Samedi 16 juin 2012 : il est 7 heures quand je quitte les bras de Morphée. Il pleut encore, je manque de sommeil mais je n'arrive pas à me rendormir. Je zone un peu dans ma tente et me décide à trouver une douche. J'ai beau camper, si je capte pas un peu d'eau chaude, ça ne va pas le faire. Le parking/camping bénévole sur lequel j'ai posé ma tente ne dispose pas d'infrastructures me permettant de me savonner en toute quiétude, alors je pars à la quête du Graal. J'ai beau demander mon chemin pour qu'on me signale les coordonnées GPS d'une douche pour les bénévoles/VIP, personne n'est en mesure de m'aiguiller. Si bien que je me retrouve à marcher sur la voie technique en compagnie d'une sympathique demoiselle qui me précise qu'il est peut être possible d'utiliser les douches backstage car les artistes n'arrivent pas, d'après elle, avant 10 heures. Soit. Il pleut, je passe les contrôles sans qu'on me demande le moindre justificatif, et me voilà en train de me laver ni vu ni connu à l'intérieur de l'artist area. Je ne demande pas mon reste et repars tranquillement en longeant les tour bus et prenant un petit raccourci derrière les Mainstages pour retrouver la voie technique. Belle opération !!! Après m'être changé et avalé quelques galettes bretonnes arrosées d'un gobelet de jus d'orange, je me retrouve aux alentours de 10 heures sur le site quelque peu boueux, sauf aux abords de la Mainstage 2.

Et on peut dire que ça tombe bien, car c'est là que je souhaitais démarrer ma journée. Car dans trente bonnes minutes doit s'y produire le groupe grec de thrash metal Suicidal Angels. Cu ! Kicking Records m'a en effet confié la "mission" de rechercher un teeshirt du groupe pour l'ami Nasty Samy (The Black Zombie Procession et bien d'autres), et comme je sais que le Franc-Comtois est un homme de bon goût, je me décide à surmonter la pluie (qui vient de s'arrêter, prémisse d'une très belle journée) et d'aller voir la prestation des thrasheurs grecs. Je ferai d'ailleurs circuler une blague prétendant que le groupe a souhaité se faire payer son cachet en dollars, les euros n'ayant bientôt plus cours dans leur pays (cette blague a fonctionné, bien évidemment). Mais trêve de plaisanteries, car prendre du thrash metal dès le milieu de matinée, c'est pas forcément évident. Mais le concert des Suicidal Angels est tout à fait "plaisant", le groupe ayant la patate et le sourire aux lèvres tout en délivrant des brûlots vraiment en place. De toute façon, aucun reporter/journaliste ne pourra me contredire, j'étais le premier et peut-être le seul en place à cette heure-là, ah ah ah !!! Petite anecdote savoureuse : le batteur grec a des baguettes de remplacement dans la poche arrière droite de son fut'. A l'ancieeeeeeenne !

Steel Panther en conf' Steel Panther en conf' Chaque jour, les Mainstages semblent accueillir des groupes d'une même famille musicale. Aujourd'hui, ce sera thrash d'un côté, et glam rock et dérivés de l'autre. Il est 11 heures quand les Suédois de Crashdïet investissent la Mainstage 1. Deux charmantes demoiselles aux instruments à cordes, un batteur et un iroquois à la crête bleue au chant. Faudra juste m'expliquer comment le mec fait pour être aussi bien coiffé de bonne heure comme ça. Le sleaze rock pratiqué par le quatuor est bien exécuté, et même si le set est sans surprise, une bonne dose de rock 'n' roll dès le matin, ça fait vraiment du bien. Un bon souvenir dans tous les cas.

Je me dirige du coté de l'espace presse pour recharger mon téléphone et prendre possession de la salle de conférence de presse. J'ai effectivement appris un peu plus tôt dans la matinée que les fantasques Steel Panther devaient donner une conférence de presse en fin de matinée. Ce quatuor américain qui joue principalement à L.A. et Las Vegas est une parodie de la scène glam des années 80, mais avec la finesse d'exécution en plus. J'apprécie les deux albums studio du groupe, et je me fais une joie de les voir sur la Mainstage vers 13 heures. Alors si je peux prendre en bonus une séance de rigolade en conf' de presse, je ne vais pas me plaindre ! Le groupe arrive et au moment d'atteindre la table de conférence, le chanteur Michael Starr se vautre de tout son corps par terre, aussitôt ramassé par Satchel (guitare) et Stix Zaldinia (batterie). Les trois se relèvent et beuglent que tout va bien !!! Ah ah ah, les sacrés rigolos. L'auto conférence commence. Auto car ce sont les membres du groupe eux-mêmes qui se posent les questions. C'est à mourir de rire, évidemment, la finesse n'est pas au rendez-vous, mais on se marre. Lexxi Foxxx, le bassiste, passe son temps à se regarder dans une glace histoire de vérifier s'il n'y pas un raccord de maquillage à faire ! Hilarant !!! Bon, on pourrait penser que c'est une perte de temps, mais l'assistance aura quand même eu l'occasion de se marrer !

