Hellfest, édition 2010. Une édition à compte rond, un line-up de fou, à se réconcilier avec celui de l'année dernière mi-figue, mi-raisin. Plus de 110 groupes pour un marathon métallique, 4 scènes qui se tirent la bourre, 3 jours de décibels pour 1 festival unique en France.
Hellfest 2010 : MainStage01
Le Hellfest poursuit son ambition européenne, à vrai dire plus du tiers des festivaliers sont étrangers, avec en masse les Anglais, les Italiens et les Espagnols. Il faut dire qu'à 180£ (215€) tout de même pour le pass week-end + camping, le festival de Download, son direct concurrent anglais, est un peu fort de café. Mais bon à ce prix là on a RATM, AC/DC et deux fois plus de voisins de camping...
Ici le fest s'étend sur deux scènes principales, ce qui permet d'enchaîner les têtes d'affiches avec une mécanique huilée à la perfection. 1-2, 1-2, pour un peu on pourrait presque rester entre les deux tours régies pour la durée du fest, prendre quelques coups de soleil, se ravitailler en boisson au stand juste derrière et en avoir son content de son; mais ce serait oublier les deux autres scènes qui apportent au Hellfest toute sa richesse musicale. Tout d'abord la RockHard tent où s'enchaîne black et death metal majoritairement, et qui d'après certaines rumeurs que bien évidemment le W-Fenec ne pourrait en aucun cas accréditer (ou même réfuter), est la scène favorite de Christine Boutin. Il paraît même que certaines personnes l'ont croisées là-bas... Finalement la plus petite des scènes mais finalement la plus attachante, la Terrorizer tent qui est la Mecque pour le hardcore, le punk et le stoner.
Niveau organisation, le Hellfest, avec ses 20 000 personnes par jour, est une machine bien rôdée, point d'eau fraîche en plein milieu du site, des douches dans le camping, un stand de restauration végétarien pour les allergiques du kebab, un camping à l'intérieur du site... Le lundi après le fest, la gendarmerie ne reportait aucun problème, excepté quelques contrôles d'alcoolémie positifs. Les mauvaises langues n'ont qu'à bien se tenir, un festival de cette taille, géré de cette façon à tout lieu d'être cité comme un exemple de réussite plutôt que d'être vilipendé comme un vilain petit canard. Quoiqu'il se peut (im)probablement que les attaques annuelles des groupuscules catholiques ne soient qu'un coup de publicité de plus... Bref, du coup, le vent semble tourner un peu en faveur du festival et des métalleux cette année, Ouest-France ayant même pondu un article concluant que finalement "les métalleux ont les cheveux longs, mais John Lennon aussi, alors laissez les tranquille et arrêtez votre chasse aux sorcières". Ça les change de leurs articles désinformatifs des années précédentes.
Hellfest 2010 : On a vu Christine Boutin
Vendredi 18/06
Les métalleux ne sont peut-être pas très méchants mais se lever et assister un concert à 10h30 relève quand même un peu de la masochie. (Ou alors ils vont à la messe tous les Dimanches?!) Et oui, bien observé, c'était le tour de passe-passe de l'orga pour caser 110 groupes sur 3 jours : concerts non-stop de 10h30 à 2h du matin. Bref, du coup on était à la bourre et on a zappé Swallow the Sun et Crowbar. Réveil en douceur sur Mass Hysteria donc, sous un magnifique soleil, le groupe enchaîne les titres du nouvel album avec facilité et les hits des tout premiers albums, "Furia", "Contraddiction", "Le magnétisme des sentiments", "L'archipel des pensées", un très bon set sur la Mainstage01, qui devrait finir de convaincre les réticents que Mass Hysteria est de retour pour de bon. S'enchaîne ensuite un barrage de décibels avec les furieux de Walls Of Jericho, totalement au taquet, Candace fout le feu à cette foule qui n'attend finalement plus que ça, et prend même du coup une nomination pour l'un des plus gros circle-pit du festival. Du très bon, du furieux, il est seulement 15h et tout le monde a déjà la banane. On tourne la tête pour écouter les infatigables allemands de KMFDM, dont l'indus séduit une petite foule d'aficionados, à moins que cela ne soit pour admirer les pantalons en latex de la chanteuse. De l'autre côté du site, c'est Ghost Brigade et Between The Buried And Me qui font les honneurs de la Terrorizer tent.
