Cette année, nous retournons au Hellfest, moi accrédité média, Gab, ma chérie, en bénévole. Voici donc notre live report entremêlant notre double regard sur cette édition.
HF 23
Mercredi 14 juin
Nolive: C'est parti pour une nouvelle édition du Hellfest Open Air. Comme d'habitude, on commence doucement, on s'installe, on retrouve les amis, petit barbecue et bières, les basiques d'un festival réussi.
Gab : On a préparé rapidement les affaires cette année, l'habitude sûrement et le fait d'être malade comme un chien depuis la veille ont beaucoup aidé. On retrouve les amis et c'est un vrai bonheur mais ma petite forme ne me permet pas de profiter autant que je le souhaiterais. Je vais me coucher tôt, je dois assurer demain comme bénévole.
Jeudi 15 juin
Nolive : Premier jour du festival. Le début des concerts en milieu de l'après-midi est plutôt une bonne chose. Cela me laisse le temps de me préparer à ces 4 jours en enfer qui vont être extrêmement denses surtout que la chaleur est importante. À l'arrivée sur le site, les portes de la zone de concert ne sont pas encore ouvertes, nous entrons rapidement. La circulation est fluide malgré une forte affluence, les premiers riffs résonnent déjà sur la Hellstage. Mon running order est calé et je commencerai ma journée par Tsar sur la Hellstage avant de filer pour les premiers concerts de cette nouvelle édition.
Les premiers moments dans l'enceinte du festival sont toujours particuliers, on admire les décors toujours aussi soignés, on profite de cette foule éclectique faite de vikings, de gothiques et autres festivaliers aux tenues plus extravagantes les unes que les autres... Je remarque qu'après la tendance chemises à fleurs de 2022, on a une prolifération de bobs aux motifs improbables. On retrouve des amis, on boit une bière, et oui il fait chaud, et il est l'heure.
HF 23 imperial triumphant
Direction la Hellstage, Tsar, ce petit groupe nantais qui est ma découverte de l'année est en place. Le Baron, comme à son habitude, fait son entrée en mode prêtre gothique sous sa cape. Les guitares entrent en jeu et déchirent l'atmosphère, la foule s'enflamme. Une belle mise en bouche qui égaye mes oreilles. Je ne peux néanmoins pas rester pour profiter pleinement de leur set mais leur entrée est réussie et c'est super pour ce groupe qui mérite de monter.
Je prends la direction de Temple via le VIP, peu de queue, ce qui est une bonne chose au vu de la cohue sous la cathédrale où s'amassent les festivaliers impatients d'entrer sur le site. Mon programme de la journée est chargé : BlackBraid, Kamizol-K, Imperial Triumphant, Harakiri for the Sky, Celeste, Svinkels et Behemoth.
Le soleil tape très fort pour cette première journée et j'avoue que cela joue pas mal sur l'organisme. BlackBraid fait un set solide qui est une bonne intro pour ces quatre jours. Je m'attendais à ce que la touche "native" de ces indiens américains soit plus présente mais ils jouent quand même un black solide bien qu'au final très classique.
Direction Warzone, ma scène favorite, car oui, j'aime que ça bouge, que ça bagarre, dans la joie et la bonne humeur. Kamizol-K commence très fort, du bon hardcore, une belle présence scénique et un publique qui se laisse emmener. Ça bouge ! Les premiers slams, des gobelets qui volent, des sourires et des yeux qui brillent, bref, ce que l'on s'attend à retrouver au Hellfest.
J'enchaîne les concerts. La foule est de plus en plus dense. Trop dense. Il devient difficile de circuler. Je reste comme d'habitude, abasourdi par la queue au merch. J'avoue ne pas bien comprendre ce qui pousse les gens à faire 2 à 4 heures de queue pour un tee shirt et louper une demi-journée de concerts.
Je parlerai peu d'Imperial Triumphant, je ne suis pas rentré dedans, j'avoue ne pas comprendre leur musique et ne pas ressentir d'émotion dessus. Après il en faut pour tous les goûts et c'est bien là un des points forts du Hellfest !
