Décollage en début de matinée depuis le sud-Jura afin d'arriver au plus près de midi au sacro saint lieu du Malsaucy, partagé entre les communes de Sermamagny, Evette-Salbert et Lachapelle-Sous-Chaux. Les sacs ont été bouclés la veille, il ne restait plus qu'à jeter le "sac technique" (lampe frontale + k-way + appareil photo + bloc-notes + piles, etc...) ainsi que la nourriture la plus fraîche (application de la Oli-Technik à la loupe : coffre (trop) blindé de victuailles et de boissons, reste de l'habitacle dédié au campement) dans le carrosse Post-Giscardien (une R18, Jacky's touch assurée...), de faire le plein de gazoline et direction plein Nord. Le poteau "2" du camping des Eurocks Lons-Le-Saunier, Besançon et quelques kilomètres au milieu d'un convoi militaire (entre jeep et blindé), Baume-Les-Dames, la vallée du Doubs, L'Isle-sur-le-Doubs, Héricourt et 4 heures après mon départ, malgré quelques errances en rase campagne (entre Luze et Frahier, la faute à un guide de la route très approximatif et à des villages à l'habitat dispersé, étendus sur des kilomètres...) me voici face à la grille devant laquelle il faut montrer patte blanche mais le couple de sentinelles se fait instantanément compréhensif et me voilà dans l'antre du festival. Quelques hectomètres plus loin, parquage du véhicule, passage au guichet presse, quelques minutes d'attente et bing, à 11h30, le sésame m'est délivré. Une fois le collier (rose) et le pass (blanc) autour du cou (mode photographe (très) amateur ON : n'ayant toujours pas reçu mon bridge, j'affronterai le "frontstage" des plus petites scènes à l'aide de mon compact, en espérant pouvoir sauver quelques clichés. Cela me vaudra quelques ricanements et sourires malicieux de la part de pros, mais on fait ce qu'on peu avec ce qu'on a et le ridicule ne tue (encore) pas.). Il ne reste qu'à foncer sur le camping. Une fois le véhicule déposé en P, sortie du minimum vital et direction l'accueil camping où est remis le bracelet (en papier épais, dont la solidité semble aléatoire mais qui tiendra le coup durant les 3 jours) après vérification du billet par lecteur de codes-barres pour les festivaliers mais avec un simple "c'est bon, allez-y" de la part du contrôleur. Afin de ne pas perdre les bonnes habitudes, c'est au plus près possible du poteau 2 que j'arrive à placer ma tente-dragster, entre trois campements, dont deux paraissant plutôt relaxes et pas trop bruyants. 12h30, mon abri qui étonnera cette année encore nombre de "d'jeunes" (soit-disant anti-conformistes) est dressé. Levé depuis une paire d'heures, il ne reste plus qu'à faire une sieste alors que la météo me sieds idéalement (du soleil, voilé de temps à autre, quelques légers coups de vents rafraîchissants et donc pas trop de celsius dans le thermomètre).

Répérage des lieux

L'ouverture des portes du festival ayant lieu à 16 heures, je quittais le camping une petite heure auparavant, histoire de repasser par la voiture pour me restaurer et ensuite attraper un des premier bus en partance pour le festival. Et c'est ainsi que peu après l'heure fatidique, votre"euro-Fenecéen" de l'année foulait le sol de la voie technique. Mais pour mieux prendre la navette technique quelques secondes plus tard et en direction de son terminus habituel : sous la passerelle, à l'entrée du village pro, à proximité de la grande scène. Après un instant d'hésitation entre reconnaissance du festival et redécouverte du village pro (n'ayant pas eu d'accréd' l'an dernier), c'est vers ce dernier que se dirigent mes pas. Si ce n'est une tente consacrée aux blog-reporters des Eurocks, pas de réelles modifications de ce coté là. Il est presque 16h30 et je m'achemine vers l'espace presse dans l'espoir de poster une première dépêche depuis le bus Tsunami mais son installation informatique n'est pas tout à fait finie et ses tenanciers m'invitent à revenir "dans une demi-heure". Histoire de gérer au mieux les paramètres : temps, fatigue, kilomètres à parcourir, nutrition et 3 jours à tenir, je rebrousse chemin et fais un petit tour du festival "à vide", avant que la foule n'ai définitivement envahi les lieux. Ceci me permet d'aller directement à la plage pour voir que rien n'a changé et, pire, que les boules à facettes ont réapparu cette année. Dans la foulée, petit détour pour découvrir le soundsystem, transformé en véritable cinquième scène cette année mais toujours aussi difficilement accessible et, de surcroît, avec une mare de boue à son entrée. En revanche le grand ensemble de bancs disposé à ses cotés aura sans doute ses effets bénéfiques durant le festival. Dans le but de prolonger ce premier tour de chauffe, demi-tour direction le chapiteau. Durant le "trajet", il semble que le nombre d'échoppes gastronomiques et de boutiques a été réduit, ou tout du moins, que leur organisation spatiale a été revue et corrigée. C'est un chapiteau version 2005, donc rectangulaire, qui a été (re)dressé cette année. Je poursuis sur ma lancée vers la grande scène où le bras-caméra a changé de coté (de gauche à droite) puis plonge dans la loggia, toujours aussi navrante, (dont les alentours ont eux aussi subis un léger lifting) où se dérouleront plusieurs concerts potentiellement intéressant durant ces Eurocks 2007 (Converge, Punish Yourself, Stellardrive, Cocoon, ...).

