Après une édition "catastrophe" en 2012 avec une programmation indoor amputée de têtes d'affiche et des évènements climatiques ayant obligé l'annulation de certains concerts, le cru 2013 du Sonisphere retrouve ses quartiers d'origine avec deux jours pleins en extérieur. Grosse programmation, météo clémente, bières fraîches, tout est réuni pour passer un bon week-end sous le son du métal.
Alors que l'édition 2011 s'était déroulée un vendredi et un samedi, c'est bien le samedi et le dimanche que le festival se déroule. L'équipe de choc du W-Fenec façon Paris Match (composé du duo magique Gui pour le poids des mots et Christian pour le choc des photos) est prête à prendre le plein de décibels du coté de la Moselle. Il faut dire que la prog est assez alléchante, la cerise sur le gâteau étant le retour en terre mosellane d'Iron Maiden pour un show s'annonçant forcément explosif. Mais faisons les choses dans l'ordre et commençons par la journée du samedi (ça serait toutefois marrant de commencer la chronique d'un festival par la fin, tiens faudrait que j'essaye un jour.)
sonisphere-2013
Samedi 8 juin 2013
Il est un peu plus de 14 heures 30 quand nous arrivons sur le site du complexe multi activités d'Amneville. Je suis agréablement surpris de ne pas subir de bouchons et le pass parking si gentiment mis à disposition par l'organisation nous permet un parcage dans les meilleurs conditions. Nous récupérons nos bracelets pass (encore une grande énigme, nous disposons avec Christian de deux bracelets chacun, tous de couleurs différentes, permettant notamment au photographe d'accéder à l'espace presse qui m'est refusé. Très étrange.mais bon.). Le festival a déjà démarré, tant sur le camping (avec une scène off et le passage des excellents Peter Pan SpeedRock, grrrrrr) que sur le site principal. Nos plus plates excuses à Dagoba et aux Crucified Barbara que nous avons eu le regret de ne pas voir (ou pas). Je n'y étais pas, je ne peux pas vous dire, n'insistez pas !!!
Tout commence pour nous avec le concert (bien entamé il est vrai) de Karnivool, quintet progressif australien, dont nous suivons la performance de l'espace VIP. Espace considérablement réduit par rapport à l'avant-dernière édition, avec quelques sièges, un bar et un espace DJ. On y croise déjà du beau monde avec Steph Loudblast et Raph Mass Hysteria, ce dernier n'étant jamais avare de bonnes histoires. On croise aussi de loin des gars de Bukowski. Le temps de discuter et de prendre quelques nouvelles de chacun que le concert de Karnivool touche à sa fin. De mémoire, rien de transcendant, juste du rock. Ce qui n'est déjà pas mal, hein ?
Premier gros morceau de la journée avec le set des Polonais de Behemoth. J'ai un souvenir assez précis de ce groupe l'année dernière au Hellfest. En mode flashback on, et après un show ravageur de Refused, je m'étais hasardé à la fin du concert du combo black/death et j'avais été époustouflé par la puissance et l'excellence de leur son. Et, bien que n'étant pas un des fans les plus fervants de ce style, je dois reconnaître que j'avais été soufflé. Mode flashback off, retour au présent. Behemoth investit la scène Appolo avec la flagrante intention de tout dévaster sur son passage. Le groupe n'a pas ressorti tout l'attirail visuel dont il a l'habitude, estimant probablement que les quelque quarante minutes allouées au groupe en pleine journée ne valait pas le coup de sortir l'artillerie lourde. Par contre, le combo polonais mené par le revenant Nergal ne lésine pas sur les moyens côté son, délivrant un set puissant et carrément flippant. Tous les ingrédients sont réunis pour rendre de concert aux allures de messe noire un des moments les plus forts du festival. Je reste de nouveau pantois devant le charisme et la violence de ce groupe, même si c'est bien le genre de formation qu'il convient de faire jouer en pleine nuit. En même temps, un concert en plein après-midi évite de faire de mauvais cauchemars.