J'avais loupé Harakiri for the Sky lors de leur dernier passage en terre clissonnaise et il était hors de question de les louper cette fois-ci ! Bon choix, car le groupe est excellent, il te prend, il t'emmène et il te malaxe comme il faut avec des cassures et des changements de rythme qui parfois te bercent et te portent, et d'autre fois te tabassent l'estomac et font illuminer ton cerveau. Ces Autrichiens et leur post-black metal mérite une oreille attentive, je l'avais conseillé à un ami qui venait pour la première fois et il a adoré. Je commence à avoir mal aux pieds, mais bon, on n'a rien sans rien, le fameux no pain no gain !
Direction la Valley qui a investi son nouvel écrin. Cette Valley est belle, spacieuse et les nouvelles décorations sympas mais je ne m'étalerai pas dessus. Ma mission : photographier Celeste. Croyez-moi, c'est un challenge car si ma mémoire est bonne, Celeste c'est pas de lights, frontale rouge dans le noir ! Autant dire, c'est mission impossible, néanmoins, il fait encore jour ! Alors Celeste, c'est du lourd, c'est gras, ça fait vibrer. Défini comme un groupe de post-hardcore, à tendance black metal, screamo et sludge (oui oui, tout ça, j'avoue que les cases et ces définitions de genres m'ennuient profondément). Ils produisent une performance impeccable. C'est hypnotique et cela t'emmène très loin dans les abysses avec un chant growl en français et des riffs d'une extrême profondeur. Celeste c'est du brutal et c'est très bien réalisé ! A voir et à revoir !
HF 23 behemoth
Une chose importante au Hellfest : manger ! Pour cela, on a le choix, beaucoup de choix. Je me sustente rapidement avec un petit burger au hellsnack avant d'aller voir et photographier Behemoth. Le black polonais, c'est normalement du solide et je m'attends à m'en prendre plein la vue dans la nuit de Temple. Et bien, je n'ai pas été déçu, Nergal et consorts sont d'incroyables showmen maîtrisant le moindre détail de leur scénographie et de leur musique. Un concert complet, aussi bien visuel que sonore. Le satanisme musical a de beaux jours devant lui. Le public est conquis, subjugué, envoûté plutôt ! Et il y a foule, beaucoup de foule, et faut le dire, Temple est clairement trop petit pour l'envergure de ce groupe !
Je voulais enchainer avec Parkway Drive mais là, j'ai mal au dos, aux pieds, et aux jambes, bref partout. Je tombe de fatigue et derrière il reste trois jours pleins à faire. Je me décide pour rentrer profiter d'une nuit réparatrice, après avoir encore passé deux heures sur l'ordi pour envoyer mes premiers clichés de cette édition. Je sens que cette édition ne va pas être des plus simples !
Gab : C'est toujours un moment grisant de franchir les grilles le premier jour chaque année. L'impression d'arriver chez soi : les décors, la foule où on peut passer inaperçue, contrairement au reste de l'année, les copains... je me sens déjà mieux ! Je vais pouvoir profiter de la journée avant de commencer mon poste à 20h30 et cela commence par Tsar que je suis très heureuse de retrouver sur la Hellstage. Nous ne le savons pas encore à ce moment-là, mais un des musiciens vient de perdre son papa que nous connaissions et qui était très investi dans le milieu métal. J'imagine son chagrin et sa fierté en ces moments très forts...
Je suis heureuse de retrouver la Warzone, ma scène favorite, avec Kamizol-K qui a définitivement terminé de me remettre sur pieds. On visite la nouvelle Valley : décoration soignée qui fait pendant à celle de la Warzone, un espace vaste et agréable avec de nouveaux aménagements dont la roue de Charon.
Mon concert de la journée est Harakiri for the Sky. Quelle claque ! Hypnotique, envoûtant, tantôt mélancolique et sombre tantôt léger et presque joyeux. Ils te collent une vilaine baffe pour te caresser gentiment dans une alternance bien orchestrée qui te propulse de plus en plus haut. J'ai vraiment adoré !