Hollow Corp. aux Eurocks 2007 Hollow Corp. aux Eurocks 2007 Hollow Corp. ouvre le feu

Pour l'heure, c'est Hollow Corp. qui est chargé d'ouvrir les hostilités et par la même occasion de donner le coup d'envoi des concerts de ces 19° Eurockéennes (même si Asher Selector anime le soundsystem depuis une bonne demi-heure). Le groupe de Colmar a livré avec détermination les titres phares (dont le magnifique "Thujon") de son album Cloister of radiance à paraître en septembre. Si la formation est relativement jeune, le passif de ces ex-Coverage se ressent tant au niveau des compositions (ténébreuses, avec des passages plus aériens) que de la prestance scénique. A quelques encablures de Neurosis et Isis, mais en catégorie "apprentissage avancé", Hollow Corp. a démontré que sa musique faite de métal (très) lourd, de post-hardcore et de teintes noise et sludge s'avère très prenante et pouvait rameuter un large public, même en tout début de festival. Le fait que Hollow Corp. joue en voisin ne doit pas non plus être étranger au bon taux de remplissage de la loggia mais il ne faut pas oublier que ce sont les très radiophoniques (et moins undergrounds) Kaolin qui ouvraient la programmation du chapiteau quasi-simultanément. Après les 40 minutes (et les 6 ou 7 titres) d'un intense set post-hardcore, passage le temps de 3 titres devant la pop-rock de Kaolin, servie par un groupe aussi détendu que souriant. Kaolin fait participer le public en lançant des refrains repris par une partie de l'assistance. Mais c'est vers la plage et la réapparition des Hellbats (dont la venue ici même a été annulée l'an dernier par la disparition tragique de leur contrebassiste) qui m'appelle. Si il fallait venir aux Eurocks, c'était plutôt pour les (petits) groupes "émergeants" que pour les "gros" noms. Et si il fallait se déplacer sur le Malsaucy en ce vendredi 29 juin, c'était bien devant le premier concert donné sur la plage où il était indispensable de se rendre, même si Hollow Corp. n'a pas démérité. Les Hellbats ont prouvé qu'ils sont toujours bien vivants, rock'n'roll jusqu'à la mort, si j'ose me permettre. Ca cogne fort et sec avec Tom Toxic, Eli Bats a une touche incroyable et Nasty Samy aime faire le 25 mètres haies virtuelles sur scène (marche avant, marche arrière, option trampoline incluse), alors qu'il doit, tout de même, s'assurer que son jeu de basse ne dérape pas. Mais Eli n'est pas en reste, propageant lui aussi une fougue peu commune. Nasty et Eli alternent passages devant leur micro tout en gardant la mainmise sur leur instrument respectif et offrent au public, en compagnie de Tom, leur savant mélange de rock'n'roll, de heavy-rock et de morceaux plus franchement punk-rock. Les titres du trio, véritables exutoires, s'enchaînent devant un public qui semble avoir très rapidement pris goût à cette sauce-là. Le groupe défend avec hardiesse sa dernière sortie en date (Unleashed 'n' alive) mais les bonnes choses ont une fin et une fois que les Hellbats en aient terminé avec la plage, je traverse le festival en direction de la grande scène. Le temps d'apercevoir Gogol Bordello (et c'est vraiment un bordel, même bien organisé !), d'avaler quelques mesures de leur fanfare festive rock, de passer à l'espace presse et plus particulièrement au bus internet pour déposer une première dépêche, et me revoilà de retour sur le festival.

