Bien que le festival soit très jeune (2009 voit se tenir la quatrième édition), il n'hésite pas à proposer des groupes déjà venus à Clisson (certains il y a seulement 2 ans) au public français, mais pas seulement, puisqu'une pléthore de nationalités sont représentées parmi les membres du public. Et les festivaliers sont au rendez-vous puisque environ 20 000 entrées ont été enregistrées chaque jour...
En ce qui nous concerne, chaque année l'octroi d'accréditations suscite bien des interrogations (surtout qu'elles soient payantes !) et la distribution des pass-photos est l'objet de choix drastiques de la part de l'organisation (et soulève toujours des interrogations...). Mais en proposant une affiche à la fois axée sur les groupes faisant l'actu du moment et en faisant office de session de rattrapage pour le dernier quart de siècle écoulé en matière de toute musique "heavy", le Hellfest occupe une position incontournable. Ton webzine préféré ne s'est pourtant pas déplacé en groupe et c'est seul que j'aborde le Hellfest, après un passage chez l'ami Ted la veille. Avec une programmation dense et une volonté (de ma part) de (me) gaver au lieu d'être sélectif, voici un retour au pas de course sur 45 heures de musique (qui a dit "de bruit" ?) pour 58 groupes (si mes comptes sont exacts) en lieu et place d'une "vraie" review détaillée menée par une "vraie" team... Pour cela, il y a la "vraie" presse illustrée sur papier glacé. Donc, aucune objectivité de ma part, juste des impressions livrées à chaud sur l'ensemble des groupes vus lors de la grand-messe placée autour du solstice d'été.

Hellfest : Pendant Anthrax On attaque donc ce festival et par la même occasion cette revue d'effectif par l'annulation de Bring Me The Horizon, remplacé par Gokan. Dans la foulée, sous la Terrorizer Tent, c'est Watertank, une très bonne surprise venue de tout près d'ici qui a sévi à l'aide d'un post-rock abrasif. Sous les scènes principales, Karma To Burn s'impose magistralement de tout son poids, c'est à Girlschool que revient la première déconvenue technique par l'entremise d'un ampli qui lâche en tout début de show alors que le combo n'appâte pas que le public masculin, God Forbid inaugure certainement les circle-pits du Hellfest 2009, Backyard Babies ne me laisse aucun souvenir de son passage, Eyehategod (et son set pour le moins répétitif) voit la première apparition de Michael Williams et les Nashville Pussy sont toujours inusables ! Première rencontre avec un groupe de musique dite "extrême", Misery Index la joue musclé sur terrain death-métal et fonce à bloc lors des plans grindcore, les post-hallucinations de Torche se démarquent par des percussions additionnelles et le premier groupe à me décevoir se nomme Voïvod malgré tout le capital sympathie qu'il ramène à lui. En revanche Kylesa et son couple de batteries (une pratique pour le moins périlleuse) m'a réjoui ainsi que l'ensemble des hôtes de la Terrorizer Tent. W.A.S.P., au concert trop mollement heavy à mon goût, voit la fin de son set empiété par Down venu enfoncer des clous bien profondément dans le crâne des festivaliers. Anthrax honore le public de sa reprise de "Antisocial" (Trust) alors que la grosse machine Heaven and Hell, constituée des légendaires Geezer Butler, Tommy Iommi, Dio et Vinny Appice (et sa batterie monumentale), force le respect. Le trip "chamano-introspextif" de Jarboe me laisse plus que perplexe et God Seed, entre simulacres de crucifixions et maquillages sanguinolants, abat unilatéralement son black métal au milieu de la nuit. Pour terminer ce premier jour, les mythiques Mötley Crüe ont su ne pas rendre leur répertoire totalement obsolète. Mais il est tard et il reste encore deux jours à tenir et je cède à la fatigue avant la fin du concert...

