Forest Pooky Forest Pooky Jour 1

Après avoir rejoint en début d'après-midi mon ami Milou qui s'occupera de sonoriser Muscu et qui est arrivé en tout début d'après-midi dans le froid sec de la Cité des Images, je retrouve avec joie la Souris Verte, un lieu où je commence à avoir mes habitudes (j'y passe des disques deux fois par an pour ambiancer les conventions du disques). Forest Pooky et les Burning sont déjà là et j'installe mon stand BlackOut Prod/W-Fenec aux côtés du merch' des groupes de la soirée. Pour ce premier soir, trois groupes sont à l'affiche, avec des interventions pleines d'énergie et de bonne humeur de Panic Monster aka Olivier Portnoi que je ne te ferais pas l'affront de te présenter. Celui qui a partagé un whisky coca avec Lemmy à 10 heures du matin - a fait des photos de gang avec Boo Ya Tribe - a participé à un bal trap avec Iron Maiden et a réussi à se faire comprendre auprès de Slash - présente les titres de son premier album We're all pretty bizarre. Some of us are just better at hiding it, that's all. Le chanteur de Dead Pop Club et Maladroit commence à être aguerri de la formule "concert spécial" après les nombreux house shows réalisés. Panic Monster joue sans retenue pendant les créneaux de 20 minutes de changement de plateau, dans un premier temps dans la grande salle de La Souris Verte puis dans l'immense bar où se tiennent les stands des groupes. Un moment convivial avec des morceaux joués dans l'urgence et sans filet.

Mais avant cela, c'est à Muscu qu'il est revenu d'ouvrir les hostilités. Muscu, c'est Benjamin (ex-Flying Donuts, ex-The Black Zombie Procession), Nico (ex-The Early Grave, ex-Whales At The Crossroad) et le petit nouveau Yann dont c'est le premier concert avec le groupe. Sur une intro tirée d'un des films de la saga Batman, le trio déboule sur scène avec envie et détermination, mais surtout avec ce leitmotiv de se faire plaisir... et de nous faire plaisir par la même occasion. Issus de ces deux EP mis à disposition en ligne ces derniers mois, Muscu offre un set énergique avec des morceaux punk hardcore directs et efficaces mis en avant par un son de haut niveau. Nico, qui a la lourde tâche de reprendre la quasi intégralité du chant suite au départ de Dick (également chanteur de Illegal Corpse), fait le job, et Benjamin reste Benjamin : un délicat et subtil cogneur qui fait vraiment plaisir à regarder et écouter. J'ai une préférence pour le début du set (et notamment cet enchainement "Wall of death" / "Never the right time" / "Agree to disagree"), plus fun et lourd, tandis que la deuxième partie du concert fait la part belle aux morceaux plus rapides et plus frontaux. Dick viendra chanter/ hurler sur "Dead inside" tandis que la dream team des chanteurs du jour (Fra Burning Heads / Forest Pooky / Panic Monster) viendra sublimer "True believers", géniale reprise de The Bouncing Souls après un cours de linguistique vosgienne par Forest Pooky.

supermunk supermunk Le concert suivant était inédit pour moi. J'ai vu à de multiples reprises Forest Pooky en mode solo dans différentes configurations (salle, bar, fest ...), lui et son Imago Guitare. Mais jamais en formation Full Band avec la paire Bazile (Not Gut No Glory / Supermunk / Not Scientists) et Fred (ex The Pookies / nouveau Not Scientists). Forest Pooky est un beau parleur (il sait mettre la salle dans sa poche en un rien de temps) mais c'est aussi (et surtout) un artiste talentueux et généreux. Tout au long de son set de 50 minutes, Forest (majoritairement accompagné de ses deux compères et parfois tout seul) piochera dans sa discographie (composée à ce jour d'une pelletée d'Ep, de splits, d'un disque de covers et d'un album) pour proposer une set list de grande classe. Le public est attentif (et sous le charme) et Forest ne se fait pas prier pour interagir avec lui. Les réorchestrations sont soignées et lumineuses, sans parler des géniaux morceaux issus de Cover stories. Si tu n'as encore posé une oreille attentive sur ce chouette disque paru l'an dernier, je ne peux que te conseiller (que dis-je, t'encourager) à l'écouter encore et encore et encore. Un nouvel album (enfin !!!) semble prévu pour 2023 et je tiens le pari qu'il sera dans mon top 5 de l'année (dont la première place est déjà attribué à Staring at the sun de Not Scientists). Du grand Forest, comme d'habitude.

