Rock Your Brain : Doghouse Rose Rock Your Brain : Doghouse Rose Après avoir géré mon accréditation presse quelque temps auparavant, le jour J est arrivé. De bon matin (ce qui signifie assez tôt !), j'adresse un texto à mon ami Jbe des Burning Heads pour savoir s'il est possible que j'occupe un bout de table de son stand pour que je puisse y caler mes disques de BlackOut Prod. De fil en aiguille, ou plutôt de message en message, nous nous filons rendez-vous en début d'après-midi en banlieue de Nancy pour covoiturer, ou plutôt cocamionner. Je vais donc faire le trajet avec les Burning (quel régal !) et comme le groupe rentre dans la nuit, ça tombe pile poil dans mes plans.

A 13 heures, j'embarque dans le camion (celui-là même ayant fait l'objet d'un crowdfunding en 2018). Le groupe au grand complet y fait place, mais la dream team est amputée de Dudu (sonorisateur bloqué en Bretagne) et Bender (en tournée avec Ludwig von 88 et donc présent tout de même ce soir). Sur les 90 minutes de trajet restantes, j'écoute avec intérêt le compte-rendu oral de la tournée de Komintern Sect et Lion's Law par Thomas, on s'échange des bons plans zik et on profite du beau temps et du beau paysage (surtout Fra qui ne manque pas une miette du décor). Un peu avant 15 heures, nous arrivons aux Tanzmatten de Sélestat, à l'endroit même où j'avais assisté à une édition du Rock Your Brain Fest en 2014 avec les Sheriff, au cours de laquelle le nombre de tee-shirts vendus du groupe de Montpellier avait atteint le chiffre aussi symbolique qu'hallucinant de 300. Déjà, on retrouve les copains des Rebel et mon ami Milou, coéquipier des fabuleuses épopées techniques des Flying Donuts. Le temps de récupérer mon accréditation presse et de saluer la talentueuse photographe Marie D'Emm du webzine Warm TV - et qui illustre à merveille ce report - que c'est déjà l'heure du premier groupe on stage. Devant une assistance clairsemée (c'est toujours difficile d'ouvrir un fest'), The Rebel Assholes vont délivrer un très bon concert. Le groupe met tout le monde d'accord avec la doublette de Deactivated "Come in my church" / "Less talk more action" et dès le début du concert, Jean-Rem (désormais chanteur principal depuis le départ de Jean-Loose) apostrophe le public en lui demandant de se rapprocher (ce qu'il fera, d'ailleurs). Les Rebel ("salut, on vient de Sochaux !") puisent dans toute la discographie pour présenter une setlist faisant office de Best of. Les présentations des morceaux ne sont pas des plus gaies (celle-là, c'est une chanson du Dupont de Ligonnès ; celle-ci, c'est sur l'addiction) mais Jean-Rem mène sa barque avec humour, dérision et, il faut le reconnaître, avec une certaine efficacité. (Headed for) Dysphoria, dernier EP en date, est bien représenté dans la liste du soir ("A new world in our hearts", "Dysphoria", "A needle in a haystack") et se mélange bien avec les tubes du quatuor ("JR's TV", "Bad habits" avec la doublette Vava/Jean-Rem au chant, "I'm guilty" sans Bombled). Le temps imparti aux presque-locaux passent trop vite et il est déjà l'heure de "Hey you!" des Burning Heads en bouquet final, dont l'interprétation vocale un est peu trop nonchalante à mon goût. Vava me confiera un peu plus tard dans la soirée que la Covid a freiné les projets du groupe, mais je peux te certifier que la machine est toujours bien huilée et qu'on n'a pas fini de faire les éloges de ce super groupe. Revenez vite les gars.

Rock Your Brain : Burning Heads Rock Your Brain : Burning Heads Changement de plateau. J'en profite pour faire un tour dans le hall d'entrée de la salle où se mêlent stands de merch des groupes présents ce soir (à l'exception de Svinkels, au grand dam de nombreux fans), stand Sea Shepherd France, une échoppe de bijoux et une distro punk rock. Je mets la main sur un 45t de Cuir, une compil de 8°6 Crew et le premier album de Claimed Choice, super groupe de Lyon dans lequel joue mon poto Simon de Pressure Tour. Bien content, en tout, cas d'avoir trouvé ce disque que je lui avais demandé de me réserver. Je m'apprête à lui envoyer un envoyer un message pour lui faire part de l'info et en profiter pour prendre quelques nouvelles quand débarque... Simon ! Cette journée est complètement folle. Le brave Simon accompagne en effet à la guitare Slaughter and the Dogs et il s'en est fallu de peu pour que son associé Thibault (Not Scientists, Go Public!) l'accompagne à la deuxième gratte, suite au désistement du guitariste soliste ! On taille le bout de gras, et c'est déjà l'heure de Doghouse Rose.