Après ce petit moment de détente, retour aux choses sérieuses avec Channel Zero sur une Mainstage ! Le groupe belge mi heavy-mi thrash sort la grosse artillerie et ce ne sont pas leurs quatorze années d'absence qui ont ramolli la machine de guerre. Quarante minutes de gros son pour un groupe aux anges de jouer sur la grande scène d'un festival renommé. Puis c'est au tour de Steel Panther d'envahir la deuxième Mainstage pour un set fun et sexy. Un peu trop sexy d'ailleurs. J'aime beaucoup le groupe sur disque, et j'attends beaucoup de ce groupe en concert, même si le 67969ème degré n'en fera jamais un groupe légendaire. N'empêche que les musiciens ne sont pas des manchots et qu'ils savent envoyer la purée. Toute connotation vulgaire ne serait que purement fortuite, bien sûr. Le groupe balance vite un "Supersonic sex machine" de bonne fracture avec son lot de "clichés" 80's : poses (s)extravagantes, tenues sorties d'une autre époque, guitares dégueulasses, bienvenue dans The Glam Academy. La setlist est imparable ("Asian hooker", "Just like Tiger Woods", "17 girls in a row"), le groupe est hyper à l'aise pour tenir son sujet et maintenir le public en haleine. Seulement, un truc cloche : à partir d'un moment, les interventions de Satchel réclamant, en français dans le texte, à la gent féminine de montrer ses nichons, c'est fatiguant. Évidemment, c'est le fond de commerce du quatuor qui maîtrise le truc à la perfection, mais je pense qu'en festival, avec un horaire "quasi matinal" et un temps de jeu relativement court, ça aurait pu enquiller deux morceaux de plus plutôt que de rabâcher les mêmes conneries. Mais je ne boude pas mon plaisir quand il s'agit de feuner les riffs bien foutus du groupe. Le temps passe trop vite, et après quelques problèmes de guitare (dur quand on est un groupe à guitare), c'est un sensationnel "Death to all but metal" qui clôture le concert des Steel Panther. A la manière d'un Ultra Vomit, ça joue mais les blagues sont un peu lourdes sur le long terme, si bien que je suis très heureux d'avoir vu ce groupe sur scène, mais je ne suis pas sûr de retourner les voir, considérant avoir fait le tour de la question. Mais ça reste à voir une fois quand même dans sa vie.

Pendant ce temps-là, et pour une bonne partie de la journée, Charlotte a pris ses quartiers à la Warzone (scène, rappelons-le, dédiée au punk et au hardcore). Voici un petit florilège de ce qui s'est passé dans la journée avec un regard façon "woman touch" :

- Chroniqué sur le W-Fenec, le premier album de As They Burn, Aeon's war est une perle à mettre entre toutes les mains. Leur ascension fulgurante (un 1er EP signé directement sur un label et un 1er album signé chez Siege of Amida) nous a permis de les découvrir en live dans les meilleurs conditions possibles : La Warzone est couverte, et le son est vraiment bon. Les Parisiens nous ont mis la patate (excellente prestation live : beaucoup de dialogues avec le public et de nombreux pogos, circles pits et slams). Ecouter cet album-claque a été un beau cadeau pour l'ensemble de la salle. Timbre de voix rauque et puissant, passages expérimentaux et violence immersive, mesdames et messieurs, c'était As They Burn.

- Emmure time ! Également programmé à la Warzone, les américains sont juste EXCELLENTS en live. Leur dernier album datant d'avril dernier, le public a eu le temps de se familiariser avec les virulents morceaux du groupe. Le morceau "Protoman" a fait carton plein ! Une pépite de deathcore, rapide et féroce. Frank Palmeri a une voix overpuissante. Lui, galérer pour pousser sa voix ? Ce ne sera jamais son problème. Après avoir vu principalement des groupes purement métal, il fait bon voir des hardcoreux sur scène, casquettes vissées sur la tête et bondissants à tout va sur la scène. Frank, clairement le front-man le plus épatant de la scène Warzone pendant cette édition.