Juliette, le Clan et les Newcomers, en plein jour

Entre Iltika, Hell's Kitchen et Juliette & The Licks ("Juliette ande the l.i.c.k.s" comme le dira un pigiste à sa rédaction le soir même depuis le bus tsunami), c'est pour elle (et ses zicos) qu'iront mes esgourdes. Ne connaissant ni d'Eve ni d'Adam la formation, je décide d'assister à sa prestation afin de m'en faire une petite idée. Le groupe, Juliette au chant et ses 4 musiciens, joue un vieux rock bien sympa, lorgnant sur le punk mais sans une très grande originalité. Pendant le concert, Juliette Lewis (la chanteuse) met en avant son savoir-faire d'actrice (elle l'a été dans "Tueurs nés" et "Les nerfs à vif") en s'amusant avec le public. Lorsque la miss est transportée par la bande-son, elle n'hésite pas à se rouler au sol, à se vautrer aux pieds de son guitariste et offre un p'tit slam aux premiers rangs du chapiteau. Austin Newcomers aux Eurocks 2007 Austin Newcomers aux Eurocks 2007 Un bon moment de rock'n'roll sans prétention, qui aura affûté un public bien assez réceptif. En retournant au village pro pour poster la deuxième news (vers 20h05), escale quelques instants devant le Wu-Tang Clan qui donne de la voix et du sample sur la grande scène. Et au niveau accoutrements, le gang est bien fourni : une dizaine de types avec casquettes, baggys, sweats, capuches, serviettes envahissent et déambulent sur scène. Ca a franchement plus de gueule que Blackalicious l'an dernier. Le groupe de rap lance ses premières rimes sur des lignes de basses ultrapuissantes, devant un public les mains très hautes en l'air et le personnel de la sécu frontstage (re)trouve le sourire. Déjà en retard, je fonce à pas cadencés en direction du soundsystem, toujours aussi introuvable, pour retrouver une formation qui m'est plus familière, les Austin Newcomers. Enfin, pour accéder à la scène, il faut passer dans un quasi-coupe-gorge garni d'une magnifique flaque de boue, ralentissement et glissades assurées ! Affublés de ce soundsystem comme lieu d'expression, les Austin Newcomers jouent déjà depuis quelques minutes, comme si de rien n'était. Le groupe envoi ses morceaux les plus énergiques, notamment ceux de Grand opening (on s'explose bien sur "Kamikaze"). Voyant que le public s'agrandissait mais restait loin de la (minuscule) scène, le chanteur du groupe bisontin est obligé d'inviter le public, pourtant réactif au son, de s'approcher. Chose dite, chose faite, les quelques mètres de vide sont comblés par les spectateurs et le groupe continue d'expédier ses refrains accrocheurs. C'est peu après que le chanteur, dans son costume dandy, ait gentiment raillé Converge que j'effectue un demi-tour pour rejoindre le point opposé du festival : la loggia. Superposition sur le planning oblige, je quitte donc le fiévreux set des Austin Newcomers à sa moitié pour rejoindre la deuxième partie de celui de Converge.

Converge en demi-teinte ?

Et je n'ai pas vraiment gagné au change. Arrivé sur les lieux, le célèbre quatuor de Boston remue bien le public, même si les musiciens ne sont pas d'un dynamisme fou. Planqué derrière ses cheveux, le batteur n'y va pas de main morte, le chanteur se contorsionne et les guitaristes (un bassiste, un guitariste) font ce qu'ils peuvent. Converge offre un concert dans lequel j'ai eu du mal à rentrer, qui m'est apparu trop linéaire, mais peut-être est-ce dû au style. Bref, rien de dramatique mais rien de transcendant non plus de la part de Converge. Le gros point positif revient à la batterie du groupe, noire, la première de la journée, si je ne m'abuse, à ne pas arborer de "paillettes". Jusqu'à 22h, la programmation n'annonce pas grand-chose (Amy Winehouse au chapiteau et Peter Von Poehl à la plage), il est temps de souffler un moment en passant au village pro et de mettre un moment avant de réaliser que ce sont des membres du Wu-Tang Clan qui viennent de passer (mode blasé on). C'est aussi le moment d'examiner de plus près le public (le "sommet" de la colline à coté de la régie de la grande scène est pas mal pour ça). Et là on voit de tout et du n'importe quoi. De 10 à 55 ans bien sonnés, du petit, du grand, des mal fringués, des moches, des belles. Mais surtout : du fan amateur et débutant à la fois (Van's à damiers et 1 piercing au coin de la bouche) au gothique le ou la plus chevronné/e (cheveux rasés et/ou décolorés, tatouages, piercings multiples, cuir, clous, etc...), ils étaient tous là pour le révérend Marilyn Manson, qui devait se produire dans près de 3 heures. Au registre des hétéroclismes, se situent aussi les porteurs de masques réalisés avec des matériaux de récupération, principalement à base de packs vides de canettes de bière et gobelets en plastique... Crise de rire garantie lorsqu'un énergumène de ce genre traverse l'horizon. Enfin, cet interlude assure la rencontre (au loin) de quelques adeptes du mouvement "free hugs" qui offraient quelques câlins aux festivaliers consentants. Retour en bout de voie technique, devant la scène principale afin d'assister au concert de Rita Mitsouko, vu que c'est la techno de Simian Mobile Disco qui anime la loggia et le rap de Million Dan qui secoue le soundsystem. Assurant la promo de Variety, la mère Ringer (qui a encore relativement la pêche), leadeuse du groupe, annonce d'entrée que le public aura droit à des "nouveautés et des anciennetés". Accompagnée du si flegmatique Fred Chichin et de 3 autres musiciens, la chanteuse balance le répertoire devant une foule multi-générationnelle. Au point où une certaine ambiance "Vieilles Charrues" flotte lorsque les mamans quarantenaires sont passées par-dessus bord et récupérées par le service de sécurité avant de réintroduire le public. Il ne reste qu'à attendre que la nuit tombe et quitter les lieux pour le chapiteau avant la fin du concert des Rita, trop rodé pour être frais. On se souvient encore de la rencontre "made in Eurocks" entre Ez3kiel et Nosfell, sublime et magnifique (à mon goût), d'il y a 2 ans.