Mais pour moi, il est maintenant l'heure d'aller bosser et de découvrir mon poste. J'arrive en plein coup de feu : à peine le temps de faire connaissance avec les autres, de comprendre le fonctionnement du pad et d'intégrer la liste des snacks proposés que c'est parti ! Ça se passe bien : ça rame un peu en cuisine mais rapidement tout le monde prend son rythme. Les gens sont sympas mais on ne s'attarde pas à discuter. Il y a du monde et le son de Temple et Altar décourage toute velléité d'échanges. Cela se calme vers 23h. Architects est passé en Mainstage mais je n'ai rien entendu. Le calme était revenu pour Behemoth et j'ai pu profiter de quelques moments du concert par intermittence et Dieu, que j'ai regretté de ne pas y être ! Je crois qu'une des rares fois où j'ai eu un festivalier très lourd car alcoolisé fût sur ce concert qu'il m'empêchait de suivre. Rien de méchant. J'ai trouvé les gens sympas, courtois, joyeux et heureux. Ça a été un vrai plaisir de les servir mais punaise ! Qu'est-ce que j'ai mal aux pieds ! Il est temps que la fin de journée arrive. Je rentre et retrouve mon chéri occupé à ses photos. Je prends une douche et vais me coucher sans l'attendre : il en a encore pour un moment et demain une nouvelle journée en enfer nous attend.
Vendredi 16 juin
HF 23 propain
Nolive : 9h j'ai faim, j'ai chaud, j'ai mal partout... j'en peux plus il reste deux jours. Je sens que ça va pas être facile. 10h, c'est parti, je n'ai plus mal qu'aux pieds mais j'ai encore plus chaud... Les premiers riff sonnent, les festivaliers matinaux commencent déjà à remplir le site malgré leurs mines fatiguées. (Je suis donc pas le seul, voilà qui me console).
J'ai programmé LLNN pour commencer la journée mais je vais finalement commencer par Belenos, histoire de faire une découverte. Et bien je ne suis pas déçu ! C'est solide, on se laisse facilement prendre. Les Bretons propose un celtic black metal avec une touche de violence maîtrisée et des mélodies qui leur donnent un son propre. Bref un bon moment que je dois écourter car je ne peux par louper LLNN.... Et j'ai bien fait ! Les Danois mélangent avec brio le hardcore et le sludge. Leur chanteur semble possédé et nous attrape dans sa folie, le son est lourd, massif, et extrêmement riche. Cela forme un tout ultra cohérent et compact comme un parpaing que l'on prend dans l'estomac. Bref j'ai adoré et la journée commence merveilleusement bien !
Le soleil tape de plus en plus... décidément c'est pas le festival de l'enfer pour rien. Un bon moment pour s'offrir un moment rock and roll avec Peter Pan Speedrock. C'est plein de gaité, ça sent la bière fraîche et la côte de bœuf dans un rade de la route 66. On est bien !
Mon appli me sort de ce pur moment de bonheur musical qui était parfait pour digérer la claque d'LLNN, en me signalant que c'est l'heure d'ACOD. Les Acteurs De L'Ombre est un label de qualité et dans leur écurie ACOD ne déroge pas à la règle. La brutalité du death, mélangée à l'ombre profonde du black est parfaitement réussi par ACOD. Un show maîtrisé, un public enthousiaste, tout ce qui fait un bon concert ! Les Marseillais ont fait une prestation de haut vol. Bien sûr, ce n'est pas encore parfait mais depuis 5 ans ils ne cessent de progresser et la maturité est là.
