Dirty Fonzy @ Festival de la Paille 2009 Dirty Fonzy @ Festival de la Paille 2009 Passons donc aux choses sérieuses. Histoire de ne pas vous faire frémir d'impatience, j'attaque immédiatement avec le trio de tête qui m'est allé droit au cœur lors de ce week-end partagé entre juillet et août. Dans l'ordre chronologique mais sans ordre de préférence, sans hésitation ce sont Dirty Fonzy, The Irradiates et les Texas Mongols qui m'ont emballé. Directs et engagés à fond dans leur set, les Dirty Fonzy ont terminé d'achever l'assistance de la grande scène vendredi soir à l'aide de leur punk-rock efficace nourri de riffs enflammés et de couplets tapageurs. Ca joue vite, fort et carré, et entre les brûlots punk-rock accrocheurs enrobés d'un chant aguicheur, le groupe se permet de lâcher un radieux ska qui mettra tout le monde d'accord. Qui plus est, le groupe est servi par un line-up évoluant au fil des morceaux, Dirty Midier passant de la trompette à l'harmonica ou vient soutenir en première ligne le chant d'Angelo Papas lorsque ce dernier n'est pas secondé ou suppléé par Johnny Guitare... Le show des albigeois (me) semble défiler comme une balle ("Déjà fini ?" me dis-je à son terme...) et le groupe reprend la route pour la région d'Angoulême, non sans avoir taquiné les festivaliers autour du manque de sommeil lors de ce genre d'occasion. C'était sur la "petite" scène du Mont d'Or mais c'était géant. Samedi, deux groupes locaux ont illuminé la fin de soirée chacun à leur manière. Une sorte de Hawaii Samuraï irradié, un surf-rock interstellaire, The Irradiates vêtus d'accoutrements dignes des "combis spatios-déflectrices" de Ludwig Von 88 a chaudement envoyé ses comètes si spécifiques, malgré un son quelque peu abrasif. Mais qu'importe, le quatuor rayonne sur un public qui en redemande, entraîné dans un pogo quasi-permanent. C'est sans relâche que The Irradiates développe ses pétillantes excursions (ultra)soniques avant d'en finir au terme d'un (long) morceau à rebondissements, totalement haletant de bout en bout. Enfin, last but not least, les Texas Mongols, qui entre les titres n'hésitent pas à déployer leur verbiage explicite ("Il y en a qui sont sous alcool ici ?", "le prochain morceau dure une minute et je veux voir au moins 12 mecs slammer pendant ce temps-là", "Vous allez vous retourner et maintenant on veut voir des culs !") a fait rentrer un bout de Texas à Métabief, à moins que ce ne soit l'inverse. Proto-country-rock sous acide (ou alcool...), les Texas Mongols déversent sans vergogne les effluves sonores (entre autres) avec une certaine désinvolture qui n'est pas pour me déplaire (et sous l'œil curieux de Didier Wampas pendant quelques instants). Seule ombre au tableau : un set peut-être à peine trop long à cette heure avancée du festival. Mais ne dit-on pas "Plus c'est long, plus c'est bon" ?
