Lundi 23 juin 2014. J'ai encore les oreilles qui bourdonnent et le pied qui bat le tempo quand je rentre de Clisson pour rejoindre mon home sweet home vosgien. Avant de ranger ma valise et d'écouter un disque à fond les ballons dans ma hifi (non, ça c'est pas vrai !), je relève mon courrier. Et voilà que je tombe sur une enveloppe étrange, format A5, avec pour seule mention d'expéditeur « Comité du Bon Goût ». Merde. Même si je m'y attendais, ça fait toujours quelque chose d'être convoqué par l'antenne locale du Comité pour un débriefing complet du festival Hellfest auquel je viens d'assister en long, en large et en travers. Je pense que les gars ont besoin de renseignements pointus et objectifs pour prendre la mesure du "truc". Parfait, je suis leur homme.
J'ai rendez-vous le lendemain au coin de la rue qui tourne avec un membre du Directoire qui m'emmène dans un bureau secret après m'avoir soigneusement bandé les yeux pour éviter que je reconnaisse les lieux. Sitôt arrivé dans les bureaux blindés, je suis conduis dans une salle d'interrogatoire où je risque de passer du temps. Face à moi, le président directeur général du Comité en personne et deux de ses sbires. Les gars ne sont pas là pour rigoler. Et ils m'enchaînent direct !
HellFest 2014 : Grande roue
Monsieur de Champi, on connaît votre pedigree et votre propension à faire appel à nos services quand vous vous rendez à des spectacles de musiques amplifiées ou quand vous êtes en possession de disques d'un goût douteux, alors, on aimerait savoir ce que vous êtes allé faire tout seul au Hellfest.
Déjà Messieurs, je me permets de remettre les choses à leur place. Même si j'ai fait le trajet pour Clisson en solo, ne vous méprenez pas à penser que j'ai passé le festival tout seul. Une équipe parfaitement constituée était dans la place avec Mr Bir du Wallabirzine et Matgaz (Billy Gaz Station, Headcases, Mars Red Sky). Sans oublier l'ami Koudj', toujours dans les bons coups et Christian Ravel qui, logistiquement et graphiquement, a une nouvelle fois été irréprochable. Ensemble, je peux vous dire qu'on a passé un très bon moment. Maintenant que les bases sont posées, je peux vous affirmer que je suis allé au Hellfest pour la troisième année consécutive pour les mêmes raisons : voir de bons concerts, profiter d'une ambiance hyper fun et jamais malsaine, retrouver de vieilles connaissances, etc... Bref, passer du bon temps et d'excellents moments.
C'est vous qui le dites. Avant de rentrer dans le vif du sujet, nous aurions besoin de quelques éclaircissements sur le site du festival... Nous n'avons pas reçu de télex au sujet du décorum et de tout ce qui va avec.
Je vous dirais que c'est assez logique car, d'années en années, l'organisation met le paquet. Et pour la neuvième édition, les modifications ont été plus que significatives ! La déco est toujours aussi ahurissante avec la conservation de ces éléments qui sont indissociables de l'esprit du festival (l'arbre posté en plein milieu du site, la triple pyramide de feu et la porte du Royaume du Muscadet). Et pour l'épisode 2014, une grande roue a été ajoutée, ainsi qu'une guitare géante au rond point jouxtant le festival, le logo dudit festival d'une taille astronomique à l'entrée du site, l'emblème du Hellfest aux abords de l'entrée du VIP, et j'en passe (notamment le Hell City Square, mini Candem Town reconstitué et vraiment bluffant). Vraiment, rien à redire, le décor est planté, et il est parfait.
Ne vous emballez pas garçon... on a toutefois reçu quelques plaintes !
Je sais à quoi vous faites allusion. L'Extreme Market a été déplacé aux abords du festival et en a rebuté plus d'un à aller faire des emplettes, sachant qu'il devrait repasser par la case "contrôle des billets" de l'entrée. L'entrée de l'espace VIP/Presse est également moins pratique mais certainement moins dangereuse. J'ai également ouï dire que la queue lors de l'ouverture du camping ou du site le vendredi était rude. Mais que voulez-vous, tout ne peut pas être parfaitement parfait. J'ai également entendu du monde se plaindre de cette passerelle entre le site et le camping du festival, et figurez-vous qu'à la conférence de presse du directeur du festival, il a même été demandé de trouver une solution face au problème de la chaleur et de la poussière... N'empêche que globalement, les organisateurs se sont creusés les méninges pour accueillir de la meilleure des façons les 152.000 festivaliers et des poussières (hum hum !), et qu'il est difficile de contenter tout le monde. Je félicite le festival pour l'espace restauration qui a été repensé, pour l'élargissement de l'accès à la Warzone (même si ce n'est pas encore assez) et pour toutes ces petites choses qu'on ne découvre pas à l'œil nu mais qui facilitent la vie du festivalier.
HellFest 2014 : Behemoth
C'est bien beau tout ça, mais c'est surtout la musique qui nous intéresse. Quel est votre ressenti sur la programmation du festival ?
Pour être tout à fait sincère avec vous, j'ai trouvé cette programmation bluffante. Evidemment, il y a à boire et à manger, mais élaborez une affiche de 170 groupes répartis sur 6 scènes pendant trois jours et vous aurez toujours quelque chose à redire. La richesse de la programmation impose parfois à faire quelques choix cornéliens. Les têtes d'affiche se mélangent à des formations obscures, les légendes côtoient les groupes cultes, bref, l'éclectisme est de rigueur, et l'ouverture d'esprit est à son paroxysme.
Commençons par le commencement... le Comité a ouï dire que les hostilités débutaient à l'aube...
Presque, si on considère que le festivalier féru de décibels émerge vers 10 heures du mat', après une première nuit de fiesta sur le camping ouvert depuis la veille. Après avoir récupéré mon pass pro, je me dirige en compagnie de mon collègue Bir vers la Valley, scène bien connue pour sa programmation tantôt psyché, tantôt stoner, mais toujours de bon goût. Du coup, ça devrait vous plaire... Et après quelques péripéties pour atterrir sous la tente à la recherche de fraicheur et de bon son (car oui, il commence à faire chaud, et ça n'ira pas en s'arrangeant durant ces trois jours météorologiquement extrêmes eux aussi), quoi de mieux que de commencer par le concert de Mars Red Sky ? Le trio bordelais est idéal pour démarrer les hostilités. Heavy rock teinté de stoner et de soupçons de psyché, rythmes lents et lourds, voix lancinantes, voici typiquement le groupe que je n'écoute pas chez moi mais qui me procure d'excellentes sensations en live. Trente minutes de show millimétré, avec projection vidéo, son au poil et good spirit de la part de festivaliers qui feront honneur au groupe qui monte en remplissant en moins de deux une tente décidément trop petite au vu de la qualité de programmation. De là à dire que Mars Red Sky, qui ouvre officiellement le festival, mérite la grande scène, il n'y a qu'un pas. Je suis scotché par le jeu de batterie de mon copain Mathieu dit Matgaz, fin et précis dans ce déluge de décibels dans des rythmes lents et abrasifs. Bravo mon gars ! Ses deux compères ne déméritent pas et c'est un très bon concert que nous délivrent les papes du stoner français.
Le temps de faire quelques emplettes après d'un des stands de merch du Hellfest (comptez 30 minutes de queue à 11 heures du mat' le premier jour de fest, ça promet !) que je retourne sous la Valley pour retrouver le trio britannique Conan. Le sludge lourd et transperçant des britishs remet les idées en place, le chant hurlé décrassant les oreilles de fort belle manière. Bir n'est pas en reste : la bravoure de Conan a fait battre le fer à chaud de manière primitive et bestiale. Le trio anglais nous a joué l'époque de l'acier trempé avec un doom sludge dégoulinant le plomb et la fureur dans une mare de sang. La musicalité étouffante du groupe n'a fait qu'amplifier le glaive en érection de Conan, tel un cimmérien en chaleur qui bouillonne un set en ébullition. Il ne rigole pas l'ami Bir, hein ?
Le temps d'aller repérer les lieux de l'espace VIP où le patron Ben Barbaud est sollicité pour des photos souvenirs pendant que certains enquillent déjà des godets frais et houblonnés que ma conscience professionnelle me pousse à aller taquiner du côté des Mainstages. Et déjà, ça sent le roussi : le soleil est plus qu'au rendez-vous, pas un nuage pour se rafraichir les idées et la poussière véhiculée par les piétinements et autres circle pit des festivaliers n'est pas de bonne augure pour les organes respiratoires de votre serviteur. Ce n'est pas pour ça que je ne vais pas griller une Malbak pendant le set de Crossfaith. Et je peux te dire que je me suis grillé ma clope fissa tant l'electro métal des japonais m'a donné envie de déguerpir rapido. Tous les (dé)goûts sont dans la nature, et moi en plein air, je préfère passer mon chemin.
Bir, l'homme qui ne craint pas le soleil, a quitté sa Valley adorée pour lui aussi prendre la (chaude) température des Mainstages. L'homme a rendez-vous avec les thrasheux de Fueled By Fire. C'est avec un esprit de garnement débarrassé de toute inhibition à cette heure où l'apéritif est devenu un raout de folie que Fueled By Fire a foutu le feu avec les flammèches d'un thrash oldschool bien fun, permettant à la jeunesse de Belzébuth de rôtir leur esprit dans le houblon frais et la connerie du thrash en même temps.
HellFest 2014 : Clutch
Oh Monsieur de Champi, doucement, on n'arrive pas à suivre...
Messieurs du Comité, il n'est que 13H en ce vendredi, alors prenez votre respiration, car ce n'est pas fini. D'autant plus que pendant que Monsieur Bir de délecte sous les riffs thrash, je n'hésite pas un instant à retourner sous cette fameuse Valley pour rejoindre les Américains de Caspian. Et je me dis que j'ai bien fait, car j'ai passé un excellent moment, même si je ne suis pas un client facile quand il s'agit d'écouter du post rock. Mais les trois guitares conjuguées à des ambiances stoner et des mélodies à tout va font défiler à toute vitesse les quarante minutes allouées à Caspian. D'autant plus que le light show est parfait, et que l'absence de chant révèle les qualités des instrumentistes. Le set démarrera tambour battant, pour s'acheminer vers des morceaux plus ambiancés. Je sais, ça ne veut rien dire, mais je me comprends, et c'est bien là le principal, non ? Ah ok. Alors retenez que Caspian, groupe hypnotique, raffole des mélodies et a plus d'un riff dans son sac.
Pendant que je rejoins l'espace VIP pour me désaltérer, j'ai bien failli déverrouiller mon portable pour joindre votre permanence... En effet, j'ai été témoin du set sur la Mainstage 01 du concert des vétérans de Satan. Pour vous la faire courte : heavy à l'ancienne, soli rapides, voix perchées. Vous mettez dans l'ordre que vous voulez, vous mélangez le tout énergiquement, et vous obtiendrez la recette d'un groupe pas dégueulasse mais un peu hors du temps. Je vous vois vous frottez les mains...vous pouvez.