Après la claque infligée par Behemoth, il est temps de pivoter de 180 degrés pour avoir les yeux rivés sur la scène Saturn où va s'exécuter le quintet suédois Sabaton. Je ne connais ce groupe que de (bonne) réputation. Et ce que j'ai pu lire ou entendre à propos des lives du groupe n'est pas usurpé, tellement le fun, l'énergie et la qualité sont au rendez-vous. Il faut dire qu'après un "Final coundtown" envoyé dans la sono en guise d'intro, les gars arrivent sur scène avec l'envie d'en découdre et de délivrer un gros set devant un public déjà acquis à sa cause. Les blagues fusent, la communion avec le public est parfaite, et le heavy metal proposé par les Suédois est de bonne qualité. Sourires de circonstance, grosse présence scénique, ça ricane aussi bien sur scène que dans la foule. Les gars savent tenir une scène en sautillant et en courant partout. Et vas-y que je joue avec les caméras et que j'harangue le public à la première occasion venue. Et vas-y que je serre les louches des spectateurs pendant que je chante, et le public semble apprécier ce genre de groupe, quelque peu potache mais carré au plus au point. Car même si le chanteur récite tous les mots de français qu'il connaît et raconte connerie sur connerie, le heavy metal développé par Sabaton est de bon goût (a contrario des tenues de scène en mode "treillis" dégueulasses). Les soli s'enchaînent, chacun fait son taff avec application et détermination, et la voix ultra mélodique de Joakim Brodén est un régal. Un groupe de power metal qui en a, indubitablement. Un confrère croisé au bar VIP résumera de façon sarcastique mais non dénuée de sens la prestation de Sabathon : du choucroute métal. Pas faux. En tout cas, un des meilleurs souvenirs de la journée.
Je retrouve l'ami Christian peu après le début du set de Bring Me The Horizon. Plus du coté de la buvette que du pit si vous voyez ce que je veux dire. Ce n'est pas que mon compagnon de route le temps d'un week-end et votre serviteur soient portés sur la boisson fraîche et houblonnée (et chère, 4 euros le demi, bien joué les gars), mais nous portons plus d'intérêt sur ce désaltérant que sur le hardcore machin truc des Anglais de Sheffield. Et ceux qui connaissent ma propension à boire ont tout de suite compris la passion que je porte à Bring Me The Horizon. Je n'ai pas vu grand chose, j'ai entendu et c'est déjà pas mal.ça braille, ça dépote, ça ne m'intéresse pas. Comme en 2011 sur la même scène. Next one.
Le death métal mélodique ne tient pas une place de choix dans ma rockothèque mais je porte un intérêt particulier à Amon Amarth. Il faut dire que leur Surtur rising m'avait pas mal retourné à l'époque de sa sortie (pas si lointaine). Si bien qu'après un show tardif l'année passée au Hellfest (trop tardif pour moi en tout cas), je n'aurai pas l'excuse des yeux qui piquent cette année, car les Vikings envoient à 18 heures ! Amon Amarth n'a pas fait semblant et a sorti la grosse artillerie ! Le fond de scène est en effet recouvert d'un backdrop assez impressionnant tandis qu'un drakkar (oui oui, un drakkar) est planté au beau milieu de la scène. Et alors que le groupe va fouler les planches, je me gratte la barbichette en me posant une question existentielle : les gars ont-il un flight case aux dimensions exactes du bateau, ou alors le tourneur doit-il se creuser la tête à faire jouer le groupe dans des festos ou des salles à proximité d'une rivière ou autre point d'eau ? Va savoir. Toujours est-il que le quintet ne fait pas les choses à moitié, et balance la purée façon "virile". Même si je perçois une certaine lenteur en début de set, les gars ne font pas semblant et la carrure imposante des musiciens va de paire avec la puissance développée sur scène. Le groupe abat ses meilleures cartes pour le plus grand plaisir des furieux amassés devant la scène, et Amon Amarth est aujourd'hui un synonyme de "Dieu du métal". Bon dieu, ça barde (parfait pour des vickings, hein ?). Le groupe tire sa référence sous les acclamations méritées et soutenues du public. Et moi je me prépare à aller voir Motörhead.
"Good evening ! We are Motörhead, and we play rock 'n' roll !!!". Vous connaissez mon amour pour le trio anglais, et je me fais une joie de les revoir une nouvelle fois sur scène. En considérant que Lemmy est immortel (des événements quelques semaines plus tard viendront remettre en cause cette théorie), je considère toujours un concert de Motörhead comme le dernier auquel j'assisterai. Et la joie n'est que plus grande quand j'ai l'occasion de retrouver le trio sur les planches d'une salle ou d'un festival. Ca démarre très fort avec "I know how to die", excellent extrait de The world is yours. D'emblée, la mécanique est bien huilée et ça sent le grand concert ! Le groupe ne relâche pas la pression en envoyant "Damage case" (repris de nombreuse fois sur scène par Metallica) et "Stay clean", deux vieilleries du deuxième album studio du groupe. Lemmy en profite même pour introduire un des titres de la plus belle des manières : "Vous n'étiez pas nés quand on a écrit celle là". La set-list est digne d'un best of sans fausse note. En même temps, et au vu de la discographie fournie du band, que demander de plus ? Le son est massif, Mickey Dee (malgré une crève carabinée) donne tout ce qu'il a, Phil Campbel fait le boulot (même s'il ferait bien de mettre des lunettes pour choisir ses guitares de plus en plus moches, nonobstant un sticker No One Is Innocent sur une de ses arbalètes !), et Lemmy par sa droiture et sa stature en impose. Le gars crève l'écran et même si on a parfois l'impression que le groupe n'est pas au tip top de sa forme (les pauses entre les morceaux histoire de reprendre leur respiration se font de plus en plus longues), le groupe fait le boulot à la perfection. La légende n'est pas près de s'éteindre et l'auditeur/festivalier ne peut qu'être soufflé quand le groupe enchaîne avec perfection "Killed by death", "Ace of spades" et "Overkill". Si c'est ce soir que j'ai assisté sans le savoir à mon dernier concert de Motörhead, j'en garderai un excellent souvenir... mais non, c'est des conneries ! A l'année prochaine les gars !!!