Le Festival de la Paille réserve toujours une place à des formations "grand-publics" et on peut considérer qu'il y en avait quatre (Les Ogres de Barback, Jamait, Pascale Picard Band et Les Wampas) cette année à faire rentrer dans cette catégorie et qui chacune mérite un traitement particulier. A commencer par Les Ogres de Barback qui sans doute pour cause de date festivalière (et non en salle) et d'un horaire de passage prématuré (21h00 le vendredi soit le premier groupe de la grande scène) on assuré un service minimum. Mais un "service minimum" des Ogres vaut toujours son coup d'œil et d'oreilles : divers changements d'instruments, interventions souriantes de Fred, "Rue de Paname", "Accordéon pour les cons", la fameuse reprise des Bérus "Salut à toi" et bonne humeur de la fratrie étant au rendez-vous. Un show clairement annoncé comme découpé en trois parties (la première étant nerveuse, "des chansons tristes pendant deux heures et demi" au milieu et une expérimentale pour conclure) qui me laissera perplexe sans pour autant bouder mon plaisir. Je ne devrais pas en dire autant des Wampas, qui sous la coupe de Didier (qui certes, ne cessera de faire le pitre : massacre de micro, s'amuse à ériger un podium avec les retours sur lequel il chante, traversée de la foule en slam et sur une chaise, en partant dans un délire sur les vendéens ou en faisant monter sur scène un petit garçon du public qui lui tiendra fièrement tête à la question à laquelle il est soumis, ...), n'ont pas apporté grand-chose depuis la dernière fois que je les ai vu, il y a 3 ans. C'est "fun" et "délire" mais l'engouement à son égard me semble quelque peu surfait. Et dire que je doublerai la mise la semaine prochaine au Chien à Plumes... Pour faire le plein, outre les Wampas, le festival a fait appel au Pascale Picard Band et à Jamait, Yves de son prénom. Pour la première (entourée de ses musiciens), j'aurais tendance à penser qu'après le phénomène Mademoiselle K l'an passé, voici celui du Pascale Picard Band même si celui-ci parait plus sincère et moins prétentieux, sans doute grâce à ce potentiel-sympathie importé d'outre-Atlantique nord. Car c'est bien du Canada et plus précisément de Québec que nous vient se produire la (très) jeune femme et son trio de zikos. De folk-song attachante en pop-rock énergique (garni d'incessants changements de guitare pour la frontwoman de la formation), le Pascale Picard Band a réconforté un public venu en masse ce premier soir (et déjà convaincu ?) mais a manqué de me tenir alerte. En revanche, derrière le (très) radiophonique Jamait se cache une vraie plume, certes calibrée pour les ondes mais qui se révèle attachant et consensuel en animant toutes les strates de la pyramide des âges. Avec ses "chansons réalistes", selon l'expression consacrée, Jamait réchauffe l'atmosphère à l'aide d'ambiances cabaret, tzigane (grâce à un guitariste maître de son instrument) ou plus feutrées lorsqu'il ne s'essaie pas au lancer de casquette !
Passés ces considérations (très) personnelles concernant les "grosses machines" de cette édition 2009, je rapprocherais deux formations évoluant pourtant dans des registres très différents, Soulmaker et Benja, sous la même bannière. Les premiers agissent sur un terrain métallique et le second (aussi entouré de musiciens au nombre de quatre) en territoire très chanson française mais les deux combos partagent en commun le fait d'escarper des chemins très balisés et une certaine jeunesse (si Soulmaker existe depuis 1999, il a récemment vécu un changement de personnel et une légère réorientation musicale). Car même si leurs prestations pêchent ici ou là de singularité, on est tenté d'inviter ces artistes à tenir bon et à ne rien lâcher. Les métalleux, mené par Marina, envoient des boulets power-métal moderne connoté d'influences plus heavy (et plus anciennes) sans oublier de s'adjoindre les services de pointes death, principalement par le chant lorsqu'il ne se fait pas lyrique. Pour faire court, même encore marqué par ses références, Soulmaker est carré et accroche le pavé tout en agissant sous le soleil naissant du festival (et finit de se faire adouber par le public encore maigre en osant s'attaquer à "Killing in the name" de Rage Against The Machine) ... Benja, de son coté, depuis qu'il ne se surnomme plus "Samos" (une vieille connaissance de lycée ne s'oublie pas comme ça ...), chantonne la vie avec plus ou moins d'allégresse, tels les plus ou moins inspirés Bénabar, Miossec ou Aldebert ou Cali. Le cœur léger et le sourire aisé, le jeune homme se lance dans l'aventure de la chanson française et malgré quelques embûches (un méchant larsen de la part de son guitariste en début de set), attire les regards et les oreilles. Enjoué et vivant, le spectacle de Benja, un peu "fleur bleue à l'eau de rose" par moments, parvient à provoquer son petit effet auprès du public alors qu'il est si difficile de se hisser dans ce répertoire-là. Un MC sur-perruqué, des ""petits Olympia"" et pas mal d'humour ponctuent un set à la fois tendre et fébrile.