Je me pose pour reprendre mes émotions et je me rends compte que le carré VIP n'a jamais aussi bien porté son nom : on y croise pêle-mêle des gars de BBÄ, Bubu Loudblast, Raphysteria et même David Dirty Fonzy ! Cherchez l'erreur.
Je fais l'impasse sur Nasty à la Warzone (il n'y a qu'un Nasty, et il est de Besançon nom de dieu !!) et m'en vais retrouver les charmes de la Valley pour le concert de Downfall of Gaia. On a une nouvelle fois affaire à un groupe de sludge lorgnant sur le postcore. C'est remuant, c'est abrasif, c'est... peut-être trop pour moi. N'empêche que les quelques morceaux que j'ai pu prendre dans la face sont hypnotiques et la voix d'outre-tombe du chanteur n'arrange pas nos affaires. Je n'ai jamais été un grand amateur de ce genre de groupes, mais ce n'est pas pour ça que c'est dénué d'intérêt. Loin de là.
Dites-moi Monsieur de Champi, vous parlez de la Valley et des Mainstages. Mais un rapport confidentiel nous fait part de six scènes. N'occulteriez-vous pas certains faits qui pourraient être préjudiciables au programmateur ?
Vous me semblez bien renseignés Messieurs du Comité. Mais si vous aviez poussé vos investigations, vous sauriez que je ne suis pas un mordu de death et de black, et que les scènes Altar et Temple (communément désignées durant cet interrogatoire de "tentes bleues") ne seront pas beaucoup honorées de ma présence. Au contraire de mes amis Bir et Koudj'. D'ailleurs, notre ami sudiste enchainera deux concerts sous les tentes bleues à l'heure du goûter : tandis que le soleil balançait sa brûlure au rythme que les galériens avaient naguère en tempo dans l'échine dorsale avec des coup de fouet en guise d'encouragement, on en vient à battre le pavé pour rechercher la fraîcheur d'une église, puis l'on s'est retrouvé à genou devant la messe noire hypothétique de Gehenna, dont les cantiques black métal sont la preuve inaugurale que dans les décombres encore fumant du sacré de la musique des enfers, on trouve le fétiche du groove. Ce groupe fut saisissant de fascination, encore s'agissait-il de passer de martyr à saint par le biais d'un recueillement expiatoire pour être habité par leur musique sombre, et tellement envoutante une fois que l'on a goûté à son venin.
Puis, Loudblast est arrivé dans l'arène en dominateur, il en est ressorti en triomphateur sans l'ombre d'un doute. Il a employé la massue pour nous fracasser les nuques, la hache pour nous briser les tympans, et la foudre pour nous électrocuter les sens, qui de toute façon étaient déjà en alerte maximale et en mode survie au bout de la première décharge de riffs. Il n'y a eu aucune alternative pour y réchapper, car selon l'adage soit le lièvre compte sur ses jambes, soit le loup sur ses dents et chacun survit comme il peut. Loudblast a fait du civet avec nos gueules hirsutes, et la moutarde qui pique, on l'a encore dans le tarin sanguinolent à l'heure qu'il est.
HellFest 2014 : Therapy?
Soit, la qualité semble au rendez-vous du côté du death et du black... mais ne vous méprenez pas, nous voulons savoir ce qui se passe du côté de la Warzone : devons-nous y installer dans les années à venir une cellule spéciale ?
Que nenni mes braves amis ! Pendant que Bir profitait des bienfaits des croix renversées et des pentagrammes sonores, je m'en suis allé requérir le bon son du côté ouest du festival. Et bonne nouvelle, l'accès a été quelque peu repensé et le désengorgement semble avoir été maitrisé. On se rendra compte que malheureusement, cette première impression sera balayée quand il s'agira d'aller taquiner le punk et le hardcore de grosses pointures. Mais bon, à l'heure de Stick to Your Guns, tout se passe bien. Ce n'est pas la foule, et je profite d'un peu d'ombre au moment où les Américains débarquent sur scène. Et les gars réclament, dès le deuxième morceau, un circle pit ! Au secours !!! Les riffs sont plombés et aiguisés, et ça bastonne autant que le soleil qui est à son zénith, vous voyez le tableau ? Ce n'est pas du Van Gogh, mais on s'approche de la perfection à l'écoute du punk hardcore détonnant des ricains, même si le côté "mélo" dans les voix sur certains passages sont largement dispensables.
Et après tant de folie sonore, quoi de mieux que de retourner à la Valley pour faire le plein de rythmes plus lents et manifestement plus rock ? C'est donc avec bonheur que j'assiste au concert des américains de Royal Thunder et son rock mid tempo teinté d'influences 70's avec une jolie fois de la part de la chanteuse bassiste. Le rock parfois psyché de Royal Thunder est simple et efficace, tout comme doit l'être le rock 'n' roll bon Dieu : percutant et attractif. Quand ces deux ingrédients sont mixés à bon escient, le résultat est savoureux. Le son n'est pas étouffant, les guitaristes usent sans abuser des effets phaser et delay, et je raffole tout particulièrement des passages sonnant à la Led Zep. On n'est pas bien ?
C'est bien beau tout ça, mais certaines plaintes qui nous sont parvenues font référence à des groupes des 80's ou 90's désuets et cramés. Qu'en est-il ?
Des groupes des 80' ou 90's, il y en a, je vous le concède. Mais vos informateurs doivent avoir quelques troubles auditifs. Et j'ai quelques exemples qui m'ont été soigneusement narrés par mes complices Koudj' et Bir :
Quand j'ai vu Billy Milano de M.O.D en survet, je suis retourné à l'époque de mes quatorze ans d'un seul coup. C'était carrément fou, et il m'a fallu un temps d'adaptation, car si j'avais bien mes Converses aux pieds comme depuis que j'ai six ans, dans ma tête il y avait une perturbation climatique intense, parce que ce band, moi, je l'ai vécu comme une divinité du fun. Donc quand M.O.D s'est foutu en branle, la nostalgie était en place direct, pas comme le chant de Billy. Mais qu'importe finalement car j'avais le gros Billy me balançant son putain de crossover thrashy punk bien fendard, et c'était bien tout ce qu'il me fallait pour tracer un trait sur cette époque afin de passer à autre chose et ne plus avoir de regret. Mais déjà, il y en avait un paquet qui commençait à avoir mal au cheveu.
Koudj' a, quant à lui, assisté au concert des Brésiliens de Sepultura : étant fan de la première heure du groupe, j'avais moyen envie de les voir sous ce line-up. Allez, on va pas faire le rabat-joie, et faisons nous un avis objectif. Et bien, je dois avouer que le concert a été une très bonne surprise : gros son et super pèche des zicos ! Ca joue super carré et le chanteur fait grave le taf. Tout cela me replonge des années en arrière, à l'heure de gloire des Brésiliens qui avaient laissé dans ma mémoire, un concert magistral en 1996 aux Eurockéennes de Belfort.
Juste avant, le bon vieux Rob Zombie était également de la partie : seconde fois que je vois le sieur Zombie au Hellfest et je dois dire que la première ne m'avait vraiment pas convaincu. Bref, je laisse une chance à un des papes de l'indus rock. Bon, pas mieux, ca chante toujours aussi mal. Les musiciens font le taf pourtant, avec un John 5 plus que bon, mais les soli de grattes trop long ont tendance à lasser. A noter quelques reprises comme "Am I evil" de Diamond Head, un "Enter sandman" de Metallica et un morceau de Judas Priest, mais malgré tout, il ne se passe rien de plus. Décidément, Rob Zombie, il est bon sur disque et au ciné.
Des vieilles gloires du thrash et de l'indus, c'est bien, mais n'oublions pas le rock à l'état pur. Et alors que je rejoins mon camarade Matgaz faisant une pause dans son planning d'interviews, il est grand temps d'assister à l'un des meilleurs moments de la journée avec le concert de Therapy ?, groupe qui, à lui seul, méritait le déplacement dans terres clissonaises. Malgré son backdrop que j'aurais tendance à qualifier de ridicule, le power trio irlandais va mettre directement les pieds dans le plat et proposer un mix bouillonnant de ses chefs d'œuvre Trublegum et Infernal love, pièces maitresses d'une discographie sans fausse note. Ce qui n'est pas le cas du chant de l'ami Andy Cairns qui ne doit son salut qu'aux interventions généreuses de son roadie pédales sur les refrains. Qu'importe, le show est bouillant, et le métal rock alternatif des trois gaziers est tout simplement monumental. Je retourne en un clin d'œil dans ces douces 90's, alors que le mot "rock" avait encore tout son sens, où les guitares et les mélodies étaient respectables, un temps où Nickelback et consorts n'avaient pas encore violé la recette magique. Vingt-cinq ans après, les Therapy? sont toujours là, et c'est rassurant. Vraiment.
HellFest 2014 : Status Quo
Bon, soit, vous vous en tirez bien sur ce coup-là. Mais sitôt les légendes de retour, on délaisse les groupes plus obscurs à ce que je vois !
Mais pas du tout, et la preuve, ça s'active toujours du côté de la Valley, avec les concerts de Kadavar et Kylesa. Kadavar tout d'abord, où Bir semble faire une fixette sur les attributs capillaires des Allemands : les coiffeurs de Kadavar étaient de permanente avec un brushing de rock hippie que le public en apoplexie a apprécié en tapant des mains sans discontinue. C'était assez frappant et similaire à ce que l'on peut constater des Allemands rougis par le soleil estival quand ils se torchent un cubi de rosé du Languedoc-Rousillon avec les testicules baignant dans la Méditerranée. Quant à Kylesa, le groupe a fait couler l'encre de sa musique par une couche successive de contraste où de la noise au doom jusqu'au sludge et au psychédélisme, démontrant ainsi une discographie conséquente avec une Laura Pleasants en leadership. Bir se trompe rarement, et je me permets de rajouter après sa prose dithyrambique que le groupe ricain a fait sensation avec ses rythmes lents, lourds et hypnotiques, en dépit d'un light show un peu fourre-tout sous une Valley quelque peu clairsemée. A noter une configuration intéressante avec deux batteurs sur scène : t'as intérêt d'enquiller les répètes pour être calé, ce qui sera le cas. Fin de la note.
On vous a laissé narrer cette journée qui semble avoir été à votre goût, mais nous restons étonnés de ne pas avoir été sollicités pendant le concert de la tête d'affiche du soir. Problème de portable ? Impossibilité de faire des signaux de fumée ?
Je vois où vous voulez en venir. Pour le comité du bon goût, Iron Maiden est synonyme de vieux croulants, de musique désuète et de parodie des 80's. Pffff... C'est la foule des grands jours autour de la Mainstage 01. C'est à ce moment précis que je me rends compte de l'affluence hallucinante promise tout au long du festival. Pourtant, Christian m'avait mis sur une piste intéressante pour vos services : "Tu sais Gui, tu verras ce soir le même show que nous avons vu un an plus tôt au Sonisphere, avec des interventions de Bruce identiques". Merde alors. En même temps, si mes souvenirs sont bons, j'avais pris une bonne baffe lors de ce fameux concert mosellan. Alors ça devrait le faire n'est-ce pas ?
