Ayant (enfin) (dé)couvert La Guerre du Son l'an dernier et séduit par cet évènement au milieu de nulle part, il n'en fallait pas plus qu'une affiche une nouvelle fois alléchante pour faire le déplacement. A ceci près que, cette année, Ted est venu en renfort le second jour, notamment pour interviewer Lofofora...
En matière de maîtrise à l'insu de mon plein gré du chronomètre, on peut dire que mon arrivée vendredi soir à La Guerre du Son est un cas d'école puisque s'étant très bien goupillée. En partant directement de mon lieu de travail (voiture soigneusement chargée le matin-même), le temps d'effectuer le trajet nécessaire, de me parquer puis de passer récupérer le pass magique, alors que je dirige mes pas vers la scène, Crossingate ouvre les hostilités. Pas d'erreur, il est bien 20h30 pétantes : on est pas dans le Doubs, territoire historiquement tourné vers l'horlogerie, pour rien.
Sous le chapiteau permanent de Landresse, ce sont donc les vainqueurs du tremplin qui officient (look hi-tech à la clef de Jean-Philippe, le chanteur), continuant la promo de leur premier effort (Looted passion) et préparant un DVD live. Avec un line-up articulé autour de la famille Touchard, Crossingate officie certes sur un terrain métallique mais assez aseptisé et agit quelque-part entre In Flames et Soilwork, formations avec lesquelles j'adhère assez mal. Assez technique et sans pourtant démériter totalement, le set des bisontins est néanmoins garni d'une charge émotionnelle qui passe plus (grâce à certains apports électros) ou moins (à cause de la balade en deuxième moitié de setlist...) bien et ses références, pourtant contemporaines, sonnent quelque peu datées à mon goût. Inutile d'insister outre mesure, Crossingate ne m'emballe pas mais semble pourtant avoir réunis bon nombre de ses fans, ravis pour l'occasion.
Punish Yourself @ La Guerre du Son 2009
Lors des changements de plateau, c'est Born To Brass qui officiait l'an dernier au milieu du public. Cette année, c'est le "Ring o' Stars" (aussi présent au Chien à Plumes) qui anime (et fait intervenir) les festivaliers. Le principe ? Tu sais jouer (ou pas, pour certains...) d'un instrument, tu montes sur scène et, en compagnie d'autres guerriers du son, tu tapes un boeuf ou une reprise... L'occasion de réaliser des rencontres et de se faire plaisir tout en restant détendu... Après une version adagio de "Un jour en France" sur la mini-scène sous une météo devenue clémente (mais fraîche !), le temps est venu d'aller se frotter (une nouvelle fois me concernant) aux Rebel Assholes. Enfin, essayer de se frotter puisqu'un soucis technique empêche Jean-Loose de s'emparer de son micro. Jean-Rem, ayant enfilé un t-shirt "Maradona", amuse la galerie (lorsque ce n'est pas Vava) le temps que la situation revienne à la normale et ça vaut son pesant de cacahuètes : "Arrêtez de crier où je descends et je vous casse tous la figure.", "Ouais et ben nous aussi, on aimerait bien être tranquillement chez nous devant Secret Story parcequ'il parait que Nicolas, il est mal barré..." lance-t-il, en substance, avec un regard malicieux. Une fois la sonorisation à peine rétablie, le quatuor rentre illico dans le gras du sujet à l'aide de son fameux punk-rock, pour le moins brûlant ! C'était déjà une façon de procéder pour le groupe en temps normal, mais aux vues des circonstances, les montbéliardais enquillent un maximum de titres sans reprendre son souffle et enchaînent donc coups sur coups les hits de Me against myself et surtout de Click and say yeah !. Jouant eux aussi devant son lot de supporters patentés, les Rebel Assholes obtiennent incontestablement l'assentiment d'une plus large partie de l'assistance avec Jean-Loose assurant crânement ses rôles de gratteux et de chanteur, Vava en poseur deluxe, Jean-Rem déambulant sur la scène tel un pantin désarticulé et Nico Koune, pas en reste derrière ses fûts. Car il faut bien le (re)dire, les Rebel Assholes, dotés d'une capacité fédératrice assez exceptionnelle, ont été une fois de plus redoutables d'efficacité.
