High Tone live @ Chien à Plumes 2009 High Tone live @ Chien à Plumes 2009 Des braises à haute teneur en dub dans les oreilles mais trempés des pieds à la tête, c'est par centaines que les festivaliers regagnent leurs tentes ou se précipitent dans leurs voitures et que la plupart de ces derniers quittent le domaine de la Vingeanne dans la foulée. Pourtant, durant une poignée de titres, High Tone était parvenu à disperser ses vapeurs face aux ultimes hôtes du Chien à Plumes ayant résisté à trois jours de fête et de musique. Installé devant trois écrans, le quintet organisé sur scène autour du batteur, ne tarde pas à faire fumer les décibels et trembler un dancefloor impatient d'en prendre plein les esgourdes.
Il est très tard devant la petite scène, dite "Ponpon", et les Garçons Trottoirs, pour leur troisième et dernier passage, reprennent une partie de leur répertoire déjà présenté plus tôt dans la soirée. Leur public est bel et bien là (au moins physiquement) et entonne les chansons du quatuor en sa compagnie, toujours aussi décontracté.
Pour leur part, Les Fatals Picards me laissent une impression quelque peu mitigée. Si les textes des chansons prêtent souvent à (sou)rire, les interventions du chanteur (Paul évoluant maintenant seul suite au départ de Ivan) entre les morceaux ne sont pas toujours très inspirées et même usantes après quelques titres (mention tout de même spéciale aux allusions à Superbus même si c'est facile de les assassiner verbalement...). Qu'importe, le second degré des participants à l'Eurovision 2007 comble pas mal de spectateurs et le quatuor n'oublie pas de ressortir ses titres historiques ("Djembé man", "Bernard Lavilliers", "Mon père était tellement de gauche", ...) dans la joie et la bonne humeur même si l'air sérieux de Paul (un peu mécanique dans la distribution de ses vannes) nuit certainement à ce que je me bidonne à mon tour. Pas de grosse envie de rigolade du coté de Laurent (guitare) qui a tour à tour esquivé une canette en verre et un caillou projetés depuis le public ! Un instant, n'ayant pas vu passer les projectiles, je songe à un nouveau gag du groupe mais l'arrêt du titre en cours, la condamnation de l'acte par Laurent en fin de concert et le déploiement ultérieur du service de sécurité sur la petite scène (qui, jusqu'alors en avait été exempté) prouvent qu'il y avait bien un agité dans l'assistance. Un "débordement" finalement sans gravité mais qui entache le bon esprit présent sur le festival depuis le début.
Deuxième passage pour les Garçons Trottoirs, toujours aussi chaleureux et enjoués. Evoluant groupé ou s'éparpillant parfois sur scène, le quatuor offre un moment privilégié, un "quart d'heure américain", à Amandine, choisie dans le public. Mais la faim m'appelle et je quitte les Garçons après seulement quelques instants...
Le soleil se couche en compagnie de Jamait qui joue sur du velours en compagnie d'un public acquis à ses titres accrocheurs. Le chanteur se glisse dans la peau de ses personnages, tour à tour en mal d'amour ou amoureux de la vie et débite ses ritournelles populaires avec une certaine classe, il faut bien l'avouer. L'ayant déjà vu la semaine passée (cf Festival de la paille 2009), pas de gros changement ce soir pour l'interprète au sourire radieux. On notera juste qu'une des seules interventions "militantes" viendra de sa part (après le mot de la fin de Babylon Circus la veille et une parenthèse de ADF vendredi) : "On en parle plus mais ce n'est pas fini cette histoire..." lâche-t-il à propos des intermittents du spectacle, toujours en lutte ça et là...
Les Garçons Trottoirs évoluent à l'aide d'une gamme d'instruments réduite au minimum (guitare, contrebassine, accordéon) ou en mode choral et donnent un set où entrain et calembours font bon ménage. Dans l'esprit, on navigue entre les Négresses Vertes et les VRP, des chansonnettes à la bonne franquette en somme ! Idéal pour patienter durant les changements de plateau de la scène Ernest.
Il y a bien un ou deux musiciens plus jeunes pour apporter de la vitalité au set mais les papys du ska et du reggae sont toujours là pour propager la bonne parole et diffuser la vibe ! Tout sourire (à moins que pour certains, il ne s'agisse de rictus...), impeccablement sapés, du haut de leur 45 ans d'existence (seule une chanteuse et le batteur sont issus de la formation originelle), The Skatalites ont rayonné sur le Chien à Plumes. Et même si ils se sont contentés de dérouler un set "pèpère", les jamaïcains se sont superbement exprimés, et après un clin d'œil à Bob Marley, offriront un instant jazzy pour le moins haut de gamme.