Et ????????????????????
Eh bien, ça l'a fait ! Et pas qu'un peu !! Le soleil n'est pas encore couché (il faut dire que le set a été avancé de deux heures sur la demande, pardon, le chantage express du management d'Iron Maiden, pour éviter à ses protégés de se coucher tard ou bien de profiter du match de coupe du monde de minuit). Après un petit film d'animation lancé avec quelques minutes de retard sur le programme (on s'autorise à penser dans les milieux autorisés que les Anglais ont tardé au catering, provoquant un léger retard sur leur entrée de scène, mais info invérifiable !), le décor est dévoilé, la structure light descend progressivement, c'est parti mon kiki, place à deux heures de heavy british metal !!! Dès "Can I play with madness", c'est de la folie pure. Les bonhommes sont carrément en place, et le set magique promis par le festival depuis l'annonce de la programmation de la Vierge de Fer va tenir toutes ses promesses. Alors que les premiers accords de "The prisoner" résonnent, Bruce lance un "Scream for me Hellfest" qui a le don de rendre l'assistance complètement folle ! Le rêve éveillé de voir ce groupe énorme au Hellfest devient enfin réalité, et Bruce Dickinson est en pleine forme, balançant ses meilleures répliques françaises, et notamment le devenu culte du côté du Hellfest Crew envoyé après "2 Minutes to midnight" : "Nous allons bientôt jouer à Arras, petit festival du Nord" ! "Revelations" est mené tambour battant, et malheureusement, Bruce trouvera le truc qui fera réagir le public à tous les coups : l'annonce en direct du score de France - Suisse. C'est drôle la première fois, tu applaudis la deuxième fois, mais à la fin, c'est un peu lassant. Heureusement que les tubes comme "The trooper", "The number of the beast", "Phantom of the opera" ou "Run to the hills" s'enchaînent dans une exécution parfaite. Effectivement, tous les gimmicks du concert du Sonisphere seront reproduis à Clisson (apparition d'Eddie sous différentes déclinaisons, articulation de fantômes, drapeau anglais agité avec vigueur par un Bruce très joueur) et la pyrotechnique n'est évidemment pas mise de côté. "Fear of the dark" (transformé pour l'occasion en un "Hellfest of the dark") ne manque pas de mettre les points sur les "i" : Iron Maiden est toujours là, et n'est pas prêt de laisser sa place sur le trône de plus grand groupe de heavy metal. Après un rappel composé notamment d'un "Sanctuary" plus que parfait, le groupe tire sa révérence sous les acclamations d'un public aux anges : le groupe a fait le boulot même si encore une fois, il manque dans cette putain de set-list ce titre anthologique qu'est "Hallowed be thy name".
HellFest 2014 : cathedral
Pendant que le culte Iron Maiden dépucelait au fer rouge une partie des laïcs de France et de Navarre, nous autres les damnées de la terre on s'est enflammés pour Watain et sa théâtralité black metal. Au point de non-retour avec le bruit et l'odeur de Belzébuth qui hantera nos nuits pour les siècles et les siècles tellement se fut époustouflant de souffre sonique, de malignité visuelle, dans une sorte de purification par le feu en somme. Depuis le temps que l'on nous rabâche sur le jugement dernier et de ces quatre chevaliers de l'apocalypse, moi je n'y croyais plus pour tout vous dire. Mais en ayant fait face au set de Watain, il est plus que probant que l'évidence m'est sautée à la tronche et anéantie une nouvelle vision plus réaliste de l'extinction terrestre par une nouvelle voie où les flammes purificatrices lèchent le corps calciné d'un black métal à l'ivresse profane.
Sans son leader et compositeur charismatique Chuck Schuldiner, la reformation du groupe Death semblait apparaître comme une opportunité trafiquée et assez scandaleuse, au point d'avoir la même image diabolique que l'industrie musicale quand elle n'a plus assez de fric à se faire dans l'enfer de son besoin insatiable de profit, en exhumant les restes des morts jusqu'à en extraire la perpétuité d'un jus putride rentable. Et bien malgré le grésillement intempestif d'une enceinte, je peux vous assurer que Death, ça tue !
Les managements d'artistes sont parfois pénibles. Après le caprice de Maiden, Slayer n'a rien trouvé de mieux que de décaler aussi son set pour enquiller juste derrière la Vierge de Fer. Je n'attendais absolument rien du concert des ricains, d'autant plus que depuis les départs d'Hanneman et Lombardo pour des raisons tragiquement différentes, le line-up n'est plus aussi bandant qu'à l'époque où j'ai pu les voir dans les années 90. Alors je me pose près de la console, me convainc de rester trois morceaux avant d'aller trainer du côté d'une autre scène. Le groupe monte sur scène, balance la purée, et là, c'est tout simplement LA GUERRE !!! L'entrée en matière avec "Hell awaits" est ultra punk, rageuse, puissante. Les qualificatifs me manquent pour décrire cette entrée en matière ultrème (mélange d'ultra et d'extrême). Et même si Tom Araya a pris dix ans d'un coup avec sa barbe grisonnante et dégueulasse, je reste scotché par le set ultra agressif délivré par les Américains, grandement mis en avant par un son frisant la perfection. Le groupe dégage une puissance phénoménale en balançant un set ultra en place. Hallucinant. J'aurais du mal à me remettre de cette claque fulgurante. Bien évidemment, les classiques sont au rendez-vous ("Seasons in the abyss", "Raining blood", "South of heaven", ... ) et je suis à la limite de l'orgasme lors de l'exécution de "Disciple". Bien évidemment, je suis resté tout le concert, paralysé par tant de débauche d'énergie et de riffs surpuissants. Danke schön messieurs !
Il est minuit quand je rejoins Matgaz sous la Valley pour le concert d'Electric Wizard. Malgré de superbes lights, le début du set du quatuor doom britannique est on ne peut plus branlant, et le son lourd mêlé aux infrabasses quasi insupportables nous feront quitter les lieux au bout de deux morceaux. Bir, quant à lui, est resté jusqu'au bout : Je dois reconnaître qu'Electric Wizard s'est chié, mais je suis fan alors je n'en dirais pas du mal par pure mauvaise foi, étant sans confession, c'est plutôt arrangeant. Mais j'ai été déçu que mon corps n'ait pas été transpercé par les ondes sonores et pu résonner aux vibrations telluriques des Anglais de la manière habituelle, parce que le guitariste et chanteur Jus Osborn semblait dans un état second. Le groupe a donc eu des difficultés mettre en place l'acidité doomesque, alors que leur musique requiert une précision d'horloger pour que tous les éléments fassent corps en un seul et même magma musical. Sinon j'adore Electric Wizard et Liz Buckingham est ma sorcière préférée, donc tout ceux qui en diront du mal auront un maléfice en bonne et due forme.
Le temps de remonter vers les Mainstages et de tomber nez à nez avec un Sabaton reprenant "YMCA" des hommes du village que nos routes se séparent. En effet, quitte à faire le pied de grue, je ne veux absolument pas louper une miette du concert de mes Kvelertak adorés. Meir reste un de mes disques préférés de l'année 2013 et je suis encore tout retourné du concert des Norvégiens auquel j'ai pu assister un lundi soir d'hiver à Colmar. Et je peux vous dire que je n'ai pas été déçu. Je ne manquerai pas de vous faire part, un peu plus tard, d'une théorie de Matgaz selon le moment de l'entrée des musiciens pendant un concert, c'est quasi 50 % du boulot de fait, et bien fait. En y repensant, l'entrée des hommes du froid a été parfaite. Il faut dire que "Åpenbaring", ouvrant Meir, et au fil duquel chaque instrument rentre au fur et à mesure du morceau, est magnifiquement mis en lumière par l'éclairagiste du groupe qui fera un light show comme je les aime : puissant, dynamique, sans farces et attrapes, intelligent et raffiné. Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos six hommes du grand Nord mélangeant avec rage et subtilité le rock 'n' roll, le punk et le black. J'adore ce groupe, et ce concert au Hellfest, qui restera dans mon top cinq, renforcera mon sentiment d'être face à un groupe hyper talentueux et frais. Le son sortant de la façade est tout simplement grandiose, le mix permettant de distinguer à la perfection les sonorités différentes et complémentaires des trois (!) guitares. Les gars savent y faire, le basse-batterie est imperfectible, et l'imposant hurleur (sans son hibou fétiche pour ce concert) joue son rôle de frontman à la perfection. Les deux albums du sextet font bien évidemment bonne figure dans la set-list, et chaque break, chaque solo de guitare(s), chaque refrain sont pour moi un grand moment de bonheur.
Pendant ce temps-là, l'ami Matgaz est allé prendre une cure de Septic Flesh : Voilà l'un des groupes que j'attends le plus du festival. Même si leur live est à considérer très différemment de leurs albums, puisqu'il manque un membre du groupe : l'orchestre ! Et oui, monsieur, ce n'est pas une mince affaire !! Depuis leurs deux derniers albums (dont le nouveau Titan sort le jour de ce concert), ils ont tout basé sur l'orchestre pour ensuite y ajouter leur métal, c'est à dire que ce n'est plus du death métal symphonique mais plutôt du symphonique death métal. C'est justement ce qui les caractérise et les démarque du peloton, et c'est particulièrement ce qui me branche chez ce groupe. Ça c'est sur album. En live, c'est tout l'inverse. Du coup, on a à faire à un quartet (2 guitares, basse / chant, batterie) classique avec en extra les plages orchestrales déclenchées par je ne sais qui. De toute façon, il est complètement impossible de reproduire en live ce que fait l'orchestre donc autant l'approcher sous un autre angle, et c'est ce qu'ils font. C'est beaucoup plus frontal et dans ta face. Je suis bien placé pour admirer leur arrivée. Ils ont disposé des toiles de leur artwork devant les amplis. Musique d'intro, ce qui est plutôt tendance en ce moment. Les gars arrivent, le bassiste est vêtu de sa sorte d'armure mi écaille de poisson, mi lézard, et ça enquille sur un classique de Great mass. Comme le veut la tradition, le son met un morceau pour arriver à quelque chose d'honnête. Je vois ce que j'ai à voir. Très bonne prestation mais pour moi Septic Flesh est un groupe à écouter peinard dans son fauteuil chez soi pour profiter pleinement du gros boulot sur les arrangements effectués en studio avec l'orchestre.
Comme vous pouvez l'entendre, Messieurs, la première journée du Hellfest n'a pas été de tout repos pour vos conteurs. Une bonne nuit de repos bien méritée et on remet le couvert le lendemain !
Avec le nombre de concerts accumulés la veille, on imagine que vous n'êtes pas retourné de bonne heure sur le site en cette journée du samedi...