Alors, déjà 4 concerts, j'ai toujours mal aux pieds mais ça va, j'ai chaud, j'ai soif et j'ai faim. Un truc frais et léger, les stands de burgers me font de l'œil, mais je cherche un truc plus léger... et au final je mange un burger ! Punaise que je suis faible ! Ce vendredi est aussi le jour des rencontres. C'est toujours ça le Hellfest, un moment où on retrouve les amis, et depuis LLNN, je sors du pit photo, on m'offre une bière. Autant dire que si cela continue ainsi, la journée va être longue. Néanmoins, j'ai plus mal aux pieds ! La journée s'est enchaînée sur ce rythme, avec notamment Akiavel que j'ai adoré et c'est encore des frenchies qu'il faut absolument aller voir, puis The Chats, gentil mais sans plus, Der Weg Eihner Freiheit, bien, un black metal athmo solide mais loin des meilleurs du genre, Unearth, très bon groupe de metalcore mais punaise, on retrouve du metalcore sur toutes les scènes et cela m'agace un peu, Vreid, comme Der Weg, c'est propre, c'est chouette, ça fait le taf, mais là encore, les derrières productions du genre de chez LADLO sont bien au dessus. J'enchaine ainsi les concerts et les bières jusqu'à mon final... Botch.
HF 23 greg puciato
Ah... Botch et son frontman, Dave Verellen, casquette bien vissée, arborant une moustache lui donnant un air de ressemblance avec Michael Peterson (Charles Bronson) dont il partage la violence même si dans le cas de Botch, elle n'est que musicale et cathartique. C'est du solide, c'est de la légende. Je ne pensais pas avoir le plaisir d'entendre un jour sur scène le mathcore de Botch. Depuis leur séparation il y a plus de 20 ans, le groupe était devenu une légende dont les exploits musicaux étaient racontés par les chanceux, et là, Botch au Hellfest quoi ! Immanquable ! Et c'était dingue, du rythme, de la puissance, du gras, du strident, il n'y a pas à dire, Botch avait et a encore beaucoup à donner ! Au final, j'ai fini lessivé par ce magnifique concert. La fatigue est pesante et je renonce à Sum 41. Il est plus sage de reprendre des forces pour la journée du samedi qui est celle que j'attends le plus !
C'est les jambes lourdes, épuisées, mais après avoir fait de belles découvertes (LLNN et Akiavel surtout), et après avoir pris une bonne branlée auditive avec Botch pour terminer la soirée, que je m'endors lourdement.
Gab : Ça pique ce matin ! Et je n'ai pas beaucoup de temps pour me réveiller car si je veux profiter des concerts avant mon poste de 15h/20h30, il faut que je me bouge ! A peine le temps de mettre des pansements sur mes superbes ampoules et c'est parti ! Enfin, parti, lentement hein parce que j'ai super mal aux pieds. Les premiers mètres sont pénibles et je décide de faire abstraction de la douleur. Ça va déjà mieux : la douleur n'est qu'une information.
Premier concert avec LLNN, je peine à me réveiller, je vais chercher un verre de Coca pour m'aider mais je ne profite pas du concert. J'émerge pour ACOD que j'apprécie et je quitte à grand regret Akiavel pour ma prise de poste. C'est calme et je vais pouvoir profiter de la fin du concert depuis le snack. Très belle découverte et il me tarde de les revoir tranquillement au Motoc ! Le snack est très calme et cette inactivité m'ennuie et me fatigue. Le set de 1349 que je n'ai vraiment pas apprécié finit de m'achever en fin de service. Je rejoins Nolive pour me détendre au VIP et on en profite pour vider un pichet avec des copains. J'ôte mes chaussures et punaise, quel pied ! Je repars pour Botch mais j'ai mal partout et je supporte mal la foule qui m'entoure, me bouscule sans arrêt. Je n'ai pas choisi le meilleur endroit. Je ne parviens pas à profiter et je m'agace. De toute façon, nous sommes crevés, Nolive doit encore s'occuper de ses photos en rentrant et demain, je suis attendue à 9h à mon poste. Et puis, demain, il y a une belle prog sur la Warzone et je veux en profiter ! Nous rentrons, sans regret.
Samedi 17 juin
HF 23 kalandra
Nolive : Le soleil me réveille, il fait déjà chaud. Curieusement j'ai moins mal aux pieds mais quelque chose me dit que ça ne va pas durer même si le gros de mon programme de ce samedi est concentré sur la Warzone. Après un bon petit déjeuner c'est reparti pour cette nouvelle journée, c'est le troisième jour et savoir qu'il y a encore demain me fait quand même un peu peur, je ne suis pas très fan de cette formule sur quatre jours qui relève du marathon ! Mais bon, j'ai bien tenu les deux éditions coup sur coup de l'année dernière...
