Après avoir proposé des affiches intéressantes voire alléchantes, La Guerre du Son méritait bien d'avoir une place sur W-Fenec. Cette année, c'est décidé ! A nous de vous faire partager cette septième édition du festival, par l'intermédiaire de Rémiii, votre Comtois bien dévoué au sein de votre zine préféré, venu (au moins) pour Mass Hysteria, Sna-Fu, Watcha et Kiemsa...
La Scène du Son
From microns to decibels
Alors en pleine entreprise de déménagement, il m' fallu user de fins talents organisationnels (gestion de déplacements, de calendriers et de pendules...) pour préparer au mieux cette petite escapade Doubiste. Bref, vendredi, 15h00 fin de journée de travail et (presque) début (déjà ?) des festivités. Sorti du réglage de mes "31002-1" à ± 0,011 mm, j'effectue un passage flash-éclair chez le fournisseur de munitions alimentaires (solides et liquides), met en route de l'intégrale de Calavera et les horizons sonores commencent à se rapprocher, sous une météo mieux que clémente. Vous n'échapperez donc pas au petit cours de bison-futé géographique habituel ; avec slalom entre touristes en tout genres (vélos, chevaux, camping-cars, etc...) dans la zone du "Pays des Lacs", judicieux évitement d'une portion de route nationale coupée par une menace terroriste de la part d'un rocher et évolution à 30km/h derrière quelques grumiers sur le plateau Pontissalien. Direction Valdahon (et ses treillis) puis Baumes-les-Dames, et bifurcation en direction de Landresse. Le rap de Calavera et ses 2h30 de flows arrivent à leur terme lorsque je m'oriente sur le champ servant de parking : nickel !
Après avoir été accueilli chaleureusement, d'avoir fait connaissance avec Liz, puis pris possession du pass, découvert les lieux (notamment le "chapiteau" et sa structure en bois abritant la scène et une très large partie du public lors du festival, et servant de guinguette le reste de l'année) et adopté le RéfréGenericAteur, je pars planter ma tente sur le camping : il doit être 19h00, chouette, reste un peu de temps pour glander (et me rassasier).
Le festival, placé sous le signe du respect de l'environnement, comporte (que ce soit sur le site du festival ou sur le camping) moult panneaux informatifs et poubelles permettant de laisser les lieux le moins sales possible. Une initiative à saluer, parmi d'autres idées, comme celle de ne pas bastonner une (immonde) bande-son lors des inter-groupes mais d'avoir invité une fanfare, mais on en reparlera plus tard...
Vendredi
Les premiers festivaliers arrivent tout doucement pour fouler la verdure de Landresse, le soleil commence à décliner et les quelques nuages sont plus là pour zébrer la bleuté du ciel que se faire menaçant. A près de 21 heures, c'est donc l'ouverture de La guerre du son 2008 avec la prestation des régionaux de l'étape, j'ai nommé Sorry For Yesterday. Groupe "local", puisque basé à Besançon, donne dans un registre "indie pop-rock", et sur le papier, ne semblent pas pouvoir me convaincre. Et pourtant ! Il faut bien se méfier des première apparences, qui se révèlent être souvent (toujours ?) trompeuses. Le quintet (on reconnaît Antoine officiant aussi chez Ampools) évite les écueils de groupe "trop criard" ou de "mélo à la guimauve". Certes, on perçoit leurs influences et des similitudes, avec Stuck In The Sound ou leurs voisins et potes de Austin Newcomers, mais Sorry For Yesterday déroule une vitalité attachante et tiennent en haleine le public, pour l'instant relativement maigre, durant une grosse et vivifiante demie-heure. Désolé pour hier, mais aujourd'hui, il y a de quoi être enchanté d'avoir vu ce groupe sur scène !
A peine les Bisontins ont-ils quitté les planches qu'une fanfare vient divertir les membres du public. Pas de tagada-tsoin-tsoin ni de marche militaire à l'horizon, mais plutôt l'adaptation de standards du rock et du métal passés à la moulinette ès cuivres. Et il en sera ainsi durant les deux jours, à chaque changement de plateau, Born To Brass viendra animer le public à l'aide de Red Hot Chili Peppers, System Of A Down ou Lofofora mais remportera tous les suffrages à l'aide de "Killing in the name" (Rage Against The Machine)...
Une fois les fanfareux retournés backstage, c'est au tour de Subway de prendre position. C'est souvent le cas lors d'un festival où on assiste à tous les concert : il y a LE groupe qui ne me fait ni chaud ni froid. Et je crois que c'est sur Subway qu'est tombée cette sentence. Je comprends qu'on puisse accrocher à Subway, le quatuor féminin la joue rock indé, efficace, envoie des parties carrément rugueuses, sans oublier de ponctuer une prestation d'émotions bien amenées, mais le set du groupe restera, pour moi, juste sympathique. Heureusement l'assistance commence à s'accroître, parmi lesquels nombre de fans, que les filles auront emballé, et c'est bien là l'essentiel.