- Lorsque les Canadiens de Cancer Bats arrivent sur scène c'est l'amoncellement. Le public ayant vraiment donné de son énergie pendant As They Burn et Emmure qu'allait donc donner ce show ? Grâce aux headbangings incessants du chanteur Liam Cormier, et à la qualité du son ce jour-là, le groupe nous laissera vraiment avec le sourire et une cadence soutenue dans les membres. Well done dudes !

- Pas de repos pour les guerriers, continuons sur la Warzone pour Unearth cette fois. Les breaks et riffs surpuissants nous parviennent de loin avant même d'y être (oulah, le symptôme Mainstages s'est-il propagé ?). Le son est bien trop fort et bien trop vilain, on ne restera pas plus de 3 morceaux avant de fuir malgré le talent évident des zikos pour les prestations scéniques (les gars se démènent franchement et boostent bien la foule). Il restera seulement que leur ingé son a bien déconné et que nos oreilles s'en souviennent. Déçue.

Après avoir enquillé quelques concerts, un peu de repos bien mérité pour la seule demoiselle de votre site préféré. Au camping, ça siffle quelques bières et gorgées de Jagermeister. En toute convivialité, la déconne est reine, la preuve avec cette demoiselle arborant fièrement un t-shirt affichant "Je ne suce que quand j'ai plus soif". What ? Sourires, pourquoi pas. Le second degré est vraiment l'ami des festivaliers sur ces trois jours et ça détend.

Le show chaud ! Le show chaud ! Allez, retour au mâle de la troupe : le temps d'aller se reposer et de reprendre des forces (avec notamment un apéro webzine et un peu de farniente autour de l'espace VIP), on laisse notamment les shows de Koritini, Death Angel et Sacred Reich pour retrouver à la même heure une confrontation Mainstage/Warzone du plus bel effet. A ma gauche, sur la scène principale, les Anglais d'Uriah Heep à la consonance "classic rock", et à ma droite les Canadiens énervés de Cancer Bats servant au festivaliers un rock hardcore qui remet les idées en place. Mon coeur balance, que faire ? Et bien aller aux deux concerts, pardi ! Je renouvelle mon expérience d'assister à des parties de concerts pour en profiter un maximum. Je commence donc avec Cancer Bats qui démarre un show tonitruant !!! Le hardcore rock 'n' roll métallique des Canadiens est assez dévastateur, et la voix rageuse du frontman (qui s'exprime parfois en français) mêlée aux riffs destructeurs envoyés par les musiciens font de ce concert une pure réussite. Je m'attendais toutefois à un truc plus rock, mais je ne peux m'empêcher de taper du pied sur les rythmes lourds et agressifs des Cancer Bats. Il me suffira de quelques minutes pour rejoindre la Mainstage et le rock 70's des Uriah Heep, un rock solide et classieux entre Deep Purple et Led Zeppelin. Autant vous dire que j'adhère et que j'apprécie un peu de finesse dans les mélodies vocales. Des mélodies un peu trop perchées de temps en temps, mais que voulez-vous, c'est la vie !!!

La fatigue commence à m'envahir, mais il en faudrait plus pour me terrasser, alors je cours sous la Valley pour assister au concert du trio américain Unsane. Encore une légende au Hellfest. Et quelle légende !!! Je ne suis pas un adepte de ce groupe, mais je suis curieux de voir ce que ça donne sur scène. Malheureusement, le son (trop) aigu, et l'atmosphère pesante auront raison de moi. Violence, chaos et rythmes de plomb caractérisent ce concert émotionnellement très fort. Trop fort pour moi peut être. Si bien qu'admiratif de la puissance que dégage ce groupe sur scène, j'ai beaucoup de mal à rentrer dans l'ambiance, et même si, au fil des avis récoltés ici et là, le show des Américains a été énorme, je n'ai peut être pas su l'apprécier à sa juste valeur. Mais cela ne retire en rien la qualité de ce groupe, véritable panzer noise rock !