Mon immanquable de la matinée c'est Hard Mind, je fais un petit détour rapide par Nature Morte sur Temple avant d'aller sur Warzone mais je n'arrive pas en entrer dans leur univers, je me suis déjà formaté pour une journée de "bagarre". Dommage car c'est plutôt sympa Nature Morte. Tant pis, j'ai tellement envie d'une bonne dose de hardcore bien classique et bien violente qu'il me faut rapidement étancher ma soif auditive. Et bien, il n'y a pas à dire, les groupes de la scène HxC française de ces dernières années, c'est du lourd, c'est du solide, et il y a une vraie "french touch" dont je raffole ! Hard Mind a fait un set bien costaud, ultra efficace et vivant. Dès le matin le public était présent et s'en est donné à cœur joie, ils resteront pour moi le groupe de la journée sur Warzone !
Il me faut ensuite traverser tout le site du festival car j'ai envie de voir Bloodywood ! Des Indiens qui font du metal, c'est suffisamment rare pour ne pas les louper ! Je retrouve JC dans la file d'attente. On papote en attendant, il me demande comment c'est Bloodywood ? "Ça envoie du gros son !". Faut dire que pour le moment, il y a peu de monde sur les Mainstages. C'est plutôt tranquille. Bloodywood arrive, et là, direct ils commencent très fort avec "Gaddaar". JC laisse échapper un gros "ooohhh" le visage figé de longues secondes comme s'il venait de prendre 6G assis dans le cockpit de Maverick ! Bé oui hein, c'est du gros son ! Et là, les Mainstages se remplissent et s'enflamment en moins de temps qu'il en faut pour enfiler une bière cul sec. Le nu metal indien avec ses notes de musique traditionnelle mélangées à des notes de thrash pour un ensemble folk nu metal fait mouche. L'un de mes meilleurs moments de ce Hellfest !
Direction la Warzone, avec une petite halte pour se sustenter avant de suivre Zulu. Un groupe de la West Coast mélangeant hardcore avec des pointes de soul, un programme alléchant, néanmoins, même si le set est intéressant, le groupe est encore jeune et le projet ambitieux. Cela manque un peu de caractère et de trip pour du hardcore. Cela reste un groupe à suivre malgré tout. Je me décide à aller voir Kalandra sur Temple que je rejoins au travers de la forêt du Muscadet, déjà prise d'assaut par les festivaliers en recherche d'ombre et de calme pour manger ou se reposer. Et oui, c'est une épreuve physique un Hellfest ! Alors Kalandra... un petit moment de magie ! Le folk nordique quand c'est bien fait, c'est juste un rêve musical éveillé qui t'embarque sur un océan de douceur musicale hypnotique !
C'est d'un pas léger que je vole vers la Warzone, encore bercé par les chants nordiques de Kalandra. Ça ne va pas durer longtemps, les Ricains de Spiritworld, en bons cowboys bariolés, chapeaux de Texas Rangers vissés sur le crâne me rappellent que l'on est au festival de l'enfer ! Ça balance des coups de poings en plein estomac avec un hardcore bien thrash et festif ! Ils ont une dérision et une joie communicative qui mettent le pit à l'envers ! Le concert se termine et les mines réjouies des headbangers donnent une atmosphère sympathique.
Je profite de cette pause avant Eyes qui remplace au pied levé MindForce pour récupérer ma douce et tendre qui sort de son service de bénévolat au snack. Fan de hardcore comme moi, on attend donc sur la Warzone, elle est épuisée mais du hardcore devrait lui faire du bien ! Eyes, des Danois dont certains sont membres de LLNN, et bien c'est ouf, c'est un remplacement de haute volée et une superbe découverte ! Eyes brise les genres du hardcore, le chanteur semble possédé, la rythmique est cassée régulièrement donnant des impressions de chaos tout en maîtrise. C'est inattendu et vivifiant. Je retrouve ma chérie, tellement fatiguée qu'elle a réussi la prouesse de s'endormir devant Eyes, à son grand regret car derrière Soul Glo est loin de tenir ses promesses, c'est sympa mais sans plus, puis surtout, ils ont l'air d'être en service commandé au point qu'ils quittent la scène comme des voleurs au grand dam de leur batteur qui vient au devant de la scène pour s'excuser de ses comparses.