Pas évident de passer après le groupe le plus fort du monde, mais ça serait bien mal connaître In Flames de ne pas relever le défi ! Le métal moderne du groupe venu de Göteborg est un peu rude après le rock 'n roll dépouillé de la bande de Lemmy, mais finalement ça se laisse écouter d'une oreille. La fanbase qui a fait le déplacement est aux anges, mais mes yeux sont déjà rivés sur la scène Apollo pour le show de Slayer.
Slayer avait sublimé le Big 4 lors de la première édition du Sonisphere français, mais les circonstances ont malheureusement changé. Jeff Anneham nous a quitté il y a quelques semaines, et même si Gary Holt d'Exodus tenait déjà la six cordes il y a deux ans sur la même scène en guise de remplaçant temporaire, on sait que cette fois ci, c'est (malheureusement) pour de bon. Le gars fait le boulot, pas de souci de ce côté là, mais l'amertume de la perte d'un grand monsieur du thrash métal donne un goût particulier à ce concert. Et quand on sait que Dave Lombardo a quitté les fûts (et donc la bar-re, ok, c'est pas drôle) pour une sombre histoire de business, il ne reste plus que 50% de la formation originale. Alors oui, Slayer fait toujours aussi peur. Oui, Slayer est toujours cette machine de guerre hallucinante, mais sans Jeff (pour toujours) et Dave (pour toujours ?), ce n'est plus forcément pareil. Et la musique dans tout ça ? Tout roule ma poule !!! Le niveau sonore est monté d'un cran (et quel sacré cran !), et en un mot comme en "sang", c'est tout simplement MONSTRUEUX. Le groupe enchaîne ses brûlots avec force et fracas, même si les sourires de Tom Araya se font plus timides et que les gars ont pris un coup de vieux. Ce qui n'empêche pas Kerry King et ses sbires d'envoyer des riffs maléfiques et surpuissants, à la limite du malsain. Slayer joue en roue libre, sans changer la méthode miracle qui est la sienne. Les standards et autres missiles sont envoyés à la perfection, mais j'ai vraiment le sentiment qu'il manque quelque chose, une âme, une cohésion humaine. Difficile à expliquer. Je me fais peut être des idées, mais j'ai bien l'impression que Slayer est en bout de course. Encore une fois, je me répète, c'est toujours aussi efficace, mais la mort de Jeff et (à moindre mesure ?) le départ de Dave Lombardo ont changé beaucoup de choses. C'est pourquoi je profite du moment pour prendre peut être ma dernière claque thrash made in Slayer. Étonnamment, alors que plusieurs banderoles en hommage à Jeff Hanneman sont déployées ici et là dans le public, aucun mot, aucune phrase, aucune parole dédiée au guitariste sur scène. Slayer pudique ? C'est bien sur la fin du set et quand les grands classiques sont balancés avec perte et fracas qu'un backdrop en hommage au blondinet six-cordiste recouvre le fond de la scène, sans que jamais les musiciens ne se retournent vers elle. C'est comme ça, chacun communique comme il veut. En tout cas, très bon set du quatuor thrash qui a, une fois n'est pas coutume, marqué les esprits.
Et voici le moment pénible de la journée. Faire la queue pour boire une bière fraîche ? Non. Attendre deux heures pour manger un bout de viande pas cuit ? Vous n'y êtes pas du tout. Une averse se transformant en tornade s'abattant sur le festival ? Mais non !!! C'est tout simplement l'heure de Korn. Le moment tant redouté est enfin arrivé. Personnellement, je n'ai jamais compris l'intérêt suscité par ce groupe. C'est certainement bien, mais je n'y arrive pas. Inventeurs du néo métal ? Et alors ? En plus c'est faux, c'est Helmet qui a posé les bases du néo machin.bref. Pendant que la bande de Johnathan Davis (avec le retour de Head à la sept cordes) s'égosille et balance des sons que j'exècre, j'en profite pour aller m'acheter un teesh de Motörhead et aller boire une bière avec mon Christian. Na !!! Je retiendrai tout de même un jeu de lumière captivant et le fait que la moitié du public n'a pas connu l'âge d'or du quintet.
