nous délivre son hit "Soul rebel" en fin de concert ! Cet homme est un pape rasta, capable de tout pour échanger de bonnes vibrations par l'intermédiaire de son répertoire ! C'est une nouvelle fois un artiste de l'époque de Woodstock qui joue sur la grande scène : mesdames et messieurs, Joan Baez ! Bon, c'est sur que cette femme impose le respect pour tout son coté militant et pour le chemin parcouru depuis 30 ans, n'empêche que ses folk songs ont tendance à m'endormir ! Chacun son truc !
C'est la révélation anglaise de l'année qui débarque sur la seconde scène : Muse est prêt à en découdre avec les Vieilles Charrues. Le trio, emmené par le (trop ?) charismatique Mattew Bellamy, joue son pop rock trituré à souhait pour le plus grand plaisir de l'assistance ! Mais on peut tout de même se demander si Mattew n'exagère pas ! C'est pendant les 3 1ers morceaux, pendant lesquels les photographes ont un accès privilégié dans la "fosse" pour prendre des clichés, que le leader du groupe en fait le plus dans l'attitude : alors, vrai détraqué ou génial acteur pasticheur ? Telle est la question, à vous de juger ! Force est tout de même de constater que la musique est très bien jouée et que le trio exploite au maximum ses instruments pour créer une ambiance "placeboienne" ! Les groupies sont comblées, et c'est peut être ça le principal pour le combo !
Branle bas de combat dans l'espace presse : un énorme traquenard se met en place ; le management de Beck se fait strict et impose à chaque journaliste voulant le photographier pendant le début de son show à signer un contrat d''une page et demie, résumant toutes les conditions à respecter quant à l'utilisation de ces photos ! Et le pire arriva ! M. Beck refuse que les e-journ@listes comme nous lui tirent le portrait ! Me voici donc vierge de tout portrait du bidouilleur génial ! Contraint de suivre le concert comme tout festivalier (!!!), je remarque tout de même que ce petit gars sans allure, mal rasé et avec une tête à claque, est en passe de devenir le bricoleur du siècle : le coté folk de ses compositions est indéniable, mais Beck ne s'arrête pas là : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Alors Beck devient un savant fou de la musique qui prend tout sur son passage susceptible de faire évoluer ses compositions ! N'empêche, quand il chante "I'm a loser", je ne peux m'empêcher de penser à cette sombre histoire de photos !
Retour sur la seconde scène où va rentrer en piste Femi Kuti, le fils du grand Fela. Le fiston a hérité principalement de son père de la culture afro beat, courant musical que le paternel a inventé dans les années 70 ! Après une intro rythmée où les musiciens et les danseuses arrivent sur scène en costumes traditionnels, Femi déboule avec son sax et commence à hypnotiser son public, qui ne demande qu'à danser après la chute de quelques gouttes de pluie ! Et c'est parti pour une heure de transe pour un public qui participe activement au concert en dansant et en tapant des mains ! Femi remercie le public en français, et les Vieilles Charrues s'enflamment pour les 15 musiciens présents sur scène ! Du grand art, comme quoi il ne faut jamais se contenter de préjugés ! Rock 'n' roll attitude sur la grande scène, Eddy Mitchell est fin prêt pour donner une représentation aux bretons, et ce malgré son poignet cassé ! Et quoiqu'on dise, cet homme mérite le respect par son attitude, son jeu de scène et sa voix totalement adéquate pour ce style de musique ! Sur scène, l'artiste donne l'impression qu'il est d'une simplicité étonnante, et les costumes des musiciens renforcent l'idée qu'Eddy respecte son public ! Il blague sur les graveurs, souhaite un bon an 2000 à tout le monde, fait une reprise des Blues Brothers…bref un bon moment pour tous les festivaliers encore présents sur le site ! "Original salsa muffin !" Et oui le Sergent est dans la place pour nous jouer, avec ses amis des Lococ Del Barrio, une musique festive et rafraîchissante en cette fin de festival ! L'ancien Ludwig von 88 a eu la riche idée de "mixer" de la salsa et du ragga muffin, et le rendu de ses expérimentations est tout bonnement magique ! A grand renfort de cuivres délirants, de percussions fracassantes et de chorégraphies, la fête est de rigueur aussi bien sur scène que dans le public qui ne peut pas résister à l'appel du collectif franco-cubain qui l'invite à danser ! Même les plus perplexes au début du concert ne résiste pas à un petit pas de danse ! Rien à dire quand on sait que le groupe a conquis les Cubains eux même cet été !
Dernier concert et pas des moindres pour ce super festival : Asian Dub Foundation. Ces anglo-pakistanais, malgré un problème de retour en début de concert, ont tenté d'enflammer le public encore présent (beaucoup rejoignent déjà la sortie...) mais manifestement sur les rotules ! C'est dommage tellement les prestations de ce collectif (très) engagé sont vraiment intenses, et le live du groupe des 5 aux Vieilles Charrues n'échappera pas à la règle ! Plusieurs dédicaces pendant le concert, dont une à Zebda et une à José Bové ! Ce dub-ragga mélangé à des rythmes techno et jungle et à un chant résolument rap sous des sonorités hindoues est vraiment d'une bonne facture, et on comprend donc pourquoi le groupe est si apprécié aux pays des Droits de l'Homme !
Carhaix, c'est fini !!! 3 jours intenses à vivre des concerts que je pourrais qualifier de magiques, et je suis même sur de ne pas avoir vu un live qui m'ait déçu ! C'est ça les Vieilles Charrues, deux scènes au milieu de nulle part où 150.000 personnes font la fête pendant tout un week end sous un soleil radieux. Pour en savoir plus sur l’ambiance : Un week-end aux Vieilles Charrues.
Merci au staff des Vieilles Charrues (et plus particulièrement à Aurélie et Hervé), à Bruno Radikal, et bien sur à la W-Fenec-team-Bretagne : Jul, les G-rom, Charlotte, Patrick, Laurent et Alex la gamine !
Photos : Gui de Champi