Quelle est ta plus grande fierté au bout de dix ans d'activité ?
Woah, ça commence fort là, genre auto-satisfaction. C'est le genre d'exercice pour lequel je préfère être seul et dans la salle de bain... Allez, parce que je t'aime bien, je vais répondre : avoir tenu 10 ans. Je me rappelle d'une remarque d'une imprimerie avec laquelle j'ai commencé à bosser au tout début du label, et qui, quelques temps après m'a dit : "Quand on t'a vu arriver avec ton sourire, ton speed et tes commandes incessantes, on s'est tous dit que tu allais rapidement rejoindre les rangs des gars qui ont vu trop gros, trop vite, et qui se sont ramassés... on s'était trompés, tu es encore là et tu nous fais encore plus bosser qu'au début." Et 10 ans après, je les fais encore plus bosser. Donc oui, si il y a une fierté à avoir, c'est celle d'avoir fait mon truc sans écouter les peines-à-jouir autour de moi, en conciliant un emploi du temps hyper serré, et de pouvoir le fêter avec tous mes nouveaux copains que cette aventure m'a permis de rencontrer !

Quel est ton plus grand regret ou ta plus grande déception depuis le début du label ?
Tu balances le chaud et le froid, comme ça, façon saisi quelques secondes sur chaque face... Le plus gros regret ? Il n'y en a pas d'énormes, plutôt des petits qui font chier sur le moment mais qui s'effacent vite avec le temps et sont remisés aux rayons des mauvais souvenirs, cachés très loin des bons. Je me rappelle surtout des bons trucs. Les regrets, ce sont les splits des groupes avec lesquels je pensais avoir un vrai projet et qui bouffent le contrat (moral) entre eux et avec moi du jour au lendemain. C'est aussi dur à prendre comme décision pour eux que c'est difficile à comprendre pour moi, mais c'est la life et on passe à autre chose. Ce qui est bien quand tu es label, c'est que quand ça va pas avec un band, ça va avec un autre. Tu n'es pas obligé de ressasser ce qui ne va pas, tu te tournes toujours vers les projets, le positouf. Il ne faut pas oublier que je fais de la zik pour me faire plaisir, pour créer un truc en parallèle censé équilibrer la vie de merde qu'on me propose. Ce n'est pas un taf, pas un hobby, c'est ma vie telle que je l'entends. Donc si ça va pas avec un projet, c'est pas grave, on passe à autre chose, je n'ai aucune obligation de réussite, je fixe mes objectifs et mes règles pour mieux les transgresser quand l'occasion s'y prête.

Les dix plus beaux concerts d'un groupe Kicking auquel tu as pu assister ?
Ah, mais c'est un top 10 en fait ? T'en auras pas 10, parce que lors des concerts, je suis généralement au stand qui n'est souvent pas dans la même salle que la scène, ou dans l'orga' à courir partout. Il ne faut pas oublier que c'est un job de l'ombre et ingrat. Ce qui signifie que tu organises des concerts pour que les gens puissent y assister, mais toi tu ne profites pas...
Ceci étant, j'ai quand même réussi à assister à quelques très bons shows dont G.A.S Drummers à Nîmes (Le Spot), Cooper et Billy the Kill à Angers (Kicking Fest), Les Sheriff au Bataclan (Kicking Fest), The Black Zombie Procession à Angoulême (Kicking Fest), Flying Donuts au festival Art Sonic, Mother Superior à Toulouse (Le Saint des Seins) pour n'en citer que quelques-uns.

Ta plus grosse engueulade avec un groupe, un média ou autre durant ces dix ans ?
Bof, non, je sais pas. Je suis pas du genre à m'engueuler. J'enregistre puis je prends les décisions adéquates à froid. C'est plus dur pour tout le monde. Mais pas pour moi, comme je te disais plus haut, je fais le label seul, je ne dois rendre de compte à personne, je prends les décisions seul, j'en assume seul les conséquences. Ça permet d'avancer plus vite, ça me met en première ligne sur tous les fronts que j'ouvre, mais c'est ainsi que je fonctionne. Je fais des erreurs, des oublis, je peux aussi être blessant ou incompris, mais c'est juste la vie. Le label est un terrain de jeu où on met de côté les règles idiotes qu'on nous inculque depuis l'enfance. Ici, on essaie chacun d'être responsable de ses actes et de ses décisions, les relations sont cimentées par la confiance et pas un contrat, la parole dite est acquise et définitive.

Ta plus grosse gamelle financière ?
Ah, là on peut faire un Top 50 par contre ! Des gamelles financières, il n'y a que ça au début, puis tu apprends à faire en sorte de les éviter, de ne pas refaire tes erreurs de débutants, et viennent ensuite les locomotives, qui permettent d'éponger les dettes et d'assainir les finances. Puis tu reprends des gamelles, parce que tu sors des disques qui n'intéressent qu'une poignée de gars parmi la niche dans laquelle tu officies...

Si tu devais monter de toute pièce un Kicking band, quel serait le line-up de rêve ?
Non mais c'est impossible de répondre à cette question. Je les aime tous pour leurs qualités, je ne peux choisir.

Les dix ingrédients pour un Kicking Fest réussi ?
Un seul ingrédient : qu'il se déroule au Moulin de Brainans. Plein de copains qui se retrouvent à la campagne, jouent de la musique et restent sur place jusqu'au matin ensoleillé.

Les dix choses à proscrire pour bosser avec Mr Cu! ?
Demande à Thib' des Not Scientists, je pense qu'il aura bientôt compris.

Les dix plus beaux visuels (pochette, flyer, affiche de concert...) Kicking ?
Un seul ! Loving it all des Flying Donuts ! Il trône dans mon salon depuis le premier jour et y restera un long moment !

Dix groupes que tu rêverais d'avoir sur ton label ?
Hard-Ons, Naked Raygun, Burning Heads, Seven Seconds, All, Face to Face, Suicidal Tendencies, Supersuckers, Valient Thorr, Therapy?, Prong, Danko Jones... parmi ceux qui sont encore en activité.