Vous vous trompez ! Nous sommes même arrivés avant l'ouverture du site au public, ce qui nous a permis d'aller repérer les aménagements spécialement concoctés pour Aerosmith. Le soleil est bien sûr au rendez-vous, et nous commençons la journée tout comme nous avions démarré le festival la veille : sous la Valley ! Sur les bons conseils de Christian notre covoitureur et surtout ami, nous ne perdrons pas une miette de Hark. Ce groupe, constitué d'anciens Taint, est arrivé dans la nuit chez Christian, histoire de dormir quelques heures au chaud (c'est le cas de le dire). La veille, le groupe jouait à Paris, et le chanteur s'est fait tirer son sac à dos avec portable, carte bleue, et tutti quanti. Cela n'a toutefois pas entamé l'envie du trio britannique de nous en mettre plein la vue, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont réussi leur coup. Le stoner heavy rock des trois musiciens est très fort en façade, et l'enchaînement des titres confère à l'ensemble un intérêt non négligeable. Les gars n'ont pas inventé la poudre, mais il font le boulot proprement, et c'est bien ce qu'on leur demande à 10h30 du mat', en prémisse d'une lonnnnnngue journée. Merci pour le tuyau Christian !
HellFest 2014 : Black Sabbath
Et c'est à ce moment de la journée que nous avons reçu une alerte sur notre ligne sécurisée.
Hum, je vois à quoi vous faites allusion. Effectivement, en se dirigeant vers la Warzone, Matgaz et moi-même avons été pris d'un affreux doute : un groupe se dénommant Stinky Bolloks pourra-t-il véritablement égayer notre fin de matinée quand, à l'évocation du nom, nos oreilles saignent déjà ? Nous prenons notre courage à deux mains, nous enfilons dans le couloir de la Warzone, restons trois minutes le temps de se faire un avis objectif sur le hardcore du groupe français. On partira toutefois en courant quand le chanteur lancera au public "on ne vous entend pas !". Phrase ô combien interdite dans le vocabulaire qu'un groupe doit usiter pendant son show, au même titre que "on a fait des kilomètres pour vous, alors bougez-vous" ou alors "vous en voulez une autre" au bout de trois titres. Désolé les gars, mais ça tient à peu de choses. Et musicalement me direz-vous ? Bah c'est pas notre came. Sachons rester polis parfois.
Pendant ce temps, le philosophe Mr Bir n'est pas resté inactif en allant voir Mercyless. Ce groupe fait partie de la vieille garde du death hexagonal et ce concert était une belle commémoration. Elle rendait honneur et stature à la cause de ce style originel ainsi qu'à la vétusté musicale de ce groupe. Figé par l'excès de sa vénération, le groupe a maintenu son érudition avec stoïcisme, et a marqué sa déférence comme un funambule s'en tient à sa ligne de vie. Donnant de ce fait à son set un dépôt de gerbe honorable pour les objecteurs de conscience du crossover, mais d'une grandiloquence cérémoniale inoubliable pour les mortels de la faucheuse.
Dites-moi, votre Mr Bir semble être plus à l'aise avec les groupes de la scène Altar (et même Temple) que vous avec les alcools forts.
Je ne vois pas le rapport, mais vous avez raison. Notre ami a enchainé quelques concerts de death, et voilà ce qu'il en ressort : même saturé de pléonasme et de boucles rythmiques rebattues par tous les temps, le set grindesque de Benighted a rempli les ordres "deathaliques" de sa solution finale : Tout anéantir ! Et bordel de merde, il y est parvenu le salaud.
Grand et culte, Supuration est un oracle de froideur à faire glacer le sang et à réchauffer les cœurs. Il a conquis un public bouche bée par la saturation de son univers singulier dont le combo en maitrise les affects, la diversité, et a enfanté un set d'une merveille sonique à l'état pur. J'en suppure encore par tous les pores.
Si les amis de Tolkien ont su retrouver le chemin des sept clefs septentrionales avec la venue de Trollfest, je m'en félicite pour eux, toutefois je cherche encore à comprendre l'usufruit qui permet à des personnes vêtus de clous et de cuir et munis de shirt contenant des messages à caractères obscènes pour la maréchaussée, pourquoi elles ont perdu leur dignité en tapant des pieds et des mains sur du métal festif ?
Dans la fournaise d'Incantation, on a retrouvé par la suite un public errant, tel des zombies calcinés par ce death sépulcral d'une intensité à faire blêmir maitre cornu himself.
Effectivement, cette tente bleue est surprenante Et pendant ce temps-là, vous vous dorez la pilule en vous délectant sur les mauvais look des festivaliers ?
Oui, mais pas que... Nous sommes aussi friands des curiosités musicales et artistiques, et la Mainstage 01 accueille un groupe (d)étonnant. Un cover band de Led Zeppelin, et féminin s'il vous plaît. En grand amateur du quatuor britannique, j'ai eu du mal à rentrer dans le délire de ce groupe sans réelle personnalité (outre le fait que la formation joue des reprises, je trouve ça un peu lisse) et jouant assez mollement. Rien de transcendant de mon côté. Certainement un groupe à voir en club sur un show dépassant les trente minutes, d'autant que le tiers du show sera consacré à des soli (guitare et batterie) : à quoi bon ? Je tire toutefois mon chapeau à la frontwoman dont la voix à la Janis Joplin fait le job. Matgaz n'est pas vraiment de mon avis : j'ai mis au moins 20 minutes à être sûr qu'il s'agissait bien d'une drôlesse à la batterie. Des avant-bras comme mes cuisses ! Tout y est, solo de guitare à l'archet long et chiant mais indispensable, solo de batterie (sans les mains), loin du marteau piqueur Bonham mais dans l'esprit. Pour un groupe de reprises, le boulot est fait. On ne peut pas en demander plus. C'est fun et sympa à voir en festival, y'a pas de quoi en faire un plat par contre.
Sur l'autre Mainstage, Miss May I et son metalcore enchaîneront sans répit. Et pour Koudj', c'est une belle découverte de cette cuvée 2014 ! Les festivaliers commencent à accuser le coup après deux jours de bringue (la soirée du jeudi semble avoir été fracassant pour certains). Mais malgré la fatigue, un soleil à se faire cuire un steak sur le crâne et quelques problèmes de son, le combo a su attirer mon attention entre deux stands. Je me suis vite pris au jeu et je dois dire que les ricains assurent bien. Un groupe à surveiller !
Pendant, ce temps, je file me restaurer vite fait, et il est déjà l'heure du concert tant attendu, celui que tout le monde voulait voir mais que personne n'a eu la décence d'aller écouter. Bon, on peut comprendre car ce groupe joue partout tout le temps dans notre bel hexagone, mais qu'importe, car les Burning Heads sont en ville ! Je prends le temps d'assister un line-check sous les blagues potaches et alcoolisées de trois mecs, et les quatre d'Orléans sont prêts à démarrer vingt minutes avant le début officiel des hostilités ! Les Burning au Hellfest, c'est comme du pâté sur une biscotte : ça peut paraître étrange, mais putain, c'est bon !
Nous avons reçu des images de ce concert, filmés par un généreux donateur, mais nous n'avons pas tout compris...
Je pense que vous parlez du circle pit lancé par le public sur un morceau reggae du groupe. Oui, effectivement, c'est du jamais vu, mais ceci n'est qu'un détail, au vu de la prestation impeccable des Burning. Je vois encore les gars de la sécu qui, en discutant avant le show, se préparait à un concert tranquille, du fait de la faible affluence dix minutes avant la presta'. Et bien je peux vous dire que les gars ont eu du boulot car, à défaut de jouer devant des connaisseurs de leur discographie, leur punk rock a su enthousiasmer les festivaliers qui ont eu le bon goût de fréquenter la Warzone en ce début d'après-midi. Le groupe alterne ses classiques, des morceaux issus de ses dernières productions et de nouveaux titres à paraître sur leur nouvel album dispo à la rentrée, et exécutera avec rage et détermination le « No way » emprunté depuis des années à The Adolescents. Le combo se fait plaisir et nous fait plaisir ! Du pur punk rock dans ce festival connoté musiques extrêmes et me voilà avec le smile pour toute la journée ! Merci les Burning !
HellFest 2014 : Deep Purple
Pendant que vos Burning jouaient, il nous a été rapporté un dicton pas piqué des hannetons : "Putain les glameux, c'est comme les trans, c'est pas beau quand ça vieillit !"
Ah oui, c'est vrai que Koudj' n'a pas été tendre pour introduire son avis sur Skid Row. C'est sous un soleil de plomb et sur une scène assez sobre (un backdrop à l'effigie de leur dernier album fera affaire de décor) que déboulent le groupe glam rock chers aux 80's. Certains puristes pourront regretter de ne pas les voir avec Sebastian Bach (présent avec son projet solo l'année précédente à Clisson), mais Johnny Solinger fait le taff et tous les fans reprennent vite les morceaux à l'unisson. Le groupe prend visiblement son pied et sa bonne humeur se transmet au publique comblé. A noter un Phil Anselmo blagueur sur le côté de la scène.
Je tente par la suite de trouver un peu d'ombre tout en écoutant Buckcherry et son rock 70's sans surprise mais agréable à l'oreille, puis vient le moment tant attendu de Walking Papers. Si tu lis régulièrement notre mag digital, tu sauras que j'ai été agréablement surpris par le premier album du groupe comprenant dans ses troupes des ex-Screamin Trees et le cultissime Duff Mc Kagan (ex-Guns N' Roses) à la quatre cordes. Et la restitution en live du premier album éponyme fraichement sorti dans l'hexagone (et en 2012 aux Etats-Unis) est renversante d'authenticité et de superbe. Duff, comme à son habitude, est monstrueux de présence, attirant tous les regards, alors que ses acolytes, plus discrets, font le boulot au centre de la scène. Ce groupe est taillé pour les planches, et ses chansons sont tout simplement bouleversantes, alternant puissance et nuances. Jeff Angell lâchera même sa guitare en milieu de set pour communier au sein de la foule qui a réservé au groupe américain un accueil chaleureux. Un peu de finesse dans ce monde de brute. Je contemple tout ça avec le sourire aux lèvres et la satisfaction d'avoir assisté à une performance propre et émouvante.
Le temps de faire une pause que j'ai ouï dire par des informateurs secrets que Bir traîne du coté de la Warzone. Si j'ai bien décodé son message de sioux, ça n'a pas donné grand chose. Jugez en plutôt : Protest the Hero, groupe de mathcore canadien, a abusé des effets négatifs et potentiels de l'essor de sa technique, a tel point que nous avons pu juger à loisir de la forme rectiligne de leurs titres orthogonaux.
Un peu plus tard, Brutal Thruth a pulvérisé sa brutalité légendaire sans compromis. Il a su établir une once de quiétude mais juste le temps d'un dixième de seconde entre deux morceaux pour que le public puisse reprendre un peu d'air, mais déjà il crevait sous les coups délirants d'un grindcore volcanique exténuant.
Pour un festival de musiques extrêmes, ça semble léger en terme de "bourrin ".
