Hellfest 2015 Hellfest 2015 Mais commençons par le commencement. Il faut poser les bases. Comme d'habitude, je décolle de Nancy le jeudi via un TGV qui m'emmène à Nantes en 4 heures. Mon binôme de cette année, c'est Jérémie, dont tu as pu lire quelques proses dans nos pages à propos de l'album Super modern world des Burning Heads. Nous avons des goûts assez similaires, ce qui nous permettra d'assister ensemble à une grande majorité de concerts et de confronter en live nos points de vue. Je dispose également d'une équipe sur place, composée notamment d'un photographe, l'éminent Christian Ravel dont tu peux apprécier les superbes photos depuis deux ans. Côté chroniqueurs, Benjamin (déjà à mes côtés en 2013) et Bir de l'excellent Wallabirzine combleront nos lacunes quand nous ne serons pas forcément au bon endroit au bon moment. Bref, le décor est planté, l'organisation est faite de bouts de chandelle à base de système de poulies, et c'est frais comme des gardons que nous attaquons cette dixième édition du Hellfest qui ne manquera pas de nous époustoufler, une fois encore.

Car il faut dire que l'organisation n'a pas fait les choses à moitié cette année. Aménagements spectaculaires sur le site, tant en matière de décoration que d'aspects pratiques, améliorations pour le confort des festivaliers (dont le nombre est sensiblement inférieur à l'an passé, ce qui n'est pas une mauvaise chose quand on se rappelle qu'il était difficile d'accéder aux scènes quand les têtes d'affiche envoyaient le bois sur les MainStage), multiplication des points d'eau et des urinoirs, mise en place d'un système de paiement Cashless destiné à fluidifier l'accès aux bars et à la vente des crédits. Sans parler des écrans géants devant les scènes Altar, Temple (aujourd'hui dissociées) et Valley. Bref, tout est fait pour que le festivalier passe du bon temps dans les meilleures conditions possibles, ce qui n'est pas un luxe quand on sait que les journées commencent à 10h30 et se terminent 15h30 plus tard. Je ne pourrai pas te parler du camping, du Metal Corner et du Club réservé aux membres du fanclub, car nous étions logés dans un charmant endroit propice au repos et aux cascades en tout genre. Le beau temps étant de la partie (le soleil tape mais se révèle moins caniculaire que l'an passé), tout est réuni pour passer un bon festival. Et à la fin de ce long reportage, tu vas une nouvelle fois te mordre les doigts d'avoir raté cette édition.

Hellfest 2015 : Body Count Hellfest 2015 : Body Count Vendredi 19 juin

Jérémie et moi-même ne tardons pas à récupérer les bracelets nous permettant, en plus d'accéder au site et d'éviter les files d'attente de l'entrée principale, de se ressourcer à l'espace VIP (beaucoup plus calme à 11 heures qu'à 2 heures du matin) et à l'espace presse. Mais point de mondanités, nous sommes en avance pour assister au premier accord de guitare qui résonnera sous la tente de la Valley. Ah oui, autant te le préciser tout de suite, nous passerons très peu de temps (comme d'habitude) sous les tentes Altar et Temple destinées à accueillir les musiques extrêmes, même si quelques curiosités nous ferons nous arrêter à ces endroits maléfiques. C'est principalement (et presque exclusivement) Bir à qui il reviendra l'honneur et le privilège de te narrer les douces mélodies satanistes et caverneuses des groupes se produisant sous ces tentes. Mais reprenons le fil conducteur de cette journée qui, je te rappelle, ne fait que débuter. Nous décidons de prendre une première rasade de Glowsun pour habituer nos petites oreilles aux musiques dites amplifiées qui risquent de prendre cher pendant ce weekend. Le groupe lillois, qui profite de l'occasion pour saluer les nordistes, a la lourde tâche d'ouvrir le festival sous des sonorités psyché et stoner. Le groupe fait le boulot, mais je ne suis pas vraiment emballé par la prestation. Alors on quitte relativement rapidement la Valley.

De son coté, Bir a débuté le raout de Lucifer avec Necrowretch donnant un large aperçu de son excellent dernier album With serpent courge. Le trio déclouait la pestilence sonique en un set rageur malgré un son brouillon. Malgré tout, Necrowretch honore sa stature et demeure désormais un élément essentiel et primordial au son caractéristique du death old school dans la lignée de Possessed et de Massacra, et je m'en félicitais et ondulais devant la félicité putride pendant la droiture de leur prestation.

Les concerts de début de journée se succédant à une cadence très rapide (les sets durent trente minutes), nous avançons d'un pas soutenu vers la Warzone, scène punk hardcore du festival, une nouvelle fois en plein air et dont l'accès causera (une nouvelle fois) quelques désagréments à des festivaliers qui ne pourront y accéder. Mais à 11 heures en ce vendredi, la voie est libre et j'ai le plaisir d'assister au concert de Lion's Law, véritable révélation de la scène Oï française. Sur les bons conseils de Thomas, batteur émérite des Burning Heads et membre fondateur des « Lions », nous avons décidé de prendre une bonne décharge de Oï envoyée par un groupe qui n'en finit pas de gravir les échelons d'un courant musical qui dispose d'une fan base loyale et dévouée. L'avant dernier album A day will come, est une belle réussite, et la réputation de groupe de scène n'est pas usurpée. La formation parisienne, qui démarre de fort belle manière les hostilités sur la scène de la Warzone, n'affiche aucune retenue, et la bonne humeur régnant sur scène se propage comme une trainée de poudre dans l'assistance. Les solos de guitare (on croirait qu'ils sont joués à un doigt) sont un peu limites, mais l'ensemble est énergique, et après avoir envoyé « For my clan », les Lions tirent leur révérence sous les acclamations du public.

Sous la Valley, The Midnight Ghost Train n'a jamais déraillé son heavy blues puisque les Texans promulguaient à leur brasier sonique la chaleur de son aura devant un public déjà cuit. Aucun garde barrière n'a pu empêcher l'onde fantomatique de leur blues venir fendre les crânes de la scène Valley comme du bois sec.

Hellfest 2015 : Killing Joke Hellfest 2015 : Killing Joke Au même moment, sous la Altar, et agitant avec malice une transe mystique à leur black death psyché, le band Bölzer a abusé de ce philtre de magie noire à un public cloquant sous le joug ardent de la combustion de leur titres tortueux. Le duo assénait une vérité inaliénable dans la rotation de ces boucles rythmiques carnassières, venant lécher de leurs flammes les esprits du public pour les amener diable sait où !

Après avoir pris nos repères du côté de l'espace VIP et avoir testé nos cartes Cashless qui fonctionnent parfaitement (ce qui n'a pas été le cas pour le tout le monde, bien que globalement, le système ait plutôt bien fonctionné pour une première), on refile du côté de la Valley pour le concert de Samsara Blues Experiment. Le cocktail explosif « psyché - drogues - morceaux à rallonge - amplis orange - solo desert rock » fait son petit effet à l'heure du déjeuner (ou de l'apéro, ça dépend). Le chant est envoûtant et très agréable, mais le décalage orgasmique n'aura malheureusement pas lieu. Le moment restera toutefois plaisant, à défaut d'être inoubliable. Bir est presque de mon avis : sur disque il faut avouer que Samsara Blues Experiment, c'est chiant et mou. Sur scène c'est reposant. Le band déploie un matelas bluesy stoner à l'épaisseur consistante, permettant aux êtres lunaires de rêver avec sérénité la tête dans la constellation de Samsara pour des nuits étoilés de rêves bleus. Au point que le set en devient une drogue douce au psychédélisme apaisant.

Jérémie et moi, véritables adorateurs de rock à l'état brut, nous rendons ensuite du côté des MainStages pour se prendre une bonne dose de rock 'n' roll à l'ancienne avec les Anglais de Quireboys. Comme nous sommes un peu en avance, nous prenons en pleine face le thrash hardcore new school de Sylosis qui balance la purée sans retenue aucune sur la MainStage 2. Et même si le frontman arbore un sublime tee-shirt Pink Floyd, les gars ne sont pas là pour chinoiser, et c'est plutôt des uppercuts façon Mike Tyson mélangés à des solos dévastateurs que nous délivre le groupe tout droit venu de Grande Bretagne. Bon, on est vendredi, on est encore indulgents, et même si ce n'est pas ma tasse de thé, j'accorde le bénéfice du doute à ce groupe. Finalement, c'est pas mal de jouer à 13h le premier jour !

Mais revenons à nos moutons et à la première sensation de la journée nous concernant. On ne va pas se le cacher, j'ai tout de suite coché ce groupe sur mon running order sans en avoir écouté une seule note. Il faut dire que Quireboys a compté dans ses rangs un dénommé Ginger qui, après s'être fait virer, ira former ce qu'on appellera les Wildhearts. Bon, c'est bon, tu as pigé ? Les ramifications aidant, je ne pourrai donc pas être déçu à l'écoute de ce groupe (surtout après les insupportables qui ont envoyé quelques minutes avant). Et le contraste est bien là : six anglais d'un âge certain, entièrement dévoués à la cause du rock 'n' roll, balancent avec une facilité déconcertante un classic rock entrainant et sympathique, mais surtout qui sonne de feu de Dieu. Bordel, c'est pas compliqué !! Une intro, un couplet, un refrain qui tue, un solo, et hop, te voilà le roi du monde ! Bien évidemment, les refrains font mouche à chaque fois, comme les Anglais en ont le secret, et même si la voix du chanteur, Jack Sparrow des temps modernes, est un peu rincée, ça déménage, le batteur ultra dynamique aidant, avec un basse batterie complètement en place et les guitares probablement les moins saturées du weekend. Un peu de douceur dans ce monde de métalleux assoiffés d'arbalètes à pointes et autres bracelets de force, ça ne fait pas de mal, hein ? De grosses mélodies, du bon formatage dans les structures, genre « fm », mais le tout super bien exécuté. Les gens avaient l'air d'accrocher, beaucoup d'anciens scandant même les lyrics à fond les ballons. Un excellent moment comme il y en aura d'autres au Hellfest. Bravo !!!

Bir est trop jeune pour apprécier les vieux de la vieille, alors il n'a pas manqué de se pointer à la Warzone pour se chauffer les oreilles : Twitching Tongues a soudé avec le fer encore chaud du HxC acariâtre des 90's le métaux lourd d'un set sensitif et pleinement rageur. Combustion incluse, sensation garantie longue durée.

Aussitôt après Quireboys, ce sont les We Are Harlot qui foulent les planches de l'autre MainStage dans un tout autre style. Place au hard rock avec une pincée de heavy metal. Pied de micro à la Aerosmith, voix à la Aerosmith, micro casque pour le batteur au look digne d'un mélange de Vince Neil et Tommy Lee (ouais, je te rassure, c'est étrange). C'est classique, relativement efficace, mais finalement rapidement agaçant. La bonne excuse pour filer, nos nouveaux amis s'appellent Truckfighters sous la Valley. Vite, fuyons, euh. courrons !!

Voilà un band qui m'avait vraiment branché il y a deux ans. L'ami Jérémie est un peu sceptique mais finalement assez curieux de voir ce groupe dont tout le monde parle. Et autant être clair, direct et concis, ce concert a fait pschiiit. Car la sauce n'a pas vraiment pris. Son brouillon, grosse énergie du guitariste sur scène, mais l'ensemble ne s'est finalement pas révélé vraiment enthousiasmant. C'est pourtant le genre de groupe que j'aime en live, mais là, ce n'était pas vraiment ça. Bon, bah tant pis.