Ah, j'ai oublié de vous dire que j'ai rejoint pour cette fin de soirée mes amis Nico et Aurore, venus spécialement pour Korn (Aurore) et Limp Bizkit (Nico). Paix à leur âme me dis-je. On ne peut pas avoir bon goût partout tout le temps. Sauf que je les accompagne pour le retour du quatuor de Jacksonville. Exit DJ Lethal, welcome en Lorraine Fred Durst et Wes Borland. Je n'attends ABSOLUMENT rien de ce concert qui est pour moi l'occasion de voir un groupe que je n'ai jamais vu en live mais qui m'avait quelque peu amusé avec ses hits coup de poing. Sauf que je me suis pris au jeu. Faut dire que visuellement, les gars font fort : le bassiste à un instrument phosphorescent façon sabre laser tout droit sorti de Star wars, tandis que le fantasque Wes Borland est en mode fantôme de l'opéra avec peinture et masque du meilleur effet (enfin, ça reste à prouver, mais ça fonctionne). Le désormais barbu Fred Durst fait le boulot avec son sweat Suicidal Tendencies (finalement, ce mec a bon goût), et n'hésite pas à haranguer la foule et à fouler de bout en bout la scène Apollo. Le son est énorme, même si la basse résonne un peu trop, et je me prend à dandiner du popotin au son du rapcore des ricains. Je vous rassure, il fait nuit noire, et personne ne me voit. Rassurant dirons certains. En bref, ça bastonne, le flow du leader est tranchant, la guitare est fantasmatique, et le basse batt' est soumis à rude épreuve. Très vite, un fan se retrouve sur scène pour partager le chant le temps d'un morceau et ainsi connaître son heure de gloire. Assez rapidement, Limp Bizkit dégaine son hit "My Generation" et voit le Sonisphere s'enflammer. Je ne vous cache pas qu'au bout de cinq morceaux, le chant a tendance à me fatiguer, mais je reste scotché par le gros son du groupe et mes yeux ne quittent pas l'énigmatique Wes Borland jamais avare d'expérimentations sonores. "Faith", la reprise de Georges Michael, fonctionne bien, le public est vraiment à fond et on a l'impression de se retrouver quinze ans en arrière durant le grande époque où le groupe était au sommet des charts et de sa popularité. Et il est parfois bon de retomber en enfance !!! Le set punchy de LB alternera avec du bon (le puissant "Take a look around", l'énorme "Rollin") et du vraiment moins bon (cette "Marseillaise" entamée et terminée par le public, mais franchement, que se passe t-il ? ; cette fin de set au son des Bee Gees...). Le groupe est vraiment à son aise sur les planches de l'Apollo et sa réputation de bête de scène n'est pas usurpée, même si le poids des années (et des steaks) n'a pas épargné ce bon vieux Fred. Qui m'aurait dit, deux heures auparavant, que j'aurais passé un bon moment en compagnie du quatuor américain ? Mais ne le dites pas à Christian, il risquerait encore de se moquer de moi !
On décolle vite fait bien fait alors que Limp Biskit achève son set pour retrouver notre hôtel non loin d'Amneville. Organisés nous sommes, sauf quand il s'agit de boire une bière chaude dans notre home sweet home qui nous restera un peu sur l'estomac. A peine rentré, je m'écroule après une journée bien chargée.
Dimanche 9 juin 2013
En parfaits gentlemen, nous sommes réveillés assez tôt. "Tu dors encore ?" "Non, et toi ?". "Non". "On se lève alors, ok ?" "Ok". La météo est quelque peu capricieuse, et la douce idée de passer une deuxième journée au soleil ne semble à cette heure-ci qu'une illusion. Christian profite de notre matinée pour dérusher comme il se doit ses centaines de photos prises la veille. Et croyez-moi, c'est quelque chose à voir : mon compagnon a dû connaître quelques déconvenues avec des pertes importantes de fichiers, toujours est-il que les sauvegardes sont doublées. Bon, ça prendra un certain temps mais on en profite pour discuter de tout et de rien, et mon gars me balancera quelques anecdotes croustillantes comme je les aime sur ses pérégrinations rock 'n' rollesques ou professionnelles (et même parfois les deux mélangées).