On dirait qu'il y a un truc que vous n'avez bien saisi : il y a tellement de choses à voir et à écouter sur ce festival, pendant trois jours, qu'il n'est pas besoin d'être amateurs de chants gutturaux, de guitares criardes et de croix renversées pour passer un bon moment. Mais comme vous semblez aimer ce qui débouche les oreilles, voici un petit florilège de Koudj' qui n'y va pas avec le dos de la cuillère.
La scène Temple est surblindée dans l'attente du concert de Shining, si bien qu'il faut des jouer des coudes pour trouver une bonne place. Première impression : le son est ultra pourri de derrière, à base d'aigus appuyés, une vraie diarrhée dont les pays tropicaux ont le secret. Heureusement, plus on s'approche, plus ça s'améliore. Finalement, je réussi à être bien placé et je peux enfin profiter du concert. L'ambiance est à l'image du groupe, glauque et oppressante. C'est quand même le bonheur de se farcir notamment un "Låt Oss Ta Allt Från" monstrueux, tiré de l'album Halmstad. Par contre, nous n'avons eu droit qu'à 25 minutes de live seulement, un vrai scandale. Shinning, j'adore musicalement, mais putain, ils font chier !
Au même moment, les copains Marseillais de Dagoba ont investi la Mainstage. Un an après leur dernier passage et un changement de line-up (nouveau guitariste), je dois dire que ça sonne vraiment bien et qu'ils ont la pèche. Le public apprécie le show et le fait savoir en créant une mini tornade de poussière déclenchée par un circle pit de l'enfer et un des plus gros wall of fame de l'édition 2014. Le groupe, quant à lui, est toujours aussi carré, avec un son énorme et de la double grosse caisse à gogo ! On sent les kilomètres de bitume avalés et les dates enchaînées depuis leur dernière prestation à Clisson.
Et hop, un petit coup de hardcore avec Hatebreed. Je suis pas un grand fan du groupe, je préfère largement Propain et les groupes à l'ancienne genre SpudMonster ou Merauder ..., mais je dois avouer qu'il ont claqué la barre haute et mis tout le monde d'accord ! Gros son et énorme patate du combo hardcore américain au programme en ce début de soirée sur la Mainstage 02. Une reprise de "Ghost of war" de Slayer achèvera les valeureux venus se prendre une baffe magistrale ! A l'exception d'un petit problème de gratte au milieu du set, tout s'enchaine, c'est vraiment un bon concert et une bonne leçon de Hardcore que nous prenons en pleine face.
Après avoir délaissé la Valley, il est grand temps pour ma part de joindre l'antre du rock lourd et psyché qui proposera jusqu'au milieu de la nuit une programmation saisissante.
HellFest 2014 : Iron Maiden
Allons bon, les substances hallucinogènes ont certainement altéré votre vision des choses mon ami ?
Non, non, et non. Et vous allez vous rendre compte que votre comité, aussi organisé soit-il, ne pourra pas mettre en branle mon avis sur la programmation classieuse de cette scène. Et en voici la démonstration avec quatre groupes !
Witch Montain tout d'abord. Comme le dit si bien Mr Bir, il fallait absolument un havre de détente absolu et mon camarade l'a trouvé avec le doom processionnaire de Witch Montain, qui fut un choc émotionnel, tant la charmeuse de serpent Uta Plotkin a utilisé son venin vocal pour envoûter un set d'une douceur ensorcelante. Mr Bir n'en fait pas des tonnes, car effectivement, le doom stoner assez lent teinté de black (dans le traitement des guitares et de la voix) de la formation US a fait son effet. La lourdeur de l'ensemble frise le psyché, et la nuance entre la méchanceté des passages black métal et la douceur violente (ou la violente douceur, c'est au choix) est parfaite. Du bon, tout simplement.
Une heure plus tard, les rois du psyché ont balayé les espoirs de candeur sous la Valley. Acid King a joué avec la lumière céleste et les tréfonds du doom pour assoir un concert qui a littéralement transcendé Mr Bir. Il faut dire que le doom stoner du trio américain (décidemment, ce pays est un excellent fournisseur de ce type de scène) est hypnotique à souhait. J'ai personnellement le sentiment de faire face à un enchaînement de sons s'emboîtant les uns aux autres qu'à de véritables morceaux aux structures classiques, mais je reste sous le charme de cette formation à la réputation non usurpée. Et le public ne s'y est pas trompé, la Valley étant plus que remplie. La voix de la chanteuse/bassiste, constamment "delay-tisée", apporte une touche encore plus mystique à la musique intrigante du trio qui maîtrise son sujet à la perfection.
A peine le concert du trio achevé, les festivaliers ne semblent pas vouloir quitter les lieux. Il est même très compliqué de se frayer un chemin aux abords de la tente, alors que le backline est en cours de changement sur scène. Clutch est attendu comme le messie, et le public est prêt à faire un triomphe aux habitués des lieux (3ème presta au Hellfest !) et grand absent pour raisons personnelles l'année dernière. L'accueil qui sera réservé à Clutch est tout bonnement hallucinant, et le stoner bluesy rock de la formation US fera mouche dès les premières mesures. Les gars tartinent de titres qui foutent la banane, et les retardataires, contraints d'écouter au loin le groupe sans pouvoir en distinguer les musiciens, ont déjà compris qu'ils ont fait une sacrée boulette de ne pas être arrivé en avance. Gros feeling, riffs qui déboitent, tout est parfait, à l'exception toutefois de l'ingé son qui oublie momentanément de monter les tranches pour qu'on s'en prenne plein la gueule. Kemical Kem, tout droit venu de Belfort et en pleine préparation des Eurockéennes, en est encore tout chamboulé : Bon, on ne va pas y aller par 4 chemins... ce concert de Clutch sous la tente Valley fut sans aucune discussion possible mon top concert de ce Hellfest 2014 ! Set-list parfaite qui commence avec un dantesque "The mob goes wild" et qui va passer en revue la plupart des classiques du groupe tels que, entre autres, "Electric worry", "One eye dollar", "The regulator" et "Earth rocker". La tente est surblindée, ça déborde de tous les côtés ! Neil Fallon, qui a la bougeotte, est en grande forme, le public est au taquet de chez taquet, reprenant les morceaux par cœur et hurlant à s'en décoller la plèvre entre chaque morceau ! J'ai rarement vu une ambiance aussi dingue !!!
Cerise sur le gâteau déjà bien bourratif, la venue de Monster Magnet m'a fait replonger dans les années 90's, quand j'avais eu la primeur de voir le groupe en ouverture de Metallica aux Eurockéennes de Belfort. Quinze ans plus tard, je retrouve avec bonheur Dave Wyndorf et sa bande de loustics. Pour la faire courte, Monster Magnet a déroulé sa cosmique musique en se mouchant dans les étoiles avec son frontman poudrant son chant dans une poussière émotive qui nous a touché en plein cœur. Il faut dire que l'heure passée en compagnie de cette formation stoner rock a été un délice total. Tout était (quasi) parfait : le son tout d'abord, avec ce mix astucieux de l'ingé son balançant en live le delay dans la voix de Wyndorf au moment opportun. Les lights ensuite, d'une splendeur incroyable. Et le groupe enfin. Et surtout. Ce groupe, comptant trois guitaristes dans ses rangs, restitue à la perfection des tubes d'autrefois, devant un public charmé et quelque peu enfumé. Monster Magnet, à défaut d'être un monstre de violence sonore, restera pour toujours ce groupe aux riffs pachydermiques, aux rythmiques plombées et aux sonorités lancinantes et entrainantes. Le nec plus ultra du rock stoner décidément en dehors de toutes ces modes du moment.
Vous savez, nous avons de l'expérience, et ce n'est pas avec ses récits flamboyants que vous ferez croire que tout est rose sur scène.
J'en conviens. Je peux vous jeter en pâture Extreme, groupe qui porte décidément bien son nom. Mais non, je ne le ferais pas, préférant fuir ce groupe de hard FM ayant connu le succès à la fin des années 80 au son de caisse claire digne d'un mix entre un baril de lessive et une casserole usée, pour le reste plutôt que de les démonter en bonne et due forme dans mon récit. Occupé à prendre mon pied sous la Valley, j'ai délaissé Deep Purple. Le choix fut cornélien, mais pour moi, Deep Purple, c'est Live in Japan et la mouture 2014, à défaut d'être inintéressante, ne m'aurait probablement pas fait rêver. Par contre, pendant que je me reposais tranquillou au milieu du public (un monde incroyable, surtout ce samedi !), j'ai goûté avec malice au set de Status Quo. Ce qui est génial avec ce groupe, outre la propension qu'ils ont à envoyer les tubes par brouettes entières, c'est qu'il est permis d'affirmer qu'ils ont inventé un style, et qu'avant eux, dans le genre bluesy rock, il n'y avait pas grand chose. Je ne connais pas la discographie du band, loin de là, mais j'ai déjà entendu la moitié des titres joués. Et ça, c'est pas mal. Un bon moment sans se prendre la tête avec une légende du rock.
HellFest 2014 : helmet & boobs
C'est bien, c'est bien, mais passons au plat de résistance : Aerosmith !
Euh, hum... ben, comment vous dire ? Je n'ai pas vu grand chose du concert du quintet américain, et même si les avis sont partagés (certains ont trouvé ça génial, d'autres ont craché leur venin sur ce groupe), le peu que j'en ai vu, j'ai été extrêmement déçu. Voici un groupe que je respecte énormément sur disque, et le show que j'avais vu en 2007 à Paris m'avait vraiment botté. Mais là, c'était plat, chiant, à la limite de l'insultant. Mais difficile de se faire un avis en dix minutes, quoique si ça m'avait vraiment botté, je serais resté. Donc je botte en touche, ne voulant pas égratigner un groupe qui a participé à ma culture musicale. Non, je préfère vous parler d'Against Me !.
Against Me !, c'est ce groupe avec un chanteur devenu chanteuse ? Ah ah, faîtes-nous rêver !
Je ne vois pas ce qu'il y a de mauvais goût de changer de sexe. Bon, perso, ce n'est pas dans mes projets immédiats ou futurs, mais merde, chacun fait ce qu'il veut de son corps, hein ? Bref, je m'égare. J'ai donc choisi de délaisser une grande partie d'Aerosmith à l'avantage du show d'Against Me !, et ce pour plusieurs raisons : tout d'abord, je n'ai jamais vu ce groupe en live. J'aime beaucoup leur punk rock catchy et puis, il y a ce batteur de folie qui déboîte tout. Je me pointe dix minutes avant le concert, pas grand monde aux alentours de la Warzone, je vais donc profiter de quelques morceaux au premier rang, histoire de zieuter plus précisément le groupe. Bassiste à la coupe de Dee Dee Ramone, batteur au charley à hauteur de son nez, guitariste en place et Laura Jane Grace en lieu et place de Tom Gabel. On est bien. Matgaz me rejoint au bout de quelques titres après avoir regagné le milieu de la fosse, il hallucine sur le jeu d'Atom, et percute tout comme moi tant sur le son cristallin qui se révèle excellent et sur la qualité des chansons parfaitement exécutées par Against Me !. Me voilà de nouveau amoureux de ce groupe qui a tout compris et qui me transporte dans son univers. Les chansons sont simples mais classieuses, l'ensemble et énergique et mélodique, et une fois qu'on a fait abstraction d'une femme à la voix d'homme, on est en terrain conquis : sur le terrain du bon goût !