Hellfest 2015 : KoRn Hellfest 2015 : KoRn Bir est au même moment sous la tente des méchants, quoique.Shape Of Despair a fait le lit d'une ode au funeral doom, et en ni une ni deux la lourdeur soporifique de leur musique mortuaire faisait reposer les âmes en feu du Hellfest. En fait, en creusant un peu le sujet, le terme atmosphérique qui pourrait correspondre à leur élévation passionnelle pour le trou d'une sépulture s'avère bien trop léger pour eux. Je pense en outre que ce groupe a forcément de la parenté avec le marchand de sable, plus qu'avec le fossoyeur Pierre Tombale en tout cas.

On file en direction de la Warzone pour assister au concert de Defeater. Charmant comme non, n'est-ce pas ? Je n'en attendais pas grand chose, et finalement, ce combo hardcore melo tout droit venu de Boston m'a fait le plus grand bien. Je ne suis pas un grand connaisseur et aficionado de cette scène un peu poussive pour moi, mais le son mastoc fera la différence. Le hardcore envoyé sur Telecaster est sombre et lourd, un hardcore exécuté avec rage et passion. Le frontman vit son concert à fond, et son attitude est vraiment impressionnante. Les mélodies sont saisissantes et poignantes, et ce concert sera vraiment percutant. Belle découverte donc.

Au même moment, Bir est devant la Mainstage1 (dingue !!!) pour Armored Saint : la venue de ce groupe culte de heavy métal ricain des 80's, avait suscité en moi un émoi nostalgique suffisant pour faire fondre dans la masse des gens de mon espèce toute l'époque de l'acier trempé d'un heavy épique pour en forger la lame de fond envers un culte inaliénable. Mais avec l'aplomb de la tour de Pise, le groupe s'est avancé jusqu'à nous pour nous proposer timidement le souffle de Belzébuth sans pour autant discourir sur sa féconde malice musicale. Le chanteur John Bush (ex-Anthrax) a fait le job de part sa présence scénique, et le groupe a fait un show très professionnel permettant de mettre en avant le suc hard rock de leur dernier album sans saveur. Bref, on s'est fait chier.
Du coup, Bir a enchaîné sous la Valley avec Orchid. Amplificateur orange, cheveux long et barbe épaisse tel fut le triptyque visuel du groupe. Pour la musique, c'était Black Sabbath comme vision nocturne et Led Zep pour le psychédélisme 70's. Un set de revival heavy rock, constellant ce doom 2.0 que les nouveaux adeptes du chanvre hippie apprécient dans leur quête du bien-être intérieur. Si c'était passéiste, cela n'en restait pas moins très bien interprété, avec de quoi faire revivre une époque à tous ceux qui n'avaient pas eu la possibilité de la vivre.

On s'accorde une petite pause pour reposer les oreilles et recharger les batteries autour d'une boisson fraîche, et on en profite pour prendre quelques rasades de Billy Idol. Le festival a beaucoup communiqué sur la venue de cette légende vivante, et il est ainsi étonnant de retrouver le pionnier du punk rock à l'heure du goûter. Mais qu'importe. C'est donc sous un soleil de plomb (mais moins agressif que l'an passé) que le Britannique envoie ses classiques sans broncher, comme « Dancing with myself » ou « Rebel yell ». La justesse du chant n'est pas la qualité première du bonhomme cet après-midi, mais pour le reste, l'orchestre assure au maximum. Les connaisseurs ont vraiment apprécié, et le retour aux affaires de l'ami Billy en France a été une réussite.

La chaleur accablante de ce vendredi saint permettait de se mettre dans le bon mood pour la venue de Melechesh sur la scène Temple. Leur death oriental possédé par des thèmes mésopotamiens et sumériens accomplissaient le Graal d'entendre des sourates maléfiques sur des arabesques hébraïques morbides. Cette litanie des offices deathaliques n'avait pas d'équivalence en terme de persécution, leur groove était imparable, leur set éblouissant comme mille et une nuits d'occultisme.

Bir a de nouveau fréquenté les hautes sphères des scènes insupportables. Connaître la Vérité totale dans le craquement malsain du death métal de Dying Fetus entre cassures puissantes et mélodies sous-jacentes avaient de quoi perturber les mâles. Car c'était un condensé de haine mortuaire capable d'asservir son public à l'état d'eunuque.

Au même moment, il était temps pour Jérémie et votre serviteur de retourner sous la Valley pour le show de High on Fire. À peine le premier morceau envoyé que mon camarade me souffle à l'oreille : « Enfin de la guitare !! » Tu m'étonnes ! Pour le coup, on est servi, et qu'on évoque le son, les lights ou le groupe lui-même, un point commun : ça BOURRE !!! High on Fire, c'est le mix explosif de stoner, de thrash et de violence. Tu vois le tableau, n'est-ce pas ? La puissance du groupe est phénoménale, je suis scotché par la prestation des musiciens qui ne font pas semblant en envoyant des uppercuts à tout bout de champ à base d'une batterie motörheadienne, d'une basse massive et percutante, et de guitares grasses et lourdes. La bande de Lemmy a enfanté d'immondes rejetons, et High on Fire est l'un de ses plus beau ba(s)tards. Cardiaques s'abstenir, on tient là l'un des grands moments du festival. Ni plus, ni moins ! Jérémie n'est pas vraiment de mon avis, lui qui a trouvé le son dégueulasse. Pour avoir vu le groupe en live à Nancy il y a dix piges, il n'a reconnu que le look horrible des musiciens, géants barbus mal peignés.

motörhead, parlons-en. Un de mes groupes préférés est à l'affiche du premier jour du festival, et malgré, une nouvelle fois, l'heure précoce dans cette journée (peut-être demandée justement par le groupe ?), je ne rechigne pas à le revoir sur scène. Mais après mûre réflexion, est-ce bien raisonnable ? Compte tenu de la prestation poussive à laquelle j'ai assisté à Colmar l'an passé, j'ai vraiment pensé, en quittant la Foire Aux Vins, que c'était la dernière fois que j'assistais à un concert de motörhead. Et puis non, ils sont encore et toujours sur la route. J'aime à penser que Lemmy est un passionné et qu'il donnera sa vie au rock, je crains d'être déçu, d'autant plus qu'il y a encore quelques jours, le groupe a donné une prestation désastreuse dans un festival suisse ou allemand (oui, enfin, c'est presque pareil). En attendant, on patiente devant la fin du concert de Sodom, les rois du thrash metal allemand. Remplaçant Anthrax quasiment au pied levé (d'ailleurs la copine de Scott Yann se pavane du côté du VIP avec un joli tee-shirt de son groupe Motor Sister, qui n'est autre que l'excellent cover band de Mother Superior, avec dans les rangs Jim Wilson, guitariste de. Mother Superior !), le groupe teuton délivre une prestation en mode rouleau compresseur, avec de la vitesse et de la violence. Même si je préfère Kreator (qui avait tout défoncé il y a deux ans au même endroit), Sodom a le mérite d'être ultra en place, avec des guitares incisives croisant un basse-batterie renversant. Qu'on aime ou pas, on ne reste pas indifférent devant ce déferlement de riffs !

Et voici donc le temps de retrouver Lemmy and Co. Beaucoup de festivaliers, fans de la première heure, amateurs de rock 'n' roll et jeunes imberbes en mal de sensations fortes se sont massés dans la MainStage pour assister au show du trio britannique. La setlist que va dérouler motörhead est invariable de festival en festival, et c'est l'énorme « Shoot you in the back » qui ouvre le bal après que Lemmy ait lancé son classique « We're motörhead. ». S'ensuit « Damage case », « Stay clean » et « Metropolis » joué à un tempo réduit. Mais la formation va lâcher les chiens méchants avec un énorme « Over the top ». Fatigué ou pas, Lemmy Kilmister en impose par son charisme, et même si l'homme a tendance à trembler quand il boit sa bouteille de San Pelegrino (tout fout le camp !), c'est quand même bon de voir sur scène une légende qui a posé les bases du speed rock. Après le traditionnel solo de Phil Campbell, le groupe enchaîne encore quelques classiques (dont le fabuleux « Lost woman blues » issu du non moins excellent Aftershock) avant l'époustouflant solo de batterie de Mikkey Dee qui en impose en plein milieu de « Doctor rock ». La fin approche, le groupe balance un « Ace of spades » laborieux et un « Overkill » dévastateur et tire sa révérence sous les acclamations du public. Bilan ? Le groupe a certes perdu de sa superbe en matière de tempo et de rage, mais ça reste toutefois un band excitant et surtout l'une des dernières formations en activité qui ont posé les bases de la musique que l'on aime tous, et rien que pour ça, motörhead mérite notre respect.

Bir a préféré ne pas se faire de mal et traîner du côté de la Warzone. Les Belges de Oathbreaker ont remplacé le combo Trap Them, et c'était tant mieux. Leur HxC irascible à la Converge cajolait une amertume sonore aussi sèche qu'avec les nerfs à vif. Cela dénotait tout particulièrement sur la scène de la Warzone beaucoup plus sensible à l'alternance HxC/Punk du lieu. Le contraste entre fureur et quiétude de leurs atmosphères versatiles amenait morbidité dérangeante et oppressante. Si nous n'avons pu voir le visage de la chanteuse avec sa tignasse devant, sa prestation vocale, tout comme son attitude aphasique, auront pourtant apporté à sa prestation une valeur ajoutée de mystère, amplifiant l'impression ahurissante d'avoir assisté à un set unique.

Quoi de neuf sous la tente Altar ? Bon sang, Bloodbath est encore arrivé couvert d'hémoglobine pour nous impacter avec son Swedish Death des familles. Ce fut un set ultra concis, percutant, renouant avec l'univers glauque et morbide de la discographie du groupe où chaque note suinte la mort. A chaque titre c'était de plus en plus étouffant, comme une forge dans les poumons, cicatrisant une brûlure calorifique d'une émotion dont on aura du mal à éteindre l'incendiaire.

Le soleil a décidé de nous laisser respirer en ce début de soirée, histoire de reprendre des forces pour mieux recogner le lendemain, et c'est d'un pas léger que je rejoins la Valley pour le concert d'Envy. Envoutant, chiant, hurlant, fais ton choix camarade. Les puristes auront certainement pris une bonne baffe devant la petite heure de concert du groupe japonais. Pour ma part, j'ai assisté au concert peinard, allongé dans l'herbe et finalement, cette position stratégique s'est révélée idéale pour que j'apprécie les morceaux aux longues intro précédant des explosions électriques percutantes et parfois émouvantes. Les rois de l'émocore ont ravi un public nombreux sous la Valley, et même si j'ai préféré l'intensité du concert de Defeater, Envy a fait sensation au Hellfest. Jérémie, en fin limier de l'emo screamo en tout genre, a lui aussi son avis sur la question : j'ai vu le groupe il y a 10 ans dans un club nancéien et je dois dire que j'avais trouvé ça bien plus cool. L'album sorti en 2001, All the footprints you've ever left and the fear expecting ahead, m'avait bien plu de par son originalité (chant en japonais, quelques touches hardcore.) mais j'avoue qu'après celui-ci, j'ai lâché complètement le truc. J'ai tout de même reconnu un ou deux morceaux de cet opus, bien exécutés au demeurant. Pour le reste, c'était dans la même veine. Ça fait toujours plaisir de (re)voir en concert des mecs complètement intègres, qui continuent de jouer leur zic avec leurs tripes en y croyant toujours. Je suis resté sur cette impression, avant de filer avec mes potes qui m'attendaient sagement 50 mètres plus loin, pour d'autres aventures sonores.