Le temps d'aller se restaurer qu'il est temps de regagner l'enceinte du festival. La pluie a cessé, le soleil revient tranquillement, la journée est sauvée, et cette journée de concert démarre tambour battant avec Voodoo Six. Formation londonienne, Voodoo Six est dans les bagages de la Vierge de Fer sur cette tournée européenne, et vous avez tout de suite compris que je ne vais pas vous parler d'un groupe adepte de tektonik ! Du côté de Voodoo Sixx, c'est heavy metal à fond les ballons. Le quintet ne se fait pas prier et balance un heavy mid tempo de bonne augure pour démarrer tranquillement l'après midi. Les gars ont la banane sur scène, prenant certainement en considération que jouer devant autant de monde à cette heure est providentiel. Le bassiste prend des poses à la Steeve Harris, ça dépote et ça fait du bien. Malheureusement, je me rend compte au moment de tweeter mes impressions sur le compte de ton mag préféré que j'ai égaré mon téléphone. Je retourne mon sac dans tous les sens, me remémore le dernier moment où je l'ai eu en main, pour me rendre compte grâce à un subterfuge apple-ien (merci Nico Daily Rock) que mon smartphone est resté au resto que nous avons fréquenté ce midi. Plus de peur de que mal, l'objet est sain et sauf, et je peux retourner à mon occupation principale et zieuter un bout de Hacktivist, sorte d'OVNI dans un style qu'on appelle communément "djent". Désolé, je connais pas. Et je ne m'en porte pas plus mal. Après une rapide analyse de la situation, nous sommes en présence d'un métal rappé et samplé aux accents très Limp Bizkit. Le programme décrit ça comme un mélange entre Meshuggah et Public Ennemy. Le public semble indifférent, et il est évident qu'un jour où Iron Maiden est à l'affiche (cqfd : les vieux loups et les inconditionnels de mélodies vocales sont de sortie), Hacktivist aurait trouvé meilleur accueil hier. Toujours est il que ça fonctionne pour le peu que j'en ai vu, et que j'ai la certitude que ce groupe est plus efficace dans une petite salle où le rendu sonore serait plus intéressant.
On m'annonce dans l'oreillette l'arrivée de la team de Belfort avec le duo de choc Laurent Koudj' Wormachine et Kem Eurockéennes. La folie s'empare de l'espace VIP, on trinque à nos retrouvailles avec Koudj et j'en profite pour faire plus ample connaissance avec un Kem en forme olympique. Mais pas le temps de s'en mettre plein le cornet, la première sensation de la journée est annoncée sur la scène Saturn : Ghost.
Je suis passé un peu à côté de la "hype" suscitée par le premier album des Suédois. Comme tout le monde, j'ai été surpris par le décalage visuel et musical du groupe, véritable horde sataniste résolument pop dans un registre pas si éloigné du Blue Öyster Cult. Si bien que je m'approche d'un pas décidé de la scène Saturn pour prendre une bonne rasade de rock mélodique en ce jour du seigneur. Après l'intro du "Maked ball" de Jocelyn Pook, les musiciens encapuchonnés (les fameux Nameless Ghouls) entament "Infestissumam" du deuxième album au même nom et Papa Emeritus II entre sous une ovation pendant "Per aspera ad inferi", tube en puissance du même deuxième album qui vient de sortir depuis quelques semaines seulement mais que les fans (qui ont du faire latin au collège) connaissent d'ores et déjà par coeur. Outre l'aspect visuel complètement envoûtant et le show aux allures de messe noire, je suis frappé par ce son clarteux, puissant sans être agressif. Un véritable travail d'orfèvre de la part de l'ingé son. J'observe autour de moi quelques regards ébahis, se demandant ce qu'il se passe sur scène : et bien les gars, c'est juste un concert de rock aux accents pop exécutés par de drôles de personnages. Bien sûr, l'aspect théâtral et limite burlesque du concert fait beaucoup pour sa réussite. Ce groupe est une réussite, tant sur disque qu'en live. Je suis littéralement subjugué par cette formation aux multiples atouts. Je sais ce que vous êtes en train de vous dire : Ghost est à la mode, il est bon d'aimer Ghost, Rapha Hysteria ne me contredira pas si je vous dis que ce groupe est rafraîchissant et réussit un véritable tour de force en imposant sa patte "pop deluxe" dans des festivals métal. Quelques classiques du premier album sont également au programme, mais c'est bien le renversant "Year zero" qui déclenchera une véritable secousse dans l'assistance. Et je ne vous parle pas de ce finish splendide "Monstrance clock" qui me renforcera dans l'idée que les Suédois ont délivré un set de toute beauté, entre justesse de l'interprétation et beauté des sons. Sans aucun doute mon meilleur souvenir du festival. J'ai hâte de revoir un jour ce bordel dans une salle, où la magie doit être décuplée. Ouahhhhhh !!!