Je retourne donc dans la salle (dont les portes resteront ouvertes toute la journée, du fait d'un temps exceptionnellement estival pour la saison). Ça commence à se remplir doucement mais sûrement pour Doghouse Rose. Le quatuor de Toronto déboule sur scène et se met le public dans la poche dès les premiers accords. Est-ce dû à l'énergie débordante des quatre canadien-ne-s, à la qualité des morceaux exécutés ou au charme de Sarah Bett, dont la tenue légère fait effet auprès de la gent masculine ? Peut-être tout cela à la fois. En tout cas, le power pop punk de Doghouse Rose fonctionne à merveille. Il faut dire que le groupe, dont la bio annonce l'équivalent de 200 concerts par an et auteur d'un premier album en 2020, est vraiment à l'aise sur scène. Peut-être un peu trop à l'aise même. Disons que ça joue à l'américaine, avec les mimiques qui vont bien, les postures synchronisées à la perfection et les sourires en mode Ultra Brite. Et bien sûr, je suis tombé dans le panneau ! C'est pas compliqué, à chaque fin de morceau, je me disais que j'avais fait le tour de la question mais que, bon, allez, je vais voir ce que donne l'intro de la prochaine. Et je me retrouve à rester à écouter toute la prochaine et à attendre pour voir l'intro de la suivante... et ainsi de suite, jusqu'à acclamer comme il se doit la prestation des quatre musiciens. De la pop, du punk rock, du rock, le tout acidulé à la perfection avec les interactions qui vont bien et le fun qui va avec ! Yes !!!

Rock Your Brain : Svinkels Rock Your Brain : Svinkels C'est avec la banane que je retourne discuter avec les copains croisés ci et là. L'après-midi commence très bien et déjà, le gros morceau qui se profile en ce qui me concerne : le concert des Burning Heads. Si mes propos dithyrambiques à propos de la formation d'Orléans te saoulent, je te propose de passer au paragraphe suivant. Si par contre, tu es curieux d'avoir mon retour objectif sur le groupe passé quintet il y a de cela quelques mois (enfin, presque trois ans !) et auteur d'un excellent Torches of freedom lâché dans la nature au printemps dernier, je te conseille d'être bien attentif. Ce concert de Burning Heads en format quintet, avec le retour de Phil à la guitare et l'arrivée de Fra au chant, n'est pas mon baptême du feu. J'ai eu la chance de voir le groupe l'été dernier au Temple Fest dans des conditions minimalistes mais dans une ambiance de feu. Et là, j'avais pris une grosse baffe. Autant le disque m'avait déjà convaincu sur cette nouvelle formule gagnante, autant le live m'a bien taloché. J'étais resté du côté cour de la scène pour prendre en pleine tronche les riffs géniaux du guitariste originel des Burning, et grand bien m'en a pris. Pour ma deuxième "expérience" dans ce format (car les Burning, je les ai vus un sacré paquet de fois), je me place au niveau des crash barrières, au centre pour avoir une bonne vue sur le jeu spectaculaire de Jbe et les déhanchés normands de Fra. C'est à Milou, le sondier des Rebel Assholes, que revient la redoutable tâche de sonoriser le band, et on peut dire que le gars a été à la hauteur. Je n'en dirai pas autant de l'éclairagiste, mais c'est peut-être la jalousie qui me fait parler. En attendant, le groupe a été impeccable. Un set des plus élégants (eh oui, Thomas, j'ai réussi à la placer) qui démarre sur les chapeaux de roues avec trois morceaux issus du dernier album ("Pharmageddon", "Not a robot", "All set to glow") avant d'enchaîner avec des brûlots de la période Epitath ("Little bird", "Fine", "Gigi pirate") et les remuants "Endless loop" et le magistral "Collapse". Le public est ultra chaud, les pogos s'enchaînent (mon dos s'en souvient encore). Taranto est également à l'honneur d'une setlist qui balaye presque toutes les époques (le génial "Push me", dont les paroles francisées par les Vulgaires Machins résonnent alors dans ma tête, le génial Auto pilot off). C'est assez logiquement que les morceaux du dernier album s'enchaînent ("Wrong direction", "Hanky panky") sans oublier le dernier 45 tours (Fear), mais un concert des Burning Heads sans les classiques du début des années 90 ne serait pas un concert des Burning Heads. Et ce soir, les fans de la première heure vont être servis : "Break me down", "Reaction", "Super modern world", "Angry sometimes". L'heure allouée aux Burning s'achève déjà et fidèle à ses habitudes, le groupe termine par une reprise, celle de "Uphill struggle" des Adhesive. Un concert serti de diamants comme on dit par chez nous. Les Burning Heads ont encore conquis nos cœurs de rockeurs dans une ambiance surchauffée et propice à la fête. Tout va bien : Jb bondit comme jamais, Thomas est toujours bavard, Phil veille au grain, Mikis enchaîne les riffs sans faillir et Fra insuffle, avec son jeu de scène et son chant impeccable, un nouvel élan à une formation qui aurait pu ne jamais se relever du départ de son ancien et charismatique guitariste chanteur. Les Burning ne sont pas morts, vive les Burning !

