Eurocks 2008 Generic Eurocks 2008 Generic Il est environ 15h30 quand nous débarquons sur le parking de la Chapelle sous Chaux, destination finale de tous les automobilistes festivaliers. Les Eurockéennes fêtent cette année leurs 20 ans, et le moins que l'on puisse dire, c'est que l'organisation en général est rodée. Les navettes sont depuis quelques années omniprésentes (je me permets de vous renvoyer vers nos chroniques du festival au début des années 2000 pour vous rappeler nos escapades diurnes et nocturnes sur la voie de chemin de fer reliant le camping au site du festival), l'accueil spectateurs/invité/VIP/pro est impeccable, le contrôle des billets est infaillible, bref du professionnalisme au taquet. Vous me direz, au bout de 20 ans, c'est normal. N'empêche que le festival a fait des efforts pour permettre aux festivaliers d'assister aux concerts dans les meilleures conditions. Une fois nos invitations en poche, nous passons les contrôles réglementaires et atterrissons sur la scène Club Deville. Pour les puristes qui connaissent parfaitement les lieux, cette nouvelle scène se trouve à l'entrée même du festival, à gauche toute de la zone de fouille des festivaliers. Une scène atypique avec quelques rangées de gradins façon arène. Un nouvel endroit pour distribuer du son. Cette scène est donc notre premier point de chute. En effet, elle va accueillir nos amis de Generic. Le soleil cogne (il fera beau jusqu'à notre départ, après on ne sait pas mais on s'en fout !), et on en profite pour saluer quelques vieilles connaissances comme Fred et Cyril (dit "le gros"), respectivement ancien et actuel sonorisateur des Flying Donuts. "Le gros" est également "sound designer" du duo de Besançon qui va s'exécuter dans quelques minutes. On aperçoit également Cu ! de Kicking Records, Parm, des gars de Wormachine. Sylvain et Fred montent sur scène. La configuration live de Generic est intéressante, à la Fantomas : l'un en face de l'autre, tous deux munis d'un micro chant, duo basse batterie magique et maléfique. Durant 35 minutes, Generic va envoyer de fort belle manière son noise punk qui a fait l'objet d'un premier album, Open city, agréablement chroniqué dans nos pages. La représentation scénique est intense, d'autant que ça faisait des années que je n'avais pas vu mon copain Sylvain derrière des fûts de batterie (derrière des fûts de bière, ça, ça remonte à un mois, c'est vous dire !). Les trente cinq minutes de rock peu chanté mais intensément vécu par les deux "mecs" sont passés très vite, le public a bien réagi, bref, un bon moment avec ce groupe qui nous promet de belles choses pour l'avenir. Le temps de saluer Patricia Bonnetaud, ex-Yelen et nouvelle Ladilafé Prod et de converser quelques minutes que nous rejoignons le Chapiteau ou se produit Daniel Darc. Le gars envoie du rock teinté de pop (avec notamment le violoncelliste de Nosfell), bien branché chanson à textes. Pas trop mon truc, le gus chante un peu faux, un peu dans le style de Miossec. Disons qu'après Generic, c'est un peu tendu.

Eurocks 2008 Sharon Jones Eurocks 2008 Sharon Jones On se promène sur le festival pour constater que la hausse du prix de la bouffe sur les différents stands du site est indexée sur la hausse du prix de l'essence qu'il est temps de prendre position à proximité de la scène de la plage. Les New-Yorkais de Vampire Weekend, nouvelle sensation pop rock du moment, s'apprêtent à investir la scène devant une assistance bien garnie. Début du set à 18 heures. Départ de Gui et Tiff du concert : 18h07min. Guitare basse batterie clavier, l'ensemble semblait sympathique sur le papier, mais dans les faits, c'est chiant. Notez que c'est l'amateur de sensations rock qui vous parle. N'empêche que le groupe joue, pour ce qu'on a vu, des chansons mid tempo avec un clavier trop présent, et une guitare un peu en retrait à mon goût. Mais plutôt que de m'acharner sur ce groupe, je préfère passer à autre chose. Une question me turlupine cependant : comment, à la vision du début de concert du quatuor, ce groupe peut il être la sensation du moment ? Je dois vieillir...

On se pose quelques instants sous un arbre afin d'analyser les premiers groupes vus et entendus. Puis on remonte vers la grande scène afin d'acheter des jetons "boisson" pendant que Camille s'exécute. Vous préférez une chronique du concert de ladite Camille ou une réflexion sur les jetons "boisson" ? je le savais...donc, voilà, depuis que nous sommes arrivés sur le site du festival, nous avons croisé pas mal de festivaliers avec des gobelets estampillés "Eurockéennes" autour du cou. J'ai alors pensé qu'il s'agissait d'une nouvelle initiative de la maison de l'environnement de la presqu'ile de Malsaucy afin d'éviter les milliers de gobelets plastique vides jonchant les parterres du site. Mais en faisant la queue pour obtenir le Graal, je m'aperçois qu'à la caisse, il est impératif d'acquérir un gobelet moyennant un euro pour obtenir le récipient qui accueillera la bière. Et rajoutez cinquante centimes pour entrer en possession du cordon permettant de fixer le verre autour du cou. Bien sûr, il s'agit d'une consigne, c'est à dire qu'en fin de festival, si tu rends gobelet, tu es remboursé. Belle initiative qui permet de ne plus shooter dans des verres en plastique et de rendre le sol du site complètement immonde et donc, écologiquement parlant, c'est parfait. Sauf que...la radio rock "Virgin" pour ne pas la nommer, n'a rien trouvé de mieux que de distribuer par milliers, des tubes gonflables qui, en s'entrechoquant, provoquent des applaudissements. Sympa, mais le français, peu écologique, a joué cinq minutes avec son nouveau jouet, et l'a crevé/balancé/... par terre. Résultat : un travail de sensibilisation au respect de l'environnement sapé par une promo abusive...Ou alors il aurait fallu faire payer une consigne pour les petits jouets...