EKS vs TDO @ Festival de la Paille 2009 EKS vs TDO @ Festival de la Paille 2009 Au risque d'être lapidaire mais pour continuer cette revue d'effectif en toute sérénité, je demanderais la mise en place d'une catégorie "Pas d'avis" pour Silent et Danakil. Les électro-expérimentateurs, évoluant désormais à trois, produisent un son plus ou moins bon et nous garnissent aux aussi d'un hommage à Rage Against The Machine (avec "Testify") tandis que je retiendrai de la troupe de reggae son bon esprit (normal, me direz-vous) et les slams de deux de ses cuivres en fin de set...
Avant d'en finir, je soulignerai les prestations de deux autres formations montées sur les planches de la Scène du Mont d'Or, très proche de mon trio de vainqueurs. Qu'il s'agisse GBFB et de EKS vs TDO (dont vous connaîtrez ci-dessous la signification des acronymes), les deux talents locaux ont clairement as-su-ré ! Le moins qu'on puisse dire au sujet de Groovy Baby Funky Boost, c'est que la troupe porte bien son nom car elle groove et te booste dans un registre funky, bébé ! Loin de sonner vieillot et désuet, l'équipée (on dénombre neuf musiciens dont trois cuivres et un chanteur...) remet au goût du jour un certain funk ou plutôt... fonk ! Coloré et cuivré, le set du groupe en fera bouger plus d'un/e et comme je les comprends, même si je n'adhère pas en permanence au chant de Benjamin. Lors de ce show, le gang continue d'asseoir sa notoriété et prouve la diversité du public qu'il conquiert en s'adressant aux mélomanes issus d'horizons divers et variés. Deux chanteurs, un DJ, un guitariste, un bassiste et un batteur, voilà un nouveau groupe estampillé "fusion" à se mouvoir ? Pas vraiment à vrai dire puisque EKS vs TDO est le fruit de l'association de deux entités. D'un coté Travailleurs De l'Ombre réunissant la section hip-hop, de l'autre Experimental Karma System composé d'un trio rock. Autant vous dire de suite que la rencontre des différents protagonistes est détonante et possède (déjà !) une certaine envergure sur scène. Si certaines associations d'idées semblent avoir déjà été entendues autre part, les associés propulsent leur fusion nourrie de rock psyché, hip-hop, dub ou de sonorités industrielles de façon tout ce qu'il y a de plus honorable. La communication entre les chanteurs et le public est bonne, la collision entre les deux univers génère un amalgame sonore très loin de se porter pale ! Bref, on l'aura compris, GBFB et EKS vs TDO, deux projets à suivre de très près !
Outre le fait anecdotique que j'ai plusieurs fois manqué les concerts de JMPZ auxquels je devais me rendre, un prix spécial du mérite devra être décerné à JMPZ qui a décidément joué de malchance ce soir. Après seulement deux titres, c'est le drame. La basse de Ben rend l'âme et le gazier se doit de continuer le concert avec une 4-cordes (au lieu de 5) gentiment prêtée par Porkrib des Texas Mongols. Et dire que quelques instants après cette première déconvenue, alors que Ben assure tant bien que mal ses parties en usant d'ingéniosité, c'est l'écran supportant les projections vidéo qui bascule par terre suite à une bourrasque de vent. Heureusement, ce second incident sera sans conséquences (l'écran sera relevé immédiatement et ne se fera plus remarqué de façon négative) mais jette un léger froid... Luttant contre les éléments, visiblement crispé (pour ne pas dire plus, et on peut le comprendre !), Ben contribue bien malgré lui à offrir des versions quelques peu inédites de la transe délivrée par le quatuor et ira se passer les nerfs en compagnie de Seb sur sa batterie après que Rudi ait assuré un long solo de didjéridoo salué par les ultimes festivaliers de la paille. Le concert reprend le cours normal, non, disons plutôt "prévu" (avec pas mal d'improvisation dedans quand même...) des choses jusqu'à ce que Reuno (Lofofora) apparaisse à l'écran, filmé alors prêt à monter sur un ring de boxe, sa voix venant se poser sur "Bizarre" et clôture le Festival de la Paille 2009 après un concert quelque peu rockambolesque...