Ça sent la fin de soirée, je suis rincé, mais Bir n'a pas dit son dernier mot. Il a notamment pu se dégourdir les guibolles aux sons de Carcass. A la question, mais à quoi ça sert que Ducro il se décarcasse ? On lui répondra à rien pour poivrer la barbaque en tout cas, car le set effroyable de Carcass fut totalitaire au point d'en avoir les cages à miel en feu et l'esprit cramoisie en compote pour bébé. Koudj' n'est pas en reste : c'est donc en mode "adolescent" que je me faufile dans une foule assez nombreuse, malgré l'heure tardive, pour arriver au plus prêt des crash barrières. J'attends fébrilement que le set commence, me rappelant que j'avais déjà pu les voir trois ans plus tôt sur une des Mainstages. Dès les première notes, on sent que le groupe a non seulement la pêche mais qu'ils sont heureux d'être là. Leur bonne humeur se communique très vite au public. Je ne suis vraiment pas déçu : gros son, riffs aussi efficaces que malsains, morceaux à l'ancienne, super ambiance, bref, des concerts comme on voudrait en voir tout le temps. Après une longue absence et un très bon chirurgical steel, Carcass est de nouveau dans la place et c'est bon.
Et Philip H Anselmo And The Illegals ? Philou Anselmo fut acclamé mais il a autant parlé que Jello Biafra, puis il a hurlé dans le lard d'un sludge qu'il est bien le seul à pouvoir accomplir avec autant d'alcool dans les veines. Ce gars est culte par la loyauté qu'il transmet et sa musique est aussi grasse qu'une barquette de frites. Oui, forcément à la fin, Anselmo est lourd.
Journée chargée, dodo bien mérité, on récupère un poto allemand de Christian qui passera la nuit avec nous au gite. Erasmus style avec un schleu, un charentais et un gars du Sud-Ouest. Diversité, quand tu nous tiens !
HellFest 2014 : Slayer
Rien à déclarer pour le dimanche, jour du seigneur ?
On prend les mêmes et on recommence. Sauf que là, c'est la dernière et ce n'est pas de refus, car la fatigue se fait vraiment sentir. Pour le coup, et histoire d'être peinard, on squatte les Mainstages pour une partie de la matinée. Et en guise de croissants et de café crème, on va se tartiner une bonne tranche de rock bluesy psyché avec les Suédois de Year of the Goat. Le hard rock blues des gars du nord fait chaud au cœur, les gars y croient avec leurs croix renversées et leurs pactes à Satan partagé avec une assistance qui réagit bien pour un dimanche matin. Les claviers sont maléfiques, les guitares aérées, et ça respire l'antéchrist en ce jour du Seigneur. Pas vraiment bouleversifiant mais rafraichissant, d'autant plus que le ciel est un peu couvert et qu'on respire un peu sur le site.
Il est onze heures et les copains de Matgaz mettent le couvert sur la Mainstage 01. Le quatuor multiculturel (on compte dans ses rangs du ricain, du suédois et, cocorico, un jeune guitariste tout juste majeur et parfaitement en place). La donzelle du groupe envoie ce qu'il faut au chant, ça joue bien, bref ce groupe à tout pour cartonner. Sans être complètement fan de ce genre de groupe rétro 70's, il font le boulot comme il faut. Une très bonne cuvée de blues rock, avec des sons de gratte à la Deep Purple. La voix d'Erlin, à la Janis Joplin, est tout simplement excellente, les soli de guitare pleuvent, et les morceaux "calmes" sont touchants. Très belle découverte !
Les groupes se succèdent mais ne se ressemblent pas. Matgaz n'a pas vraiment été sublimé par la prestation de Scorpion Child sur la Mainstage 02 : Scorpion Child ? et pourquoi pas Van Halen Son ou Deep Purple Sister pendant qu'on y est ! Voilà tout ce que je n'aime pas. Un pastiche sans saveur d'un rock 70's pataud. C'est insupportable, il va falloir que cette mode cesse une bonne fois pour toute, ça devient odieux ! Bon, mon ami est peut-être un peu dur, mais il n'a pas forcément tort. Je dirais pour ma part que leur rock n'est pas le plus original qui soit. Il existe cinquante groupes par ville dans le genre, alors pas la peine d'en rajouter, hein ? Au final, quelques guitares hardrockisantes, un chanteur qui se cherche et trente minutes un peu poussive. Seule réjouissance du concert : un tweet du W-Fenec qui défile sur l'écran géant pendant le concert, au milieu d'autres dizaines de tweets envoyés par les festivaliers !
Votre pote Matgaz ne rigole pas tous les jours. Mais c'est lui qui est à l'origine de ce dont vous évoquiez précédemment concernant les entrées et les sorties ?
Exactement ! Matgaz a une théorie imparable, quelque chose à laquelle on ne fait pas forcément attention lors d'un concert, mais qui a son importance : l'entrée du groupe ! Et la sortie aussi ! Deux exemples : Lofofora et Behemoth. J'évoquerais le cas des Polonais un peu plus tard, car je préfère me concentrer sur le cas du quatuor français inusable. Donc, Lofofora incarne parfaitement le genre de groupe qui "sait rentrer" sur scène, c'est à dire éclabousser de sa splendeur son intronisation sur les planches, tel le lapin sortant du chapeau, du genre tu es surpris, tu ne t'y attends pas, et paf, dans la tronche, tu es scotché et tu décolles. Pardonnez le tutoiement, mais dans le feu de l'action, je m'égare. Lofofora donc. Je me rappelle exactement de l'état d'excitation de mon collègue de festival, alors qu'il ne voulait voir qu'un ou deux morceaux et replier vers le carré VIP. Alors là, côté arrivée, je mets un 8 sur 10. Le Reuno arrive sur scène comme une balle en hurlant : "Il est midi, c'est l'heure de l'apéro !!". Je ne pensais pas rester plus d'un demi-morceau pour ce groupe que je respecte, bien que je n'ai jamais été fan de leur musique. Mais je me laisse prendre par leur fougue et me retrouve à mater tout leur concert. Je passe un super moment et je repars avec le sourire aux lèvres. Putain, ça me donnerait presque envie d'aller voir Tagada Jones dis donc ! Sacré Matgaz. Faut dire que Reuno sait mettre un public dans sa poche en un rien de temps. Festival métal oblige, le groupe balance cash quelques brûlots des trois premiers albums indispensables ("L'œuf", "Justice pour tous", "Les gens"). Un nouveau morceau fusion mélo, "L'innocence", est présenté au Hellfest. Parfois, ça manque de guitare et de basse dans le mix, mais on se raffole des interventions bien senties du frontman, du style "Comment ça va, bande de drogués, bande de poivrots ?" ou "Putain, finalement, je me lèverais plus souvent le dimanche matin", rendant fou le public qui manifeste démesurément son plaisir d'assister à un très bon concert. Maxime Muscat, le monsieur défi incontrôlable du Petit Journal, viendra même participer à un circle pit des familles ! Parfait. Le groupe semblait attendu, car une fois le concert terminé, le public délaisse les Mainstages, à tel point que d'après un rapport de votre Comité, In Solitude, qui enchaîne sur l'autre Mainstage, perdra au bas mot 5000 spectateurs. 20000 selon la police. Bref...
Et vous avez perdu Mr Bir ?
Non, il a pris quelques rasades de rock 'n' roll avec nous en début de journée, mais il a vite rejoint les tentes bleues et la Valley pour une série de concerts. Obliteration tout d'abord, du death qui torche à mort ! Ça racle le fion à la mode norvégienne et c'était parfait pour se langer la tête. Zodiac ensuite : l'aridité musicale de ce groupe allemand était en fait un songe de desert rock où les cactus mélodiques avaient la capacité de rafraichir. Le combo avait aussi dans sa genèse des excipients de hard rock indispensables pour que le set ne devienne pas une sieste mais possède de l'envergure et la dimension nécessaire pour faire rêver. Quant à Lowrider, sa caniculaire musique fut manifeste avec son doom vespéral, qui emporta l'adhésion du public. D'ailleurs à la fin, les corps étaient tellement moites que cela sentait les chaussettes des vestiaires dès que les gens applaudissaient les deux bras en l'air. Amis de la poésie, bonsoir !
Peu avant 14 heures, Crowbar a pris possession de la Mainstage 02, avec comme observateur affuté Koudj" : c'est la troisième fois que je les vois en moins de 10 jours, et encore une fois, c'est la grosse claque. Je dois dire que j'étais un peu septique par rapport à leur programmation sur une Mainstage, mais dès les premières notes, je me suis pris un mur de son dans la face. Mettre sa tête dans un réacteur au décollage n'aurait pas été pire surtout avec ce qu'il me reste d'oreille au bout de 3 jours de festival. Les morceaux s'enchainent, aussi oppressants et lourds les uns que les autres jusqu'à l'arrivée d'un "planets Collide" à donner le frisson, même sous un soleil écrasant. Niveau scénique, le combo ne fait pas dans l'extravagance, ni la démonstration, ce qui ne gâche rien à l'efficacité du set. Après 25 ans de carrière, la rage est toujours là, maitrisée, lourde et jouissive. Putain vivement la quatrième !
Avec Matgaz, nous avons décidé de nous offrir une petite pause dans cette orgie musicale en allant feuner du côté de l'espace presse pour assister à la conf' de fin de festival (ok, en pleine après-midi) de Ben Barbaud. Comme tous les ans, ce rendez-vous avec le directeur du festival et co-fondateur de ce mastodonte est très attendu car le gars se plie volontiers à l'exercice et répond intelligemment aux questions pas finaudes...
HellFest 2014 : Skid Row
Pas finaudes ? Comment ça ? Voilà qui nous intéresse !!!
Et bien, sans vouloir démolir les confrères (je pense que toutes les âmes présentes dans la salle n'étaient pas accréditées comme média, sinon, ça fait peur !), certains dont je tairais le nom par décence et surtout pour leur éviter un interrogatoire dans vos bureaux enfumés et mal éclairés n'ont pas hésité à demander si le festival avait une solution contre les fortes chaleurs ou pour résoudre ce phénomène naturel de la poussière. Notre ami Ben tente de répondre à ces interrogations venues de l'espace, mais bon, pas évident de garder son sérieux dans de telles circonstances. En tout cas, on a affaire à un gars droit dans les bottes, un bonhomme passionné et parfaitement cohérent dans sa démarche de promoteur de festival. Bravo Monsieur !
