Après avoir fait le déplacement en 2006 en spectateur lambda et la non tenue de son édition 2007 (cf Festival de la Paille(tte)), 2008 sera (enfin) l'année de l'apparition du Festival de la Paille dans nos colonnes par l'intermédiaire d'un Fenec du coin (-coin). L'affiche me fait un peu l'impression d'une Face A / Face B (vendredi / samedi, ou plutôt Face A / Face K puisque Les Lokataires, Mademoiselle K, Luke et Kaly Live Dub joueront samedi) mais un bol d'air d'altitude et de musiques durant deux jours ne peut pas faire de mal, en croisant des doigts pour que le pluie nous épargne, le ciel oscillant entre bouché et menaçant...
Vendredi
Deux semaines après La guerre du son 2008, retour dans les environs Pontissaliens, mais cette fois, un peu plus au Sud pour assister au Festival de la paille 2008 (relocalisé à Métabief) et de découvrir son nouvel emplacement. Du kit 100% "tentes & chapiteaux" de Chaffois, on passe actuellement en mode "recyclage des lieux" fort judicieux, ne serait-ce que pour la billetterie et l'utilisation du parking... Une fois le pass "All Access" recueilli, place à cette huitième édition du festival et place aux groupes !
"Et ouais, c'est nous qu'on ouvre le festival". C'est par ces mots que Tibo inaugure la "petite" Scène du Mont D'Or (consacrée aux groupes locaux) et, par la même, la prestation du groupe dont il assure le chant : Steno-P. Doux dingues ou véritablement décalés, les Steno-P ont la particularité d'unir à leur univers musical celui d'un personnage récurrent, j'ai nommé "Monsieur Chapuis", tout un programme. Délirante déclinaison de titres consacrés à ce personnage, le registre du groupe mixe pas mal d'influences (une fusion ratissant large) et si cela me paraît débridé, le set, vitaminé et rigolard convient idéalement pour débuter la journée. Il ne reste plus qu'à glisser vers la Grande scène et découvrir Les Caméléons. Il fait encore jour et il est un peu plus de 21h00 mais la troupe Nantaise ne met pas long feu à animer le public. Ska, cuivres et gros rythmes aident en effet à se laisser embarquer ! Depuis une quinzaine d'années qu'évoluent Les Caméléons, le groupe s'est construit un solide répertoire qu'il n'hésite pas à envoyer énergiquement, seulement dommage que le chant ne me convainque pas davantage. Petites bifurcations punkisantes pour continuer de chauffer l'assistance et la chaleur des Caméléons donnent de belles couleurs au public, avant de se retirer après une heure de jeu. Sur la Petite scène, c'est à Lead Orphans d'enchaîner. Nu-rock, cold-pop, indie, emo, appelez-ça comme vous le voulez mais les compos du groupe ne font pas vraiment mouche. Les fans et amis du groupe sont conquis, quelques dizaines d'autres festivaliers prêtent attention mais, inutile de m'étendre, sans la fougue ou l'entrain des Newcomers ou de SFY, le quintet me permet simplement de patienter, tout comme la plupart du public (certains se massant devant la scène principale depuis belle lurette), avant la suite de la soirée...
Car le gros morceau du soir, et même du fest', approche ! Il s'agit, bien sûr, des Têtes Raides, venant fêter à Métabief leurs 20 ans d'existence et assurer un énorme morceau de bravoure (1h45 de show au compteur). On aurait pu croire que le public serait le plus revêche devant Luke mais c'est bien en compagnie des Têtes Raides que les barrières (et la sécu) manquent de céder malgré l'appel au calme du chanteur... Un moment d'apaisement voit le jour avec une prouesse, la lecture, par Christian légèrement accompagné des musiciens, d'une "petite histoire", "Notre besoin de consolation est impossible à rassasier" un texte de Stig Dagerman durant 10 ? 15 ? 20 ? 30 ? minutes ! Un moment intense, fort, avant que Les Têtes Raides ne retournent piocher dans leur pléthore d'albums sortis depuis 1988. Ayant perdu le fil de leur discographie depuis une petite dizaine d'années, je ne situe pas tous les titres du groupe mais on retrouve des classiques tels que "Ginette" ou "Les oiseaux" entre les dernières productions "Expulsez-moi" ou "Banco" (chanté par une fillette en compagnie de Christian). Après un (ou deux ?) rappel(s), le groupe foule à nouveau la scène et vient souffler son gâteau d'anniversaire et parachève son concert d'un final, disco à mort, déglingué à souhait, avec un Grégoire plus bling-bling que jamais.
