KyussLives! (c) Lilian Ginet KyussLives! (c) Lilian Ginet On arrive un peu tardivement sur le parking des Eurocks si bien que le temps de capter une navette et de retirer nos accréditations que le concert de Kyuss Lives ! a démarré depuis un petit quart d'heure. Josh Homme et ses compères des Queens Of The Stone Age viennent de passer quelques instants sur le bord de scène à mater le concert backstage. Il nous reste donc 75 minutes pour profiter du set des Américains. Et pour résumer la situation, on peut dire que ce concert restera comme l'un des grands moments du week-end. Les inventeurs du stoner rock n'ont pas pris une ride, et retrouver sur une scène Garcia et Oliveri est plus que jouissif. Les trois musiciens composant le guitare/basse/batterie assènent une musique lourde et entêtante et nombreux sont les passages instrumentaux laissant place à la créativité et l'inspiration de la Les Paul du guitariste qui s'en donne à coeur-joie. La setlist est impeccable, la voix de Garcia à couper le souffre, le public répond à chaque morceau, le jeu de scène est quasi inexistant et la fureur s'entremêle avec la puissance des riffs et des arrangements. Le concert s'achève sur l'excellent "Green machine" pour le plus grand bonheur des festivaliers conscients d'avoir assisté à un grand concert des légendes du stoner ! Ouch !!! Au fait, juste pour info, on avait le choix entre le stoner américain ou le folk rock français de Gaëtan Louise Attaque Roussel. Vous comprendrez aisément qu'on ne s'est pas torturé le système nerveux très longtemps pour privilégier Kyuss Lives !.

Peu de temps avant, le power trio Bordelais Mars Red Sky envoyait la sauce avec un stoner psyché rempli de fuzz sur la même scène de la Plage, endroit approprié pour délivrer sa musique. Mais comment le sais-je alors que, pour ceux qui ont suivi, j'ai précisé être arrivé sur le site du festival pour le show de Kyuss Lives ! ?. Deux solutions : soit mes oreilles bioniques et ma vue de renard me permettent d'être à l'affut de tout, soit mon ami Ted, arrivé sur le site un peu avant et ayant assisté au concert, m'a fait quelques confidences bien senties (car oui, j'ai aussi un odorat très développé). A vous de choisir entre ces deux propositions. Toujours est-il que Mars Red Sky emmène son auditoire vers des contrés "desert rock". Le public, fraichement arrivé, n'est pas pas genre survolté, le son ayant tendance à l'endormir, d'autant que le soleil pèse au dessus de l'étang de Malsaucy. King Automatic, inconnu au bataillon, prendra le relais des Mars Red Sky au Club Loggia. Le one-man band Nancéen séduit néanmoins avec son audacieux et judicieux rock 'n' roll aux ambiances très "Pulp Fiction". Samplant tous ses instruments, de la batterie à la guitare en passant par le clavier, ce bricoleur passe successivement du blues au garage pour le plus grand plaisir d'un auditoire conquis. Une bonne découverte en somme.

Retour au présent : les Eurockéennes ont ce petit côté magique qui font que l'on croise toujours quelques connaissances au milieu des 33.000 festivaliers ayant eu la bonne idée de rendre la journée sold-out. Nous sommes alors ravis de saluer une vieille connaissance de ces pages en la personne de Rémiii, fenec retraité de son état, notre bon Ted on l'a dit, Medium le sondier des Flying Donuts, Vava (Rebel Assholes), Mitch (Diego Pallavas), Isabelle Sire ex-Decibel Prod, Christian Ravel (La Ruda/Sexypop), et encore quelques illustres rockeurs de notre bel hexagone ! Après quelques poignées de main et embrassades diverses, nous tentons de rejoindre le Club Loggia pour poser une oreille sur le trio Belge de Drums are for Parades mais il est pratiquement impossible de rejoindre la "petite" tente complètement blindée. Le stoner est à l'honneur ce soir, et l'énergie sonore développée par le trio, à défaut de le constater visuellement, file la frite (OK, ça c'est fait, pour les plaintes et insultes, vous connaissez mon mail !). Un petit chanceux de notre tribu aura la chance d'accéder jusqu'à la tente pour visualiser tout ce bordel (ce gars n'a aucune personne à saluer, alors c'est facile pour lui d'accéder rapidement d'une scène à une autre). Il est confirmé que les gars envoient du lourd, du très lourd même, avec des guitares acérées et leurs rythmiques étouffantes. Leur musique se vit à 100 %, pas de répit, et le public l'a bien compris. Une prestation haute en couleur et en énergie. Yeahhhhhhhhh !!!