La nuit, aidée par un ciel partiellement encombré, commence à faire son œuvre et quelques instants plus tard, un des grands si ce n'est LE groupe de cette affiche 2009 occupe les lieux. En ayant permis un élargissement notable des générations présentes dans le public, Trust a aussi assuré à La Guerre du Son une affluence tout à fait correcte ce premier soir puisque, sauf erreur de ma part, la foule du lendemain me semblait plus clairsemée. Derrière de larges lunettes de soleil et sous un kéfié, Bernie est entouré des guitaristes historiques du groupe (Nono et Vivi) tandis que Farid Medjane (batterie) est arrivé plus récemment chez Trust et que bassiste (ISO) et le DJ (Deck) paraissent clairement avoir été recrutés plus fraîchement encore. Mais que c'est pataud ! Seuls quelques anciens titres et une minorité de nouveaux (avec un petit coté "fusion") parviennent à faire émulsion mais le bain est globalement bien tiède et trop long... Bernie a beau servir une salve de dédicaces, à Mickael Jackson ("Toujours parmi nous"), à l'UMP ("Union Misérable de la Pauvreté", ou quelque-chose de cet acabit-là) et l'assistance chaleureuse en entonnant un "Happy Birthday" à l'annonce de la bougie supplémentaire sur le gâteau d'un guitariste, la prestation du groupe mythique se porte pâle. Une impression renforcée par la foule qui scandait "An-ti-so-cial" tous les deux titres (le morceau emblématique sera finalement lâché à l'issue du rappel non effectué puisque "Ca caille"), un peu comme si Noir Désir avait trimballé ses "Sombres héros de l'amer" pendant toute leur existence. Le groupe satisfera certains de ses accrocs mais laissera de marbre les néophytes...
Il est vrai qu'il fait froid mais cela n'empêche pas les Punish Yourself de se trimballer très légèrement vêtus en zone VIP, prêts à en découdre, et comme il se doit, peinturlurés des pieds à la tête. "J'ai jamais vu ça, le cul à l'air et de la peinture partout !" s'étonnera un gazier dans la salle des fêtes reconvertie en espace-presse, loges et catering. Il sont jaunes, ils sont verts, ils sont oranges, ils sont bleus et ensemble, ils sont de la dy-na-mite ! Et font de sacrées étincelles pas seulement par l'usage des meuleuses... Je parle bien sûr du bien nommé Incredible Punish Yourself Picture Show. Car Punish Yourself sur disques, ça claque. PY en live et en formation "basique", ça assure. Mais Punish en mode boosté à la vitamine, à la peinture, en vidéos, en danseuses et artifices pyrotechniques, c'est assurément ultime ! Ce spectacle déjà présenté lors de Dour 2008, un condensé de kabbale, de SM, de magie, de poésie et d'utopie, est tout bonnement ahurissant ! Punish Yourself, accompagné d'un saxophoniste, de danseuses et de peintres, puise dans sa discographie, de Disco flesh : warp 99 à Cult Movie et s'agite devant des projections vidéos pour près d'une heure et demie de show. Car il se passe pas mal de choses sur scène entre les poses lascives, les exercices de peinture, (évidemment) la musique, les séances de meuleuse, les passages de VX dans la fosse, les drapeaux et les flammes en tout genre : plein les yeux, pleins les oreilles, plein la figure puisque de la peinture est aussi projetée sur la fosse et les premiers rangs du public ! A lui seul, The Incredible Punish Yourself Picture Show valait assurément le déplacement à cette Guerre du Son 2009.