Difficile d'enchaîner après la claque infligée par Ghost, mais Mastodon est attendu sur la scène Apollo, et pour rien au monde je ne manquerai le quatuor américain après le raz-de-marée de 2011. D'entrée, le son trop aigu à mon goût botte le cul de ceux présents aux abords de la grande scène. Le quatuor est en pleine forme et délivre un set abrasif et ravageur, à base de grandes envolées guitaristiques et de breaks tout azimut. Les gars d'Atalanta font large place aux titres de The hunter, son dernier album en date. Le groupe est hyper présent sur cette grande scène qui n'est pas un inconvénient pour lui, et le sludge proposé est comme à l'accoutumé bourratif et hallucinant de technicité. Les rythmes sont lourds et assourdissants, et Mastondon relève le défi d'offrir aux festivaliers du Sonisphere un concert gras et puissant. Un très bon moment passé en compagnie du quatuor qu'on devine encore meilleur en salle.
Je traîne côté VIP avec mes amis autour d'une bonne bière fraîche, et ma vision est attirée par un mec aux tatoos dégueulasses, en train de serrer quelques pognes et de ricaner avec des collègues à lui assez mal fagotés. Pourquoi je vous raconte ça ? Car j'hallucine quand, à peine quelques minutes plus tard, je revois le même mec tenir la basse de Dragonforce !! On peut dire que lui, il ne se met pas de pression. Chapeau bas jeune homme, car envoyer un set d'une telle intensité que celui délivré par Dragonforce me semblait synonyme de concentration et de grands exercices avant d'enchaîner les notes à mille à l'heure sur scène. Mais attention, notre fameux bassiste (Fred Leclercq, un Français, pour ne pas le nommer) fera le boulot avec probité et exactitude. Mais n'allez pas croire que j'ai scruté avec une délicate précision et une intense perspicacité le concert de Dragonforce. Le concert ? Que dis-je ? La foire Dragonforce. Soyons sérieux deux minutes : j'admets bien volontiers que les musiciens sont chevronnés et expérimentés (même si la basse dans le mix est ridicule) et que le chanteur est tout à fait l'aise dans son rôle de composition. Je reconnais sans difficulté que les poses hard rock sont drôles. Mais franchement, qu'est ce que tout ce cirque ? Le chant est agaçant (même si les interventions en français du chanteur sont assez fun), les "chansons" sont odieuses et si le tout est fait pour faire rire, très peu pour moi. Je n'appelle pas ça de la musique (même si, je le répète, les musiciens sont des virtuoses), juste un bordel organisé qui te file la migraine tellement ça joue vite et sans retenue. Technicité : 10/10. Virtuosité : 10/10. Musicalité : -10/10. Next, please.
En ce milieu d'après midi, Corey Taylor et sa bande foulent la scène Apollo. Grimé il y a deux ans sur cette même scène avec Slipknot, Corey revient démasqué avec Stone Sour, et ce n'est vraiment pas pour me déplaire. Malgré des problèmes de voix évoqués par le chanteur en début de set, Stone Sour délivre un set sympathique sans être inoubliable, à force de chansons métallisantes où Corey alterne les chants ("Mission statement", le puissant "RU486") et les titres calibrés pour les "hit radio" (le très plaisant "Say you'll haunt me", le navrant "Bother") avant de terminer le set d'environ une heure par deux brûlots achevant son auditoire. Peu coutumier de la formation américaine sur disque, j'ai toutefois passé un agréable moment en live avec ce groupe sincère et authentique. Bonne pioche !
Je me risque à m'approcher de la scène Saturn qui accueille Epica. Non pas pour reluquer la mignonne et très enceinte Simone Simons, mais car ma conscience professionnelle me pousse à être curieux et à prendre un maximum de décibels pour vous, fidèles lecteurs. Mais bon, faut pas pousser le bouchon trop loin, la patience et le dévouement ont ses limites, et j'ai vite fait le tour de la question : le métal tantôt symphonique et tantôt death, les claviers à burne, le chant death relayé par les musiciens quand la jolie Simone en a terminé avec ses envolés lyriques, très peu pour moi. Je préfère retrouver mes collègues et philosopher sur la plastique de la chanteuse et le mauvais goût des compositions des musiciens, que d'être noyé sous les claviers et les samples d'Epica. Je vous jure, on ne fait pas un métier facile.