Griots & Gods aux Eurocks 2007 Le choc Dälek vs Young Gods

Qu'en sera-t-il de Griots & Gods ? Confrontation du hip-hop aux tonalités indus de Dälek aux dieux hélvètes d'une certaine musique indus, créateurs de leur propre style, les Young Gods. C'est tout en douceur que le set démarre, les musiciens prennent part au concert les uns après les autres. Et c'est à l'aide d'un morceau atmosphérique, très ambiant que Griots & Gods prend le contrôle du chapiteau, l'entité offrant des sonorités world, électro et indus à la fois. Après des titres apaisés, pas très accrocheurs, la rencontre suisso-américaine ose provoquer des morceaux plus radicaux, séquences apocalyptiques à la clef, soutenues par le jeu de lumières. Toujours est-il que si ils produisent une musique d'un calme olympien ou un cataclysme sonore, les associés le font toujours avec "expérimentation" comme maître-mot. Sur le vif, le concert-rencontre ne m'a pas franchement frappé, mais avec du recul il apparaît que l'expérience valait le coup d'oeil. Bref, ce Griot & Gods m'a fait approximativement le même effet que celui produit par la confrontation "Nosfell vs Ez3kiel" sur GuiDeChampi en 2005. Tandis que les derniers instants de l'hydre hip-indus expérimental résonnaient au milieu du festival, c'est le "démon" Marilyn Manson qui devait se produire sur la grande scène. Avant de se laisser désirer quelques minutes. En attendant, c'est une immense tenture, arborant le nouveau logo du révérend (et de ses sbires), un "MM" effilé et d'une rougeur sanguinaire qui est tendue devant la scène. Marilyn Manson ouvre le bal (des vampires) avec un titre de Eat me, drink me (cela doit être "If I was your vampire" ouvrant aussi l'album), fraîchement débarqué. Le public ne connaît encore pas vraiment ce dernier opus et Marilyn Manson se doit d'intercaler ses hits faciles ("Disposable teens", "Mobscene", "The dope show", "Rock is dead", "The fight song", ...) et ses reprises favorites ("Sweet dreams (are made of this)" et "Tainted love") entre les morceaux à la guimauve récemment composés. Des nouveaux titres qui ont vraiment du mal à prendre de l'ampleur sur scène, sans doute sous le coup du pathos et de la mélancolie les enveloppant et des plus anciens morceaux exécutés avec une certaine nonchalance. Du coté des "surprises", il faudra se contenter de "Irresponsible hate anthem", face auquel la foule réagit bêtement (grâce à ses coups de buttoir) mais semblant en ignorer sa provenance (Antichrist superstar), c'est sans doute révélateur du changement de génération.

Punish plutôt que Justice !