Car oui, c'est une habitude en ce vendredi, on bouge nos popotins directement vers la Warzone pour prendre une respiration punk rock bien méritée. Peter and the Test Tube Babies est dans la place, et à peine sur scène, le groupe pose les bases de l'ambiance qui découlera de ce show rafraichissant et enthousiasmant « Sur le pont d'Avigon, alouette, alouette » s'amuse à chanter en français dans le texte le bassiste, visiblement content de sa bonne blague. Peter and the Test Tube Babies, c'est juste le condensé d'un groupe punk rock dans la tradition '77 avec un son et des chansons qui n'ont pas vieilli. Les gars sont détendus, mais je pense qu'il ne serait pas bon d'aller chercher la bagarre, si tu vois ce que je veux dire. Le groupe, précurseur de ce que sera le mouvement musical Oï (notamment par l'intermédiaire de l'ultra dynamique « Banned from the pubs »), a plus d'un tour dans son sac pour mettre le public dans sa poche. Le batteur s'envoie des grands verres de rouge entre les morceaux, ça ricane sur scène et ça balance des brûlots qui trottent directement dans la tête, à base d'hymnes à boire et d'humour totalement british. Un excellent moment !

Bir n'est pas venu à Clisson pour enfiler des perles, et en bon connaisseur de crapuleries en tout genre, il est parfois dans les mauvais coups : Je vous l'annonce avec foi, Craddle Of Filth n'est pas le mal absolu, c'est juste un train fantôme dont on vient de refaire les peintures. Pourtant depuis le temps que ce groupe se fait cracher à la gueule, leur conviction en leur art fut une sentence. Le groupe a démontré son extase du pseudo-savoir pérenne, chantre de l'ésotérisme de la Hammer et du théisme douceâtre sur fond noir lugubre et tellurique à glacer le sang. Dani Filth a enfoncé le crucifix du romantisme comme art mortuaire jusqu'au fondement de sa prestance. Le concert s'est éteint comme une bougie, la mémoire de ce désir de communion s'effaça, et il ne restait plus alors que la violence du manque à l'état brut.

On décide d'aller prendre l'apéro pendant Alice Cooper mais on ne perdra pas une miette de la prestation visuelle du fantasque et théâtral américain. Côté visuel, bien sûr, ça assure un maximum avec trois guitares dont une nana complètement déchaînée, un bassiste sortant tout droit d'un film d'horreur et un batteur démonstratif. Le décorum est de la partie, les artifices également (lancer de dollars, camisole, pyrotechnie, guillotine, infirmière morbide, bref, tout l'attirail du champion). Visuellement, même en plein jour, c'est parfait. À tel point qu'on en oublierait presque la musique. Presque, car le classic rock d'Alice Cooper fait mouche devant un parterre de fans conquis. Le grand Alice ne ménage pas ses efforts et délivre un concert énergique, pour le plus grand plaisir des festivaliers présents en masse devant la MainStage.

Le jour commence à tomber sur Clisson, et j'ai du mal à traîner mon acolyte sous la Valley pour le show de Mastodon. Il faut dire que Jérémie craint d'assister à un concert d'un groupe qui, à ses débuts, partait un peu dans tous les sens. J'arrive à le convaincre d'aller mater un ou deux morceaux, et finalement, j'aurai du mal à retenir l'enthousiasme de mon camarade à la fin du concert du génial groupe américain. Nous avons ainsi assisté à la deuxième moitié du concert, et nous regrettons amèrement de ne pas avoir vu l'intégralité du groupe de Chicago. Car en plus du mur de son et des lights absolument sensationnelles, c'est la qualité technique des musiciens qui est à souligner. Les voix sont impeccables (ce qui n'est pas toujours le cas), l'exécution des titres est impressionnante, et la surpuissance du combo est tout simplement irréelle. La moitié du set que nous avons entendue (et vue) est tout simplement irréprochable, et pour ma part, Mastodon, c'est comme le bon vin : ça s'affine en vieillissant. Au contraire de leur look de merde. Mais qu'importe ! Chapeau bas !

Nous retrouvons un peu de lucidité pour rejoindre la Warzone et les excellents Cock Sparrer. Encore une fois, un groupe anglais formé dans les années 70' (1972 plus exactement) avec un son puissant. La folie du concert de Mastodon n'aidant pas, on est forcément moins indulgent quand les musiciens ne sont pas forcément « carrés » ou que les voix ne sont pas toujours justes, mais les morceaux à trois accords barrés et le « poum tchack - poum poum tckack » de la batterie suffisent amplement à notre bonheur. Chaque titre envoyé par les Cock Sparrer (putain, 1972) est un hymne à la fête et le public l'a bien compris. Pour synthétiser, c'est du Toy Dolls core. C'est simpliste mais ça a le mérite d'être net et sans bavure. Et quand l'accent typiquement anglais se mêle à tout ça, on ne peut être que ravi !

Hellfest 2015 : L7 Hellfest 2015 : L7 Le Hellfest, c'est six scènes et six ambiances. Et ça se vérifie à merveille quand, en quittant le punk joyeux des Cock Sparrer, on avance de quelques dizaines de mètres et on prend en pleine face le heavy metal clouté et cuiré de Judas Priest. J'aime beaucoup l'album Painkiller, mais le groupe ne m'a jamais plus excité que ça. Alors je regarde d'un œil distrait la prestation du groupe pendant que nous nous faisons accoster par une demoiselle nous payant des bières et des clopes menthol sans qu'on ait compris quoi que ce soit. Finalement, ça fait passer le temps, et j'en retiens un concert qui ne m'a pas fait rêver, exception faite du morceau « Painkiller » envoyé avec une violence certaine. Bisous Rob et merci. Le bon Bir était également dans les parages et son avis est toujours bon à prendre : Les pépés de Judas Priest ont ressorti les clous, le cuir, et l'audace de leur heavy saillant since 1968 tout de même. Mais voilà, si Rob Halford est encore capable d'enculer quiconque avec son retour vocal, la bécane chromée de Judas pointe des hymnes indubitables mais aussi un essoufflement typique de cette génération qui souhaite mourir sur scène comme Herbert Léonard.

Bir n'est pas en reste, et bien que le soleil soit couché depuis un bon bout de temps, il préfère s'abriter sous les tente Altar et Temple, et ce pour la bonne cause ! La précision chirurgicale de Meshuggah n'aura pas surpris les fans de bistouris sonique tant leur concert fut Kolossal. Au point de ne pas être ressorti indemne des boucles rythmiques au groove terrassant et aux formules corrosives poussées à leur paroxysme par les Suédois.

Tout de suite après, la fusion jazz métal indus de Shinning a permis de finir en beauté cette première journée. Décuplant leur sens des mélodies à la plastique irréprochable, les Norvégiens ont jugulé à l'ensemble de leur concert une électrisation aliénante, ultime de bout en bout avec l'apport de nouveaux titres catchy et parfaits. Ce fut un set rageur à en hurler la témérité éclatante et la pleine puissance le restant de la nuit.

Les affreux guignols de Slipknot vont prendre possession de la MainStage 2, et il faut trouver n'importe quel subterfuge pour s'éviter un calvaire superflu après une grosse journée de concerts. On ne change pas une équipe qui gagne, alors on se précipite (enfin on traîne des pieds, fatigue aidant) à la Warzone pour le concert des Dead Kennedys. Évidemment, point de Jello Biaffra mais une formation culte qui vaut le coup d'œil. Pour ne rien te cacher, ça sera vite fait car le groupe est un peu trop à l'ancienne à notre goût. Musicalement, ça ne joue pas forcément ensemble. Soit. Mais les gars sont surbourrés sur scène. OK. Les gars, vous nous excuserez, à 11H30 du matin, on aurait certainement rigolé, mais à 1 plombe du mat, c'est beaucoup moins drôle. On écourte la plaisanterie de mauvais goût, et pour la double peine, on passe obligatoirement devant Slipknot. Mais je me demande, à cette heure tardive, qui étaient les vrais clowns.

On va se réfugier du côté du VIP, on sirote un bon verre bien frais et on plie les gaules avec Christian. Le temps de débriefer et de rigoler un bon coup qu'on retrouve notre lit douillet pour une nuit bien méritée. Et surtout pour recharger les batteries pour le samedi qui s'annonce gargantuesque !!!

Samedi 20 juin

La journée s'annonce parfaite : une programmation exceptionnelle, un ciel bleu au rendez-vous et de la bonne humeur au sein de notre équipe. Sauf qu'une mauvaise chute dans un escalier de bon matin viendra quelque peu entamer mon enthousiasme pour le reste du week-end. Quelques éraflures et bleus plus tard, nous démarrons doucement la journée avec Butcher Babies sur la MainStage. Groupe de metal core sans intérêt, hormis deux chanteuses pulpeuses aux cheveux rouges et bleus, la formation balance une musique violente que je trouve digne de désintérêt. À la rigueur, les prépubères avides de voyeurisme en tout genre pourraient baver devant la plastique avantageuse des chanteuses/hurleuses, mais il est midi et nos fameux prépubères n'ont pas encore cuvé les deux whisky coca ingurgités la veille sur le camping, alors.

Mais avant ça, Bir a déjà attaqué la journée à la fraîche. Tu peux prendre ta respiration, car il n'y aura pas de temps mort :
- du djent comme ptit dej avec les frenchies de Deep In Hate, j'ai dit oui. Le groupe a remonté les cerveaux de traviole du public engourdi façon crabcore. C'était frais, énergique, et les danseurs de la fosse étaient en mode compétition de Krav Maga à la fin.
- la lourdeur musicale du combo Machete devant un public égaré dans cette vallée infernale fut aussi tellurique que légataire de ce stoner doom envers la scène NOLA : lourd, percussif, bilieux, terrassant.
- la torture sonore que le groupe Cock Ball And Torture a infligé à mon camarade mérite un séjour longue durée dans une unité de soin palliatif pour un set linéaire de grind, normal quoi !
- sur la Mainstage 1, les transalpins de Giuda ont amené leur glam/pub rock'n'roll avec le sens racé de l'élégance italienne, claquant sans interruption des titres catchy au mérite d'une attitude modeste. La simplicité était ici au diapason d'un éclat naturel par une dose de rock'n'roll qui a fait bouger du cul, lever les bras et afficher des sourires en résonance à cette musique binaire, mais Ô combien jouissive.
- sous la Valley, en seulement trois titres, Elder et son mélange de doom/stoner/grungy a jointé une attitude réservée pour un concert sans fioriture, sans panache, pas inabouti. Groupe attendu comme le messie, groupe vénéré par le gratin journalistique, et bien chou blanc même si la mauvaise foi était indubitable pour l'invisibilité du trio. Pour finir j'ajouterais même que le règne de la frustration que chérisse tant les mélomanes de ce groupe, resserre le nœud coulant de leur masochisme aiguë à cette musique en trompe l'œil et bourre-couillon.
- Der Weig Einer Freiheit, c'est du post-death et rien qu'avec le nom du groupe tu as des poussées d'urticaire géantes. Alors c'est comme du post-rock mais avec du death, du black, bref un truc de progressiste à la science infuse. Donc possédant diverses atmosphères et contrastes à la faculté versatile, avec mention passable. Passant du tube à essai au microscope je peux vous annoncer que c'était aussi déstabilisant que pénible.