Je retourne du côté des Mainstages pour jeter un œil sur la fin du concert d'Exodus. Encore une légende, mais du côté du thrash cette fois. Considéré comme la cinquième roue du carrosse du Big Four du Thrash Metal, Exodus n'est absolument pas à considérer comme un sous-fifre des Metallica et autres Megadeth. Pour preuve, le concert des thrasheurs menés par l'infatigable Gary Holt (qu'on a pu voir l'an passé sur la tournée de Slayer en remplacement de Jeff Hanneman à la six cordes) n'est pas qu'un vulgaire ersatz mais bien une figure importante de ce mouvement qui aura révolutionné le métal dans les années 80. Sur scène, ça ne fait pas semblant, les riffs s'enchainent à la vitesse de la lumière et le chanteur s'égosille à la manière d'un Tom Araya. Car la comparaison avec Slayer n'est jamais lointaine. Gloire à Exodus et son thrash metal des familles !!!

Je repasse du côté de la Warzone pour voir un des seuls groupes de ce week-end jouant avec un saxophoniste. Et encore une fois, je retombe en enfance avec le hip hop hardcore des fantasques Dog Eat Dog. Merde, quand en 1994, j'écoutais ce groupe sur K7, aurais-je pu croire que je pourrais les voir sur scène 18 ans plus tard ? Incroyable. Je ne savais même pas qu'ils existaient encore. Toujours est-il que j'ai le sourire aux lèvres quand le groupe débute son show sous une Warzone dans un premier temps quelque peu clairsemée. Le flow des chanteurs fait tout de suite mouche, surtout avec une base rythmique béton et une guitare en guise de rouleau compresseur. Véritable pilier d'une scène ayant connu son apogée au milieu des années 90, Dog Eat Dog a bien vieilli, même si son style peut être un peu hors sujet pour un festival tel que le Hellfest, mais c'est bien là une des forces de ce festival : proposer un groupe que l'on n'attend pas. Manquerait plus que les cultissimes Urban Dance Squad se produisent à Clisson l'année prochaine !! Je ne vais pas m'en plaindre, et je savoure une grande partie du show des Américains. Avant de jeter un bon coup d'oeil sur ce qui joue en même temps sur une Mainstage.

Qui n'a jamais écouté Skid Row ? Oh, je vous vois venir, en train de ricaner à l'évocation de ce nom synonyme de hard rock des années 80 et s'acoquinant avec la scène hard US de l'époque (Guns N' Roses en tête). Et bien vous avez tort, car ce groupe était bon. Etait, car bien sûr, il n'existe plus à ce jour, mais son leader canadien Sebastian Bach (cousin éloigné mais alors très éloigné de Jean-Sébastien) est toujours dans le circuit, et ce pour le plus grand plaisir de votre serviteur. En même temps, je vous avouerai que j'ai lâché depuis belle lurette la discographie du gazier mais il est toujours plaisant de se remémorer ses souvenirs de jeunesse, n'est-ce-pas ? Et c'est ainsi que je trépigne d'impatience (ok, j'en fais trop) de voir pour la première fois (et peut-être la dernière !) ce chanteur charismatique. Pas de problème, le gars ne nous livre pas une marchandise avariée mais bien un paquet de hard rock bien ficelé et bien frais. Bien sûr, ça taquine les vocalises dans les aiguës, ça déroule une bonne partie du répertoire de son illustre ancien groupe, mais qu'importe, c'est vraiment bon. Mention spéciale au jeune guitariste qui envoie sévère. Le gars a la tête du grand frère Hanson (mais si, souvenez vous) et déhanche ses petits doigts à la manière d'un Slash ayant copulé avec Van Halen. Enfin, vous voyez où je veux en venir ? Le gars est bon. Très bon.

Après un apéro envoyé avec la fine équipe d'Il Pleut Encore et l'objectif d'aller voir, en fin de soirée, un groupe de méchants (c'est à dire s'aventurer, la nuit tombée, sous les scènes death/black !), et en suite d'avoir constaté que Within Temptation, ce n'est vraiment pas mon truc (mais alors vraiment pas !!!), il est temps de prendre une bonne rasade de doom aux tendances psychés. Faites place à Saint Vitus. Les gars ont du vécu, et le set proposé par le planant quatuor américain est tout simplement stupéfiant (décidément, les jeux de mots sont vraiment légions cette année !). La guitare est grasse, les rythmes sont lourds et hypnotiques, le chant est rugueux. Les morceaux passent comme une lettre à la poste, le show est intense, et avec ses trente piges d'expériences (musicales et autres), Saint Vitus marquera, comme il l'a fait en 2009, le festival par son doom plus qu'inspiré. L'ombre de Black Sabbath n'est jamais loin, et j'ai encore le cœur qui bat fort rien qu'à repenser au bon moment passé sous The Valley avec ce groupe complètement déjanté. Je ne serais pas surpris si Josh Homme et toute sa bande de géniaux loufoques citaient Saint Vitus parmi ses influences ! Enorme sensation !!!