HF 23 stray from the past
On attend le groupe suivant dans une légère torpeur, assommés de fatigue. Stray From The Path semble prometteur, du hardcore croisé avec du nu metal et du metalcore, cela peut-être un super mélange. En tout cas les albums sont plutôt sympas ! Et bien un chouette moment, ça joue fort, ça joue avec le public et on enchaîne les circle pits, les slams et autres joyeusetés typiques des metalheads. À voir et à revoir, surtout que leur chanteur est un vrai showman aimant jouer et communiquer avec son auditoire.
C'est donc les oreilles satisfaites que l'on quitte la Warzone pour un détour au VIP dans le but de s'hydrater avant le concert de The Hu. On y retrouve des amis, on boit quelques bières et le temps est venu ! Et là j'ai sans doute vécu mon pire concert en 8 éditions. 20 minutes avant le concert et Temple déborde déjà. D'habitude, il suffit de montrer l'appareil photo pour que les spectateurs nous laissent atteindre la queue de photographes attendant à l'entrée du pit photo mais pas là. Les gens se tapent visiblement royalement que tu sois là pour un travail. Ils semblent avoir peur de perdre leur précieuse place. Tant bien que mal j'arrive à la queue et là, surprise, en fait, si la tente est pleine c'est parce que la moitié de celle-ci est composée de personnes allongées ou assises qui refusent de se lever bien que le concert approche et que les autres festivaliers leur demandent de se lever pour que tout le monde puisse accéder au concert. Le concert est, lui parfait, c'est beau, je shoote, c'est ultra rapide. Je sors du pit du côté d'Altar, et là, surprise, Altar est rempli aussi pour The Hu. Impossible d'approcher, je me décide donc à sortir de la tente. Impossible de remonter entre les tentes et le snack Scorpion tellement la foule est dense, je me décide donc à sortir en contournant par l'esplanade centrale et remonte en direction du crâne nouvellement installé à l'entrée du festival. Ce n'est pas une mince affaire : 20 minutes pour faire 100 mètres et rejoindre l'entrée du VIP, 100 mètres où tu es bousculé, poussé, comprimé avec une foule qui ne cesse de s'amasser vers et contre Temple et d'où se dégage une forte tension et nervosité.
Agacé par cette expérience, je préfère rentrer. Une bonne nuit de sommeil devrait me calmer.
Gab : Ce matin, je pars tôt et c'est seule que je me rends sur le site. Je rentre avant la foule des festivaliers. Il y a peu de monde, que des bénévoles. J'en profite pour aller au merch qui ouvre uniquement pour les festivaliers. Je m'épargne des heures d'attente pour faire plaisir à Nolive : son t-shirt et son polo, sa tradition annuelle. J'attaque le service, les premiers festivaliers arrivent et je suis étonnée de leur nombre déjà important. C'est samedi, on remarque clairement les pass 1 jour, frais et fringants, souvent venus en famille et les autres qui ont perdu de leur superbe.
Je découvre Nature Morte et leur set poétique est idéal pour commencer cette journée en douceur. Je n'accroche pas avec Pestifer. Il n'y a personne au snack. La chaleur est écrasante et nos burgers n'intéressent pas grand monde. Alors, régulièrement, je m'échappe quelques minutes sur le côté du snack pour profiter de Bloodywood et de Fever 333 qui passent sur les Mainstages. La foule est déchaînée pour les 2 sets et je suis heureuse de voir cela. Frustrée de ne pas en profiter pleinement mais contente de voir cela. Parce que je trouve le public assez mou cette année : ça ne bouge pas beaucoup, c'est poussif malgré un nombre de spectateurs que je trouve plus élevé depuis la double édition que les autres années.