Retour au présent. Tu connais mon amour pour le death et le black metal. Tu connais également mon attachement aux scènes Altar et Temple. Donc tu auras vite déduit que ne suis pas attiré tel un aimant par ces lugubres endroits où se côtoient des groupes trop extrêmes pour ma petite personne. Mais en scrutant attentivement le running order, je me suis promis d'aller assister au concert d'un groupe rien que pour son nom : Prostitute Disfigurement ! Oh putain, je voyais déjà le backdrop malsain, avec des filles de meurs légères sur scène en train de se faire défigurer par une horde de barbares. J'en salivais d'avance. Mais (mal)heureusement, j'ai été déçu. Point de sacrilège sur scène, pas de vulves pendues aux guitares, "juste" un groupe de grind qui balance la sauce sans se poser de question. Contrarié (ou rassuré), je ne resterai pas la moitié du premier morceau. Dur retour à la réalité.

Sous la Valley, les vêpres soniques de Monarch nous plongèrent dans les limbes de la magie noire la plus fantomatique, déposant ses parures de chandeliers dans un décor spectral. Leur set a apporté en début d'après-midi aux noctambules la vision nocturne du chat, grisée par l'ivresse d'une multitude d'émotions capiteuses, au venin le plus noir. L'envoûtement était d'une pureté absolu même si certains festivaliers méconnaissaient la fragrance capiteuse des Bayonnais et avaient du mal à être ensorceler de prime abord, la distance s'est réduite pour une fin de set où l'obsession de ré-entendre le charme de Monarch suscitait des vocations.
Cinquante minutes plus tard au même endroit, Bir éprouvait la même satisfaction au milieu de ses semblables à trouver que le doom psychédélique de The Wounded Kings était bien interprété mais tourna en rond, mais autour de quoi ? De cela, il en cherche encore le secret...

Hellfest 2015 : Mastodon Hellfest 2015 : Mastodon Avant le début d'une série de concerts qui vont sublimer notre journée, nous prenons encore une salve de metalcore moderne et assez lourd. Motionless in White est aussi froid sur scène que sa musique est ennuyante. Les relents électro font penser à Marilyn Manson (qui se produira sur la même scène 12 heures plus tard), et on « subit » tant bien que mal ce groupe de Pennsylvanie. Hey les gars, ne restez pas trop au soleil, le maquillage va fondre !

Mais l'attente valait le coup, car voilà l'un des grands moments du festival qui se profile sur la MainStage 1. Avec The Answer, quatuor anglais/irlandais, je sais pertinemment qu'on va se régaler, et l'entrée des musiciens aurait fait pâlir mon ami Matgaz : à peine monté sur scène, le guitariste balance un solo du feu de Dieu ! Oh putain, on y est, nous voilà récompensés de notre amour pour la musique qu'on appelle le rock 'n' roll. Car The Answer n'est ni plus ni moins qu'un groupe de rock 'n' roll comme je les aime : son de guitare chaud et surpuissant, attitude positive, gros basse-batterie, entre un AC/DC mid tempo et un Led Zep au niveau de la voix. Bref, tu as capté le délire : hard rock bluesy, en mode cheveux longs bien peignés, chemises bien repassées et futal « pattes d'eph' » sur bottines bien cirées !!! Bref, 70's style ! On se régale pendant les quarante petites minutes de concert envoyées par de bons musiciens passionnés et passionnants. Le chanteur use et abuse du frontstage pendant que le guitariste enchaîne les riffs tous aussi inspirés les uns que les autres. À tel point que le vocaliste ira terminer son tour de chant dans le public. Des super morceaux, bien construits, un set homogène, une attitude plus que parfaite, bref un super gig. Applaudissements soutenus et mérités pour un très bon moment passé en compagnie d'un groupe qui n'a pas inventé l'eau chaude mais qui fait transpirer un style chaleureux et impeccable !! Bravooooo !!!

Le soleil tape, et avant d'enchaîner quelques concerts sans interruption, on s'autorise une pause bien méritée (et accessoirement un break pour reposer mon dos en mauvaise forme). Il est environ 15 heures quand nous reprenons place devant la MainStage 1 pour accueillir le Grand Ace Freley, oui, Ace le magnifique, guitariste originel de Kiss et tricoteur de manche hors pair. Le backing band a été recruté dans les bas fonds de New York, les zicos ayant de vrais looks de loubards ou d'acteurs de films d'épouvante. Les gars sont rincés, mais envoient le rock comme jamais. Ace fait le boulot sans en faire des caisses, laissant le soin à son compère six cordiste d'asséner des riffs percutants pendant que Monseigneur balance des chorus tout droit venus de l'espace. Parlons-en tiens ! Space invader, dernier opus du groupe, est à l'honneur du show, et le travail des chœurs est vraiment bien fait. Et même si Ace ne dispose pas des artifices de Kiss (loin de là !), l'explosion d'un de ses micros de guitare avec une fumée en sortant sans interruption jusqu'à la fin du concert fait son petit effet ! Encore une belle leçon de rock 'n' roll par un monstre sacré du genre !

On assiste à la fin du concert Ace Freley devant la MainStage 2, car il va s'y dérouler un concert que j'attends depuis plus de dix ans. Car depuis ce jour d'automne 2004 où Velvet Revolver s'est produit au Bataclan, je suis tombé follement amoureux de Backyard Babies, groupe ouvrant ce soir-là. Si tu ne connais pas ce band à la réputation de bête de scène, je te conseille fortement l'album Live live in Paris qui est une succession de tubes et de fureur. La reformation du groupe suédois est pour moi un petit évènement, et je me réjouis d'avance de la puissance sonore qui va découler de ce concert. Backdrop tête de mort, disposition des amplis en mode « bancal », tout s'annonce pour le mieux dans le meilleur des mondes. Après un « Welcome to the jungle » balancé dans la sono, le quatuor se pointe avec la rage au ventre sur le son de l'énorme « Th1rte3n or nothing » tiré de son nouvel album à paraître cet été. Jérémie s'inquiète du « petit » son sortant de la façade, mais je le rassure en lui expliquant que ça permet au sondier de faire son mix tranquille et qu'il montera les potards sur les prochains titres. Ni vu, ni connu. Sauf que ça n'arrivera jamais, et Backyard Babies jouera (volontairement ?) à moyen volume. J'ai du mal à capter le pourquoi du comment, mais c'est comme ça. Dregen a pris un coup de vieux et semble quelque peu agacé par le son sur scène, mais le groupe assure à fond en balançant ses tubes tels que « Highlights », « The clash » et l'énorme « Brand new hate » sans omettre d'envoyer le génial « Star war » coécrit avec Ginger Wildheart. Ce groupe est tout juste génial, et Fab Justin(e) / Ultra Vomit qui nous a rejoints pour assister au concert ne me contredira pas. Seulement, j'ai bien l'impression que le groupe n'attire pas les foules, et c'est bien dommage, car Backyard Babies a donné une belle leçon de rock 'n' roll, encore et encore. Et alors que le groupe a quitté la scène, il s'empresse de revenir pour un rappel improvisé et ainsi balancer un très bon « Minus celsius » tout en puissance. Pas d'artifice, juste une bande de gars ayant beaucoup écouté Guns N' Roses et motörhead et qui transpirent le rock. Tout ce que j'aime !

Pendant ce temps, Bir squatte sous la Valley pour le concert ASG : je m'attendais à prendre la sauce d'ASG comme un tsunami thaïlandais et bizarrement, ça a fait pschitt. Le rendu sur scène n'est pas du tout identique à la saturation démentielle qui siège sur leur disque. Le combo a fait un set poussif, de professionnel de la profession et se contenta uniquement de cette conscience étant dans cette posture idéale dont bénéficie l'accueil tout acquis à leur cause du public de la Valley.

Retour aux Mainstages. Le concert achevé, ça enchaîne direct du côté de l'autre MainStage, et trop occupé à voir et écouter Backyard Babies, je n'ai pas pris conscience qu'Airbourne allait envoyer juste après. Conséquences : le sondier du groupe a inversé la tendance et mixe ultra fort le quatuor australien, et il est impossible d'obtenir une place correcte pour assister au concert, une marée humaine venant de se former devant et aux alentours de la MainStage 1. Il faut dire que Airbourne est un groupe de scène, et chaque concert est une performance ainsi qu'une expérience dont on ne sort pas indifférent. Cela fait plus de deux ans que le groupe écume tournée sur tournée depuis la sortie de Black dog barking, et « l'habitué » des concerts du groupe australien ne sera pas perdu aujourd'hui : grosse présence du guitariste chanteur, gimmicks identiques (canette de bières) et riffs bastons. C'est juste énorme, si, bien entendu, on n'est pas trop regardant sur l'originalité du style. Sauf qu'une fois n'est pas coutume, le groupe va subir les désagréments d'une panne de courant dont il ne se rend pas immédiatement compte. J'en connais quelques uns qui ont dû transpirer en attendant que les enceintes recrachent du rock. Le groupe semble s'en amuser, et même si la plaisanterie s'éternise, le groupe ne se refroidit pas et une fois le jus revenu, c'est reparti comme en 40 et ça enchaîne les tubes à foison. Outre l'aspect musical, je reste pantois devant une telle énergie déployée à chaque concert par les quatre membres du groupe. Une machine de guerre qui mérite le respect.

Pendant ce temps, il se passe d'autres choses sur le festival. Heureusement que Bir a une bonne mémoire ! Le death'n' roll de Desultory à la Entombed style a saturé de son pouvoir assujettissant une musique irrépressible et charmeuse à s'infliger des sévices corporels tellement ce fut parfait.

Puis, sous la tente Temple, c'est le drame : mais merde à la fin, quelqu'un va-t-il pouvoir m'expliquer cette mode pour la pagan elfique musique tel que le groupe Finntroll l'a copieusement interprété tel un Patrick Sébastien des bois ? Attends, c'était noir de monde, les gens jubilaient au son du biniou, le pit était en fête comme au temps d'Astérix, what the fuck ? Ce groupe est aussi subtil qu'un Jean Marie Bigard au stade de France, et le comble, c'est qu'il souhaite nous faire croire qu'il est cool !

Hellfest 2015 Hellfest 2015 Après la folie Airbourne, nous prenons un peu de recul et cherchons une part d'ombre pour nous reposer un peu avant les deux prochains concerts que nous ne voulons louper sous aucun prétexte, le tout en élaborant un plan d'attaque aussi infaillible qu'efficace. Nous profitons du gazon clissonnais pendant que les filles de L7 délivrent un set honorable. Bir en parle de fort belle manière : la reformation des chipies de L7 je l'ai prise avec bonheur, tant ce groupe a eu un impact décisif à ma construction culturelle. Pour ce fait, on a autant d'espérances que de craintes à les revoir après une telle pause. Mais avec leur bordélique set les Américaines m'ont baignées dans les 90's avec la saveur d'en émettre la résurgence idéale. Enchaînant à bâton rompu leurs tubes dans la centrifugeuse d'un rock bien gras, heavy, épais, avec la folie d'envoyer la purée de manière bien plus musqué que la plupart des groupes de barbus siégeant en se tapant le torse dans leur garçonnière. Les femelles étaient aussi majestueuses que dans mes souvenirs, un poil à côté aussi mais cela faisait indéniablement partie du charme de leur capharnaüm musical, et c'était vraiment génial.