Nouvelle pérégrination de Born To Brass dans le public et, au lieu de les suivre, je vais rapidement me réfugier en zone V.I.P., devant la scène, à l'abri du vent (en t-shirt, le fond de l'air est frais). J'assiste tranquillement au petit remue-ménage, habituel lors d'un changement de plateau, lorsque Yann de Mass Hysteria me fait signe et vient me voir. Intrigué quelques secondes, jusqu'au moment où il me demande de venir prendre en photo le groupe à la fin du concert, je passe alors en mode hésitant, craignant de foirer le cliché. Ma réponse de Normand ne nous satisfaisant pas, Yann revient aux nouvelles et, cette fois, je lui confirme que j'officierais bien, afin d'illustrer le myspace du groupe, comme il le fait depuis le début de cette tournée.
Place au show. Et coté scène, Mass Hysteria is Mass Hysteria. Maintes fois décrites dans nos colonnes, principalement par Oli, les prestations de Mass Hysteria sont des machines bien huilées, écrasant, ou plutôt propulsant le public sous ses impulsions d'un positivisme exacerbé. "Contradictions" ouvre les hostilités. Les mecs ne tiennent absolument pas en place, la sueur coule à flots, passe du premier au dernier album sans sourciller ou ose "Finistère amer", le tout avec une facilité déconcertante. Entre les titres, Mouss se permet de temporiser, l'occasion pour lui de recommander de lire "La guerre des boutons" (nous sommes sur les terres qui ont inspiré Louis Pergaud, l'auteur du livre) ou nous révèle qu'il croit aux dieux de la musique, sans qui nous serions tous des serial-killers. Il n'oublie pas non plus de pointer la pleine lune qui se dresse devant la scène avant de lancer "Zion". Le concert se termine pas les désormais rituels du groupe : membres du public sur scène avec "Respect to the dancefloor", rappel composé de "Furia" et "P4" jetés à bloc devant une assistance lessivée. C'est le moment venu de prendre la place de Rapha et de mitrailler les Mass devant leur public, toujours hystérique, après 90 minutes de débauche.
Un moment de gloire de photographe amateur passé et des remerciements à la pelle, Sna-Fu compte bien finir le public déjà bien émietté par Mouss et les siens. "Grand Désordre Orchestre" en sous-titre et sur la batterie, "Grand Bordel Magique" sur scène, suis-je tenté de lancer ! Sna-Fu continue sur la lancée actuelle et se révèle dé-vas-ta-teur ! Sur fond de lumières bleues, rouges et vertes, le quatuor déverse son joyeux amalgame screamo-core-stoner-'n'roll et rivalise carrément avec Mass Hysteria en terme de dépense calorimétrique. Les franciliens assurent la promo de Tonnerre binaire, font un petit crochet par leur EP et comblent (de joie et de fureur) un public bel et bien resté pour eux. Pour tenter de résumer la situation, en live, Sna-Fu, ça déboîte, retourne une scène entière, déchiquette quiconque voulant s'approcher de trop près. Le groupe s'octroie néanmoins un sublime passage planant, post-rockisant et instrumental, durant lequel le chanteur semble s'être évaporé... Avant de retourner mettre un petit coup la guerre et de clôturer cette première journée, pour le moins réussie.
Il ne me reste plus qu'à rejoindre le camping et, aux environs de 3h00, m'endormir sur les cris d'"Apérooooos !!!" retentissant sur les campements voisins.
Samedi
Une fois le matériel replié dans la bagnole, une petite balade dans le village et son Chemin de la Saute, l'occasion de découvrir de près "Biquette", les "Meuh-Meuhs", quelques sympathiques "Waf-Wafs" et "Miaou-Miaous" ou d'apercevoir, au loin "Goupil". De retour sur le fest', dégustation d'un délicieux liquoreux pamplemousse sur la terrasse V.I.P. puis mise en position devant une scène bouclant les préparatifs de Machina Deux Ex.
La première formation du jour (dans tous les sens du terme, vu qu'il est environ 19h30...) s'exprime à l'aide d'un métal gothique soutenus de séquences électros et, parfois, me fait penser aux défunts Leiden. Figurines, leur premier album, étant sorti depuis quelques mois, les Versaillais en distillent de larges extraits devant un public très clairsemé. Mais le groupe reste compréhensif et garde le sourire, ravi d'avoir fait le déplacement. C'est carré et bien en place, Sandrine et Grégory semblent dialoguer sur les compos de leurs acolytes et le quintet se retire après une petite heure de noirceur en plein jour...