Trépidations et rumeurs d'impatiences à l'anticipation du concert de Deftones, un nouvel album, Diamond eyes, qui ne se laisse pas décortiquer si facilement à la première écoute et un passage que beaucoup observent de près. Chino, laisse tout le monde dans les starting-blocks, le groupe enchaîne tubes après tubes, "Diamond eyes", "Rocket skates", "My own summer", "Root", "Passenger", du grand Deftones qui pourtant ne réussit pas à faire bouger une foule compacte, molle mais attentive. Un public un peu décevant, qui a oublié de réviser ses classiques; les Deftones méritaient mieux que ça après cette prestation excellente. Plus tard dans la soirée, sous la Terrorizer tent, The Young Gods va enchaîner trois titres immenses, trois tueries et ensuite être victime d'une panne de générateur. Coup dur pour les Suisses, trois petits tours et puis s'en vont, des Suisses qui garderont sûrement un mauvais souvenir du Hellfest. Le générateur en panne créera également un peu de retard, pour ce qui est le concert du siècle pour certains, "8 ans qu'ils n'ont pas joués !", "le seul concert de leur reformation !", bref un camouflet signé Justin Broadrick, qui profite de la panne du générateur qui a affecté les Young Gods pour prendre son temps et faire son difficile, "check, 1, 2. Check. Flesh. 1, 2. Flesh". Il n'a pas vraiment envie de jouer mais le fera quand même, "You breed! Like Rats!", distribution de masques à l'effigie de Justin. En ce qui concerne la Mainstage02, ça a envoyé du gros aussi, la preuve, un Arch Enemy corrosif, instant "wow truc de ouf !", un très classique Sick Of It All, et surtout les indétrônables Biohazard. La Mainstage01 n'était en reste, donnant la réplique à sa sœur siamoise, Sepultura, Fear Factory et pour les nostalgiques Infectious Grooves. Biohazard, un instant hardcore classique, des titres qui s'enchaînent avec facilité, pas vraiment des enfants de chœurs les lascars, et un des plus gros circle pits du Hellfest, hardcore jusqu'au bout des ongles, à faire même hésiter l'orga du Hellfest : "Éh on peut tourner un porno dans vos loges ?"...
Hellfest 2010 : Les métalleux sont des grands enfants
Samedi 19/06
Bon c'est bon, cette fois on a compris le coup maintenant: concerts = 10h. Ouais bah non, pas quand Architects annulent et que l'orga déplace tout sous la Terrorizer tent. Et même deux fois en fait à cause d'une autre annulation. Donc, pour ceux qui ont suivis, Knuckledust passe à 12h10. Du coup l'ingé lumière s'efforce laborieusement de taper un message sur les 5 carrés de lumière à pixel 5x5 à sa disposition pour les autres, "First", "Show", "12h10". Génial ! Pas de temps à perdre, direction la Mainstage02 avec Dew Scented et leur thrash metal qui dépote. Les allemands sont plutôt content de jouer tôt et ça réveille doucement : une bonne surprise. On enchaîne rapidement parce qu'on a finalement trouvé la RockHard tent, tente favorite de Patrick Roy s'il en est, pour voir un bout de Kalisia. C'est un peu mielleux, mais quitte à être debout au lieu de comater au camping autant voir des groupes. Les mecs qui foutent vraiment le bordel, c'est plutôt Tamtrum, eux jouent la carte provoc' à fond, et à défaut d'avoir une musique originale font un show divertissant ; enfin, qui se plaindrait de deux strip-teaseuses qui crachent du feu à 11h le matin ? À part Benoît XVI (l'autre !) et Christine Boutin, je ne vois vraiment pas... Après l'enchaînement violent du vendredi, cette journée s'annonce un peu plus calme, sauf sous la Terrorizer tent. Knuckledust qui nous vient droit de East London (avec l'accent et tout), Discipline et leurs mini-shorts un peu spéciaux (!), Sworn Enemy et encore Born From Pain. De quoi mettre la barre assez haute, surtout quand 36 Crazyfists arrive, sans se démonter le groupe accélère le tempo et enchaîne nouveaux titres et grand classiques, "I'll go until my heart stops", "Elysium", mais bizarrement pas de "Slit wrist theory", les ricains se déchaînent sur les titres de leur prochain album, lequel s'annonce plus violent et plus brut que jamais.
Le reste de la soirée, c'est un match de tennis entre les deux scènes principales. Après le passage de Airbourne qui prend l'air littéralement en escaladant les structures de scène, Slash déclare les hostilités. Avec Myles Kennedy au chant, Slash enchaîne les titres de son album solo tout au long du set ; ce n'est que vers la fin qu'il taquine un peu le public en faisant semblant d'avoir oublié l'intro de "Sweet Child O'Mine", que le groupe jouera finalement en entier. Twisted Sister succède à Slash et offre un spectacle d'un autre genre, mais toujours plus sympa que les grand guignols d'Immortal et leurs voix de canards sur l'autre scène. Bref, une excellente excuse pour dégager vers Agnostic Front, une tente remplie à ras bord de sueur, un moshpit déchainé, un set carré et costaud. Retour aux sources avec le show d'Alice Cooper, et quel show ! Alice se fait théâtral comme à son habitude, plus qu'un concert, on est à la limite de la comédie musicale. Le new-school c'est définitivement pas pour Alice, il en a vu d'autre et il est increvable. La preuve, en presque 90 minute de show, il s'est fait décapiter, empoisonner et assassiner deux fois. Pour le coup, les mecs d'Immortal peuvent rentrer chez eux la queue entre les jambes. Pour clore la soirée en beauté, on a le droit au mauvais goût de Carcass ou aux diatribes de Jello Biafra. De son côté le Metal Corner a pris un côté encore plus extrême que la veille, en lieu et place du Disco vs Metal, cette nuit on a le droit au Crossover Métal, et franchement c'est pas folichon : System of a Down en version easy-listening, Metallica avec des samples de Britney Spears, et un classique d'Apocalyptica. La révolte gronde doucement...