Pendant le concert des filles de L7, je suis interpellé par la dégaine de deux blacks tout droit sortis de Farmington, quartier imaginaire de Los Angeles inventé par le créateur de The Shield. Les deux individus (un homme et une femme) haranguent la foule en montrant une pile de casquettes. Je repère le manège et décide d'aller voir ce qui se passe. Il s'avère que le couple propose à la vente sauvage des casquettes brodées de Body Count. Quel merdier ! Fuck the system, même en jouant dans un festival, le groupe use des réseaux parallèles pour dealer son matos ! Nos esprits se connectent, et Jérémie a bien compris que nos réputations de gangsta vosgiens prendront encore plus de crédibilité en portant fièrement ces couvre chefs qui, bonus, nous protègerons du soleil. Teuil Teuil 88 n'a qu'à bien se tenir ! On dégaine nos biftons et nous voilà les rois du monde. Cette casquette nous rend immédiatement plus crédibles au milieu de ces affreux tatoués aux vestes à patches délavées et aux barbes dégueulasses imbibées de bière. Merde, je vous avais dit que cette squette-ca rendait fou !

Mais reprenons nos esprits, car il va falloir se préparer à se prendre une grande claque dans la gueule par celui qui, à lui seul, justifie de traverser la France d'Est en Ouest. Je veux bien sûr parler de Slash. Accompagné de ses fidèles compagnons Myles Kennedy et ses conspirateurs, le six-cordiste de légende va fouler pour la troisième fois la scène du Hellfest, et j'en salive d'avance. Je ne vais pas te faire le coup à chaque fois et te rappeler que ce mec a bercé mon adolescence et que je voue une véritable passion à ce type au parcours quasi sans-faute, mais j'ai toujours les poils qui s'hérissent quand le guitariste chapeauté balance son premier accord. En tournée européenne pour défendre l'excellent World on fire (chroniqué dans un précédent numéro de ton zine fétiche), le groupe présente une setlist type de festival, et comme j'ai déjà feuné sur les Internets, tel un renard du désert, quelques prestations du groupe en festival, je connais déjà la set list par cœur. Le groupe débute le concert avec l'excellent « You're a lie » et enchaîne direct avec « Nightrain », cover des Guns 'N' Roses dont il reprendra quatre titres. Car même avec deux albums au compteur, Slash, arborant fièrement un tee-shirt motörhead, contente sa fan base fidèle et les nostalgiques du groupe américain ayant affolé les compteurs à la fin des années 80. Et ça fonctionne, car des premiers rangs jusqu'à la console de son (et même au-delà), le public chante à tue-tête les refrains pendant que Jérémie et moi gagnons facilement un concours de air guitar improvisé. À tel point qu'un festivalier me demande pourquoi je ne suis pas au premier rang, ayant parfaitement saisi la passion qui m'enivre. Oui j'en fais beaucoup, mais même si Myles Kennedy n'est pas le chanteur accompagnant Slash que je préfère (Scott Weiland période Velvet Revolver raflant sans conteste la mise), le bonhomme sait tenir son public et reste un frontman sincère et généreux. Slash, lunettes de soleil vissées sur le nez, est en grande forme, et se permet quelques facéties comme ses petits pas de canard sur « Back from Cali », pendant que Todd Kerns assure parfaitement les chœurs tout en jouant de la basse et que le guitariste rythmique fait le boulot quand on l'entend dans le mix (c'est à dire pendant les solos de Slash). Petite faute de goût cependant, cette guitare double manche acoustique/électrique complètement interdite par le comité du bon goût pendant « Anastasia ». Mais c'est bien vite pardonné. Eh oui, je sais être indulgent. Bref, un set sans surprise pour les aficionados, un concert mêlant nouveautés et nostalgie et une usine à tubes pendant soixante petites minutes. Cinquante-huit pour nous car, je te le rappelle, nous sommes stratégiquement organisés, et nous sacrifions la fin de l'époustouflant « Paradise city » (là où l'herbe est verte et les filles sont jolies) pour rejoindre au pas de course la Warzone où débutera dans vingt-sept minutes un autre concert très attendu.

Je suis précis dans les horaires, car si nous avions pris notre temps, nous n'aurions certainement pas réussi à pénétrer dans l'enceinte de la scène dédiée au punk et au hardcore. Car ça se bouscule au portillon pour ne pas rater LE concert évènement de cette journée qui sera l'un, si ce n'est LE meilleur concert de ce festival. Body Count is in the house motherfucka ! Un autre sbire du staff tente de refourguer ses casquettes et nous retrouvons Benjamin Donuts pour la grand-messe gangsta de la journée. Ce soir, la Warzone portera parfaitement bien son nom. Le public est électrique, tout est prêt pour se prendre une bonne rafale de rap hardcore dans la tronche, et nombreux sont ceux qui n'arriveront pas à assister au concert qui aurait mérité une MainStage (mais d'autres artistes ayant été booké sur les grandes scènes en même temps, le festival n'aura malheureusement pas pu offrir cette opportunité au groupe et au public). Le groupe déboule sur scène sur fond de coups de flingues et de sirènes de police, le ton est donné, et le maître mot de ce concert sera VIOLENCE. Violence dans la musique, violence dans les propos, violence dans le pit, et si nous étions armés de calibres, Ouest France aurait pu titrer sur un carnage au Hellfest. La puissance dégagée par le groupe est tout simplement bluffante, Ice T (que nous surnommons entre nous Thé Glacé) n'est décidément pas en mode « New York Unité Spéciale » mais plutôt en version « LA bitchin' motherfucking bitch ». Les gars ne font pas semblant, un rejeton du Grand Ice (après le Grand Ace, je me suis pas foulé, je sais) se fait buter par son père sur scène sur fond de grosse caisse imitant à la perfection une rafale de balles, le frontman rend hommage à une jeune fille au premier rang en lui assurant qu'elle peut dorénavant l'appeler Tonton Ice T. Ha ha, la gamine peut dorénavant se promener n'importe où sans embuche, elle est protégée par le gang de LA ! Entre deux missiles hardcore, Ice T explique à son auditoire qu'il a changé de nom et qu'il faut dorénavant l'appeler Ice Motherfuckin' T bitcha ». Ok chef, pas de problème. Le dernier opus de Body Count est malheureusement peu représenté dans la setlist, mais le terrifiant « Talk shit, get shot » (tout un programme) est exécuté à un tempo moins soutenu que sur le disque, et est propice à un wall of death généreusement suivi. Le basse-batterie tabasse, les guitares sont tranchantes et le groupe, qui termine son tour européen de 21 dates en 21 jours, fait une énorme impression et remporte tous les suffrages. Bonne surprise, Body Count envoie un violent « Disorder », titre ayant fait l'objet d'une collaboration avec Slayer pour la BO de Judgment night dans les 90, et bien que l'on puisse déplorer l'absence de « Born bead » pour achever le concert (et le public !), on ne rechigne pas devant un gros « Cop killer » joué avec rage, et alors que les gendarmes se promènent non loin de là. Juste parfait. « Thank you Hellfest, we love you ! ». Ouais, nous aussi, Ice, nous aussi. Concert baston de Body Count qui a fait forte impression pour ceux qui ont eu la chance d'être présents. Ou plutôt ceux qui sont été assez malins pour délaisser les groupes de métol pour prendre une leçon de violence urbaine. Car Body Count fait bien plus peur que dix Slipknot ou vingt Cradle of Filth.

On se remet doucement de la claque infligée par le gang de LA, et en checkant le running order, une sueur froide envahit mon corps qui n'avait décidément pas besoin de ça : Orange Goblin vient de démarrer son concert sous la Valley. Je t'avais dit que la journée du samedi était très chargée, et je suis encore dans le trip du concert de Body Count quand je traîne mes camarades au groupe de stoner rock anglais. J'ai découvert trois ans plus tôt ce groupe sous cette même Valley, et j'avais été agréablement surpris par ce groupe qui développe une belle énergie. Et même si l'eau a coulé sous les ponts (c'est à dire un nouvel album intitulé Back from the abyss après un excellent live reprenant notamment des extraits du concert du Hellfest 2013 et dans lequel on aperçoit notre ami photographe Christian Ravel !), la prestation pour ce cru 2015 est d'une constance implacable : setlist impeccable, son de démolisseur, gros charisme du chanteur qui va chercher ses spectateurs, grosse envie du groupe qui est ravi de se produire une nouvelle fois à Clisson, guitariste inspiré et basse-batterie en mode rouleau compresseur. La Valley, pleine à craquer, vit une nouvelle fois un grand moment et le public ne s'est pas trompé en accueillant chaleureusement un groupe authentique amoureux des riffs gras et percutants. Une bête de scène sans cornes mais avec plusieurs cordes à son arc magique.

La machine Faith No More est en action sur la MainStage mais nous délaissons la bande de Patton pour se prendre une raclée au concert de Madball. Passer après Body Count n'est pas chose facile, et Jérémie craignait de trouver Madball un poil en dessous. Eh bien, pas du tout, Madball a lui aussi tout défoncé. En mode grand survêt', il est temps de prendre du New York HardCore à fond dans la tronche. Et si tu ne veux pas avoir mal partout, mieux vaut se reculer un peu du pit. Autant j'adore le HxC, j'ai grandi avec, autant je déteste tous ces bas du front hyper violents qui dansent comme des champions de kick boxing ! Et moi, ça tombe bien, même si j'ai le crâne rasé par défaut, je ne porte pas de marcel et ne joue pas les gros bras ! Donc mieux vaut que je me recule pour apprécier. Mention spéciale pour l'intro de leur dernier album paru en 2014 : Hardcore lives, qui, sur disque ou en live, défonce ! Les gars n'ont pas envie de rire, et dans un délire complètement différent de Body Count, nous prenons littéralement une grosse leçon de violence et d'énergie.

Le concert se termine, et pendant que nous quittons la Warzone, nous profitons du ciel étoilé pour un splendide feu d'artifice. Pendant près de vingt-cinq minutes, les artificiers de Jacques Couturier Organisation offrent aux festivaliers un spectacle haut en couleur sur fond de bande son de Queen, AC/DC et Slayer. Les concerts font place nette à ce très beau spectacle, si bien, qu'il est impossible de circuler pour rejoindre le VIP. Un vrai bordel pour circuler mais un réel plaisir pour les yeux. Magnifique cadeau pour fêter dignement les dix ans d'existence du festival. Si bien que les producteurs de Scorpions, groupe qui prendra le relais, seront vexés de ne pas avoir été prévenus du gigantisme de ce feux d'artifice, le groupe déployant son propre spectacle de pyrotechnie en fin de show, et tu te doutes bien qu'ils passeront pour des petits bras après celui développé 90 minutes plus tôt. De peur de se faire piquer par ces vilaines bêtes, nous délaissons Scorpions pour profiter du VIP qui commence à se remplir de poseurs en tout genre, et ma casquette de Body Count ne peut malheureusement rien contre ce défilé de zombies imbibés de bières. DJ Mike Rock va prendre possession des platines pour un mix rock métal, et nous préférons rejoindre la Valley pour la fin du set de Triggerfinger. Benjamin a pensé beaucoup de bien de ce groupe de stoner en costume proche de Queens of The Stone Age, et je regrette un peu de ne pas avoir vu plus de titres de ce concert.