Motörhead (c) Lilian Ginet Motörhead (c) Lilian Ginet On décide d'aller faire un petit tour au stand presse histoire d'aller saluer la compagnie et d'aller poster quelques nouvelles fraîches à nos chers lecteurs, les liaisons 3G sur le site étant plus qu'aléatoires (ce qui explique que nous n'avons pas pu poster autant de nouvelles que nous l'aurions souhaité). Mais nous sommes, comme qui dirait, un peu perdus ! Le site a été quelque peu réaménagé, si bien que pour des habitués au festival comme nous, ça déstabilise un peu. Du coup, au lieu de retrouver ladite tente presse, on se retrouve au catering et au milieu des préfabriqués de la production ! Pour ceux qui connaissent, la passerelle à droite de la grande scène permettant d'accéder à l'espace VIP a disparu, car l'espace VIP a lui aussi déménagé ! Pas de panique, on retrouve notre chemin, et on constate que l'accès presse est considérablement réduit par rapport aux années précédentes. En en ressortant on croise au même moment Nick Oliveri qui accepte gentiment de se prêter au jeu de la photo souvenir. Sympa.

Le temps de se restaurer quelque peu, et alors que les Funeral Party commencent sur la la scène de la plage un set qui s'annonçait alléchant, la basse vrombissante de Lemmy Kilmister fait son apparition sur la grande scène. "We are Motörhead, and we play rock 'n' roll". Rien ne change, et c'est comme ça qu'on les aime, nos trois british préférés. Le trio ne se pose pas de questions et démarre tambour battant un show qui restera gravé dans nos mémoires. Le son est massif (qui en aurait douté ?), particulièrement excellent pour la batterie (surtout pour un groupe jouant sur la grande scène pas forcément propice à la précision sonore), la basse du boss est ahurissante et les guitares (et oui, n'oublions pas le gus planqué derrière les amplis envoyant les rythmiques) sont assassines. Pour ne rien vous cacher, j'avais quelques appréhensions du fait que le trio joue sur la grande scène des Eurocks, le groupe n'étant pas connu pour cavaler partout. Mais les gars ont de la ressource et l'ensemble est complètement cohérent, visuellement parlant. Bien que ce soit la quatrième fois que je vois Motörhead en concert, je reste encore et toujours stupéfait par la puissance dégagée par ce groupe qui n'a pas pris une ride (musicalement hein, car les gars sont, physiquement, un peu attaqués !). Les aficionados et les détracteurs du groupe seront d'accord sur le fait que Motörhead jouent un rock'n' roll brut de décoffrage, certes parfois linéaire au bout d'une heure. Mais paradoxalement, on encaisse les uppercuts sans broncher et la setlist piochant dans les classiques et des morceaux des deux derniers albums font passer le temps vite, très vite, trop vite. Le groupe est "bavard" (toute proportion gardée bien sûr), Mickey Dee a toujours le même tee-shirt avec ses manches découpées, Phil Cambel a pris un gros coup de vieux et Lemmy a toujours ses satanés bottes, sa Rickenbacker, son chapeau et ses lunettes noires (même si le micro est un peu moins haut et donc, le coup du bonhomme un peu moins penché). Les gars ne sont plus jeunes, mais à l'écoute du concert, on se dit qu'ils sont immortels et que rien ne peut leur arriver. Le traditionnel solo de batterie de Mickey Dee est démoniaque, et après un "Ace of Spades" exécuté pour moitié sans guitare et un "Overkill" époustouflant, le groupe quitte la scène dix minutes avant la programmation prévue. De toute façon, Motörhead, on n'en a jamais assez. Encore une grosse leçon de savoir vivre !