Finie la franche rigolade, place au punk-rock couillu des Rebel Assholes, The Rebel Assholes devrais-je dire. Rebelles je n'en sais rien, trous du culs certainement ! Les quatre gaillards Montbéliardais envoient sans se soucier un punk-rock efficace, dérouillent les oreilles avec vigueur et interviennent généreusement entre les titres, qui pour remercier un prof' de technologie préféré, qui pour prévenir une fille montée sur les barrières de ne pas manquer son slam, qui pour répondre à un membre du public criant "à poil !", chose qu'un certain Toufik n'hésitera pas à faire, une fois la scène rejointe ! Une grosse demie-heure de dégraissage de guitares plus loin et des brûlots expédiés royalement, The Rebel Assholes en a fini de secouer la "Petite" et le dernier passage sur la "Grande" ne devrait plus tarder. C'est à Sayag Jazz Machine de fermer la marche de cette première soirée, coté Grande scène. Ayant déjà assisté à un concert de Sayag Jazz Machine sur cette tournée-là (cf YerbanJazzLastine (mai 2008)), je craignais l'ennui ou la redondance... Mais il y a tellement de matière à regarder et à écouter que les 75 minutes de concert du collectif passent comme une lettre à la poste. L'alchimie du groupe repose sur l'association de sons organiques et électroniques ainsi que d'un univers visuel fort. Et même si l'assistance commence à décroître (il commence à être tard et beaucoup ont fait les déplacement pour Les Têtes Raides), le quatuor assure une ambiance atypique, fidèle à son univers. On retrouve l'ouverture de la boîte de Pandore, des solos de violoncelle, quelques coups de téléphones et une clarinette métamorphosée, autant d'éléments marquant le spectacle du groupe. Un léger crochet devant Rustik Bass, membre du collectif Citron Vert, le temps de 2 ou 3 titres furibards et je pars rejoindre mes pénates au son fortement dosé en BPM.
Samedi
Toujours pas de pluie et c'est en compagnie des joyeux Lokataires que débute cette deuxième journée. Du ska aux détours reggae, de la chanson légère et de la musique dansante, le groupe joue la carte du festif et ses membres n'hésitent pas échanger leurs postes. Déjà vue en première partie de Los Tres Puntos (cf L3P à Brainans (déc. 2007), la formation apporte un brin de volupté et reçoit même quelques rayons de soleil, avant de quitter la scène une fois "Dragon" servi aux premiers festivaliers du jour. Sur la Grande scène, Semtazone se présente. Le set du groupe perpétue ses sonorités du globe (balkans, maghreb, monde latin, ...) à un rythme très (trop ?) apaisé, au point de me demander si c'est bien le même groupe que celui vu en ouverture des Ogres plusieurs mois en arrière (cf Les Ogres de Bourg-en-Live (fév. 2008)). Même le chanteur interrogera le public : "Vous êtes endormis ?". Bien fatigué ou ayant volontairement opté pour des titres calmes, en ce début de journée, Semtazone déroule ses tranches de vie tranquillement. Pourtant généreux dans les remerciements, je quitte les Bourguignons après leur incitation à souscrire à leur prochain opus et rejoins Somadaya. Pas (pour le moment ?) une réelle révélation mais une formation à surveiller tout de même ! Et par la même occasion, le regret d'avoir manqué le concert du groupe lors du Chien à Plumes 2007. Ayant récemment quitté les studios pour mettre en boîte une nouvelle galette, normalement disponible à l'automne, Somadaya renoue avec la scène et (me) fait une très bonne impression. Magnifique chant féminin posé sur un gros son et des nappes pas trop mal senties, le quintet offre aussi son lot de sensualité et de passages planants, loin de toute "kitscherie". Confrontations organique/digital et accalmies/envolées bien dosées, le "trip-rock" de Somadaya ne demande qu'à prendre son envol ! Un peu à l'inverse de Mademoiselle K dont je n'attends qu'une chose : qu'elle fasse ses valises. Je ne sais pas trop si l'épiphénomène, qui n'a Jamais la paix, se la joue vraiment ou s'enfile dans la peau d'un personnage mais une chose est certaine, elle a le don de (me) crisper. Les fanatiques, pas si nombreuses que cela (3 ou 4 rangs devant la Grande scène) sont ravies par son rock pas assez taré ou trop bien conçu, je ne sais pas, et l'excentricité de Mademoiselle K m'arrachera un sourire lorsqu'elle verra "des têtes accrochées à la montagne".