Hellfest : Carré VIP L'affiche du deuxième jour est celle qui m'attire le plus et on sent un léger glissement parmi le public qui se rajeunit un tantinet. Il fait beau, le ciel voilé filtre le soleil par intermittence, et, à peine levé, je file rejoindre la pelouse (enfin ce qu'il en reste) du Hellfest.
En cette fin de matinée, Trepalium s'emploie à déverser ses coups de butoir death à tendance technique et Gama Bomb approxime un speed-hard-rock qui semble avoir son public. Ensuite, Michael Williams fait son come-back (caché derrière un bandana pendant un temps) avec Outlaw Order, son autre groupe. Ma première rencontre du festival sur terrain hardcore avec Backfire ! (et se passe très bien) tandis que (Dark) Vader se rend totalement indigeste en confondant vitesse et précipitation. Les All Shall Perish y sont allés tout en muscles et, sur les scènes principales, Pain octroie une prestation pas si rassise que ça, Devildriver rameute pas mal de monde avec son métal carré et un set puissant tandis que les Heaven Shall Burn ont mouillé leurs chemises bordeaux sur une scène un chouillas surdimensionnée pour eux. Cradle Of Filth ne fait plus franchement peur alors que Clutch la joue tranquille mais reste savoureux sous le soleil faiblissant du Hellfest. Bien qu'essoufflé, Soulfly n'a pas de mal à mettre le public en poche, en ajoutant titres de Sepultura ("Refust/resist", "Roots bloody roots") et intervention de Richie (le fils de Max) en guise de goodies... Il m'a fallu un peu de temps pour accrocher à Kickback mais son show sans compromis et le parlé cru du frontman ("on va tous vous baiser bande de lopettes") restera inscrit dans les mémoires. Dans la foulée, j'arrive juste devant la grande scène où Gojira saluera chaleureusement le public. The Misfits paraissent fatigués sans pour autant démériter même si l'assistance se masse déjà devant la scène A pour Machine Head. Et comme je les comprends. Le set de la bande à Robb Flynn passe comme une lettre à la poste et remporte peut-être bien les suffrages en terme de fréquentation, toute catégorie confondue lors de ce Hellfest 2009. Une autre réussite a lieu sur la scène jumelle dans la foulée, bien que peu fréquentée, en la présence de Killing Joke pour un concert pas loin d'être... ultime (que les avis divergents se taisent à jamais) ! Juste après, il est temps de tester Cro-Mags et son concentré à la croisé de rock, punk et hardcore (et de ne pas y résister) alors qu'il est tard et que le mieux à faire est d'aller se coucher pendant "Sweet dreams (are made of this)", Marilyn Manson clôturant cette deuxième soirée.

Hellfest : Ambiance Troisième et dernier jour, les organismes commencent à fatiguer et les nuages ne tamisent que très peu les (violents) rayons de soleil. Cette dernière affiche me semble plus en retrait par rapport aux jours précédent mais laissera peut-être place à des découvertes.
Témoignage de son bon esprit, Hacride est heureux de jouer au Hellfest (même sous une scène annexe, même à 11h00) et, sur scène, associe mélodies et attaques frontales assez habilement. Je me prends coup sur coup les variations death-métal de Whitechapel et Aborted avec une préférence pour ses derniers avant d'assister (de loin) à la blague Satan Jokers. Volbeat, à ma grande surprise, s'assure d'un certain succès mais je serai plus facilement attiré par les mini-shorts de son public féminin. Moment d'amnésie ou le retour du "Syndrôme Backyard Babies" pendant Holyhell alors que Kataklysm assomme la Rock Hard Tent saupoudrée des quelques "Tabernacles" lâchés par son frontman. Sous l'autre tente, Ufomammut semble avoir joué seulement 4 titres pour près d'une heure d'un show constitué de riffs étirés en long en large et en travers. Le concert de Pestilence, compact, massif et soutenu par un gros son, m'aura réveillé alors que Orange Goblin force à détaler à cause d'un son plus que crasseux. Les Napalm Death dispersent leurs impacts grind-core devant un public ayant du mal à être contenu par la Rock hard Tent puis Queensrÿche complète le coté kitsch de ce Hellfest 2009, Mastodon fait décoller ses nuages sludges avec talent, Coalesce présente son métal déchiqueté du mieux qu'il peut. Europe lâche son "Final countdown" juste avant de libérer la place et les Suicidal Tendencies servent un show épicé, dynamique et fait finalement remplir la scène de membres du public. Les divagations sentimentalo-techniquo-esthétiques de Dream Theater font quitte ou double, c'est selon, auprès des festivaliers. Teigneux, puissant et enragé, le hardcore de Hatebreed dévaste le public une toute dernière fois et la fin de leur passage annonce déjà la décrue du public sur la plaine de Clisson. L'ensemble des drapeaux rassemblés devant la Mainstage 1, une sirène retentit et Manowar peut envoyer sa machine de guerre (qui me laisse de marbre) avant qu'un gigantesque feu d'artifice n'éclaire le ciel et sonne la fin de cette nouvelle édition du Hellfest.

Quel bilan tirer d'une telle succession d'images et ce déluge sonore ? Tout d'abord un podium attribué à Killing Joke, Suicidal Tendencies et Kylesa et aussi les touches phénoménales du public, les attitudes des zikos, l'absence de sono sur les stand (point pour le moins positif), le service de sécu Hellfesto-compatible, un écran géant, les maxi glaces 3 parfums, le camping "personnel, bénévoles et invités", l'ambiance pour le moins remarquable qui a régné durant 3 jours et le soleil en bonus...