eurocks 99 : mass hysteria eurocks 99 : mass hysteria Jeudi 8 juillet
Ce premier jour étant orienté métal pour chauffer les fans des Four Horsemen, le groupe qui ouvrait la journée était symboliquement un des principaux inspirateurs de MetallicA, le groupe de King Diamond, Mercyful Fate. Les "vieux heavy metalleux" tentent de transformer la scène territoire de musique en carnaval vaudou mais ils n'attirent qu'une pluie cinglante et les sourires des plus jeunes...
Les choses sérieuses commencent avec l'énorme concert de Mass Hysteria. Le set, sensiblement le même que lors de la tournée printannière, prend une dimension incroyable sous un chapiteau bondé qui réagit au quart de tour. "Merci les furieuses, merci les furieux", Mouss se perd en remerciements face à un tel accueil, "on vous a balancé la pluie pour vous réunir sous le chapiteau, maintenant le soleil brille et vous restez, merci...", il en oublie son genou en piteux état et se déchaîne, s'excusant de ne pas pouvoir donner encore plus... Tous sont au taquet et nous invite à aller suivre Shovel sur la "petite" scène.
Moi, j'y cours pour ne pas perdre une miette du show de nos amis helvètes. Et je fais bien car de "Wreck" à "Liquid", en passant par un terrifiant "Boil over" ou un "Scythe" hallucinant, les Shovel donnent à leur prestation live une densité, une intensité à peine imaginable. Francisco est intenable, et j'entends des "on dirait Chino", je peux dire aprés ce concert que Shovel est la référence émocore européenne.
eurocks 99 : shovel eurocks 99 : shovel Peu intéressé, je ne fais que jeter un oeil et une oreille aux prestations de Monster Magnet et d'Angra, cela depuis le village-pro sur les télévisions qui retransmettent en direct les concerts. C'est une question de choix, moi, je préfère taper la discut' avec les trés disponibles Mass Hysteria et Shovel qui sont trés satisfaits de leurs concerts.
Enfin, le show tant attendu par les festivaliers, MetallicA. Quelle surprise ! Je m'attendais à un "concert de festival" avec le service minimum et on a eu le droit à un gros show, à la hauteur de la renommée des MetallicA. 2h15 de concert à couper le souffle avec que des hits, car MetallicA en live, ça reste du "speed metal". Les vieux titres sont à l'honneur et ravissent les fans qui reprennent en choeur les "lala lalala" de "The memory remains", en l'absence de Marianne Faithfull. L'amalgame avec les rares titres des derniers albums se fait donc parfaitement. Jason, chauffeur de salle, et Kirk, tout sourire, sont en démonstration et occupent toute la largeur de la scène, chaque arpège est dévastateur... Aprés le rappel, les "stars" trés à l'aise distribuent une quantité impressionnante de médiators et de baguettes, tout le monde croit à la fin du show mais Lars revient avec une guitare, James se met à la batterie, Kirk chope une basse et tend le micro à Jason, là ils improvisent un petit truc en rigolant puis se remettent à leur place pour nous livrer une énorme version de Battery. Nouvelle distribution de médiators et de baguettes, bravo, rideau.

eurocks 99 : creed eurocks 99 : creed Vendredi 9 juillet
Ce vendredi a été, là encore, une journée particulière, la défection à la dernière minute des Faithless, leur compagnie de transport de matériel ayant déposé le bilan, et leur remplacement par LTnO a bouleversé l'ordre établi de la programmation. Ce qui fait que certains festivaliers inattentifs (les changements étaient affichés) étaient un peu perdus, "euh, c'est qui qui joue là ?"
Là, c'était d'abord les JMPZ qui ont imposé leurs rythmes puis se furent aux Jail d'assurer le lancement de ce vendredi. Ces deux groupes, comme tous les groupes qui ouvrent traditionnellement les journées du festival, avaient gagné leur place sur l'affiche suite à différents tremplins régionaux. Parmi tous ces "petits" groupes, c'est Jail qui, sans conteste, a eu le plus de succés vis-à-vis du public, ils pratiquent un métal KoRn ien pas très original mais très efficace...