Le père Marilyn semble travailler à la chaîne, il fera le pantin au bord de la scène strictement de la même manière à deux reprises, chauffant à sa façon le public, ses artifices sont réduits au minimum (projection de cotillons à l'ouverture de "Rock is dead", éclairage de fausses chandelles sur "Sweet dreams (are made of this)", ce sont les vidéos-projections qui relèveront presque le niveau...) et s'amusera avec son bassiste de Tim Skold comme il le faisait avec Twiggy Ramirez. Fatigué ou fatiguant, c'est selon, Marilyn Manson n'a pas (plus ?) envie de sa casser la tête ou alors est lui aussi rentré dans le club des Vieilles Charrues. En revanche il suffisait de prendre son mal en patience, d'attendre la fin du set du révérend et de se rendre à la loggia sur le coup des 2 heures du mat' pour se prendre un réel électrochoc par tous les orifices que le permet le corps humain ! Punish Yourself aux Eurocks 2007 Car entre les derniers génies de l'électro à la mode (j'ai nommé Justice) sous le chapiteau et le rendez-vous, selon moi incontournable, avec la cyber techno-métal fluo de Punish Yourself, le choix était très vite fait. Peinture fluo sur le corps des musiciens, têtes en plastique éparpillées sur la scène, squelette humain fait de lamelles métalliques sur la batterie, lights survitaminées, le grand show de la deuxième partie de soirée se déroulait bien sous la loggia ! Punish Yourself est en grande forme et nous le fait très vite comprendre. Les morceaux se suivent, on assiste aux rouleaux compresseurs "Gimme cocaïne", "Rock'n' roll machine", "See ya later alligator", "Suck my TV", "Night of the hunter" ou encore "Mothra lady". Le groupe le plus déjanté de la journée (du festival ?) gigote dans tous les sens, excite le public avec ou sans strip-teaseuse et se désaltère à la vodka. Miss Z lance des clins d'oeils, VX69 paye son slam et une cavalcade frontstage sur fond de BPM et lorsqu'il reprend le chant, c'est avec sa ceinture autour du cou et en dansant au rythme démoniaque de la batterie et de la boîte à rythmes. Sexy et dépravé, futuriste et maître de son art, Punish Yourself jette en pâture sa punk-attitude et ses moments torrides (cuir, latex, laisses, etc.) au service de son boom-boom-métal haut de gamme. On a droit à l'inévitable intervention de la strip-teaseuse bardée d'un tablier en métal sur lequel elle joue de la disqueuse, avec éjaculation d'étincelles sur ses partenaires et les premiers rangs du public. En fin de concert, ce sont Jean-Luc (Front 242) et Candice (Eths) qui viennent prêter main forte aux micros de Punish Yourself. Un des grands moments des Eurocks 2007 a eu lieu très tard mais il fallait y être, ne serait-ce que pour voir Punish Yourself faire passer Marilyn Manson pour un gentil Mickey.
Il est (déjà) 3 heures, il ne reste qu'à reprendre le chemin du camping. Sauf qu'il faudra attendre 1 heure pour monter dans le bus (trop de monde et pas assez de bus), arriver à la tente, et s'endormir sur le coup des 5 heures (soit quasiment l'heure à laquelle votre serviteur se lève le reste de l'année).

Gui & Tiff débarquent en renfort

Aux environs de 8h30, les braillards avec le seul mot "apéro" à la bouche et un (léger) soleil chauffant vite sous la tente font office de réveil. La journée se passe entre sieste et nutrition, alors que la météo s'est améliorée depuis la veille, épargnant ainsi de toute chute de pluie les festivaliers. L'examen du programme du jour n'est pas une vue de l'esprit, mis à part les Queens Of The Stone Age, ce samedi risque bien d'être plat si ce n'est vide de contenu. Heureusement, comme il était convenu depuis quelques semaines, Gui De Champi ainsi que sa fiancée, Tiff, doivent venir consolider l'effectif, avec comme principal objectif, le set des QOTSA. Le début de la journée musicale n'étant pas indispensable à suivre, rendez-vous est donné au point de départ des bus vers le festival, depuis le parking.
C'est aux environs de 17 heures que les vosgiens d'adoption me rejoignent et nous voilà les 3 dans la navette pour le festival. Pendant que mes acolytes passent par l'entrée "tout public", je file via la voie technique au bus internet avec l'idée en tête de relater la fin de soirée d'hier (enfin de ce matin) aux lecteurs du W-Fenec. Mais la connexion est déficiente, je retourne sur le festival et on se retrouve les 3 à la fin de Joeystarr. Quelle grande classe ce Joeystarr. Et que j'emmerde Sarko, et que j'encule MC Jean Gabin. Un philosophe du 20ème siècle ? Mon cul ouais ! Sur scène, ça braille, ça gueule et ça pousse des cris à tout va (mais, au final, qu'attendions nous d'autre ?). Dommage, car l'album a de la gueule, mais bon, ça reste du rap, et même si les sons du skeud sont cools, le coté scène n'est pas très rock 'n' roll, même si la présence de trois gars d'Enhancer (dont David à la gratte, et ouais Oli, t'es vert hein ?) dynamitait un peu le coté "je scrache sur ma platine en fumant mon boubou". Bref, à oublier.
Après quelques instants de bavardage, on se disperse, mais en fait pour aller "subir" la même chose : les Cold War Kids. Disons qu'on pourrait les appeler autrement les quatre gars de Californie : Cold Music for fuckin' Kids. Non mais sérieux, y a eu un bug sur ce coup là ? Comment ce groupe a t'il pu être programmé à 18 H sous le chapiteau, alors que l'heure de la sieste est normalement prévu à 4 heures de l'après midi ? Car ouais, Cold War Kids, c'est un peu (beaucoup ?) chiant. Pop mielleuse, pop affreuse, ça rime et c'est fait exprès. Mince alors, on veut passer du bon temps et se reposer les oreilles, mais là, c'est quand même exagéré, on (Gui de Champi et Tiff) a tenu sept minutes, et encore, c'est bien payé. Au suivant ! Et les suivants, ce sont les américains de Blanche que Rémiii est allé voir sous la loggia (après s'être lui aussi extirpé du pot de miel de la marque Cold War Kids). Tout droits sortis du far-west et du coup, du XIX° siècle, la bande à John et le couple Dan/Tracee se veut être le trait d'union, grosso modo, entre The White Stripes et Sixteen Horsepower en proposant sa folkeuse country avec un soupçon de rock'n'roll. C'est gentil mais ça bouge pas trop, c'est mignon mais pas assez surprenant, Blanche n'est quand même pas transparent et se laisse écouter d'une oreille lointaine. On y regarde de plus près pour examiner leurs costumes d'un autre temps mais cela ne suffit pas à retenir le public. Pendant ce temps, Gui et Tiff font un petit tour auprès des attrapes touristes (encens, pipe à shit, kebab avec 12 grammes de viande pour 7 euros, pour acheter un kilo de barbak, fais un emprunt !) et croisent quelques connaissances (coucou Tonton, Flying Donuts, Vincent Tsunami,...), se refont les molets on montant la butte de Malsaucy histoire d'atteindre la grande scène. Blague à part, c'est tout un sport : éviter les mecs allongés/bourrés/défoncés/, trouver la faille quand deux mille gugus prennent le chemin inverse du tien, et tout et tout ! Mais bon, on se dit que le plus souvent, la récompense est au bout du périple.