Retour sous le soleil de plomb de Clisson. J'emmène fièrement Matgaz devant la Mainstage 01 pour le concert de Seether. Ce groupe d'Afrique du Sud est vendu comme le nouveau Nirvana. J'aurais mieux fait de ne pas trop m'avancer, car là, je mérite votre remontrance Messieurs, car ça ressemblait plus à Nickelback qu'au groupe de Seattle. En tout cas, j'aurais du mal à demander à mon acolyte de reprendre le répertoire de Seether pour quelques concerts spéciaux de Headcases. Désolé mon pote !
Du coup, je n'ose pas lui demander de m'accompagner au concert des Tagada Jones de peur de prendre un coup de botte en serpent dans le postérieur. Mais Matgaz n'est pas récalcitrant à l'idée d'aller écouter quelques morceaux du groupe breton jouant presque (j'ai dit presque) à domicile. Peine perdue, il nous sera impossible d'accéder à la Warzone noire de monde. On se contentera du son à défaut de l'image. On pourrait presque penser qu'il est hallucinant qu'un groupe comme Tagada Jones, passant son temps sur les routes pour jouer dans notre bel hexagone dans des villes dont on a jamais entendu parler, arrive à amasser des milliers de personnes sur un festival comme le Hellfest : merde, qui n'a jamais vu les Tagada en concert ? Mais en y réfléchissant bien, ce band est monstrueux sur scène et même si le discours peut parfois sembler démago, ça bastonne en live et sa réputation live n'est en aucun cas usurpée. J'ai hâte de les revoir au Motocultor, bien mieux placé pour prendre des missiles en pleines gencives !
Mr Bir continue son petit bonhomme de chemin et semble ne pas vouloir quitter le côté sud du festival, à savoir la Valley et les fameuses tentes bleues.
HellFest 2014 : Soundgarden
Votre copain, mi poète/mi philosophe, a-t-il relevé quelques fautes de goûts dans ces contrées sauvages ?
Vous le convoquerez directement pour lui demander. En tout cas, ça ne transpire pas dans le récit qu'il a pu me faire des concerts de l'après-midi : il a pris le groupe Black Tusk de la manière la plus frontale qui soit, et a eu du nez, car après cela, il pissait le sang, le sourire aux lèvres, tellement la lourdeur mammouthesque et la puissance de feu de leur sludge était similaire à un éléphant en surpoids qui s'assoie sur vous ! Le groupe Equilibrium a, quant à lui, utilisé la mise en scène heavy pagan pour enfermer son public vivant dans sa mise bière éthylique et festive. Bir n'a rien compris aux hymnes épiques d'Equilibrium aussi moyenâgeuse qu'une cavalcade festive parfaite pour un public de gueux, et a été très heureux de vibrer à l'unisson fédératrice d'un tel moment de célébration communautaire apparemment. Puis Black Dhalia Murder et son death metal mélodique a étendu sa sauvagerie sonique avec l'excès qu'il convient pour que le fun et la folie soient jumelés dans un set concentrationnaire de démence.
Retour à la Mainstage 01. C'est l'heure d'Alter Bridge et de son sympathique guitariste/chanteur Myles Kennedy. Typiquement le genre de groupe qui ne me fait pas rêver sur le papier, mais pour lequel j'ai une attirance du fait que son vocaliste est le chanteur officiel de Slash depuis de nombreuses années. Alors du coup, j'ai reconstitué l'arbre généalogique pour arriver à Alter Bridge. Le quatuor américain de métal alternatif a déjà quatre albums à son actif en une dizaine d'années d'existence, et ce n'est pas à un singe qu'on apprend à faire la grimace. Je suis donc tout à fait curieux de voir la restitution en live des titres de ces bons gars, et plus particulièrement ceux tirés de Fortress, leur excellent dernier opus en date. Alter Bridge dispose de cinquante minutes pour m'en mettre pleins les yeux, et à défaut de me faire rêver, je ressors avec le sentiment d'avoir assisté à un concert sans surprise, un concert où les gars font le boulot sans recette miracle et sans véritable passion. A leur décharge, la restitution de morceaux comme l'épique "Cry of Achilles" n'est pas des plus évidente, et au bout d'un moment, les "groupes à chanteur", ça a tendance à me fatiguer. A défaut d'avoir le concert du siècle, j'ai apprécié la bonhommie du band qui, j'en ai bien l'impression, et vous me permettrez l'expression, ne s'est pas vraiment cassé le cul ! A revoir quand même dans une salle de taille humaine, ce qui doit être plus excitant.
Mais ça doit être sympathique de finir l'après-midi avec des groupes pour midinettes...
Pardonnez-moi, mais ce coup-ci, c'est à moi de vous mettre à l'amende Messieurs. Car les trois groupes qui vont se succéder sur la scène principale ne sont pas du genre à balancer des berceuses ou à être joués par un mauvais DJ dans une boom respirant les premières clopes et le whisky bien noyé dans le coca bon marché ! J'en veux pour preuve le set dévastateur de Annihilator. J'ai découvert sur le tard le groupe de Jeff Waters grâce à Nasty Samy. Trente piges que le guitariste prodige exécute son thrash dans le monde entier pour le plus grand bonheur des mosheurs et autres amateurs de descentes de manche. Bon, notre ami canadien (qui a décliné une offre de Megadeth pour rejoindre les rangs du groupe alors au sommet de son art, préférant mener sa barque contre vents et marées) a beau avoir du talent, les line up se sont succédés pendant ces décennies totalement dévouées à la "cause", et la stabilité du groupe s'en est clairement ressentie, même si Annihilator, c'est Jeff et les autres !!! N'empêche que les gars ont de l'énergie à revendre, et la cohésion du quatuor sur scène est impressionnante. On a clairement affaire à une démonstration du genre avec des musiciens aguerris et complètement dans le sujet. A l'exception de son leader sourire aux lèvres, les gaziers ont les mâchoires serrées et balancent des kilomètres de riffs sans broncher. Le sondier a dû prendre un coup de chaud, ou alors il a posé son gobelet de bière sur le bouton "mute" de la tranche "caisse claire" de la console, car manifestement, on ne distingue pas cet élément dans le mix bourré de grattes, mais rattrape le coup en proposant dans sa globalité un son ultra puissant. Le groupe balance ses grands classiques, alternant avec des morceaux de Feast, son démoniaque dernier opus. Les gars ne font pas semblant, ça défouraille dans tous les sens, et le guitariste/chanteur Dave Padden fait le boulot avec brio. Les structures de certains morceaux sont quand même biens tordues, et on regrettera peut être les longs blancs entre les morceaux. Peut-être pour que les guitaristes se remettent en tête les prochains solis aux 666 notes à exécuter à la vitesse de la lumière. J'ai été en tout cas enchanté de voir sur les planches ce groupe énergique et indispensable !
Difficile de succéder à Annihilator, et pourtant, Death Angel va relever le défi. Et même si l'interaction avec le public est plus que délicate, les gars vont envoyer un thrash des familles bien à l'ancienne, sans complexe ni prise de tête. Mais tout le monde a déjà la tête ailleurs, impatient d'accueillir les monstrueux Behemoth...
HellFest 2014 : Loudblast
Behemoth, nous y voilà ! Mes collègues et moi-même avons entendu beaucoup de choses sur ce groupe extrême et donc sujet à analyses diverses et variées.
Si vous voulez savoir si les gars respectent la norme ISO 666, je peux vous le dire les yeux fermés. Pour tout vous dire, je ne suis vraiment pas un inconditionnel de ce genre de groupes black/death, mais j'ai été soufflé par leur final il y a deux ans ici même, et leur concert du Sonisphère 2013 ne m'avait pas laissé indifférent. Et puis, la théorie de Matgaz sur les entrées prend véritablement tout son sens : quand on parle d'arrivée sur scène, ce sont eux les papas. Tout est en place, un backdrop blanc marqué en noir par le logo triangulaire de The Satanist, leur dernier opus. La batterie est blanche, les pieds de micros en fer forgé à double tête de cobra sont en place. Bref, le décor est planté. Une musique d'intro obligatoire et Nergal arrive avec une torche, un peu comme aux Jeux Olympiques, pour allumer une croix renversée, pendant que le guitariste et le bassiste se tiennent debout, telles des statues malfaisantes. Bien. Les gars se présentent de la plus belle des manières, et sans en faire des tonnes, éclaboussent de leur superbe un public acquis dès les premiers pas des Polonais sur la scène de la Mainstage 02. Une fois ce détail (ô combien déterminant) merveilleusement exécuté, on peut passer à "Blow your trumpet Gabriel", premier morceau ouvrant le dernier album. Je suis vraiment fan de ce disque qui, même si moins extrême que Demigod ou Evangelion, tape dans des univers plus sombres et presque bizarrement plus "rock". En fait, ils arrivent à un truc plus basique mais en empruntant des chemins de traverses, ce qui fait au final leur originalité. Au bout de quelques morceaux, on peut distinguer accroché au cou du chanteur un collier en patte d'autruche du meilleur goût. Les gars s'en vont et reviennent tous les trois morceaux. Hyper théâtral, mais tellement bon. Un roadie vient rallumer deux croix renversées et la messe peut continuer. Un copain à eux, tout peint de rouge se joint aux côtés du batteur pour envoyer un solo à 4 bras du meilleur goût. Ça continue d'envoyer sévère, ça crache du faux sang, et c'est tellement la folie que le Nergal ne se sent plus et fait taper le public dans les mains ! C'est de la magie ! Après 45 minutes de set, les gars s'en vont. On dirait bien que c'est fini, mais quand même, les horaires annoncent une heure de show. Pas manqué. Un nuage de confettis noirs est tiré en l'air et le backdrop blanc tombe pour laisser place à son sosie noir. Les gars reviennent munis de masques à cornes diaboliques. C'est la cerise sur le gâteau, en fait on a eu la totale, même en festival, les gars font le rappel ! Une entrée, une sortie, une nouvelle entrée et une nouvelle sortie. Tout est là !! Saigneur parmi les seigneurs, Nergal le démiurge et sa bande ont été appelés par le dieu des enfers pour abasourdir la population du Hellfest par l'occultisme d'un set à graver sur tous les clous qui serviront à accrocher tous les fans de Jésus de Nazareth !
Vive la jeunesse en somme. Le programme de ce dimanche soir fait pourtant référence à quelques formations reformées en méforme...
Vous êtes assez mal renseignés les gars, enfin, vous n'avez pas totalement tort, mais il va falloir atténuer le propos. Soundgarden tout d'abord : après la folie Behemoth, quel plaisir de se réconcilier avec le punk rock grunge du quatuor américain auteur en 2012 d'un excellent album (King animal). En fan éclairé de la scène de Seattle, Matgaz ne peux pas louper Soundgarden. Même si comme beaucoup de groupes sur le retour, il vaut mieux s'attendre au pire. Mais je suis là, et je vais vite être calé. Les gars arrivent. Le bassiste affiche vingt kilos de plus au niveau de la ceinture abdominale, il a dû partir en vacances avec Jean-Pierre Coffe. Le guitariste est sûrement parti en congé lui aussi mais plutôt à la pêche aux brochets sur la Touvre, Chris Cornell boit l'apéro avec James Bond et Cameron est avec Pearl Jam.