La minute philosophie est terminée. Place au rock. Nous interceptons Cu! avec qui on discute de la prestation de Generic, du nouvel album de Black Zombie Procession, des prochaines prods à venir de Kicking Records. Puis nous nous acheminons vers le chapiteau, un peu à l'aveuglette, pour assister au concert de Sharon Jones & The Dag Kings. A l'aveuglette, car à part la description sommaire de la fiche horaires du festival, à savoir "soul", on ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être mangé. Mais plus le temps de réfléchir, il est trop tard, les musiciens montent sur scène. Et là, c'est la baffe dans la tronche. J'adore. On adore. Tout le chapiteau adore. Deux guitares, une basse, une batterie, un percussionniste, une section cuivre, tous fringués façon "tontons flingueurs" balancent une soul teintée de funk vraiment bandante. Mais au bout de trois morceaux plus ou moins instrumentaux, la dénommée Sharon Jones, femme pas loin du quintal (mais avec beaucoup plus de charme que la chanteuse de Gossip, les concernés comprendront) débarque sur scène, et là, c'est du béton armé. La dame est hyper à l'aise sur scène, elle envoie de de grandes gammes à la voix, et je ne peux m'empêcher de penser aux disques d'Aretha Frankin de mon papa. Certains n'hésitent pas non plus à lancer de grandes comparaisons avec Amy Winehouse, les drogues et la coiffure de merde en moins bien entendu. Toujours est il que ce groupe dépote, ça joue à la perfection, le public est sans cesse mis à contribution, et Sharon Jones invite même un festivalier à danser sur scène avec elle. Un grand moment de cette journée, incontestablement. Malheureusement, tout le monde l'aura oublié dans deux semaines. Mais du fond de mon coeur, j'espère que je me trompe. Sharon Jones & The Dag Kings, quelques grammes de finesse dans un monde de brutes.

Eurocks 2008 Cavalera Conspiracy (Max) Eurocks 2008 Cavalera Conspiracy (Max) Tiens d'ailleurs, nous avons justement rendez-vous avec les brutes. Cavelera Conspiracy est dans la place sur la grande scène, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il n'a pas rameuté les foules des grands soirs. Je suis persuadé qu'il y a dix ans, le public aurait été plus massif, aux abords de la grande scène, programmation oblige. Car en ce samedi de l'an 2008, le gros rock ne court pas les rues. Bref, ne polémiquons pas. Je ne vais pas faire les présentations, oh toi lecteur assidu du W-Fenec, CC tu connais. Le nouveau projet des frangins Cavalera (Max et Igor donc) débarque à Belfort avec Marc Rizzo (Soulfly) à la guitare mais sans Joe Gojira à la basse, dans l'unique but de tout défoncer sur son passage. Alors bien sûr, ça balance des grands riffs, ça joue du très vite du coté de Marc (et ça joue quasiment pas du coté de Max), ça bastonne avec Igor, Max envoie de grandes voices méchantes et caverneuses. Mais, il y a un mais...le son est massif mais un peu trop tournant et se propage mal de la grande scène (pas évident de sonoriser la grande scène, je sais), et il y a quand même un truc qui me dérange. Cavalera Conspiracybalance certes quelques titres de son bon Inflikted dont le massif "Sanctuary" et l'énorme "Dark ark" terminé mi reggae mi dub (si si, je vous jure !), mais la majorité du répertoire est puisé de Sepultura, et notamment des géniaux Chaos AD et Roots. J'aime ces disques de cette période de Sepultura, c'est pas ça le soucis, mais dans ce cas là, plutôt que d'envoyer 65 % du concert avec ces tires, autant reformer la version originelle du groupe. Mis à part cette aparté, Cavalera Conspiracy a envoyé un show correct, massif et impressionnant de maîtrise du côté d'Igor et Marc qui est un impressionnant guitariste (ça joue vite, j'aime pas du tout ce style de guitare, mais putain, que ça joue vite !!!) avec à la fin du concert la présentation d'un Cavalera Junior, haut comme trois pommes, casquette Suicidal Tendenciesvissée sur le crâne, qui prendra la place d'Igor derrière les fûts pour une impressionnante maitrise de l'instrument pour son âge. Je pense que le gamin doit faire le coup sur toutes les dates de la tournée, car jouer devant un parterre de plusieurs milliers de spectateurs ne semble pas l'émouvoir ! Par contre, carton rouge aux guitares de Max, toutes plus horribles les unes que les autres !

Le concert terminé, on passe furtivement voir The Do, escroquerie matraquée sur les bandes FM, puis on se dirige vers la sortie. Ok, il est tôt, mais des occupations nous attendent pour le lendemain, on a un petit peu de route, et rien ne nous branche plus que ça à partir de ce moment dans la prog'...ah si, je serais bien resté voir Sebastien Tellier, le keum de l'Eurovision, mais trop tardif pour moi. En résumé, une programmation pas à mon goût, mais avec quelques bons moments passés avec certains groupes suscités. Y a pas à tortiller, l'esprit de programmation des Eurocks a changé, on n'a pas le choix, on en a profité pendant longtemps, maintenant, place aux jeunes avec toutes ces conneries rap, pop pourrie et tout et tout qui font aujourd'hui l'éclectisme du festival.