Burning Heads Burning Heads Les patrons sont de retour. Rectification : les patrons sont toujours là. Plus de 35 ans d'activités ininterrompues, des tubes en veux-tu en voilà, les Burning Heads ont la classe. La putain de classe. Je ne suis pas toujours objectif (rectification : je ne suis presque jamais objectif) avec ce groupe qui figurera dans mon top 100, 50, 25, 10, 5 de tous les temps, mais tu pourras interroger les gens (de bons goûts) présents lors de cette première soirée du Kicking Fest #22 : les Burning Heads ont sublimé. Posté du côté de la console lumière avec le fidèle Dudu au son, j'ai (encore et toujours) passé un excellent moment avec les Orléanais. La set list est assez fidèle à celle que le groupe a déroulé au dernier Rock Your Brain Fest (et objet d'un report dans le précédent numéro), et je ne vais donc pas répéter l'exercice que j'ai réalisé il n'y a pas longtemps. Fra assume et assure toujours ce nouveau rôle de frontman (quel chant !), Phil et Mikis tricotent toujours du velours, et la paire Thomas/Jbé excelle dans l'exercice maitrisé du rythme. Alors oui, clairement, j'ai aimé ce concert, malgré ses impondérables petits soucis techniques. J'ai aimé les morceaux rapides, j'ai aimé les morceaux plus lents, j'ai aimé leur punk rock, j'ai aimé leur ragatta, j'ai aimé les vieilleries tout autant que les morceaux de l'indispensable Torches of freedom. J'ai aimé la période Opposite, j'ai aimé la période Yelen Musiques (Opposite et Taranto, excusez du peu), j'ai aimé la période Epitath, j'ai aimé la période Kicking ("Fear", quel morceau !). Je n'ai pas aimé par contre quand, après un puissant rappel (avec notamment cette super reprise de Face to Face), le groupe a quitté la scène après un concert serti de diamants (rien que ça) me laissant déjà dans un état cruel de manque. Burning Heads est plus addictif que le crack vert et la Duvel réunis. J'aurai un réel plaisir à vous revoir Messieurs, et le plut tôt possible, s'il vous plait. Clac de fin d'une soirée de grande qualité au cours de laquelle les fanzines HuGui(Gui) les bon tuyaux se sont arrachés comme des petits pains, où j'ai croisé beaucoup de copains/copines. On termine avec Jérémie Flying et les gars de Cooper Blue en se racontant de bonnes histoires, et il est temps d'aller dormir quelques heures. Ah, au fait, ça n'a peut-être pas d'importance, mais Ferdinand portait un pull rouge. C'est dit.

Jour 2

Peu importe l'heure du coucher, je me réveille malheureusement toujours trop tôt. Pendant que mes colocataires d'un week-end (Jérôme Escape, sa compagne Gaëlle et Julien de Billy Gaz Station) roupillent encore, je profite du bon matin (il est 7H30 !) pour avancer sur ce live report et gérer quelques affaires courantes pour le mag. Il neige dehors et après avoir retardé l'échéance, il est temps d'aller se restaurer dans le centre-ville avant de rejoindre en milieu d'après-midi la salle pour visionner le document de Jean-Phil Apollo Les Disparus de la photo dans la petite salle de la SMAC. Sur un constat de l'auteur (présent lors de la projection et qui ouvrira ensuite le débat avec les spectateurs) selon lequel le rock contestataire et intuitif des années 1990/2000 (et qui a façonné une partie de son identité dans une région marquée au fer rouge par la prédominance de Peugeot) est mort, différents acteurs de tous horizons (programmateurs, musiciens, disquaire) donnent leur point de vue sur leur perception du mouvement (avant, pendant et après). Les échanges qui s'en suivent (en présence de Mr Cu! et d'Eric de la Souris Verte) sont fluides et instructifs, et le pari de réagir et faire réagir est gagné haut la main.

the eternal youth the eternal youth Après cet agréable moment, retour à la musique live avec un nouveau plateau de qualité composé de Supermunk, The Eternal Youth et les $heriff (et toujours Panic Monster entre lesdits groupes). C'est le trio ardéchois qui démarre (avec un petit décalage dans le timing d'environ quinze minutes, Coupe du Monde oblige) et pendant que l'Équipe de France décroche sa qualification en souffrant, Supermunk (composé de Forest Pooky, Bazile et Ben) va régaler son auditoire en présentant un set énergique et non dénué d'humour. Le basse-batterie est solide et offre à Forest une grande liberté dans son jeu de guitare. Je possède tous les disques du trio mais c'est seulement la deuxième fois que je croise le groupe en mode électrique (la première datant de l'été dernier). Forest (qui joue sans lunettes) attire tous les regards avec un jeu de scène complément décomplexé, joue avec son public et enchainent avec toute une série de tubes (le tube de l'année 2018, le tube de l'année 2022 et j'en passe). Pendant un peu moins d'une heure, Supermunk délivrera un set solide, fun et rythmé. Et même l'interlude de Ben qui exécutera a capela un chant italien (permettant à Forest de faire souffler un peu ses cordes vocales). Je me régale à l'écoute des brûlots power punk rock du trio (dont le magique "Hoo hoo hoo" !). Et alors que le set s'achève, Benjamin (qui a remplacé quelques semaines auparavant Bazile à la drum lors d'un Kicking Fest à Toulouse) est invité à jouer le morceau "Burning" et, deuxième surprise, le groupe achèvera ce super concert avec double batterie Benjamin/Bazile en interprétant l'excellent "Monsters". Le premier étant gaucher et le second droitier, la symétrie visuelle de l'exécution du morceau est renversante. Bien joué !!!