Deuxième jour et la météo matinale est calamiteuse. Il ne fera pas jour avant midi et des ondées pluvieuses viennent tremper la campagne, rendant certaines sorties (ou entrées) de véhicules très délicates sur le parking et le camping bien gras. Et ne parlons pas du thermomètre... Le début d'après-midi est l'occasion d'assister au rempaillage de l'entrée du parking par des agriculteurs du cru, c'est ça La Guerre du Son : un festival de proximité ! Après avoir recueilli Ted et son pilote Fabrice, qui ont dû attendre le passage du Tour de France dans les parages, une fois un embourbement évité et un débat intense sur la présence ou pas de "La Plage" aux Eurocks en 1998 (débat auquel je ne participe pas puisque je n'étais pas né à cette époque...), l'heure est venue de passer aux choses sérieuses.
Des traces du passage de Punish Yourself sont encore visibles (taches de peintures) sur la scène et c'est à une formation locale (Besançon n'est pas si loin) d'ouvrir la marche de cette deuxième journée. Si vous êtes habitué de nous lire, vous avez forcément entendu parler de Monsieur Z. Introduits par des extraits de journaux télévisés, le quatuor ès fusion "électro-métal-hip-hop" libère la crème de son répertoire revendicatif en commençant par "Quand j'ai tendu la main" sans oublier l'incontournable "Original gunboy", l'impulsif "2 poings" ou le fabuleux "La peau à fleur de nerf" Ca groove de bout en bout et ça fait plaisir de voir que le groupe se lâche bien, de plus en plus à l'aise sur scène. Z, enfin, JB, (à moins que ce ne soit pas lui, tu comprendras notre hésitation plus bas...) lance en cours de route une petite pique à l'égard de "Nicolas, pour qui il ne suffit pas de monter une marche pour être un grand homme et repars de plus belle. La hargne sincère de Monsieur Z fait mouche mais les bonnes choses ont une fin, après trois quarts d'heure de sévices...
Le rendez-vous de Ted approche, comprendre la rencontre avec Lofofora et non pas avec la gentille boulangère qui se débat avec ses pains... Le duo de fenecs se dirige alors en zone VIP mais les "Lofo" sont en train de manger, apprends-on. Un instant j'ai crû qu'après "Pierrot resté dehors pendant Gojira", nous aurions droit à "Mr Ted n'est pas prévu au menu.". C'est sans compter sur le sérieux de Liz (La Guerre du Son), Jéhanne (Athome) et la disponibilité de Reuno. Bref, pour l'instant, retour sur le fest' où Maxxo a déjà entamé son set. Mais pour ne rien vous cacher, vu la deuxième moitié du concert de la troupe, nous n'avons pas manqué grand'chose. Autant Moonraisers, l'an passé, était parvenu à m'accrocher, autant le reggae gentillet de Maxxo ne nous interpelle pas vraiment même si les deux derniers titres se démarquent quelque peu du lot... La prog' du festival prouve qu'il en faut pour tous les goûts ! A l'issue de Maxxo, retour à l'espace presse où les Monsieur Z semblent être interviewés. "Semblent" car ce n'est pas eux qui le sont mais un de leurs potes qui l'est, et évoque carrément le "kidnapping" d'un membre du groupe... Un grand moment de "théâtre de seconde zone" selon Nicolas (bassiste du groupe), curieux d'en apprendre davantage sur le compte de votre (son ?) webzine préféré. Le rendez-vous étant là, Rémi laisse Ted entre les réponses tonitruantes de Reuno et termine le décryptage du W-Fenec auprès de Nicolas.
Sur scène, après avoir fait monter un tantinet la sauce, les Enhancer débarquent groupés : John, à l'allure toujours aussi d'jeuns, baguettes en main, un guitariste-mystère caché par un bandana (Davy de Pleymo ?), le trio de frontmen (touche too-much de Nitro inclue) et Marq tient la basse. Les franciliens ouvrent avec "Debout", représentant d'un Désobéir pas autant défendu que ça pour une tournée promo... Un choix vraisemblablement logique vu son contenu. Le combo puise donc dans son répertoire antérieur sans remonter à ses racines (seul "Hardcore version dancefloor" est tiré de Et le monde sera meilleur...) pour servir un best-of auprès du public ("Street trash", "Dirty dancing", "Cinglés", "Street playground", ...) qui acquiesce vigoureusement. D'une vitalité débordante et festif de bout en bout, Enhancer amuse les kids (dont certains ont passé l'âge) mais des soucis (persistants ce deuxième soir) au niveau des retours forcent le groupe à écourter leur set. Ce qui n'empêche pas David d'aller s'installer dans le public pour un titre et de se livrer à une bataille de touffes de paille à l'issue du concert !