Gui de Champi veut du rock !

Pas de bol, sur ce coup là, c'est loupé... enfin presque. Sur la grande scène est en train de s'exécuter Editors, groupe pop rock briton. Alors evidemment, ça part d'un bon sentiment... Je veux dire, les mecs veulent crier au monde entier qu'ils aiment U2 période premiers albums à l'aube des années 80. Tout ça, ça donne un groupe bien en place, agréable à écouter si il n'y avait pas ce guitariste qui n'a que pour fonction de jouer dans les aigus avec une réverb à gerber. Alors, ouais, pour celui qui aime ce style, ce groupe est forcément un gros client dans le genre, mais pour celui qui ne supporte plus ces chansons à l'eau de rose, c'est difficile à avaler. Josh Homme (QOTSA) au village pro des Eurocks 2007 N'empêche qu'on a quand même tenu un bon moment à contempler ce groupe, car bien sur, pour accéder à une autre scène, il fallait éviter les mecs allongés/bourrés/... Pendant que Editors déballe sa camelote et que le chanteur se fait dévorer par son piano, Rémiii pense tout de suite à la souffrance d'un Gui De Champi venu voir des rockeurs, pas des majordomes au service d'une deuxième marque de miel sirupeux et écoeurant. Pendant Abd Al Malik sous le chapiteau et Bassekou Kouyate à la loggia, moment de relâche pour le trio du jour et partie de cache-cache avec Josh Homme au village pro. On a eu droit à un Joshua QOTSA Homme très relaxé et déconneur en conférence de presse (avancée pour l'occasion). Le bonhomme posera derrière le bus internet avec des accrédités (La grande classe mec !) avant de se rendre backstage via la voie technique et (donc) le village pro sans franchement sourciller (mais en pressant le pas tout de même).
La soirée est agréable, le soleil a pointé son nez toute l'après midi, le coca cola est rafraichissant, que demander de plus ? Mais du rock bon sang ! Et le rock, on va en profiter en cette fin de journée. Tout d'abord avec la surprise de la journée, française de surcroit : Phoenix. Leur look à la british ne laissait pourtant rien présager de bon, mais le rock envoyé par le quatuor Versaillais a bien réchauffé les coeurs de ceux qui voulaient taper du pied à l'intonation des coups de caisse claire et des riffs de guitare saturés. Car c'est bien de celà dont il s'agit. Terminé les incantations house dans l'Air du temps de leurs débuts, maintenant, c'est telecaster et pédale de distortion à gogo. Et franchement, c'est crédible, c'est bien fait et ça plait. Un excellent moment passé en compagnie d'un groupe qui maitrise bien son sujet. A noter une Telecaster Fender lancée dans le public mais malheureusement récupérée par un vigil un peu trop zélé. Un moment ultime de rock 'n' roll gâché, mais le principal y était. Un peu avant la fin du concert, Rémiii tente de s'approcher du chapiteau où se produit l'ex-StarAcadémicienne. Olivia Ruiz semble faire la belle avec ses potes (Philippe Prohom, Mathias de Dionysos, Christian des Têtes raides, ...) mais le newbie du W-Fenec s'oriente finalement vers la loggia.