Ouf ! je file au stand du groupe pour dealer un peu de merch des Orléanais en attendant le retour de Jbe et retrouve avec plaisir Tof du zine I Hate People - et récent habitant alsacien. Il a plus de goût pour ses lectures que pour ses choix de résidence, car il est dorénavant propriétaire du fameux #47 du W-Fenec mag. Bonne lecture Tof ! Je constate qu'il y a de plus en plus de monde, tant dans le hall de la salle qu'à l'extérieur. Je retourne dans ladite salle prendre une salve de punk rock made in UK avec Slaughter and the Dogs. De la formation originale il ne reste que Wayne Barrett-McGrath, chanteur installé à Lyon depuis quelques décennies et Jean-Pierre Thollet, plus ancien bassiste de la formation qui rempile pour l'occasion, est également du voyage. C'est une paire de français (dont mon ami Simon) qui complète la formation. Il manque un guitariste, qui s'est fait porter pale la veille et du coup, le brave Simon doit s'adapter à la situation. Le légendaire groupe originaire de Manchester (qui a ouvert pour les Sex Pistols au milieu des années 70) est venu à Sélestat pour délivrer la bonne parole du punk rock, et le public présent lui réserve un accueil triomphal ! J'avoue ne pas connaître la discographie du groupe (au contraire de certains spectateurs présents autour de moi) et c'est donc en qualité d'observateur impartial que j'assiste à une bonne partie du concert. Le son est correct, et même si on sent que les musiciens se cherchent sur scène, l'ensemble fait une belle impression. Wayne s'exprime tantôt en français, tantôt en anglais, et capte avec talent l'attention d'un public réceptif. Un bon moment passé en la compagnie du groupe street/punk rock historique.

Rock Your Brain : LV88 Rock Your Brain : LV88 La pression monte d'un cran et, alors que le décor de Ludwig von 88 prend forme sur scène, Baste et Nikus des Svinkels se prêtent sans filtre à l'exercice des dédicaces près des stands des groupes. La salle est dorénavant quasi archi-complète. Auteur en 2019 de 20 chansons optimistes pour en finir avec le futur (et après presque 18 ans de silence discographique), l'un des derniers fleurons de la scène alternative des année 80 tourne sporadiquement dans une formation comprenant Karim au chant, Nobru à la guitare, Charlu à la basse et Jean-Mi à la boîte à rythmes. Ce joyeux bordel organisé va littéralement retourner les Tanzmatten à grands coups de décors enfantins, de costumes débiles et de tubes qui défilent aussi vite que les confettis ("J'ai tué mon père", "Louison Bobet", "Houlala", "Jean-Pierre Ramone", "HLM"). C'est la première fois que je vois ce légendaire groupe en live, et bien loin d'être un fan de la formation parisienne, j'ai passé un bon moment en la compagnie de ces joyeux drilles. On ne va pas se cacher qu'on n'atteint pas les hautes sphères musicales, mais c'est bien conforme à ce que j'en attendais : du fun, du fun et du fun.

Le public est bouillant. Preuve en est un type qui s'approche du stand des groupes avec son tee-shirt complètement déchiré, en raison d'un pogo certainement un peu trop virulent. Le public est bouillant, mais le public a encore de la ressource et va tout donner pendant le show des Svinkels. Alors que s'achève le "rechute tour", qui verra le groupe faire à terme une pause pour une durée indéterminée, le Svink' va ambiancer comme jamais un parterre qui lui mange dans la main. Les punks présents en masse dans le public se transforment en MCs et reprennent en chœur les titres scandés par Gérard Baste, Nikus Pokus et Monsieur Xavier. Étant tributaire des Burning pour retrouver mon home sweet home, et compte tenu du fait que le groupe doit être rentré assez tôt à Orléans dimanche matin, je vais assister à un bon tiers du concert. Largement suffisant pour apprécier le début d'un show qui, j'en suis persuadé, sera d'une grande qualité du début à la fin. Les textes peuvent parfois être potaches (et même un peu scabreux), mais il faut reconnaître la qualité d'écriture d'une grande majorité des paroles et surtout, ce flow super compréhensible et caractéristique du groupe. Incontestablement, un vrai groupe de punk, même si le groupe se revendique, à raison, un combo de rap. Mais ce n'est pas par hasard si Svinkels est plus souvent programmé dans les fest de rock que dans les soirées rap ! Les trois garnements, accompagnés par l'essentiel DJ Pone, vont enchaîner les tubes (et pas mal de titres de Bons pour l'asile en ce début de show) comme certains enchaînent les verres, et même si Nikus et surtout Xavier semblent avoir pris un coup de vieux, Gérard Baste et le génial DJ Pone donnent l'impression d'avoir vingt ans et nous entraînent dans leurs délires. Le Svink' c'est chic, absolument fabuleux, et c'est sur cette excellente impression que je quitte le festival avec des souvenirs plein la tête. Désolé pour Arno Futur, on remettra ça... plus tard !

Ça faisait très longtemps que je n'avais pas assisté à un (mini) festival d'une telle qualité, tant au niveau de la programmation que de l'accueil, de l'organisation et des infrastructures (j'ai profité, grâce à mes amis du 45, du catering et des loges). L'asso Zone 51, qui fêtera ses dix ans en octobre 2023, peut se targuer d'une orga sans faille avec des bénévoles souriants et efficaces. Bravo !