Une batterie sauvagement débarquée de son plateau par son usager, le guitariste-chanteur trônant de façon héroïque devant celle-ci et, dans l'enfilade, les poses du bassiste au terme d'un final tout ce qu'il y a de plus rock'n'roll : voilà une image forte de ce festival, servie par les bretons les plus à l'ouest du moment. J'ai nommé The Craftmen Club, bien sûr, qui en terminait ainsi aux environs de 18h15 ! Peu de festivaliers en cette fin d'après-midi du coté de la petite scène et la plupart de ceux présents restent assis (avant que Steeve n'aille en relever quelques-uns lui-même !) pour assister à un set enflammé du trio. La folk-rock fiévreuse, mâtinée de country et de pointes d'autres époques, agite le maigre public découvrant Thirty six minutes et quelques titres plus anciens. Qu'on se le dise, les absents ont tout bonnement eu tort, même si il faut avouer que la fatigue commence à se faire ressentir...
Le Chien A Plumes a la particularité d'ouvrir ses portes très tôt (aux environs 13h30) même si les premiers concerts ne s'enchaînent réellement qu'à partir de 17h00 et laisse entre temps les plus courageux des festivaliers découvrir les groupes issus des tremplins, des "petites" formations ou de s'essayer sur la scène ouverte du Ring'o Star, dont l'animateur est pour le moins essoufflé ce dimanche.
En ce début de troisième jour, je préfère aller faire un tour sur la zone réservée aux campings-cars et autres adeptes de camions en tout genre, dont un énorme camion estampillé "U.S. Army" sacrément bien aménagé en "salon de jardin mobile"... Dans la foulée, j'en profite pour fouler la plage de la Vingeanne où, autour d'un "totem humain" que son accompagnateur ne veut pas voir mourir de soif, bon nombre de festivaliers se restaurent, se reposent ou font trempette... et il faut dire que la température ambiante y incite fortement !
Mais avant tout, replis de la tente dans la voiture pour prendre la route ce soir et après avoir passé une matinée à bronzer même si la couverture nuageuse est encore insistante...

Tant pis pour Bubble Beatz, ultime groupe de la soirée, mais, éreinté, je quitte le festival alors que les Puppetmastaz en terminent sur la grande scène. Passés quelques instants devant leur tribune, les rappeurs se sont principalement exprimés derrière leur étendard et, immanquablement, marionnettes en main ! Un soupçon de basse en trop, le hip-hop des marionnettes fait néanmoins des ravages en multipliant les postures comiques ou en discutant entre elles avant de remettre le couvert et de diffuser leurs flows qui frappent avec autant de précision que de puissance.
Babylon Circus live @ Chien à Plumes 2009 Babylon Circus live @ Chien à Plumes 2009 Samedi, c'est donc Lyre Le Temps qui occupe la petite scène lors de "intermèdes" de la grande. Gros son et puissance groovy sont prodigués par deux DJs et un chanteur au sein d'une formation aux allures hip-hop. Planqués derrière leurs machines, on perçoit que les mecs aux machines bougent avec leur son tandis que le chanteur, véritable MC (cravaté pour plus de claaaaaaasse !), déambule sur scène au gré de son flow, esquisse un pas de danse, ou se pose avec son clavier, le tenant comme une contrebasse... Sauf que loin d'un pur hip-hop, Lyre Le Temps sème le doute et créer un espace entre jazz, slam et électro, porté par un chanteur totalement immergé dans son délire qui ouvre des portes pour le moins intéressantes. Lyre Le Temps est sans nul doute la formation qui m'a conquis parmi celles qui avaient pour rôle d'assurer "l'intérim" tout le long des trois fois 1/2 heure de présence. Une présence, qui dans ce cas, était véritablement hors du commun.
Les Wampas en (bonne) forme la semaine dernière au Festival de la paille 2009 ne m'avaient pas convaincus, le groupe, sur la retenue, au Chien à Plumes ne changera pas mon sentiment. Même le public, pourtant réuni en masse lors de cette troisième prestation du groupe sur ce festival, réagit moyennement aux élucubrations de Didier, sans doute encore sous le coup de Babylon Circus.
Et dire que sauf de réputation, je ne connaissais pas Babylon Circus ! On a les lacunes qu'on peut, me direz-vous. Bref, pour leur deuxième passage sur les terres langroises, la troupe a littéralement mis le feu au Chien et a marqué d'un grand coup cette édition 2009. "Groupe festif" de premier choix, Babylon Circus a assuré un excellent concert et prouvé que la scène est un terrain qu'il privilégie particulièrement. Gros show, énorme engagement des zikos, un son nickel sont venus soutenir des titres consécutivement ska, rock, plutôt chansonnette ou un morceau teinté reggae en fin de set qui sera dévastateur. Avant que The Craftmen Club ne (me) convainque le lendemain, Babylon Circus a certainement frappé les esprits des festivaliers qui y ont tous mis du leur, depuis les premiers rangs jusqu'à la régie, et ce, sans s'arrêter ou presque. Chaleureuse comme pas deux, la bande offre un sérieux rappel alors que le groupe est attendu le lendemain en Angleterre... Mémorable !