Le Hellfest, un festival à part... Le Hellfest, un festival à part... Le temps de passer devant Napalm Death et son grindcore précis et puissant que je rejoins les Mainstages où les infatigables Machine Head ont pris place. Charlotte a trainé ses guiboles dans le secteur pour assister au show des ricains (qui repartira selon elle avec un 10/10), et pour patienter, la belle s'est farcie (paix à son âme) le concert de Within Temptation ! C'est là que je (Charlotte) m'aperçois que des blagues fusent dans les conversations. Beaucoup se moquent gentiment des Néerlandais, trouvant leur musique trop rock et raffinée. L'élégance de la chanteuse et son jeu de scène n'arrivent visiblement pas à convaincre tout le monde (notamment pas les fans de Machine Head). Cela me rappelle certains débats sur Nightwish, considéré par certains comme étant un groupe de métal pour les gens n'aimant pas le métal. Le débat reste ouvert.

Le clou de la journée pour notre char(mante)lotte approche. Après deux passages mémorables en 2007 et 2009, Machine Head fait enfin son retour ! Nous sommes des milliers entassés et impatients que débutent le concert. Premier morceau pour ouvrir les festivités ? C'est sans un mot que le groupe débute avec l'excellent "I am Hell", qui ouvre le dernier album du groupe, Unto the locust (2011). Intense. Ce n'est qu'à la moitié du morceau que Robert Flynn commence à discuter, "Hellfest are you ready ? Are you ready ?". Avec "Locust" nous avons chanté avec ferveur les paroles et pogoter dans les différents cercles et circles pits lancés simultanément dans le public. Mais le meilleur souvenir du show restera incontestablement le speech de Rob Flynn avant "Darkness within" : "This next song that we're gonna do is about music. I meet many people and they're like: Yeah, I like music, it's cool, but they don't really care, and there's other people like the metalfans, that's something more, something bigger. I wasn't really raised with religion in my life, and so when times get tough for me it was music". Le public n'a pas arrêté de claquer des mains spontanément, tous dédiés au live qui se déroulait sous leurs yeux. La beauté de "Darkness within" nous a fait entrer dans une transe commune. Par ailleurs, avec "Davidian" et "Halo", nous avons eu les plus gros pogos du show, le public s'en rappellera. Merci Machine Head.