HF 23 the hu
La fin de service arrive. Nolive est venu me chercher et nous nous rendons ensemble sur la Warzone. Mais je suis tellement fatiguée que je décide d'aller manger au catering des bénévoles pour me poser au calme et manger équilibré. On m'en a dit beaucoup de bien mais je suis très déçue. Je n'y retournerai pas, la qualité proposée malgré la convivialité ne justifie pas la distance que mes pieds meurtris ont parcouru. Retour à la Warzone après m'être trompée de chemin et avoir copieusement insulté, intérieurement, mon légendaire sens de l'orientation. J'arrive pour Eyes. C'est génial mais je suis tellement fatiguée que je m'endors sans m'en rendre compte. Cette loose ! Je me réveille et bois une bière, vexée d'avoir loupé ce moment.
Soul Glo n'apaise pas mon agacement. Le chanteur ne cesse de parler et de faire un show de diva ridicule. Le set se termine et le batteur vient excuser son groupe dans un marmonnement rapide et gêné. Re- bière ! Je ne vais pas me laisser abattre !
Stray From The Path que j'attendais tant sauve mon après-midi à la Warzone. Revigorée, je repars au VIP voir des amis. Gros dilemme pour moi ce soir : Clutch ou The Hu. Nolive est déjà parti dans le pit photo et nous nous décidons avec les amis pour The Hu. Impossible d'accéder au concert, Temple et ses abords étaient bondés... Les gens étaient agressifs et excédés. Mal à l'aise, nous avons préféré partir plutôt que de regarder le concert à 50 mètres de l'écran, le son des Mainstages de côté et cette ambiance électrique presque malsaine du public que je n'avais encore jamais ressentie.
Dimanche 18 juin
HF 23 Hatebreed
Nolive : La pluie tombe, on range nos affaires car on doit rentrer dès le festival terminé. La pluie retarde le mouvement mais cela a le mérite de nous octroyer un temps de repos salvateur car nos corps sont endoloris. Je loupe ainsi Skynd, Ho99o9 et End. La pluie s'arrête néanmoins et on fait route pour Hatebreed ! Un des leaders de la scène HxC qui est programmé sur la Mainstage. Hatebreed est une valeur sûre, un set fait de leurs classiques, un public qui bouge mais sans les joyeux excès de la Warzone. Une bonne mise en bouche avant Paleface Swiss sur la Warzone.
La traversée du site est plus difficile qu'à l'accoutumée. La pluie aidant, la boue a envahi certaines parties du festival, cela devient rock and roll, notamment avec des festivaliers s'essayant au «boueplanning», jeu qui consiste à s'élancer pour glisser ventre à terre sur la boue le plus loin possible ! Le dernier album des Suisses de Paleface Swiss est une pure merveille, bien ancré HxC, il a aussi une forte sonorité deathcore bien marquée qui résonne extrêmement bien. Leur set est intense. C'est physique, c'est remuant. Un des meilleurs sets de cette édition, même si le chanteur parle avec le public, chose qui m'ennuie au possible surtout que mon niveau d'anglais montre l'étendue de son misérabilisme dans ces moments là.
J'ai poursuivi ma journée avec Amon Amarth, que je n'écoute pas en album mais qui sont toujours aussi sympas en live, puis les Australiens de The Amity Affliction (il n'y a pas a dire, après être devenue la nation phare du hard rock, l'Australie est leader en metalcore !) et enfin The Lords of The Lost. Très chouette performance scénique des Allemands, c'est un groupe dont la musique est facile d'accès, c'est extrêmement bien réalisé et je prends plaisir à les voir même si ce n'est pas ce que j'affectionne.
La fin de journée et la fin du Hellfest approche. J'ai deux groupes encore au programme, ROTNS et The Ghost Inside. J'avoue avoir fait l'impasse sur Slipknot car j'ai été extrêmement déçu de leur deux derniers concerts (Hellfest et Paris). De la bouillie musicale !