Le site du festival n'est pas immense mais il est tout de même confortable d'user de son pass pour rallier les scènes (installées quasiment dos à dos) et ainsi éviter le public très dense en ce milieu de soirée. Pendant que le prochain groupe finit de s'installer, je passe faire un petit coucou au stand de Troll's Prod. Après un échange de remerciements en tout genres avec Florian (manager des WMCie), je pars m'abriter à l'avant de la Scène du Mont D'Or, une légère bruine commence à se faire sentir, mais sans grands dégâts. Le groupe estampillé reggae du festival n'est autre que Irie Team, groupe Bisontin. Membre du collectif Uppertone, la formation distille son reggae aux messages pleins de bonnes intention par l'intermédiaire de son chanteur arborant un t-shirt "China 2008", actualité oblige. Le sympathique reggae bercera le public et fera stopper les gouttelettes de pluie. Pour moi, du reggae reste du reggae (la grande phrase philosophique du jour !) et reste une musique sauvée par la portée de ses messages. De retour sur l'autre scène, les Luke choisissent une entrée en matière tonitruante (moins que celle des Têtes Raides la veille, mais tout de même...) digne d'un final apoplectique. Et ceci avant de reprendre le chemin de ses albums. Ceux qui osent (encore) la comparaison avec Noir Désir se mettent le doigt dans l'oeil. Certes, Luke est un -bon- groupe de rock, chanté en français, et si certaines similitudes peuvent être faites sur CD, elles s'effacent en live. Le quatuor ne démérite pas pour autant, servant un rock dense et assurant un bon feeling avec le public ("on va huer le bassiste qui a marché sur le mauvais bouton", le trip autour de Sarkozy et la virilité, ...), il gagne en puissance à servir des titres brut de décoffrage, quand ce n'est pas une ballade qui vient temporiser l'ambiance. La prestation s'effectuant avec des micros tournés vers le public, on est donc en droit d'attendre un album live du groupe dans les prochains mois... En attendant Luke se fait plaisir sur scène et enchante les festivaliers, sans oublier de propulser "Soledad" peu avant de se quitter.
Alors que j'ai reçu quelques jours auparavant Give me six or give me one (mais sans avoir eu le temps d'y jeter une oreille) l'ultime formation à fouler la Scène du Mont D'Or vient en présenter des extraits. C'est donc par la voie du live que retentissent à mes esgourdes les morceaux de Tennisoap. Sur une pente néanmoins savonneuse (ah ah) la formule produite par Anne, Simon, Ben et Rv te donne quelques coups de raquette (re-ah ah) à l'aide d'un rock indie lorgnant vers la power-pop . Quelques passages me semblent dispensables mais la magie du Pop-Rock made in Besac (Sorry For Yesterday, Austin Newcomers, Slide On Venus, pour ne citer qu'eux) opère plutôt bien. Quelques écoutes à la galette et Tennisoap pourrait être un des groupes à recommander dès la rentrée...
Fermant le festival, Kaly Live Dub opère sous une lumière tamisée et débute la diffusion de son dub, ambiant et recherché. Au bout de quelques minutes, les lyonnais affrontent une panne de courant puis retournent à l'assaut des derniers festivaliers. Je reste une bonne vingtaine de minutes devant les Fragments de dub émanant de la Grande scène avant de déguerpir, le plein de Paille accompli et un avec un objectif à l'issu de cette édition du renouveau : vivement l'an prochain !
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Coucous : Florian Autowass/Troll's Prod, Djo Les Lokataires/The Washing Machine Cie, Liz La Guerre du Son, Noé, Gibus.
Merci à Aurélien Troll's Prod/Festival de la Paille.
Photos : Rémiii