Hellfest 2010 : Mini-Kiss
Dimanche 20/06
Okay, troisième essai : début des concerts = 10h. Yes ? Ja ! Omega Massif ! Bon le matin de bonne heure, la gueule dans le pâté à cause des voisins de campings qui écoutent Scorpions à 8h, c'est plutôt massif. Littéralement. Mais que c'est bon ! Les allemands ont eu le droit à un affichage rigoureux du site les deux jours précédents pour motiver les hésitants et bien faire passer le message à propos de l'heure à laquelle ils jouent : 10h ! Geisterstadt est passé en revue, mais avec 30 minutes de set il fallait choisir, "Unter null", "In der Mine" explosent avec violence parmi les premiers rangs, les teutons sont carrés, ont un son immense et feront même l'honneur de jouer un titre du prochain album, dans la droite ligne de son prédécesseur.
Le dimanche c'est le jour où Patrick Roy est venu rendre visite au Hellfest; défendre le métal à l'Assemblée nationale, chapeau!
Le dimanche c'est également la journée du stoner, avec Solace, Yawning Man, Brant Bjork And The Bros et surtout Garcia Plays Kyuss. Toujours sous la Terrorizer tent (décidément !). La bonne surprise du jour c'est surtout Rwake avec un son brut à souhait, des rednecks purs et durs de l'Arkansas, mais qu'ils sont excellents! Pas de répit après les Black Cobra, pour qui l'on regrette après coup d'avoir boudé Bestial, le programme est lourd et chargé à souhait. Du coup Weedeater semble un peu mou du genou. Retour vers le côté des grandes scènes vers un exubérant Devin Townsend super content d'être là avec son rock progressif assez particulier. On enchaîne avec un petit Stone Sour des familles, des titres magiques mais qui ont l'air de marcher beaucoup mieux outre-atlantique que dans nos contrées un peu rustiques. Avant le choix de la soirée, Motörhead chauffe un peu le public. Lemmy, qui a bien dû faire toutes les éditions de Hellfest, a ses habitudes et surtout son tapis pour jouer de la guitare; histoire de respect vis à vis de ses bottes. Après cet instant rock'n'roll, le grand dilemne, Slayer ou Dillinger Escape Plan ? Apparemment on ne peut pas aimer les deux, donc direction la petite tente, Slayer joue tous les ans après tout. Une petite tente en effet, c'est ce qu'on du se dire les Dillinger, après un passage sur la Mainstage02 en 2008, les voilà cloîtrés sous une Terrorizer pleine à craquer. Un set étouffant, un set éprouvant, des Dillinger Escape Plan destructeurs comme à leur habitude mais bien déterminé à foutre une pagaille monstre, c'est un condensé des titres les plus abrasifs qui déchaîne une tempête de décibels. Exit les embardés un peu pop des deux derniers albums, même Option Paralysis apparaît complètement à vif ce soir. Pas content, voilà ce qu'ils sont!
Allez, petit coup d'oeil en arrière pour voir Kiss, sa scène immense et son cachet excessif (plus de 300K$ d'après ce qu'il se dit...), mais vu le nombre de clones de Kiss que l'on a croisé dans la journée, peut-être que ça valait le coup...
Pendant que certains rejoignent leurs voisinages bien-pensants, d'autres de déchainent près du Metal Corner, concert nocturne de percussions en perspective, une nuit entière au son des bongos improvisés...
Merci en vrac aux pâtes de Chase et Charles, au connard qui a bousillé ma tente, au stand de bouffe végétarienne qui ne suivait plus la cadence, bonjour à Knuckledust, Julie et l'English crew!
- Le Hellfest & Patrick Roy: Le monde (293 hits)
- Le set Hellfest de K.: Flickr (965 hits)
Un Hellfest aux allures de marathon, 3 jours intenses, avec du son plein les oreilles pour un bon moment, une occasion unique dans un paysage sonore qui fait triste figure.
A l'année prochaine!
Re: Hellfest / Hellfest 2010
Terrier : Paris
Par ailleurs, très bon article Pooly ! Le tout y est, la restitution de l'ambiance, du contexte de polémique autour du Hellfest, bref très intéressant à lire !
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Charlotte Noailles
Re: Hellfest / Hellfest 2010
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Terrier : DTC
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