Grosse déception de ne pas retrouver ce dernier, un de mes batteurs préférés, derrière ses fûts. Son remplaçant est quand même loin d'être manchot et envoie les plans sans moufter. Les mecs sont souriants, détendus en forme et contents d'être là. Et même si le chant de Chris Cornell est un peu compliqué en début de set, on retrouve avec plaisir, "Spoonman", "Jesus Christ pose", "4th of july", "Feel on black days", et le classique "Black hole sun". Pour moi c'est bon, je valide.
Matgaz et moi allons boire un verre en VIP et regardons le concert d'Emperor à la télé, tranquille mimille. Un concert résumé de la plus belle des manières par Koudj' : "Attila sur un Caterpillar n'aurait pas fait mieux". (Les métaphores et comparaisons extrêmes sont un moteur de notre pâle existence, n'est ce pas ?) Le problème, c'est qu'un spectacle de strip tease est en train de se mettre en place à l'endroit même où nous posons les yeux sur la retransmission en direct du concert événement des Norvégiens précurseurs du style black métal. C'en est trop, pas de ça pour nous, on a passé l'âge de se rincer l'œil, ça sent le glauque à plein nez, et je préfère aller me poser avec Matgaz devant le Mainstage 01 pour le concert de Black Sabbath.
Toutes les bonnes choses ont une fin, et voici donc la cerise sur le gâteau : les vieux schnocks du Sab' Noir et son fantômatique Ozzy ont bien mérité que le Comité dresse un rapport en bonne et due forme, n'est-ce pas ?
Surveillez votre langage Messieurs !! Certes, Ozz' est à la ramasse, mais il semble tout de même en bonne forme physique (enfin, c'est mieux que ce qu'on a pu voir ces dernières années), et puis la paire guitare/basse de ce groupe légendaire est tout simplement renversante. Son de FOU, présence de FOU, charisme de FOU, je pèse mes mots, les légendaires Tony et Geezer sont tout simplement parfaits. Le batteur, jeune gars branché et tatoué, fait le boulot, apportant un jeu plus moderne et plus pêchu à l'ensemble, même si ça peut sembler parfois décalé avec certains classiques de Black Sabbath. Ça, c'est pour le côté positif. Mais personne ne l'a appelé le père Ozzy ? Personne n'est venu lui dire ? Comment peuvent-ils le laisser faire ça ? Un ton quand même ce n'est pas rien ! Oui monsieur, le gars chante un ton en dessous. C'est presque parfait, à un ton près. Comme moi, Matgaz ne comprend pas. J'avais maté des lives qui m'avait laissé entendre que le prince des ténèbres ne voulait plus avancer. Mais là en vrai, c'est flagrant. Même Beethoven aurait tiqué. Et je pense que ses camarades ne doivent avoir beaucoup de sa voix dans les bains de pieds ! Le gars est tout simplement rincé, il est à côté de la plaque, mais comment dire, il le fait bien, oui il est bien à côté de la plaque et il s'en branle complètement... Il fait le coucou entre les morceaux et les gens trouvent ça normal, donc tout va bien. Le concert peut se dérouler sans accroc. Ce n'est pas compliqué en fait. Et à sa place qu'est-ce que tu ferais ? Si 50.000 personnes venaient te voir chanter faux, est-ce que tu ferais un effort pour chanter juste ? Ou est-ce que tu resterais chez toi pour autant ? Bon voilà, c'est aussi ça le rock comme disait l'autre.
HellFest 2014 : arbre
Il paraît même que vous avez trouvé un nouveau surnom à Ozz ? Schreddy Osbourne, c'est bien cela ?
Oui, c'est ça. Mais je préfère retenir de ce concert la set-list impeccable, piochant dans les classiques de chez classiques du groupe, ainsi que dans les brûlots de 13, son dernier skeud. En écoutant le Sabb', on capte tout de suite pourquoi ce groupe a influencé plus qu'un mouvement, un style. Et Matgaz est de mon avis quand il s'agit d'évoquer le cas des musiciens "supportant" dans tous les sens du terme le vieux Ozzy : grand respect pour Monsieur Tony Iommi. Le gars est droit comme la justice, enroulé dans sa tenue de chevalier en cuir, il envoie ses riffs et ses solis comme un prince, il est souriant, il brille, bref c'est lui le papa, et c'est tout. Le bassiste fait son taf et alors ce batteur mes fi canets ! Monsieur ! Une dégaine à la Brant Bjork, bandana et tout le bordel, double grosse caisse, gong, bref la totale. Le gars envoie un solo de 10 minutes pour que le prince puisse se reposer. C'est la grosse folie. Enorme concert qui restera assurément comme l'un des meilleurs souvenirs du festival, toutes éditions confondue.
Et pour vous faire redescendre sur terre, quoi de mieux que le prendre quelques bonnes rafales littéraires de Mr Bir ? Le gars n'a pas perdu son temps, sortant une nouvelle fois des sentiers battus (et poussiéreux) pour traîner du côté et enfumés des tentes bleues et de la Valley : dire que l'on nous fait chier à longueur d'année avec des entités insignifiantes tel que Red Fang alors qu'avec le groupe légendaire Spirit Caravan, mais Ô combien négligé par la hype, vous aviez le phantasme d'un doom stoner incroyable et initial, dont le sieur Wino en a fait l'incandescence et ténébreuse démonstration. Putain, j'en bande encore. Un peu plus tard sous cette même Valley, Unida a produit un set vraiment cool, mais John Garcia avait dû bouffer une araignée du désert de travers car il a dû quitter la scène précipitamment en fin de partie. Si ce n'est cela, leur set était graissé pour que le moteur Kyussien s'emballe pour décrocher dans nos yeux brillants de bonheur la lune du solstice d'été comme un coup d'arc éblouissant.
1349 n'est pas une nouvelle bière, mais un groupe qui crèche à la place de l'éternelle divinité nordique avec la causticité de nous faire croire à sa messe antéchrist. Oui, mais bon, le petit théâtre des horreurs du black n'en finit plus d'abuser des ressorts de la société du spectacle, et nous immole dans son arène pleine de vicissitude afin de contempler la charpie des chairs religieuses du christianisme dans cet amas de crudité musicale, primitive et barbare. Leur set possédait le goût de cendre et de sang. Il y a fait froid, il y faisait nuit, on a tremblé mais pas de peur, on a frissonné de malaise, car on a vu un bout de carton se décoller du décorum, du coup, on avait la sale impression que tout n'était qu'artifice, et toute la crédulité s'est effondrée. Comme celle d'avoir pu gober que le blanc manteau neigeux d'hier ressemblait à des flocons de rêve hivernal, alors que l'odieuse réalité n'était que bouillasse charbonneuse une fois fondue, que la luminosité boréale n'avait plus la féerie mélancolique qu'elle disposait mais se divulguait comme la lumière d'une vulgaire lampe halogène. Ne me resta uniquement en bouche ce dégoût fade du simulacre, mais le pire c'est que même ça encore, ça fait croire au bonheur en cette époque irascible.
Une heure du matin, de mémoire, je n'ai jamais "fermé" le festival. Et si j'ai décidé de rester jusqu'au bout en 2014, c'est que je suis encore frustré d'avoir loupé l'année passée le passage de Ghost. Alors, cette fois-ci, en bon gars organisé, on rallonge d'une nuit au gîte et on se carre un dernier live de derrière les fagots histoire de terminer en beauté. Et ça ne pouvait pas mieux se terminer qu'avec un show bouillant de Turbonegro. Nos sympathiques Norvégiens complètement allumés retrouvent une scène plus "intimiste" avec la Warzone plutôt que le périlleux exercice de la Mainstage il y a de cela deux ans. Je dispose de trente minutes pour me faire un avis sur le Turbonegro version 2014 et il me faudra quelques mesures de guitares et quelques coups de cymbales pour constater que ça rock toujours aussi fort du côté des fondateurs du mouvement death punk. Les Turbojugends sont bien évidemment présents en masse, et le groupe bénéficie d'une coquette affluence qui, malgré la fatigue de trois journées intenses et riches en émotions, vont tout donner pour rendre hommage à ce groupe qui n'a plus le sublime d'antan mais qui sait encore faire bander le chaland. Que demander de plus ? Tony Sylverster fait le boulot avec son tigre tatoué le ventre, Euroboy n'a rien perdu de sa superbe et Happy Tom la joue en mode patron. Ça dégueule de riffs, ça balance des hymnes scandaleux et ça partouze de solis ultra rock 'n' roll. Et bien évidemment, je suis parti trop tôt pour rejoindre mes covoitureurs et je n'aurais pas le plaisir d'assister aux chœurs de Nick Oliveri pendant "I got erection". Rien que d'y penser, moi aussi !
HellFest 2014 : Rob Zombie
Bon, je pense qu'on a fait le tour. On a pu se faire un avis pointu sur la question. C'est moins scandaleux qu'on aurait pu le croire. Monsieur de Champi, on va pouvoir vous laisser vaquer à vos occupations. Un dernier mot à rajouter ?
Je profite de cette fin d'interrogatoire pour vous répéter que le Hellfest est certainement ce qui se fait le mieux dans notre bel hexagone et peut-être même en Europe, en ce qui concerne la prog' (même si avec ces dizaines de groupes, on peut toujours trouver à redire), mais aussi au niveau de l'ambiance qui est bon enfant, et des infrastructures qui font briller les yeux d'années en années. Alors bien sûr, je relèverai peut être ce bémol d'un site aujourd'hui arrivé à saturation et qui mériterait peut être d'être agrandi (car dès les concerts de début de soirée, c'est vraiment difficile de circuler du côté des Mainstage), mais ce festival géré et administré par des passionnés respire le bon goût !! Et bien sûr, je vous demanderai de ne pas importuner mes camarades de jeu du week-end avec vos questions, des camarades que je ne manque pas de saluer et d'embrasser (un salut pour certains, et un bisou pour d'autres, et parfois même les deux !) : Christian, Emilie, Hugo et "206" Ravel pour l'hospitalité et leur sympathie, Matgaz et Mr Bir pour tout ce qu'ils savent, Koudj, mon copain Duwick, Kemical Kem, la clique de Mars Red Sky, Claire Bernardet, Fab Justin(e), Olivier et Roger Replica ainsi que toute l'équipe presse, Vincent Tsunami (ligne 1 !!!!), Reuno Lofofora, David Pollux Xtreme Fest Dirty Fonzy, Franck et Isabelle pour le formidable logis, Dudu et les Burning Heads, Guillaume Gwardeath, Delphine et Victor, Fred "ça dégouline dans le cornet", la SCNF, le Jäger, Pensées à la dorsale de Mr Cu!
Re: Soundgarden, Hellfest, Aerosmith / Hellfest 2014
Terrier : À peu près Lyon !
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