Sous le chapiteau, la majorité des festivaliers découvrait la folie industrielle de LTnO, comme d'habitude, on parlait ensuite plus de l'homme objet pied de micro que de l'excellente qualité de la musique proposée par les icônes de l'indus Made In France. Dômmage car les LTnO méritent qu'on s'intéresse à eux, tant sur le plan musical que sur le plan scénique. Sur la large scène abritée, ils ont prouvé qu'ils pouvaient trés bien s'acclimater à de grands espaces et convaincre un vaste public.
Quand Blondie entre en scène, les Eurockéens se calment, seuls quelques fans s'agitent devant... A l'autre bout de la presqu'île, Everlast et sa cavalerie américano-américaine joue les cow-boys et arrive à peine à motiver le public, même pour des "Fuck Everlast"...
Il faut attendre Creed pour entendre les sincères applaudissements d'un public admiratif et ravi d'enfin entendre le sensationnel groupe US qui volontairement joue sur la "petite" scène. Ils nous livrent l'essentiel de leur premier album avec une intensité et une qualité rare, la beauté des compositions enregistrées en studio se transforme en magie. Devant la scène Territoire de Musique, chauffée par le soleil "my skin begins to burn" et toutes les âmes chantent la même chanson. Comme pour se faire pardonner de ne jouer que 45 minutes, les nouvelles idoles américaines donnent une version live d'un titre qui figurera sur leur nouvel album, attendu pour l'automne.
Sous le chapiteau, Mercury Rev berce les festivaliers qui ne sortent de leur torpeur que pour acclamer d'un côté Placebo et de l'autre les Bloodhound Gang. Question de choix, moi, j'étais du côté du trio européen qui avait déjà fait forte impression il y a 2 ans. Là encore, le concert est intense, la plaine réagit plus sur les anciens titres que sur les nouveaux et vibre quand Brian Molko descend dire bonjour aux premiers rangs et s'empare d'une poupée à l'effigie de ... Marilyn Manson ! eurocks 99 : placebo eurocks 99 : placebo Comme d'habitude, le concert, trop court, se termine par un instrumental monstrueux avec Brian à la basse et Stefan, dans sa seillante robe rouge, à la guitare...
Kuentin, lui a partagé la tequila avec les Bloodhound Gang et leurs délires, le gang invite les filles à danser sur scène, reprennent rapidement "Boum boum" des Vengaboys, "Song 2" de Blur, "My name is" de Eminem et même "Du hast" de Rammstein... Ambiance assurée...
Pour accompagner les nombreux fans restés collés aux barrières de la grande scène, pour être bien placé pour le show de Marilyn Manson, la régie son leur met "The Wall" des Pink Floyd... Rien à voir avec la bande de Gus qui électronise un chapiteau perplexe.
Enfin, l'attraction de la journée arrive, alors que la plupart se focalise sur le personnage, moi, c'est la musique de Marilyn Manson qui a attiré mon attention. eurocks 99 : marilyn manson eurocks 99 : marilyn manson Car ce show-là était somptueux, musicalement parlant en tout cas. Car c'est clair que la bête s'est calmé scéniquement, seul un caméraman a eu le droit à une bouteille d'eau sur la tête. Rien à voir avec ce que j'avais vu il y a deux ans, toujours très démonstratif, parfois excessif, mais beaucoup plus professionnel. Alors que sur la tournée Antechrist, le live était parfois chaotique, là l'animal est plus mécanique... Le show est carré, le son live est nickel et les parties "improvisées" sont bien plus travaillées. Du grand spectacle ! Pour le rappel, le decorum de l'Antechrist est installé mais nous n'aurons le droit qu'à un titre...
Pour finir la soirée, Lofofora a donné comme à l'accoutumée un concert musclé. Quelques mots sur le gouverneMENT et un ministre belfortain, un petit coucou à Masnada, un gros coup de "mush", un bon anniversaire à Bouba, Reuno n'a pas sa langue (ni son micro) dans la poche et en profite. C'est que les Lofo, ils l'ont attendu leur passage aux Eurocks...