Certes un tantinet moins désastreux qu'aux Eurocks 2006, du moins lors de sa première partie connotée "Rock", Anaïs a fait son show. Mais cette prestation restera le point noir du week-end, tout le contraire de Babylon Circus en somme. Anaïs fait sa maligne et n'emballe que les déjà convaincus. Et la fin de sa prestation ne m'incite qu'à aller découvrir qui se cache derrière le nom de Lyre Le Temps.
Avec une heure de retard pour cause d'orage et de trombes d'eau en provenance des cieux grisâtres, Inspector Cluzo, agit en binôme puisque la philosophie du groupe pourrait se résumer à "Fuck the bass player !". Funky à souhait, usant d'une formule à la fois tapageuse et minimaliste, le duo batterie/guitare (+chant) apporte un brin de bonne humeur et son petit lot d'excentricités qui n'est pas pour déplaire. Même sans bassiste, Inspector Cluzo a le sens du groove ainsi que de la mélodie, apéritifs indispensable au bon déroulement d'une soirée intense.
Ca y est, on le redoutait, l'orage s'abat sur le site du festival, des cordes et des seaux d'eau à la clef. La plupart des festivaliers regagnent leurs logements de fortune ou se mettent à l'abri tant bien que mal tandis que les "VIP" rejoignent les tentes du catering et de la zone presse... L'orage tourne autour de nous mais pourtant des bribes de ciel bleu font leur apparition à quelques kilomètres. Bref, les intempéries jouent au chat et à la souris avec Le Chien à Plumes. La question reste entière sur le déroulement du programme du festival, certains (j'en fais partie, j'avoue...) songeant qu'il serait de bon sens d'annuler le concert d'Anaïs afin d'offrir un planning décent aux festivaliers.
Mais c'est sous l'ambiance tiède et la lourdeur de l'atmosphère que je fais mon entrée sur le site et No Mad ?, le groupe estampillé "musique tzigane" (il en faut un chaque année) s'exprime sur la scène Ponpon. C'est sympathique et revigorant, de quoi entamer cette deuxième journée sereinement !

C'est la fête totale sur le camping, ça ricane et déconne dans tous les coins, on entends des "Vive le chien à poil" et même quelques "Apéros" sont ressuscités...
Histoire de clôturer en beauté ce premier soir, c'est sous la scène "Ponpon" que Fumuj officie. Loin de se contenter de chambouler nos conduits auditifs avec les hits de The robot and the chinese shrimp, le quintet explore aussi les pistes de son premier album. Garnis d'un Pierre très à l'aise au micro, d'un t-shirt à l'effigie de Gravity Slaves porté par le bassiste, c'est donc un concert très varié, doté d'un hallucinant morceau en avant-dernière (?) place sur la setlist, que les Fumuj envoient aux première heures de samedi. L'impression d'être face à un "petit" groupe qui balance du lourd depuis la fosse est confirmée lorsque je passe dans le public, la qualité de la façade n'y étant pas étrangère. La diversité des orientations données aux compos du groupe déboussolera peut-être les esprits embrumés (et les néophytes) mais pour d'autres, ce sera peut-être bien LE moment à retenir de ce premier jour.
Venu en 2006 sur la petite scène en dernier créneau horaire, Shakaponk, qui évolue désormais à cinq, est de retour à peine plus tôt mais sûr la grande scène cette fois-ci. Force est de constater que le groupe rassemble encore du beau monde devant lui grâce à un nouvel album (au minimum décevant selon moi) dans les bagages ainsi qu'un écran vidéo circulaire (toujours le même...). Pourtant, la prestation des dompteurs de Goz (le singe virtuel accompagnant le groupe) restera dans les mémoires, celle d'il y a trois ans ayant déjà marqué son public... Bien que le set de Shakaponk me paraisse trop long à endurer, la platitude des titres de Bad porn movie trax vole en éclat à l'épreuve du live pour laisser place à une série de déflagrations dévastatrices, laissant de coté l'aspect "mécanique" du studio. En ajoutant l'engagement intégral des membres du groupe, notamment de Frah (au chant et multipliant les attitudes simiesques) et de CC (guitare), le duel de batterie avec Goz et le pouvoir contenu par les assaisonnements du premier album (dont le rouleau compresseur "Spit" clôture le rappel), Shakaponk ravit ses fans, entre autres. Alors oui, on pourra étiqueter le groupe comme s'adressant uniquement "aux ados" mais la performance est tout de même là et mérite d'être soulignée.