Les groupes qui font peur semblent attirer Bir qui n'en loupe pas une miette (mais comment fait-il ?) :
- la musique ultra datée et sa mise en son d'un autre temps ont apporté au japonais de Coffins le lustre d'Obituary mais avec moins d'envergure. Le groupe a pourtant fait office d'arc boutant pour sa façon de se donner à fond dans la démonstration de leur condensé de death, doté d'une beauté macabre et malsaine très attirante.

- à une époque, Mayhem faisait claquer le dentier des pieuses grenouilles de bénitiers, aujourd'hui la musique extrême est passée par une mutation génétique que la surenchère de sa violence ne semble plus attirer les nouvelles générations. Pourtant les cimetières regorgent de ces groupes vampiriques dont l'étalage horrifique tient le siège d'une arrogance perdue à la théâtralité surannée, dont je me délecte avec saveur de leur outrage. Dernier bastion de Norvège, la légende a donné raison à Mayhem tant les démons chantants ont bravé les hymnes infernaux sur le charnier crépusculaire. Si la jeunesse s'était rassasiée avec Finntroll, les sages assouvissaient leur pulsions macabres dans l'amphithéâtre obséquieux du black enivrant de Mayhem. La messe était dite, ainsi soit-il pour des siècles et des siècles.

- la Tampa bay style d'Obituary a prouvé une fois de plus de sa libre interprétation des thèmes de décomposition tissulaire narrant l'édifice death imputrescible et de son mausolée musical. Autant vous signifier que le set fut gigantesque, témoin d'un trip rationnel, sans esbroufe, techniquement lumineux, implacablement jouissif pour qui aime le death lourd, épais, tendu, au groove tenace, tel que les légendaires Obituary en apposent le sceau depuis pfiouuuuuuuuuu...

Hellfest 2015 : Motorhead Hellfest 2015 : Motorhead Bir poussera même le vice à se taper (enfin, façon de parler !) Marilyn Manson : délivrant l'attitude d'un pétomane, le provocateur Marilyn Manson a compris lors de son désastreux précédent passage en terre clissonaise qu'il fallait apporter un peu plus que sa présence pour contenter l'exception culturelle des Français. Pour ce fait, le grand dadais à l'œil torve a prouvé qu'il avait le talent d'une loutre si on le comparait à l'immensité scénique d'Alice Cooper. Le côté dérangé de l'empereur des ténèbres aura pu contenter ces fans de la première heure en transit de purgatoire, tel des raéliens attendant leur vaisseau spatial. Pour le reste du public l'attente fut longue d'atteindre cette part de schizophrénie que l'on nous a annoncée à l'époque pour nous vendre le psychopathe Marilyn Manson. D'ailleurs on attend toujours c'est dire. Le détestable Marilyn Manson a gagné avec son exagération, car on le hait, centré sur lui-même la discussion tournait autour de sa personne, seul véritable centre d'intérêt, mais il continue de fasciner jusqu'à sa prochaine extinction.

De notre côté, et plutôt que de se farcir le mauvais Marylin, nous préférons sans hésitation aller à la rencontre des précurseurs du black metal dans son idéologie. Venom est de retour en France après une longue absence, et le trio maléfique va délivrer en pleine nuit un set dévastateur. Le visuel fait de pentagrammes est minimaliste mais clairement évocateur, et ce power trio, entre un motörhead de la grande époque et un Judas Priest inspiré, fait mouche. Le groupe qui a inventé le heavy metal version « méchanceté » et look de barbares. Quelle prestance de Cronos, vieux loup dégarni qui surbourrine autant sur sa basse que dans sa manière de chanter. Gros, gros niveau également du batteur et du guitariste. En tout cas, malgré la fatigue, j'ai vraiment réussi à apprécier, comme quoi la musique a vraiment un côté « magique ». Tu es rincé, tu as les oreilles qui saignent, des ampoules plein les pieds, des coups de soleil qui te font souffrir, trop d'alcool dans le sang, bref, une seule envie : aller te coucher. Et tu passes faire un tour au gig de Venom et là, tu ressens un truc qui te rebooste et te file la patate tellement c'est bien exécuté. Du coup, tu te prends pour un viking, tu as envie de faire la guerre et de boire des liqueurs dans des grandes cornes ! Merci les gars, j'ai passé un bon moment en votre compagnie ! Respect aux pionniers, Vain Dieu !

Pendant ce temps, Benjamin n'a pas eu assez de NYHC dans la che-tron et s'est offert un petit plaisir avec Biohazard. La Warzone est blindée, et le groupe est en pleine forme, en proposant un show percutant à base de son énorme. Les trois zicos sur le front de scène sautent partout, et Billy, le guitariste chanteur, ne tient pas en place. Et même si les gars courent d'un bout de la scène à l'autre, c'est hyper en place. Le public est à bloc, et une partie de l'assistance ne se fait pas prier quand le groupe invite quelques gugus à faire du stage diving. Sauf que les gars n'ont pas réussi à maîtriser la quantité de fans qui préféreront rester sur stage et slammer entre eux ! Le groupe n'est pas perturbé, mais le gars de la sécurité chargé de gérer le bordel va vite lâcher prise. À la fin du morceau, personne ne descend, et Billy, à la limite de l'énervement suite à la situation qu'il a créée de toute pièce, tente de ruser en proposant un circle pit devant la scène. Sauf que les fans présents sur la scène n'ont pas coopéré. Il a fallu quelques minutes et un dégorgement du plateau pour que le concert reprenne de plus belle. Un groupe hyper en place musicalement, mais à qui on ne confiera pas les animations de son mariage !

Ce deuxième jour a tenu toutes ses promesses, et nous sommes complètement rincés en rejoignant notre camp de base de luxe. Rincés, mais satisfaits d'avoir pu assister à de nombreux concerts de grande qualité dans un environnement propice et une affluence massive mais disciplinée et bon enfant.

Dimanche 21 juin 2015

Dernier jour de festival, et même si la fatigue commence à se faire sentir, nous partons motivés comme jamais vers Clisson (hard) Rock City. Comme un fait exprès, la programmation du dimanche est un peu plus light en ce qui concerne nos goûts. Ce qui va nous permettre d'aller flâner un peu et de rechercher de belles découvertes au gré de nos pérégrinations Hellfestiennes. Sur les conseils de Christian et de notre ami Dick Early Grave, nous prenons place devant la MainStage 2 pour le concert de Iron Reagan. Rien que le nom me plaît. Ce groupe, comptant dans ses rangs des membres de Municipal Waste, Cannabis Corpse et Darkest Hour, compte bien foutre le bordel à 10h30 devant un auditoire plus que clairsemé. Mais les gars, qui sont en tournée européenne, n'en ont rien à branler et vont faire leur truc à l'ancienne. « C'est cool de jouer ici ce soir, enfin, ce matin ! ». Le ton est donné, le fun se marie à merveille avec le thrash metal envoyé à mille à l'heure et couplé à des riffs rock 'n' roll. Concert à la fraîche, dernier jour, autant dire qu'il fallait se motiver pour les voir avec la fatigue et les hémorragies successives de nos oreilles ! Et Jérémie n'a pas regretté d'avoir mis son réveil : gros son, attitude coolos, fast and furious, le coté beauf et voitures de sport en moins ! Guitares pointues, morceaux courts et rapides, bref, un régal. Idem, un groupe à voir en salle, je ne les louperai pas ceux-là, même si je dois me taper des bornes. En tout cas, le côté « revival » du style, je m'en branle. Je sais que les coiffeurs du rock sont revenus à la mode, mais si c'est bien fait, et c'est le cas, j'approuve à 100%... Pour les gratteux en herbe (et même les confirmés) qui veulent bosser du Iron Reagan, vous allez saigner du poignet, ça speeeeeeeeeeeeeed !!!

Au même moment, sous la Valley, les Français de Witchtroat Serpent ont psalmodié leur instruction Electric Wizardienne devant une affluence restreinte, ce qui ne les a nullement empêché de suspendre une lourdeur apoplectique à leur doom incantatoire, aussi malsain que boueux.

Hawk Eyes prend le relais sur la MainStage voisine dans un tout autre genre. Le groupe anglais (dont le chanteur arbore fièrement un magnifique tee-shirt Therapy?) mélange les codes en proposant un mix de rock et de stoner, avec une pointe de hardcore dans la voix. Clairement, ça riffe dans tous les sens mais les voix ne sont pas toujours en place dans les refrains. Mais on s'en contentera !

Du côté de la Warzone, Bir s'est régalé ! Gros choc énergétique avec les Franciliens de Birds In Row et leur bourrasque scremo. Le trio s'est donné à 200 % et il était très appréciable d'entendre, de voir cette passion viscérale sur scène encore vierge de tout égocentrisme professionnel. Le groupe a démontré sa spontanéité scénique tout aussi explosive que leur musique émotionnelle dont l'impulsivité nous a sauté au cœur.

Sous la temple, un quatuor de glam s'est présenté sous le nom de Tribulation et a joué la déférence que l'on doit aux maîtres des catacombes, en conférant à cet instant précis la beauté sombre d'un rite de magie noire. Oui je le redis à toute fin, mais le dernier album de Tribulation le bien nommé The Children of the Night leur profère une esthétique de death black progressiste que la prometteuse attente suscitée s'est confirmée avec un set concluant l'audace formelle de découvrir un groupe fortement séduisant.

Plutôt que d'entendre mon copain Jérémie se moquer de Eths, on préfère aller se désaltérer et en profiter pour faire le tour de Hell City Square que nous découvrons pour la première fois du week-end. Comment est-ce possible ? Et bien tout simplement car nos accès Presse nous permettent d'accéder au site par la voie technique et du coup, nous n'avons pas encore profité des réjouissances extra Hellfest. C'est donc chose faite et nous faisons le tour des « stands/boutiques » Gibson, Marshall, Doc Marten's et autres. C'est convivial et ça permet de faire un break qui est appréciable. C'est là également qu'est délocalisé pour la deuxième année consécutive (à mon grand regret, il faut bien le dire) l'Extrem Market, endroit surprenant et passionnant où le festivalier peut aussi bien acheter toutes sortes de disques et de fringues, que des cornes pour boire du lait (ou de la bière) et même du matos de batterie et de guitare. Il y a de quoi trouver son bonheur, mais il est conseillé de venir en tout début de journée ou pendant une grosse tête d'affiche, car ça se bouscule pas mal à l'intérieur. Je tombe sur un recueil de dessins agrémentés de textes sous forme de review des trois dernières éditions du festival, que je vous recommande (Welcome to Hell(fest) aux Éditions du Blouson Noir), et nous profitons de l'ombre pour récupérer un peu d'énergie avant d'enchaîner à nouveau les concerts.

Nous retrouvons la MainStage 1 pour le concert de Red Fang. J'avais beaucoup apprécié leur concert d'il y a deux ans sous la Valley, et les programmateurs ont offert la grande scène à ce quatuor qui, selon moi, la mérite amplement. Le stoner rock pachydermique fait son petit (ou son gros) effet, et même s'il ne se passe rien de bien folichon sur scène, le groupe enflamme littéralement une assistance déjà cramée par un soleil de plomb. Bon, Jérémie n'est pas vraiment d'accord avec moi : Pfffffffffffffffffffffffffffffff, définitivement, je ne comprends pas ce groupe. Ni toute l'agitation autour. J'ai plein de potes qui se branlent sur Red Fang, je ne capte pas pourquoi autant d'excitation... Mais comme je voulais me faire ma propre idée, je suis quand même allé voir. Je connais mal leur discographie, je sais juste qu'ils ont trois albums au compteur pour en revanche une dizaine de vidéo clips. Ca résume ce que j'en pense. Sur scène, des bons riffs de temps à autre, il faut l'avouer, mais des morceaux hyper chiants dans l'ensemble, enfin de mon point de vue. Red Fang ? RED FUMISTERIE plutôt !!!!