C'est la troisième fois en deux ans que je retrouve Megadeth en concert. Vous dire que je suis ravi de les revoir serait mentir, mais vous avouer que j'ai assisté à un très bon concert (le meilleur après le Sonisphère 2011 et la prestation de l'an passé au Hellfest) n'est que mérité. Car oui, je n'ai pas vu le temps passer à l'écoute de Megadeth, et j'en aurais bien repris une petite rasade pour la route. Après une entrée en douceur avec "Prince of darkness", le show prend immédiatement de l'ampleur avec l'excellent "Trust" mélodique à souhait. Le groupe (dont la stabilité du line-up est presque exceptionnelle) agrémente l'image au son avec de la vidéo convaincante et toujours dans le tempo par rapport aux différents changements de rythmes et d'ambiances. Dave Mustaine semble ravi de l'accueil réservé par le Sonisphere, même si le bougre n'est pas d'un naturel démonstratif. Le groupe fait le boulot sans tortiller, peu de surprises tant sur scène que dans la set-list où les classiques du groupe se mélangent à quelques extraits du dernier album ("Kingmaker" thrash à souhait et "Super collider" très passe partout à la limite de la pop). "You know this song, right ?" balance un Dave Mustaine bien inspiré avant d'entamer "A tout le monde" exécuté à la perfection pour le plus grand bonheur des festivaliers chantant à tue tête. La fin du set se veut nostalgique avec l'enchaînement de l'énorme "Symphony of destruction", "Peace sells" voyant débouler Vic Rattlehead ('mascotte' du groupe) en consume sur scène, et le démoniaque "Holy wars". Un peu moins de 60 minutes de Megadeth qui ont fait leur effet tant dans l'assistance que dans le cœur de votre serviteur. Un concert de grande classe, sans risque mais avec ténacité et envie. Bravo les gars !
Le temps de reprendre des forces sous forme de liquide houblonné que Children of Bodom déclenche les hostilités sur la scène Saturn. Le groupe semble très attendu au vu de la réaction des premiers rangs au moment où les musiciens pointent leur museau sur scène. Envoyer avant Iron Maiden (et donc devant un parterre peut être moins attentif que dans la journée) ne semble pas effrayer le quintet finlandais qui démarre son set avec une intensité déconcertante. Techniquement, les musiciens sont au top et musicalement, le death metal mélodique (entendez par là une voix criarde mais supportable !) fait mouche. Le groupe ne ménage pas ses efforts pour tenir une assistance relativement nombreuse quand on sait que le concert à venir est celui de la tête d'affiche attendue par tous. Je fais toutefois partie de ceux qui attendent de pied ferme le fer de lance de ce qu'on a appelé la "NWOBHM" et je me positionne pour La Vierge de Fer sous les sonorités intéressantes de Children of Bodom. Le groupe n'a pas hérité de la meilleure heure de passage mais s'en est sorti de la plus belle des manières : à l'énergie et à la foi en leur musique.
En fait, je ne me positionne pas vraiment pour la place idéale pour le concert d'Iron Maiden. Pour tout vous dire, je vais patienter sur le côté gauche de la scène pendant les trois premiers morceaux du set en attentant de rejoindre Christian qui a eu une nouvelle fois l'opportunité de shooter son groupe préféré. Les six britanniques sont bien évidemment l'attraction de la soirée et les quelque 25.000 fans présents lors du concert (contrairement à ce qu'on a pu lire ci et là, on circulait relativement sans encombre sur le site pendant la prestation de Maiden) vont en prendre pleins les mirettes. Après que l'excellent "Doctor doctor please" d'UFO a terminé de cracher dans la sono, le concert peut démarrer sur une sorte de marche funèbre alors que le décor époustouflant reprend celui de la tournée Seventh son of a seventh son de 1988. Après un court film d'introduction et un coup de pyrotechnie, les musiciens déboulent avec un "Moonchild" prometteur, enflammant littéralement une assistance conquise d'avance. Le mix des instruments dans la sono est parfait, les poses emblématiques des musiciens ne se font pas attendre, mention spéciale à Janick Gers avec posage de jambe à 90°. Changement de backdrop (comme à chaque morceau !) au moment d'enchaîner "Can I play with madness" et son refrain ultra fédérateur et scandé à l'unisson par un public aux anges. Bruce Dickinson fait le métier, les musiciens enchaînent les plans heavy avec facilité, et je reste surpris par tant de vitalité pour des gars qui n'ont plus vingt ans. Et ce n'est pas "The prisoner" qui viendra remettre en cause le statut de seigneur du Heavy Metal qu'Iron Maiden assume depuis de (très) nombreuses années. Bruce Dickinson est en voix, il harangue à sa manière la foule qui ne se fait pas prier pour réagir outre mesure, pendant que les cinq musiciens (dont trois guitaristes, bien vu les mises en place) font le boulot. Ajoutez à ça un décor hallucinant et une production plus que soignée et vous obtenez ce qui se fait probablement de mieux en termes de hard à l'heure où j'écris ces lignes. Difficile de rivaliser avec les patrons, surtout quand "2 minutes to midnight", tube de chez tube, est exécuté avec brio. J'ai retrouvé Christian, fan inconditionnel de la Vierge de Fer, qui ne boudera pas son plaisir de re-re-re-...