Samedi 10 juillet
Le samedi commence sous le soleil, avec Masnada, un jeune combo métal que l'on peut aisément rattacher au style KoRn. Habillés aux couleurs de différentes équipes de foot, les Masnada nous ont terriblement intéressé. Pourquoi eux et pas un autre ? Certainement parcequ'ils en veulent énormément, du coup on est obligé de croire en eux. S'il y avait un seul nouveau groupe a retenir pour ces Eurocks : Masnada !!! Sympathie, respect et énergie pourrait être leur devise, la journée commence par une bonne surprise.
Les Miskeen ne sont pas mal non plus mais leur set manque de relief, le ciel se couvre. Arrive la pluie, tous aux abris, loins de Cheb Mami et de Cree Summer, la protégée de Lenny Kravitz qui s'en sort très bien malgré le déluge. Sur la (trop) grande scène, Eagle Eye Cherry délivre un set très plat et qui manque réellement d'envergure. Je n'ai pas le courage d'attendre ses tubes, surtout que sur la scène C se prépare un trio grenoblois...
L'éclaircie s'appelle Virago, là encore, les fenecs ont succombé et de plus longues lignes vont être consacrées à ce groupe power pop noisy et qui chante en français, s'il vous plaît. Les radios alternatives locales diffusent déjà largement les titres bien écrits de Virago pour qui tout va pour le mieux dans le malheur des mondes. Comme l'album Introvertu est dans les bacs, le public connait les titres, bouge, saute, chante, "Je", "Personne", Tout pour nous enflammer dés 18h45 malgré un mauvais équilibre entre les instruments. En concert, c'est la rythmique et les paroles qui sont mises en avant, le tout dans une ambiance très décontractée.
Pas grand chose en commmun avec les croassements des Black Crows qui agitent le chapiteau...
Il y a 3 ans, sous la pluie, tout le monde avait été subjugué par la prestation de Skunk Anansie, cette année, toujours sous la pluie, Skin et sa bande ont remis une couche, et une sacrée. Le contact avec le public est phénoménal, le show est impressionnant, nous passons de la délicatesse d'un "Secretly" acoustique à la furie des premiers hits en quelques instants et la maîtrise des Skunk est telle que ce n'est pas tel ou tel titre qui impressione, c'est l'ensemble, une grosse claque.
Prisonnier du spectacle de la grande scène, impossible d'aller applaudir Rinocerose qui proposait une version rock de sa musique sur la scène Territoire de Musiques.
Tricky, toujours aussi austère dans ses concerts, semble d'emblée mal à l'aise, ou alors il est dans son trip.Le style de Tricky a évolué depuis 2 ans, devenant, plus Drum'nBass à l'écoute. Mais Tricky, le mystèrieux, est toujours aux commandes, se débattant avec ses démons : étranges, mystèrieux, envoutant, autant de quailificatifs pourraient convenir à sa musique. Mais ses compositions, personnelles, se semble pas faites pour le chapiteau des Eurockéennes. il ne regarde pas le public, il est la pour sa musique. La maturation de Tricky doit-elle passer par là ?
eurocks 99 : lenny kravits eurocks 99 : lenny kravits Un sample de Led Zep envahit l'air du Malsaucy, et le rocker d'il y a quelques années arrive tel le fils naturel de James Brown, coiffure afro, costard blanc, Lenny Kravitz est au coeur d'un show rock soul funk de trés haute tenue (blanche). Lenny et ses 8 musiciens, Lenny et ses Lunettes de soleil, Lenny et ses 20 guitares... Vers la fin, enfin le set prend de l'ampleur. La "star" s'efface régulièrement devant ses zicos qui tour à tour lâchent un solo et montrent toutes leurs qualités (la batteuse de Lenny, Cindy Blackmore from New York City n'est pas seulement un batteur d'enfer, c'est Terminator avec des baguettes !). 2 gars du sponsor des Eurocks qui fait des bulles investissent irrégulièrement l'espace et s'agenouillent devant Lenny, une attitude trés rock'n'roll qui n'est pas du goût des videurs... Lenny, lui aussi, va au contact, celui du public qui met un peu de temps à chauffer ("Mama said") mais qui bouillonne pour la fin du concert ("Let love rules", "Fly away", "Are you gonna go my way"). Encore du trés grand spectacle sur cette grande scène...