Bir n'aime pas la mode. Du coup, plutôt que se farcir la dernière sensation rock, il a préféré se rappeler à ses vieux souvenirs : les anciens de Sup ont réussi avec franchise à ressortir la funèbre découverte du corps morose d'une musique froide typée eighties entre Type O Negative et Gojira. Si la présence scénique est très limitée pour ces grands timides, leur musique envoûtante fait la part des choses même si il s'avère difficile d'accès en pleine journée, dans un festival, pour apporter toute la pleine caractéristique des atmosphères glacées du groupe nordiste.
Le groupe de black Khold, quant à lui, a fait fondre sa musique avec le son caverneux typique du sauvage. Capitaine Caverne aurait déboulé à ce moment-là en gueulant son crie guerrier que je n'aurais pas été surpris, tellement c'était primitif.



Hellfest 2015 : SuperJoint Ritual Hellfest 2015 : SuperJoint Ritual Pendant ce temps, OFF! envoie du côté de la Warzone, et on ne se fait pas prier pour aller écouter un peu de punk rock. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Malheureusement, nous ne verrons que la fin du concert, mais j'ai tout de suite capté le délire : quatre accords de punk rock enchainés sans artifice. La base. Et finalement, c'est tout ce qu'il faut dans ce festival où les solos de 666 notes sont légions.

Par une curiosité non feinte, Bir est allé assister au set de Ne Obliviscaris, sa méconnaissance de ce sous-Opeth de troisième division ne l'a pas convaincu de la possibilité équanime d'acheter un de leur album, tant la pénibilité d'ouïr de quelque chose d'appréciable s'est fait jour. L'apport d'un violon n'étant pas étranger à ce malaise.

Tout de suite après, le trio néerlandais de Carach Angren a manifesté son dévolu scénique par des réflexes autoritaires qui consiste à souhaiter que leur vision soit majoritaire, de manière à l'imposer par le simulacre au plus grand nombre. Leur black symphonique a pu juguler son intransigeance tout comme son apport féerique, Tolkienisant l'assemblée de cette ostentation passionnelle pour les anneaux, et de telle sorte que je ne pourrais jamais faire des noces avec eux.

De notre côté, nous regagnons la Valley assez clairsemée en ce début d'après-midi pour retrouver Russian Circle. Il est bon d'assister à un concert abrité du soleil, et même si le post rock et le post hardcore ne font pas partie de mes styles de prédilection, la lourdeur de la basse et la surpuissance de la guitare auront un effet assez bénéfique sur ma petite personne. Au milieu de cette déflagration sonore, les passages arpégés et mélodieux font de Russian Circle un groupe hypnotique et captivant. Le public arrive au compte-goutte au fil du concert, et le trio de Chicago recevra une belle ovation à la fin de son set. Une ovation bien méritée.

Nous laissons passer le concert de Snot sous la Warzone pour rester du côté de la Valley et profiter du calme relatif du changement de plateau et discuter avec Benjamin que nous avons retrouvé, ainsi que l'ami Bir. Pendant ce temps-là, Weedeater s'installe et fait son linechek. Hum, ça s'annonce bien fumeux, cette histoire. Sauf qu'en fait, on va se prendre une claque monumentale. Aussi bien musicalement que visuellement. Au niveau du son, je dirais : sludge gras et épais. Ok, tu as capté le délire ? Ce n'est pourtant pas compliqué, comme on dit dans l'Est, ça surbourre. Pas étonnant vu la lourdeur et la surpuissance du bordel. Le chant connoté black métal passe étonnamment bien avec ce style, et l'ensemble est atomique. La basse est hyper forte, et la guitare est inaudible tellement le son est travaillé dans le bas. Ca ronfle à la place de crier. Tout le contraire d'un bon vieux AC/DC quoi ! Mais le résultat est hyper impressionnant quand même, ça groove au taquet car les tempos sont lents et ça joue vraiment au fond du temps. Du coté visuel, la formule du trio américain détonne autant qu'elle étonne : guitariste et bassiste de face (jusque-là, ok) et batteur de profil, au même niveau que ses compères et tournant le dos au bassiste chanteur/hurleur. Bon, là, ça change. Sauf que ledit batteur assure à lui seul le spectacle : en plus des roulements de baguettes à tout va (jusque-là, ok-bis), il tape son charleston avec... le pied ! Des grands high kicks dans la ferraille quoi ! Ouf ! Sur scène, ça ne rigole pas. Le bassiste à l'air complètement cramé (Christian nous le confirmera en nous racontant quelques anecdotes croustillantes à son sujet) et clairement, on est là pour s'en prendre plein la tronche. Et c'est tant mieux. Et bien que ce soit la même formule à chaque morceau, on passe un excellent moment, tout comme un public tout aussi conquis que bluffé. Bravo les gars !

Le post punk de Grave Pleasures (ancien Beastmilk) n'était pas du tout en place, sans fluidité en début de concert. Le groupe créant la surprise de jouer sur la scène où les black métalleux exhalent leur office suprême, la stupéfaction dissipera le doute pour que les Finlandais s'épanouissent et apposent à leur Joy Division spirit l'exubérance indispensable à leur post punk.

On passe du côté de MainStage 2 pour s'apercevoir que même sans Garry Holt (embauché à plein temps chez Slayer), Exodus balance toujours un thrash métal brillant et efficace. On ne verra que la fin du set, mais c'est suffisant pour s'assurer que ça fonctionne toujours. Et c'est tant mieux. On joue ensuite à pile ou face pour savoir si on va voir les Ramoneurs de Menhirs (heureusement, la pièce de monnaie est truquée, et on s'évite une leçon de biniou) qui affichent ultra complet, et on va traîner du côté du VIP. On squatte deux transats laissés à disposition par le bus Gibson en dégustant une glace, mais une préposée du fameux bus Gibson nous demande, un peu confuse, de laisser les transats libres car une interview va être réalisée à cet endroit. Pas de problème ma belle, on te fait place nette et on va manger notre dessert debout. Sauf que la moutarde nous monte au nez quand on réalise qu'on a laissé nos précieuses places pour que le mauvais Didier Wampas pose son fessier au frais. On en profite pour glisser à la nana de Gibson que c'est un comble de laisser nos places à un mec qui joue sur de mauvaises Squier à 200 balles. PARVENU !

Après ce bon moment de rigolade, on rejoint de nouveau la Valley pour le concert de Eyehategod. Tout le monde (ou presque) connaît le quintet de la Nouvelle Orléans, sauf moi. Enfin de nom. C'est déjà pas mal non ? Et puis merde, on ne peut pas tout connaître ! Bref, pardon, je m'égare. Ça démarre au quart de tour à base de crossover slugde/hardcore gras et malsain. Et ça enchaîne sans sourciller sur le même rythme pendant 50 minutes. Les riffs plombés et largement inspirés de Black Sabbath se conjuguent avec brio au chant hardcore de Mike IX William. (Encore un) très bon moment passé sous la Valley.

Pile à la même heure, l'événementielle venue de Nuclear Assault a suscité plus d'enthousiasme que de désolation dès l'apparition de ce fantôme que l'on croyait défunt. Il faut dire que ce second couteau du thrash des 80's a fortement couvert de sa renommée post mortem, au point de revenir nous faire son chant du cygne. Couillardise, sincérité, pour un set de branleur qui a fait briller un thrash oldschool pour les nostalgiques d'une jeunesse lointaine. Le pit était grisonnant, le combo jouant sans artefact, parfois à côté des pompes mais qu'importe, c'est fait Nuclear Assault a joué pour nous son dernier numéro de trapèze hurlant, sa clownerie punk thrashy, c'était comme on l'avait imaginé bordélique à souhait.

On utilise la même pièce de monnaie que tout à l'heure pour savoir si on ira placer des pétards dans les pieds de Didier Wampas, et le sort nous épargne ce mauvais moment. Christian me dira qu'il a passé un bon moment à ce concert. Soit. Nos amis ne sont pas parfaits. Du coup, je vais taper le brin de causette avec mon copain Xavier, émérite fondateur du webzine E-zic que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Si tu es curieux, tu trouveras sur Wikipédia un article qui décrit comment le W-Fenec écrasait déjà la concurrence à l'époque, et a enterré bien malgré lui cet excellent webzine qui traitait de la scène française. Bon, il est possible que tu ne retrouves pas cet article en ligne, mais sache que c'est vrai. Demande à Oli ou à Pooly (mais pas à Xavier). Je quitte mon ancien confrère qui ne manquerait Cavalera Conspiracy pour rien au monde (quand je te dis que les amis ne sont jamais parfaits) et je rejoins les frangins volants près de la Valley où Life of Agony s'apprête à délivrer un concert énergique et inspiré.

Mais pendant que le groupe s'installe, on ne peut pas échapper à Alestorm qui délivre une prestation qui restera à coup sûr dans les annales du festival, tellement le groupe a fait forte impression devant un public aussi nombreux que conquis. Bon, il faut dire que le groupe écossais joue du « pirate metal ». Ah si si, je te jure. Le « pirate metal » est, selon Jérémie, le mix parfait de Jean-Michel Jarre et de Venom. Le chant guttural mixé à la musique de druide (et une guitare clavier complètement dégueulasse) remporte un franc succès auprès des festivaliers qui exultent devant l'un des plus gros succès du festival. En mode magiciens d'Oz, les musiciens font un carton total. Et nous, pendant ce temps-là, on se marre ! Bir, lui, n'a pas envie de rigoler : et voilà que cela recommence à s'agiter dans la forêt de Brocéliande chère au hardos d'ADX, car Alestorm est dans la place. Sauf que nous sortons des bois pour flotter avec les Ecossais et leur septentrionale musicalité festive de corsaire. Cette musique inodore a le paradoxe de puer tant elle prive tout flair musical à échoir dans la puanteur de son insipidité. Néanmoins ma critique réactionnaire prévaut par son incompréhension, ce qui n'était pas du tout le cas pour la jeunesse qui se reconnaît dans ce sens de la communion et de la fête, fuyant la musique trop sombre, atrabilaire, extrême, pour se lover dans la bringue tant l'époque pessimiste, permissive, la prive de ce genre de sensation au quotidien. J'en comprends la teneur fédératrice mais tout de même, merde, Alestorm les gars, faut pas exagérer !