Il n'est pas loin de 23h30 et la grande question est posée : Axl Rose montera t-il sur scène à l'heure prévue ? Epineuse question soulevée sous forme de boutade tout au long de la journée à l'espace presse, dans les allées VIP et très certainement dans la foule venue en masse ce jour (comme le dimanche d'ailleurs !!). Il faut dire que les Guns N' Roses ont deux heures trente minutes de show au programme, et il s'agirait d'envoyer rapidement si les gars veulent pas voir le soleil se lever à la fin du show ! Toujours est-il que les cierges et autres croix retournées ont dû bruler en grande quantité car le mauvais rouquin (à ne pas confondre avec le rouquin malin, cf ci-dessus) entre en scène à l'heure dite (ou deux minutes plus tard, mais franchement, c'est kiff kiff). Ben Barbaud, le président du festival, avouera le lendemain avoir été soulagé quand le leader des Guns se décida à monter sur scène. La scène est "améliorée" (entendez par là que le groupe est venu avec des renforts propres à son show) et après une chinoiserie démocratique, le groupe envoie quelques vieilleries d'Appetite for destruction, l'un des plus grands albums de tous les temps. La foule est considérable devant la Mainstage, il est difficile de circuler (de s'enfuir ?) et je profite de mon accès à l'espace VIP pour prendre un peu de hauteur et regarder avec quelques curieux privilégiés le concert du coté d'une bute surplombant latéralement une partie du site. Je suis persuadé que vous êtes en train de vous demander si j'ai vu tout le concert, si j'ai aimé et si j'ai chanté. Pour vous répondre franchement, je n'ai vu qu'un bon tiers du concert, des menaces de mort en cas de ratage du concert de Refused m'étant parvenu par sms ce soir là. On a borné mon "agresseur virtuel" du côté d'Aix. Bref... Si j'ai aimé ? Que les choses soient bien claires. Sans vouloir me la raconter, j'ai vu le groupe (je veux dire les Guns avec Axl mais aussi Slash, Duff, Matt sur une même scène) en 1993 et même si c'était le début de la fin, ça n'avait rien à voir avec ce que j'ai vu au Hellfest, c'est à dire un tribute band avec le chanteur original. Alors oui, forcément, j'ai aimé entendre une nouvelle fois la voix (bien que fatiguée) d'un Axl Rose qui a hanté mon début d'adolescence, j'ai aimé entendre ces morceaux issus des albums que j'ai usé, mais voilà, il n'y avait pas de passion. Je veux dire, les gaziers qui exécutent ces chansons jouent à la perfection, mais il manque un truc, il manque LE truc : l'âme. Je respecte trop les Guns N' Roses pour aimer ce Guns N' Roses. Et à tous ceux (et ils sont nombreux) qui ont certifié que ce concert était une merde infinie, je leur répond qu'il n'ont pas vu les Guns N' Roses mais Axl et une paire de requins de studio exécutant des tubes sans y croire. La nuance est peut être faible, mais elle a de l'importance pour moi. Pour répondre à la dernière question : oui, j'ai chanté trois morceaux, quand j'étais dans la foule. Si tu chantes à l'espace VIP, t'as un peu l'air con. Ah ah ah !

Pendant que les Guns déroulent une set list riche à en filer une indigestion, je retrouve la team Il Pleut Encore pour siffler un ou deux godets à la gloire du black metal. Après leur analyse très constructive du concert des Guns, nous nous mettons en route vers la scène Temple pour assister au concert de Behemoth, spectacle choisi par le collectif de photographes non pour la délicatesse de sa musique mais pour ses costumes qui font peur. En attendant l'arrivé des Polonais, on a droit à la fin du show musclé d'Entombed sur la scène Altar. Intéressant. Tellement intéressant que j'abandonne mes voisins de camping pour rejoindre la Warzone et le show détonnant de Refused. Encore un groupe culte au Hellfest ! Pensez donc : le retour des quatre prodiges suédois après 14 ans de silence, ça ne pouvait pas se rater. Et le public ne s'y est pas trompé, se réunissant en masse sous une tente définitivement trop petite pour cet évènement rock 'n' roll. Et question rock 'n' roll, on a été servi !!!! Quel déluge de décibels les enfants ! De la rage, de la sueur et de la torpeur, quelques ingrédients mixés à la sauce sweedich hardcore pour un show détonnant. Refused déroule son set comme si la vie de ses membres en dépendait, et l'énergie déployée par le quatuor est stupéfiante. Le public est aux anges malgré l'heure quelque peu tardive, et les brûlots qui lui sont servis sur un plateau font mouche à tous les coups. Décidément, et ce n'est pas la première fois pendant ce week-end, on a l'impression de vivre un moment unique qu'on ne pensait pas forcément vivre un jour, et on déguste chaque minute de ce concert qui restera comme l'un des meilleurs moments de cette édition.

Je quitte la Warzone peu avant les rappels pour tenter de récupérer ce qu'il reste de Keipoth trainant ses guiboles sous le chapiteau bleu pour en baver devant le set de Behemoth. Je ne trouve pas trace de mon compère, mais juste un groupe de death metal au son ENORME (je n'aime pas du tout ce style, mais je reconnais que les Polonais bénéficiaient d'un son puissant !). Je vois le dernier morceau, et je décide de me rentrer gentiment vers mes quartiers constitués d'une toile de tente, de me décapsuler une dernier canette tiède et de tenter de trouver le sommeil. Mes voisins rentrent peu après et je décide de refaire le monde avec eux. Il ressortira de ces discussions philosophiques que les noms des groupes jouant au Hellfest ne sont pas assez francisés, et du coup, Refused devient "Refusède" et Entombed change de sonorité pour "Entombède". C'est beau ! Rendez-vous avec une partie de l'équipe pour le lendemain matin et le concert du Spirit of the Clan... pardon, L'Esprit du Clan. Bonne nuit ! (elle ne sera pas volée celle-là.)