Rémiii découvre Deerhoof

Là-bas, se produit un trio méconnu méritant de se creuser une plus grande place après du public européen. Deerhoof, groupe étiqueté "pop expérimentale" sur le dépliant du festival, jette des morceaux échevelés et compacts à la fois. Certes, c'est "expérimental" mais pour la "pop", il faudra repasser. C'est plutôt rock, et du rock option noise avec un bel arrière-goût punk si vous voulez tout savoir ! Le batteur (et parfois chanteur) joue sur une batterie minimale (3 toms, tout au plus), le guitariste s'avére être, lui aussi, très concis et le groupe est mené par une puce bondissante, débordante de panache, assurant les principales parties du chant (en japonais) et jouant de sa basse (si originale). A classer dans la grande famille des groupes de rock peu académiques (version Shellac, Menfolk ou Ricaine mais encore plus déjanté), lorgnant sur la noise et fonçant sur la déconstruction de rythmes, Deerhoof est une bonne petite surprise de rock noise s'ouvrant du jazz au punk. I Am From Barcelona aux Eurocks 2007 I Am From Barcelona aux Eurocks 2007
Avant de rejoindre la headline de la journée (comprendre QOTSA), je (Rémiii) me rends à la plage pour avoir un aperçu des suédois de I'm From Barcelona. C'est une véritable tribu de gentils vikings et de "vikingesses" qui a envahi la scène. Au nombre d'une bonne quinzaine, armés de ballons de baudruche de toutes les couleurs, la formation termine ses balances. Quelques instants plus tard, elle redébarque et entâme son set. Des choristes, des cuivres, des guitares, du chant, des percus, des danseurs sèment un "caillon" pas possible sur cette plage. Festive et légère, ce qui semble être une pop décomplexée (et enrichie) ravit les spectateurs. Un esprit très "Peter Pan" survole le bord du lac et un des faux barçelonnais parvient à rester quelques secondes seulement sur son matelas gonflable, lui-même soutenu à bouts de bras par les premiers rangs du public. Au bout de deux titres, j'abandonne les rigolos de service pour rejoindre la grande scène et suivre une bonne partie du set des Queens Of The Stone Age. Mais auparavent, petit saut en arrière dans le temps en compagnie de Gui et Tiff.
Sitôt le concert de Phoenix terminé, pas question de s'éloigner (pour Gui et Tiff) de la scène principale du festival, histoire de se positionner pour LE groupe de la soirée, Queens Of The Stone Age venu présenter à Belfort son nouvel opus, Era Vulgaris. Commence alors le ballet discontinu des roadies installant amplis, batterie et éclairage dans un timing parfait.

Queens Of The Stone Age aux Eurocks 2007 Queens Of The Stone Age aux Eurocks 2007 QOTSA enflamme les Eurocks...

Si bien qu'à 23 heures, la bande de Josh Homme déboule sur scène pour un show qui restera un très bon souvenir pour la majorité des spectateurs suivants. La base originaire du groupe, à savoir Josh, est toujours là (logique me direz vous), avec Troy Van Leeuwen principalement à la six cordes et l'imposant Joey Castillo ("La bête des Vosges") à la batt'. Deux petits nouveaux au clavier et à la basse (ce dernier étant très remuant, changeant de style avec le bassiste de la tournée Lullabies to Paralyze). En soixante dix minutes, les reines de l'âge de pierre ont envoyé un show percutant, parfois sombre, tantôt délicat, mais toujours tape à l'oreille. Bien sûr, les puristes diront que ce n'est plus là même que lors de l'époque Songs for the deaf, mais je pense que ce groupe a quand même des couilles, après le succès interplanétaire (!) de ce foutu disque de ressortir des galettes toujours aussi étranges et déroutantes. Sur scène, malgré quelques galères de micro et de gratte, l'ensemble est une véritable machine de guerre, et la bande de Joshua Homme piochera dans tous les albums pour mettre le feu à Belfort. De "You would know" à "Little sister" en passant par un "Burn the witch", c'est un concert vraiment efficace avec une set list pas forcément évidente que les ricains ont fait chavirer Belfort. A noter un "No one knows" bien rock 'n' roll pour clôturer les débats et un groupe assez souriant pour que ce soit souligné. Le groupe tire sa révérence vers minuit, nous c'est pareil, le temps de faire une bise à Rémiii qu'on est déjà dans le bus nous ramenant au camping.
Après s'être mutuellement dit "aurevoir, bonjour chez vous", Gui et Tiff reprennent la direction du parking puis de chez eux tandis que je m'oriente vers le chapiteau. Le temps de leurs premiers titres, j'assiste à l'apparition des japonais de Tokyo Ska Paradise Orchestra. Si la journée était bien maigre, la deuxième bonne surprise sera elle nipponne grâce à TSPO. Comme son nom l'indique, le groupe fait du ska et assure une présence particulière sur les planches. Les costards parfaits, un avant-goût de ceux de The Hives et un entrain certain dans leur musique bondissante marqueront des points auprès d'un public qui en redemande. C'est énergique et compact, tout ce qu'il faut pour (finir de) se défouler. Mais la fatigue étant bien là et n'ayant pas spécialement envie d'assister à The Hives, Shitdisco ou Digitalism, c'est retour au campement avec l'espoir de s'offrir une nuit un peu plus consistante que la précédente. Le long de la voie technique, on aperçoit le public sautiller et Tokyo Ska Paradise Orchestra emmener son ska avec vigueur. "Tigidap tigidap tigidap Tigidap tigidap tigidap".