-re-voir son groupe favori en festival. Après la ballade "Afraid to shoot strangers", retour aux grands classiques avec le monumental "The trooper" et un Dickinson en costume d'officier muni d'un drapeau floqué aux couleurs de l'Union Jack. La folie s'empare encore un peu plus du Sonisphere quand est dégoupillé le cultisme "The number of the beast", hit de chez hit à grands renforts de "6.6.6". Ce concert aux allures de best of est d'une grande qualité musicale, mais le côté visuel n'est pas laissé de coté. Outre les changement de backdrop évoqués ci-avant et le "mobilier" scénique statique, les apparitions de décor le temps d'un titre sont majestueuses, à l'instar de l'apparition d'un Eddie articulé et grimé en militaire pendant le classique "Run to the hills", ou d'un Eddie aux yeux violets pendant "Seventh son of a seventh son", sans parler du gigantesque.Eddie et son fœtus pendant l'éponyme "Iron maiden". En résumé, un show à l'américaine pour le groupe anglais qui aura su contenter les fans les plus irréductibles comme les festivaliers généralistes. Seule "petite" ombre au tableau : point de "Hallowed be thy name", mon titre préféré. Mais franchement, quel show !
Autant vous dire qu'après ce show pantagruélique d'Iron Maiden, on pourrait penser que le groupe enquillant derrière pourrait paraître fade. Mais c'est en toute intelligence que les programmateurs ont placé les fantasques Airbourne pour clôturer le festival. Car les quatre australiens ont rempli avec brio et décibels leur rôle assez casse gueule. J'avais beaucoup aimé leur prestation il y a deux ans durant le même festival, mais j'avais trouvé le chant un peu poussif au bout d'un moment. Mais cette année sera toute autre, et le show des Australiens se révélera quasi parfait ! En effet, cette date coïncide avec le début de tournée du groupe, et par conséquent, la voix de Joel O'Keeffe est un régal (pour les amateurs du genre, évidemment). Le concert démarre très fort avec un extrait de Black dog barking leur excellent troisième album dont la pochette fait office d'un monumental backdrop. Le groupe est à son aise, les riffs sont aiguisés, le guitariste rythmique et le bassiste font le boulot tant au niveau de leurs instruments respectifs qu'au niveau des choeurs accompagnant et renforçant le chant du fantasque leader/guitariste soliste/chanteur du groupe. Les classiques sont bien sûr au programme ("Diamond in the rough", "Too much, too young, too fast"...) mais les extraits du nouvel album aussi ("Back in the game", "Black dog barking"), et l'ensemble se mélange avec cohérence. Je ne vous ferai pas le procès du clonage d'AC/DC car Airbourne est un groupe à part entière, complètement déchaîné et vraiment affûté. Les titres envoyés sur la scène Saturn sont exécutés d'une main de maître, et Joel n'est pas le dernier pour se faire remarquer (pas d'escalade de structure scénique cette année, mais une descente dans le public et des canettes de bière fracassées sur le crâne). Le public qui a eu le bon goût de rester pour prendre une dernière rafale de rock 'n' roll ne regrette pas son choix, et alors que le set touche à sa fin, c'est l'heure des tubes : "Running wild" se veut abrasif et très fun quand le groupe inclut dans le morceau des extraits de "Paranoid" des Black Sabbath et de "Fire your guns" d'AceDesse, et "Stand up for rock 'n' roll" se veut démentiel avec sa succession de riffs jouissifs et ses refrains de folie. Airbourne a la classe et l'a encore prouvé avec ce concert 5 étoiles.
Le temps de dire au revoir aux copains qu'il est temps de rejoindre notre hôtel pour une (très) courte nuit. Le réveil sera piquant mais on a la sensation du devoir accompli avec des souvenirs plein la tête, avec la satisfaction de remettre ça dans deux semaine au Hellfest. Une très bonne édition de ce Sonisphere avec quelques améliorations par rapport à la première édition, même si je regrette le manque de "folie" dans le public et les prix un peu excessifs des boissons et de la nourriture. Mais ce festival reste un poids lourd et je serai présent pour une prochaine édition !
Merci/salut/bisous/à bientôt : Kem Eurocks, Koud'j Wormachine, Rapha Hysteria, John Buko, Karine Sancho, Aurore et Nico, Steph Loudblast, Nicolas Daily Rock, et bien sûr Christian Ravel pour tout !