Une des machines imposantes de ce Chien à Plumes, peut-être même LE groupe attendu se nomme Asian Dub Foundation. Sauf que le collectif a beau assurer un concert plein de conviction et vitaminé comme il sait le faire, la qualité de la sonorisation n'est pas à la hauteur et gâche le plaisir de goûter aux épices sonores du groupe... Mais l'aspect visuel du spectacle reste tout bonnement intact : solo de percussions et parties instrumentales entrecoupent une prestation où les missives de ADF gardent néanmoins toute leur spontanéité. Avec une setlist voisine de celle d'il y a quelques mois (cf ADF aux commandes (déc. 2008)), les "londonistanais" satisfont les membres du public qui ne les ont jamais vu mais pas ceux qui ont déjà assisté, dans de meilleurs conditions, à un de leurs concerts. Vraiment dommage.
Heureusement que la fin de concert ait été assurée de si belle manière (sans, bien sûr, oublier "Chan chan"), car pour le reste, le Buena Vista Social Club s'est montré quelque peu sur la retenue... Certes, c'est de la musique pour "grands" et exécutée avec classe mais un tantinet d'entrain supplémentaire n'aurait rien gâché au plaisir d'adhérer pleinement au club. La majeure partie du set de la formation étant relativement soporifique, une bonne partie de l'assistance préfère se prélasser que de rester debout. Les brillants musiciens (dans tous les sens du terme) usent de leur charme et il faut bien reconnaître qu'une certaine classe émane des cubains...
Maniacx live @ Chien à Plumes 2009 Maniacx live @ Chien à Plumes 2009 A partir de 19h00, lors des trois changements de plateau de la scène Ernest, ce premier jour, c'est à Chapelier Fou (le bien nommé puisqu'il porte un chapeau...) que revient le défi d'être relevé. Comprendre animer la petite scène et offrir trois prestations d'une demi-heure chacune. Ce one-man-project, avec une approche voisine de celle de Deadwood, construit ses morceaux petit à petit, enregistrant une boucle de guitare, puis une autre et ajoutant des sons au fur et à mesure, laissant laisse libre-cours à son imagination. De passages technoïdes en aspirations planantes ou séquences noisy, Chapelier Fou se révèle être très riche en références et arpente des chemins parfois tortueux, parfois plus directs pour s'exprimer. Des choix qui conviendront aux affinités de chacun selon ses sensibilités qui ont le mérite d'être larges d'esprit.
Tels des Enhancer en liberté, les Maniacx s'amusent comme des petits fous et font de la (grande) scène un terrain de jeu privilégié. Et les touches extraverties se multiplient dans les premiers rangs du public en réponse aux accoutrements du trio. Rockeurs de l'âme (le groupe multiplie les clins d'œil au milieu Rock), les rappeurs amusent la galerie à l'aide de leur hip-hop acidulé et divers artifices (lancer de cotillons, introduction de "Me & my girl", interventions de personnages déguisés, usage de pistolets à eau sur "Alcohol", ...). M'attendant à ce que ça "claque" davantage et un trop-plein de basses me laissent sur ma faim mais les Maniacx se distinguent par leur remarquable dynamisme et une version excellemment réaménagée de "Video games".
C'est alors que (reprenez votre souffle) The Bewitched Hands On The Top Of Our Heads envoie ses pépites pop-folk que je débarque -enfin- sur le festival. Le temps de retrouver de vieilles connaissances et de prendre pied dans le concert d'une formation mouvante, passant d'une pop à la High Llamas ou des Flamings Lips à un mode choral intégral léger et douillet à la fois.
Mais avant cela, un petit pointage auprès de membres de l'organisation du festival (merci pour l'accueil !) a été nécessaire et c'est alors que Raj fait rage (ahah..) que je tente (sans succès) un mini-sommeil sous ma tente.
Débarquement sur le camping aux sons de Lofofora, Kobayes, Bérurier Noir, Rage Against The Machine, Nirvana et autres Ludwig Von 88 (avouez qu'il y a pire en matière de bande-son...) et installation du campement sous un ciel menaçant et quelques gouttes plutôt bienfaitrices vu la chaleur ambiante. Dommage mais il m'est impossible d'assister au concert de Slide On Venus (qui fait partie des vainqueurs du tremplin en compagnie de Lisa Portelli et Iraeverscible), étant parti à midi et alors que près de trois heure de route m'attendaient. Mais cela ne m'empêche pas de retirer mon accréditation aux sons pop-rocks des bisontins et de faire apparition sur le Chien à Plumes 2009.