Panic Monster enchaîne directement en jouant au milieu de la fosse (déjà bien remplie) et... en cassant directement sa corde de Ré pendant "Alien". Fin du morceau a capela, changement express de corde, enchainement de titres de son premier album, chanson yeux dans les yeux avec une prénommée Aurélie, reprise de Dead Pop Club, et merde, c'est déjà fini ! Et c'est à The Eternal Youth de prendre le relais. Le groupe (qui joue avec des tee-shirts Kicking Records) marquera les esprits de ce Kicking Fest avec un set haut de gamme. Le début de concert fait honneur aux deux premiers morceaux de Life is an illusion, love is a dream (dernier disque en date et chroniqué dans notre précédent numéro) pour un démarrage tout en souplesse et en mélodies. "Back to 1985", "Botox party", et "Mystic tomes", tirés du premier album, s'enchaînent sans compromis puis le reste du show verra une alternance de morceaux des deux derniers efforts, dont le fabuleux et lumineux "Voice from the underground" (restitué à la perfection !), l'entraînant "Sing along" (agrémenté des toms basses de Benjamin Muscu et Bazile Supermunk !) le fantastique "Gone but not forgotten" et l'hypnotique "The worst road to take". Oui, j'emploie sans demie mesure des superlatifs qui peuvent paraître exagérés, mais ils ne retranscrivent que partiellement les émotions que ce groupe me procure. Et Fra a beau traîner une crève depuis une semaine qui altérerait son chant (j'utilise le conditionnel car je n'ai rien décelé de tout ça, tellement la prestation dans son ensemble était bluffante), les cinquante minutes passées avec le groupe de Caen m'a un peu remué les tripes (elle est facile, je sais, mais c'est tellement vrai). Bravo à vous les gars, c'était vraiment chouette !

les sheriff les sheriff Alors que Panic Monster entame son dernier set, c'est l'effervescence sur scène pour le changement de plateau. Les $heriff sont en approche, et le public n'a d'yeux que pour le changement de plateau. Enfin presque, car Panic Monster va lâcher les chevaux et finir en roue libre ses prestations du festival, avec pour feu d'artifice un "I kill for a hot dog" en quatuor avec Guillaume (sonorisateur des Burning Heads), Forest Pooky et votre humble serviteur. Fun. Ultra fun !

Même salle mais autre ambiance. Panic Monster était chaud, mais Les $heriff sont bouillants. Et dès les premières notes de Je veux savoir pourquoi, c'est la folie dans la grande salle de la Souris Verte. Ça saute, ça chante, ça danse, ça braille, ça slamme et surtout, ça s'amuse ! La tête d'affiche de la soirée va régaler un public qui lui mange dans la main. Mais comment pourrait-il en être autrement quand le quintet de Montpellier enchaîne les classiques ("Ne fais pas cette tête-là", "Condamné à brûler", "Les 2 doigts dans la prise" et j'en passe !) et les petits nouveaux extraits du convaincant Grand bombardement tardif ("Ma lumière", "Soleil de plomb", "Du rock 'n'roll dans la bagnole", "Le temps est élastique"). Le tempo m'a semblé un poil plus lent que lors des derniers concerts auxquels j'ai assisté, mais tous les ingrédients étaient réunis pour faire de cette prestation une réussite : gros son, belle énergie, interprétation impeccable. Ça ne date pas d'hier, mais ce groupe est une machine de guerre, et quand on se dit que le groupe ne devait faire que quelques dates en 2014, le quintet a bien fait de jouer les prolongations ! Pas grand-chose à dire de plus, à part que le public venu en masse (compte tenu, qui plus est, de l'actualité footballistique) a apprécié (c'est un euphémisme) et que rock 'n' roll a encore de beaux jours devant lui. Ah, au fait, ça n'a peut-être pas d'importance, mais Nina portait un joli tee-shirt gris Les $heriff. C'est dit.