Tout comme la veille, Born To Brass surgit dans l'assistance, toujours aussi grimés. Leur emboîtent le pas, The Moonraisers, mais cette fois sur scène. On connaissait la Suisse pour sa scène métal et de rock indé, il faut croire qu'il se développe d'autres styles de musiques amplifiées outre-Léman. Car c'est bien du reggae que la dizaine de musiciens vient déverser chaleureusement sur le plateau Doubiste ce soir. Pas vraiment accoutumé à ce genre de substance sonore, je suis la perf' du groupe depuis la régie. Néanmoins The Moonraisers me font bonne impression, n'hésitant pas à s'orienter vers des passages dub ou à tendre vers la transe à l'aide d'un didjéridoo. Devant la clameur du public, la troupe se doit d'exécuter un rappel, en l'occurrence, un bon vieux "Get up stand up des familles" Et participe à instaurer une ambiance des plus détendue, à la tombée de la nuit tandis que El Butcho signe quelques autographes, installé avec ses potes entre la scène et le merchandising...
On les remarquait depuis le début de la journée, on ne les manque pas aux premiers rangs lorsque le groupe foule la scène. Je parle des fans de Kill The Young, bien sûr ! Le succès du trio repose sur une recette simple, certes. Mais diablement efficace, du moins en live ! Mélodies accrocheuses, rythmique entraînante et engagement sans compter des frères Gorman garantissent un effet remarqué (et remarquable) sur l'audience. Les English, deuxième "groupe à mèche" du week-end (après Subway), et paumés eu milieu de nulle part, assurent leurs parties rock'n'pop et n'hésitent pas à remercier, en français, le public. Revigorant et enlevé, le set de Kill The Young nous emmène aux premières minutes de dimanche.
C'est donc le moment de goûter au "retour aux sources" de Watcha. Le logo du groupe est tendu derrière la batterie, lui seul illuminé, et une Marilyn Monroe quelconque est choisie en guise d'introduction, depuis les enceintes. Le groupe débarque et s'échauffe avec "Rock'n' roll kids". Ca brasse (déjà) méchamment sur la terre battue et frontstage, c'est du domaine du (très) compliqué pour capter les zigotos -et les "presque poses" de Fred n'y changeront rien- : contre-jour, strombos et rougeur écarlate rendent l'exercice périlleux, mais font aussi les charmes du hobby. Avant de faire honneur à Falling by the way side, le groupe renoue avec de "vieux" hits : "Concrete lie" et "Cupid". D'ailleurs, à peine "Cupid" est il entamé que nous sommes priés de quitter la fosse, l'intro (sans zikos) comptait donc pour un titre... On ne va pas faire les fines bouches, hein, sauf que les lights changent radicalement de registre simultanément. Coté public, si le concert semble ravir des kids enflammés, la prestation du groupe ne me marque vraiment pas, chose que je n'aurai pas imaginé. Mais il en est ainsi, avec un son un poil brouillon et, encore non impacté par la version CD des dernières compos du groupe, je contemple autant l'assistance que le groupe tandis que les festivaliers s'en donnent à cœur joie, eux. Une invitation à participer à un magnifique "Braveheart", un hommage à "Dimebag" Darrell lancés par El Butcho et "Plus fort" livré en pâture marqueront le set du quintet.
Et pour terminer en beauté, La Guerre du Son a fait appel à Kiemsa, l'occasion de croiser LA coupe de cheveux du festival, celle d'un des deux guitariste (portant une sérieuse attelle à la jambe gauche mais ne l'empêchant pas d'assurer le show : bravo !). Aidés d'un premier album punk cuivré et d'un second plus rock, la bande Mayennaise possède de quoi animer joyeusement une fin de soirée. Bien que toujours dans le cadre de la tournée succédant la sortie (en 2006 !) de Eaux troubles, le groupe fait appel à de plus anciens titres (tirés de Nuits rouges) et provoque des ravages. Du début de concert tout cuivres dehors aux refrains punks de "Méchant pas content", les 7 assurent leur set avoinent ce qu'il reste de debout dans le public... Un soupçon de pyrotechnie pour terminer et un rendez-vous fixé à Langres lors du prochain Chien à Plumes et les Kiemsa en finissent avec ce qui est, pour moi, un moment fort du festival.
Ne reste plus qu'à dire aurevoir, prendre la route et arriver à bon port juste au levé du jour...
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Tout dépendra du calendrier, de l'affiche de sa prochaine édition, mais il est fort possible que je ramène à nouveau mes fesses à Landresse en 2009...
Setlist Watcha : Rock'n'roll kids / Concrete lie / Cupid / Nothing / Sam 5 / Bogeyman / Dimebag / Inside / The wayside / Plus fort / Bastard being
Merci à Liz et au festival La Guerre du Son.