HF 23 amon amarth
En place pour ROTNS, la Warzone se remplit, de plus en plus, à en déborder ! Les fans sont au rendez-vous pour écouter les pérégrinations de Shi aux prises avec son Yokaï ! C'est une claque, c'est mon quatrième concert de ROTNS et là, il faut bien le dire, ils sont entrés dans la cour des grands. Une setlist aux petits oignons, un son dantesque, et des interactions avec le public réussies ! Du coup, The Ghost Inside, bien que cela soit du très très bon, et que le spectacle soit de grande qualité, et bien c'est passé devant mes yeux et dans mes oreilles de manière presque anecdotique tellement j'ai bloqué sur ROTNS.
Je me décide donc à retourner sur l'esplanade de la cathédrale histoire de me poser avant le feu d'artifice... et là surprise, Slipknot est audible ! C'est même très très très bien ! Du coup, j'avoue avoir une pointe de regret d'être allé sur The Ghost Inside. Mais bon, le point fort du fest c'est la multiplicité de choix de concerts, mais c'est aussi un point noir car cela nous oblige parfois à des choix cornéliens et cela fût souvent le cas sur cette édition.
Le final est là, pétaradant dans le ciel de Clisson au son de Rammstein et d'ACDC. Un show de sons et de lumières qui ponctue parfaitement cette nouvelle édition du Hellfest.
Il est temps pour moi de rentrer, de retrouver ma compagne que j'avais laissée quelques heures plus tôt à son poste de bénévole. Nous sommes rentrés fatigués et avec l'appréhension de la semaine de travail qui nous attend derrière...
HF 23 ghost inside
Gab : Dernier jour, il pleut et j'ai froid. On profite de ce moment pour rester à l'abri au campement et nous passons un très bon moment avec nos amis. Cela fait du bien après le malaise ressenti au concert de The Hu. La pluie s'arrête à temps pour nous laisser le temps de nous rendre au set de Hatebreed. Et putain que ce fut bon ! Du gras, du lourd, exécuté magistralement et porté par un frontman complètement connecté au public ! Public, manifestement assez novice, mais qui a fait honneur à ces grands du HxC. J'espère que ce concert aura fait des émules.
On se rejoint à la Warzone pour Paleface Swiss qui continue à me faire vibrer dans la continuité de Hatebreed. Il n'y pas à dire le hardcore, c'est la vie !
Je découvre Lord of the Lost. Ce n'est pas ce que j'écoute habituellement mais leur show est très bien exécuté et visuellement c'est top. Je passe un très bon moment et regardant plus attentivement le public, le plaisir est vraiment partagé. Parce qu'il ne faut pas se leurrer le public du Hellfest change et évolue. Beaucoup découvrent les musiques extrêmes. Souvent, je vois des visages dubitatifs, étonnés, des spectateurs qui ne comprennent pas et ne parviennent pas à rentrer dans le concert. Lord of the Lost est un groupe "accessible" pour le plus grand public. Voir une jeune femme se trémousser en robe crème émaillée de petites cerises rouges et prendre visiblement du plaisir au concert m'a touchée. J'espère que ces nouveaux spectateurs auront la curiosité et l'envie d'aller plus loin dans leur découverte et qu'un jour, ils seront à nos côtés pour soutenir la scène métal française.
HF 23
Nolive :
On fait alors le point.
Pour moi, j'avoue que même si il y a eu de très belles choses, j'ai été moins enthousiasmé qu'à l'habitude par cette édition, en fait c'est même musicalement la moins bonne des 8 Hellfest que j'ai pu faire. Peut-être aussi qu'au bout d'un certain nombre de Hellfest, on a vu beaucoup de groupes, et que forcément, on devient plus difficile à satisfaire ! Humainement, le public reste sympa mais j'avoue avoir ressenti et vu des comportements moins agréables et bienveillants qu'à l'habitude, même si cela reste ponctuel. Par contre, une infrastructure toujours au top et qui évolue positivement à chaque édition. Au final, le Hellfest reste une expérience globale, totale et exigeante. Des moments inoubliables que l'on redemande de manière frénétique et limite hystérique comme si l'on était en manque de sa dose de metal.
See you soon in 2024 Hellfest !
Merci au crew Hellfest !
Publié dans le Hors Série Hellfest 2023