La musique cubaine produite par les P18 raccompagne les festivaliers vers la sortie.

Dimanche 11 juillet

La journée ensoleillée promise sera courte, car la pluie se plaît au Malsaucy et viendra comme tous les jours nous rendre une petite visite vers 18h00... Mais les Suisses de Noi, visiblement très heureux de jouer aux Eurocks, et le Suisse d'origine irlandaise Polar profite quand même du beau temps. Sous le chapiteau, c'est un soleil jamaïcain qui brille, celui de Pierpoljack.
La grisaille arrive avec Calexico et les rappeurs du 1.3., enfin Faf la Rage si vous préférez... Je ne sais pas si les dealers en survêt' ont quitté leurs postes pour aller jusque la petite scène mais moi, j'ai préféré suivre les conférences de presse, question de choix...
Une petite bruine toute bretonne salue l'arrivée des Matmatah. Si les emplois jeunes débouchaient sur un diplôme, je décernerais directement celui d'agents d'ambiance aux 4 Brestois, et avec les félicitations du jury ! Habitués (bien faible qualificatif) aux cafés et aux petites salles qu'ils écument depuis 4 ans, les Matmatah ont occupé la grande scène comme s'ils étaient chez eux. Rien à voir avec les timides Louise de l'an dernier qui étaient restés sur la défensive... Là, tous se lâchent, même Eric pourtant blessé au genou. Au coeur de "Lambé", ils reprennent le standard disco "Gimme gimme gimme" et la plaine jump jump jump. Ils jouent avec le public, nous demande de fermer les yeux, "y'en a qui trichent, on s'en va", bref, une très bonne ambiance.
eurocks 99 : popa chubby eurocks 99 : popa chubby Il fait nettement moins chaud sous le chapiteau, The Cardigans en concert sont à l'image de leur dernier album, c'est-à-dire très vite lassant. Même "My favourite game" qui est my favourite song, n'arrive pas à me convaincre. Et puis, il faut bien manger...
Bien au chaud, sur la petite scène, Popa Chubby fait son récital, accompagné par une rythmique basse/batterie de grand talent, le "guitare héros" hors norme met le feu avec un blues rock enchanteur et des soli meurtriers. Rivalisant d'adresse avec son bassiste Popa, trés heureux, charme une foule composée de nombreux jeunes qui apprécient à leur juste valeur ces musiciens. Derniers à jouer sur cette scène et largement acclamés, ils ont le droit à un rappel et remettent ça. Le public, ravi, s'enflamme et rappelle encore le trio, qui exceptionnellement remonte une troisième fois sur scène, c'est du jamais vu ! Le concert s'achève par plusieurs covers dont un "Wild thing" hendrixien qui avait été emprunté aux Troggs...
Dans le même temps, sur la grande scène, Thiéfaine charme aussi son public et s'offre une version de "La fille du coupeur de joints" avec des connaisseurs, les Matmatah... Une grande partie des Eurockéens quitte le site aprés le concert...
C'est donc sous un chapiteau clairsemé que les Stereophonics donnent un très bon concert. Un concert dont il faut faire ressortir un instant de pure magie, la version live de "Not up to you" étant un grand moment, sans conteste le meilleur titre des Gallois ce soir-là. Même les plus fatigués se sont fait prendre par le rythme et on pouvait voir parmi les corps allongés, un genou, un pied, une tête suivre tranquillement la mélodie... "not up to me, not up to you..."
Pour conclure le festival, les organisateurs sont allé chercher un pasteur noir américain du nom d'Al Green. Il a donc, devant un maigre public, prêché sa soul sur le site du Malsaucy dont ça pourrait être l'enterrement. Entre la distribution des roses, il rappelle que "Jesus Christ is the light", deux jours auparavant, c'était "God is just a statistic", question de choix... L'assistance apprécie le concert et reprend en choeur quelques standards comme "The dock of the bay" d'Otis Redding. Il n'y aura pas de rappel, sur l'écran géant, quelques groupes saluent rapidement les Eurockéens qui sont encore là.