La scène de Landresse pendant Deportivo
Deportivo, si cher à notre ami Pierrot, fait partie de ces groupes dont le nom m'est (c'est Rémi qui cause dans le poste, là) évocateur depuis pas mal de temps sans pour autant avoir encore approché leur univers musical. C'est donc le temps d'y remédier, le groupe ne donnant que quelques dates cet été faisant étape à Landresse. Officiant sous l'œil admiratif de David (Enhancer), Deportivo assure un début de set relativement intéressant, composé de titres nerveux et keupons ou noisy et bricolos. Après une salve de morceaux accrocheurs, Deportivo a tendance à se répéter et, surtout, son chanteur/guitariste (m')agace. Les propos graveleux de Jérôme, un peu tout seul dans son délire, tiennent plus de la provoc' gratuite que d'autre chose, contrairement aux insultes qui prendront tout leur sens dans la bouche du leader de Lofofora plus tard... Qu'importe, les "rockeurs" continuent de semer leur bazar, pardon leur "petit bordel", l'occasion de faire la fête sur scène avec des filles extraites du public, parmi lesquelles un intrus s'est subrepticement glissé... Deportivo m'aurait sans doute comblé sur disque sauf que le passage sur scène laisse une impression mi-figue, mi raisin mais on ne peut pas reprocher au groupe de ne pas s'être donné au maximum.
Chez Lofofora, c'est tellement keupon qu'ils n'ont pas besoin de roadies. Tandis que les musiciens font leurs derniers réglages juste avant leur show devant un public impatient, Reuno (avec un t-shirt explicite à l'intention de Sarkozy) s'enfile quelques gorgées d'une bouteille de whisky de deux litres. La lumière se baisse, la messe peut commencer. "Mémoire de singes" fait office d'échauffement pour l'audience qui, il faut bien le reconnaître, est bien familière de Lofofora. Se collant sur les paroles de Reuno, les franc-comtois sont déchaînés, s'envoyant des poignées de paille d'un bout à l'autre du chapiteau. Derrière les fûts, Vincent, le petit nouveau, n'a rien à envier à Pierre. Les rythmes sont exécutés parfaitement, à croire qu'il a toujours fait partie du groupe. Reuno aime bien s'exprimer entre les titres et n'hésite pas à vilipender les coupables de "la crise" ("Avec la crise là, c'est pourtant écrit sur leurs fronts, les enculés qui nous ont mis dans la merde." lâche-t-il grosso-modo). Le répertoire de ce soir est plutôt axé sur les trois derniers albums studio même si Lofo fait remonter à la surface "Macho blues" et "L'oeuf", incassable. Au rayon des surprises, le quatuor offre en fin de set, une reprise ("Punks not dead") de The Exploited qui a fait mouche et une chanson de leurs amis de Parabellum ("Amsterdam"). Arrivé au terme de la prestation de cette soirée, j'en (Ted) viens à me demander si quelqu'un a déjà vu un mauvais concert de Lofofora. Car encore une fois, les briscards du rock français nous ont mis le feu avec ce même esprit brut et sincère. Une belle conclusion pour une édition 2009 qui apparaîtra un petit peu en "dents de scie" au regard du très bon ressenti de l'an passé et des affiches antérieures. Mais ce n'est pas une raison pour rechigner à venir guerroyer à Landresse lors des prochaines années ! Car pour un festival installé au "milieu de nulle part", il ne s'en sort pas si mal sur le long terme...
d'autres photos de Rémi: flickr.com (826 hits) d'autres photos de Ted: flickr.com (883 hits)
Merci à Liz & Tof de La Guerre du Son
Coucou à Reno "Hippieguitarist", Eric & The Rebel Assholes, Mitch et les Monsieur Z
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Terrier : Paris
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