Queens Of The Stone Age succédant à Motörhead sur la grande scène, et au vu du nombre de festivaliers présents, on ne se risque pas à faire des aller-retour dangereux et fatigants jusqu'à l'Esplanade Green Room pour assister au concert des légendaires House Of Pain. Heureusement, mon fidèle Ted aura eu raison de mon vieil âge, et tel un jeune guerrier sans foi ni loi, il n'hésitera pas à arpenter la foule pour assister au concert des ricains. Difficile de savoir à quoi s'attendre après avoir gardé d'eux leur tube interplanétaire "Jump around" (qui achèvera le show) sorti en 1992. House Of Pain envoie le bois accompagné d'un orchestre entier qui prend place pour un hip-hop parfois mâtiné de soul et de blues. Sympa, même si l'ambiance old school qui était l'âme du groupe est aux abonnées absentes.

QOTSA (c) Simon Pillard QOTSA (c) Simon Pillard Pendant que House Of Pain s'exécute sous l'esplanade Green Room, on tente de se trouver une bonne place pour le concert attendu des Queens Of The Stone Age. On a bien fait car la grande scène est prise d'assaut pour le concert des américains. Les roadies montent assez rapidement le décor sobre et efficace. Le quintet mené par un Josh Homme au bouc malfaisant démarre les hostilités avec un "Feel good hit of the summer" d'une efficacité déconcertante. La caisse claire de Joey Castillo est époustouflante, et le son de l'ensemble de la formation est on ne peut plus massif ! en trois coups de cuillère à pot, les Queens se mettent le public dans la poche et n'en démordra pas durant les 85 minutes du show. C'est une succession de tubes qui sont interprétés par le groupe de stoner rock au leader assez communicatif avec son public (comme il y a quatre ans au même endroit). "You think I ain't worth a dollar but I feel like a millionaire" vombrit dans la sono, et on se dit qu'un Nick Oliveri passant par là pourrait venir cracher son venin dans le micro. Fausse alerte, la rumeur voulant que le géant tatoué fasse une apparition avec ses anciens compères ne sera jamais qu'un fantasme. Le son est un peu plus brouillon que celui des Motörhead, les sonorités de guitare hallucinogènes n'aidant pas le sondier dans l'exercice périlleux de restituer en façade un son impeccable. La basse est omniprésente dans la sono (un peu trop à mon goût), et la puissance du groupe est fidèle à sa réputation. La première moitié du show est menée tambour battant, puis "un morceau pour les filles" (dixit Homme) vient détendre l'assistance. Le guitariste rouquin enchaine les clopes sur scène pendant que les reines de l'âge de pierre assènent un morceau parfait, ce qui fera dire à mon fidèle compagnon Mimi que le gars est dorénavant rebaptisé "Josh Gainsbourg". C'est un peu exagéré, je vous l'avoue, mais il y avait un peu de ça. Le light show est époustouflant, accompagnant avec brio le groupe dans son ascension du sublime. Le milieu du set verra un "The fun machine took a shit & died" un peu longuet, mais le groupe reprend le dessus en assenant une fin de show de toute beauté avec notamment un "No one knows" tonitruant aux sons de guitare maléfiques et un un "A song for the dead" hallucinant, sonnant ainsi la fin d'un concert quasi parfait. Que retenir de cette prestation des Queens ? une set list quasi irréprochable, un son massif chargé en basse, une mise en place hallucinante et une réputation de groupe de live une nouvelle fois confirmée. Un pur moment de bonheur ! On se dit qu'on a bien fait de favoriser le concert de la bande de Josh Homme à celui de Medi, musicien de Charlie Winston lancé en solo dans un registre pop rock. On peut pas être partout et franchement, je pense que la grande scène était "THE place to be".

Il est temps pour nous de rejoindre la sortie, accompagné par une bonne partie des 33.000 spectateurs, et tandis que nous rejoignons les navettes nous ramenant au parking, nous passons devant l'esplanade Green Room où les allemands de Boys Noize envoient un électro ravageur et assez puissant. Sorry, pour nous, cette année, c'était "Rock or Die", alors on préfère aller mourir dans nos lits plutôt que de finir la nuit au son des dancefloors !