Mais retour aux choses sérieuses. J'aurais pu te parler moi-même de la prestation de Life of Agony, mais Jérémie le fera mieux que moi : merci mon Dieu de m'avoir permis de voir au moins une fois dans ma vie Life of Agony. J'ai adoré ce groupe, je l'adore toujours. Certains de leurs albums ont beaucoup tourné dans mes platines. Tout une époque, celle de Nirvana, Therapy?, Baby Chaos. .. entre autres. LOA, c'est le groupe de Monsieur Caputo, très, très bon vocaliste aux mélodies imparables. Ou plutôt devrais-je dire Madame Caputo car le mec n'est plus un mec. En effet, quelques opérations chirurgicales sont passées par là. C'est à Mina Caputo qu'il faut dorénavant s'adresser. Très féminine sur scène, mais toujours le même timbre de voix plutôt « masculin » quand même. Chacun son délire comme on dit !!! Moi je n'ai pas trouvé ça dérangeant puisque ça chante toujours aussi bien. D'autres un peu plus « réac' » voir « extrême » m'ont quand même sorti en parlant de cette transformation : « comme le chanteur de Against Me! : caprice de star !!! » Humour ou pas ? Chacun son seuil de tolérance, ma foi. Hey mon pote, tu ne voterais pas un peu trop à droite toi ? Life of Agony, c'est aussi le groupe du batteur Sal Abruscato, qui officiait dans le temps dans Type of Negative et qui a récemment monté son propre groupe au sein duquel il est devenu guitariste chanteur : A Pale Horse Named Death, dans le même délire qu'Alice In Chains. Mais revenons à nos moutons et plus précisément à leur prestation, pour moi la meilleure du week-end juste après Body Count. Beaucoup de morceaux du 1er album, River runs red, sorti en 1993, et pas mal de celui de 1997 avec lequel ils ont explosé : Soul searching sun, et seulement un titre du dernier opus datant 2005 : Broken valley. Seule déception de ce concert car j'adore ce disque. En même temps ils ont joué LE tube de cet album : « Love to let you down » mon morceau préféré du groupe ! Petite anecdote : en plein milieu du concert, Mina Caputo est descendue dans le public, a piqué une banderole à un fan où il était inscrit dans un anglais peu conventionnel mais tout de même compréhensible « merci Life of Agony, 22 ans que j'attendais de vous voir. ». Grand moment, l'écriteau est brandi sur scène, et Madame a du finir son morceau assez émue. Globalement, le son était juste parfait, énooooooooooorme son de gratte (un seul guitariste : Joey Zampella, sorte de monstre du NYHC qui n'oublie pas les mélodies), basse /batt puissant, et le chant hyper juste. Bref j'ai surkiffé ! Un saut dans l'espace-temps, ce concert. Public clairsemé forcément, en 2015. Mais que des mecs comme moi au premier rang, complètement passionnés par ce putain de bon groupe. Back to the 90's, ma décade définitivement préféré du rock n roll.

Hellfest 2015 Hellfest 2015 Bir s'attendait à une boucherie, et le set de Cannibal Corpse fut un abattoir. Paupiettes de riffs, tripes rythmiques contre les murs, marécage de sang vocal, aucune désinvolture scénique, le band était arrivé pour ouvrir le corps d'une musique où les viscères y tiennent lieux de souffrance et de jouissance horrifique. Maintenant reste la question essentielle : Le temps d'incubation pour tout digérer ?

On rejoint d'un pas soutenu la Warzone pendant qu'Epica « brocélise » le public des Mainstages, et on arrive au début du set d'Exploited. Merde alors, encore une légende du punk rock au Hellfest. Le quatuor est énervé et résigné, et balance des brûlots rapides, sales, sauvages et agressifs. La crête rouge de Wattie Buchan fait son petit effet, et les solos de guitare flirtent avec le métal. Perso, j'ai vite fait le tour du bordel, mais le pit s'en est donné à cœur joie.

Profite bien de ces quelques lignes qui vont suivre, car c'est peut-être la dernière fois que tu entendras du bien de Epica dans ces pages : Epica? Maaaaaaaais ce n'est pas ce groupe qui a chanté à l'Eurovision pour le compte de l'Estonie en 2010 ? Ah non c'était Lordi pour la Finlande en 2006 ducon. Et bien il aurait pu, je lui file 8 points. Car contre toute attente, si le symphonique m'horripile, Epica de par son imposante stature professionnalise, son intégrité, la brillance de sa sincérité m'a indubitablement satisfait. Je passe outre la musique mais je reconnais bien volontiers avoir été surpris de manière positive par leur set, d'ailleurs je pense que le groupe était lui aussi étonné par la ferveur du public. J'y vois aussi la fin du week-end, et au public le soin de finir en beauté en profitant jusqu'à plus soif de chaque seconde restante.

Le soleil a du taper sur le crâne de Bir : certains esprit troublés racontent que la silhouette noire de Lucifer a été vue en train de danser le moonwalk diabolique pendant le culte de Samael et sa teknö industrielle, faisant bouger les corps des enceintes pour un concert où Satan était teufeur.

Je passe l'épisode Limp Bizkit que j'ai vu au Sonisphère il y a deux ans et qui m'avait fait forte impression, pour rejoindre la Valley pour le concert de Saint Vitus que j'ai vu ici même il y a trois ans et qui m'avait fait... forte impression. Mais alors, pourquoi Saint Vitus et pas Limp Bizkit ? Mais je t'en pose des questions, moi ? Bref, plutôt que de m'énerver, je préfère me relaxer en te parlant de la prestation du groupe de doom californien. Comme à l'accoutumée, la guitare et la basse sont grasses à souhait, la batterie est lourde et le chant hypnotique et mélodique se mêle à merveille au rythme mid tempo démoniaque. L'imagerie black métal de la typographie du groupe tranche singulièrement avec le look hippie du charismatique guitariste Dave Chandler, qui est enchanté de fouler une nouvelle fois les planches du Hellfest, à tel point qu'il ne manque pas de couper la parole au chanteur quand ce dernier intervient entre les morceaux. Quelques riffs punk rock agrémentent l'ensemble, et on s'étonne d'entendre le groupe qui peine à être synchro sur un morceau. Le batteur n'utilise pas de pratos et joue au même niveau que les autres musiciens. Les passages rapides offrent de belles respirations dans ce méandre de lourdeur. Le groupe pioche dans toute sa discographie et fait passer aux festivaliers un agréable moment. Le concert se termine sur un solo de guitare bruyant et pesant que Chandler termine dans le public, fier et heureux de son effet. Y a pas à dire, cette scène de la Valley ruissèle de groupes aussi talentueux les uns que les autres.

Rise Against ayant annulé à la dernière minute, et les organisateurs n'ayant pas pu pallier cette défection, NOFX voit son horaire avancé de deux heures pour clôturer les festivités sous la Warzone. Le groupe, qui avait joué devant énormément de monde au même endroit il y a deux ans, est bien décidé à foutre un bordel sans nom en ce dimanche soir, et même si on est bien rincés, on ne manquera pas ce concert qui s'annonçait. .. bah on ne sait pas, car le groupe n'est pas ce qu'on pourrait appeler une formation constante. Aussi, je redoute d'assister à un show pénible, mais il en sera tout autrement ! Jérémie en parle mieux que moi : la première fois que j'ai vu NOFX, c'était il y a 21 ans, ça ne me rajeunit pas. J'ai donc adopté l'attitude d'un gamin de 15 ans, l'âge que j'avais à l'époque. Air guitar, sauts de cabri, et refrains scandés à voix haute ! Voilà à quoi j'ai joué pendant le set du meilleur groupe de punk rock version Californie ! Avec NOFX, c'est tout ou rien. Pour les avoir vus plein de fois, soit ça joue, soit ça raconte (trop) de(s) conneries sur fond d'alcool. Là, ça a joué grave ! Superbe setlist : énormément de vieux morceaux de Punk in drublic, album paru en 1994 et qui reste quand même l'album le plus tubesque à ce jour du quatuor ricain. Franchement, finir le Hellfest avec NOFX, c'est comme tomber sur le caramel au fond d'un Flambi, ça s'apprécie ! Faut dire qu'il a raison Jérémie : le boulot des voix est réalisé à la perfection, les riffs sont exécutés sans couac et les blagues plus ou moins drôles fusent (je vous passe les blagues sur les noirs qui sont peu présents sur le festival, et je ne vais pas m'étendre sur le fait que le groupe demande à la sécurité d'être cool avec les slammers, car eux aussi dans le groupe, il sont gays). Bref, un très bon moment que je ne suis pas près d'oublier.

A l'autre bout du festival (ou presque), Bir a été sublimé : le sang et les larmes couleront encore après le set de Triptykon. Orfèvre suisse de la nuit froide et de la pluviométrie dark, le groupe a craché une vérité sur cène comme l'on va à confesse. Le goût de cette vieille chose musicale est rassurant. Elle prolonge le temps d'une saveur nostalgique à jamais éternelle, car son souffle juvénile nous annonce que la vie d'avant n'est pas finie, qu'elle ne fait que nous poursuivre avec ses fantômes, avec lesquels nous nous sommes édifiés, sans jamais oublier l'émerveillement de notre rire de gosse.

Hellfest 2015 On passe à côté de Korn sans que cela ne nous fasse ni chaud ni froid pour rejoindre la scène Altar (oui oui !) pour le concert de Arch Enemy. C'est pas vraiment moi qui ai choisi ce dernier concert, mais plutôt mon camarade Jérémie : « Quoi ? Mais tu es complètement chaud mec, tu veux aller voir Arch Enemy ? Voilà ce que je me suis pris dans les gencives lorsque j'ai émis l'éventualité d'aller voir ce groupe ! Et bien cher ami, allez bien vous faire mettre, oui je vais aller le voir ce putain de groupe !!! Question piquante, réponse adaptée !!! Fort heureusement, les boutades sont fréquentes entre potes et tout cela n'était que du second degré. Mais pourquoi aller voir Arch Enemy ? Plusieurs raisons à cela, et notamment parce que :
- J'adore le guitariste Mike Amott (Carcass, Spiritual Beggars que j'adore)
- Ça joue grave, c'est ultra mélodique et oui, j'aime ça !
- J'ai écouté le dernier album, je me suis surpris à l'apprécier.
- Et ça joue dans ma petite ville à la rentrée, je voulais voir si j'irai, réponse : Oui !
Bon, mon pote Jérémie a raison, ça joue vraiment bien. Et même si l'un des intérêts premiers du groupe est sa chanteuse aux cheveux bleus qui hurle plus fort que moi, les musiciens qui envoient la sauce derrière sont tout simplement monstrueux ! Ce n'est clairement pas ma tasse de thé, mais un peu de violence et de guitares pointues, ça fait parfois du bien par où ça passe.

Pour une fois, c'est nous qui étions du côté des méchants, pendant que Bir saluait comme il se doit celui qui a pris un abonnement pour le festival : Superjoint Ritual a fumé un public cannabique dont le frontman Anselmo a filouté (philouté) par sa très grosse présence. Leur hardcore sludge de sudiste a conformément appesanti un pit tiraillé de fatigue physique mais tenant encore à satisfaire un groupe de cet acabit. Car Phil Anselmo est présent au Hellfest tous les ans, garant de cette générosité souvent too much qu'est ce passionné. Le groupe n'a pas joué les figurants, délestant le poids de son efficacité par l'apport musqué d'une lourdeur et d'une puissance ahurissante.

Pour terminer le festival, Bir n'a pas fait semblant. In Extremo fut extrême jusqu'au bout de la nuit, avec le son de cornemuse, harpe, xylophone et autres instruments datant de l'ère légendaire des Nibelungen. Les Allemands ont enivré le jeune public avec leur métal folklorique, c'était le must de l'innovation 2.0 en ce retour aux valeurs du passé. Je quitte le Hellfest, the most eclectic and specialized extrem festival in the world ! Sur du biniou !?!

Voilà. Et pendant que Nightwish termine les réjouissances sur la MainStage 2, nous tirons notre révérence en hallucinant une dernière fois sur les décors qui s'illuminent (et s'enflamment) une fois la nuit tombée. Le bilan est vite fait : beaucoup de fatigue et de chaleur, mais énormément de concerts de grande qualité dans une infrastructure complètement délirante. Car oui, c'est ça le Hellfest : du bon son dans un environnement saisissant.