Le "carton rouge" 2007

Pas mécontent de me réfugier dans les bras de Morphée à une heure correcte (environ 1h30), suite à deux journées de festival et une troisième qui s'annonce dévoreuse de calories. Mais vers 2h30, quelque chose de "bizarre" se produit. Une sorte de tremblement de terre m'arrache de mon sommeil et il faudra que tous les neurones se reconnectent pour comprendre se qu'il se passe. C'est de la techno à fond les ballons, difficile d'imaginer un volume sonore plus élevé, mais bien trop forte pour provenir d'un poste portatif (lorsqu'on est couché, le sol vibre réellement !). Impossible que cela viennent du parking ou de la zone de camping des camping-cars et autres vans : c'est bien trop loin et pas dans la bonne direction. Mais d'où viennent ces insensés coups de buttoir ? Où se situe ce drame absolu, cet outrage au milieu du calme qui parvient à régner sur le camping ? Pour élucider le crime (car pour moi, on en est pas loin), il faut sortir de la tente. Et là, à seulement quelques dizaines de mètres des premières tentes (la mienne n'étant guère plus loin), trône fièrement une immense tente tunnel arborant la marque "Duracell". J'ai vite compris que l'endroit sert de "boîte de nuit" aux festivaliers qui n'ont pas envie d'aller se coucher. D'accord mais est-ce une raison pour bastonner aussi fort ? Et l'aérodrome n'est-il pas assez grand pour éjecter cet immondice à l'autre bout du festival ? Pensant que "ça va passer" ou que le volume va redevenir "soutenable", m'étant résolu que de toute façon, je ne dormirais pas avant que cela cesse (j'insiste mais c'était absolument trop fort, j'aurais préférer rester frontstage sans bouchons d'oreille devant le chapiteau). Alors, dans un premier temps j'attends. Un quart d'heure, une demie-heure, une heure... Mais s'en est vraiment trop, vers 3h30, je me décide d'aller voir l'acceuil du camping. Au passage je questionne quelques campeurs, autour de leur feu de bois, certains trouvent aussi que c'est abusé mais la majeure partie, trop raide, s'en moque éperduement. Une fois à l'entrée du camping, sous la tente "distribution de bracelets et gestion des consignes", j'interpelle un type au sujet de la pile magique et me rétorque que c'est "Duracell" et qu'on a pas la main dessus". Par manque de réflexe, j'oublie de lui dire (même si le gugusse en question n'y pouvait vraiment rien) que "On" est un con. Et j'aurais aussi pu lui proposer de lui faire un gros chèque et de lui péter la figure... Puisque en gros, c'est ce qui a dû se passer entre Duracell (qui a fait le gros chèque) et les Eurocks (qui n'avaient qu'à la fermer même si la tente dérangeait les festivaliers). A la fois furibond, résigné et éreinté, je regagne comme un gentil mouton ma tente. Il faudra attendre 4h30 du matin pour que le supplice arrive à son terme. Gros, gros, très gros carton rouge auprès des initiateurs de cette "idée" mais je parviens à m'endormir, sans nul doute moins d'une minute après la fin de ces hostilités-là.

Le plein de jeunes pour SitS

Même si le soleil n'est (toujours) pas radieux, ce sont tout de même une fois de plus les celsius qui ont fait office de réveil. Aux alentours de 8h30, les campements environnants sont encore inacifs et j'en profite pour prendre un petit déjeuner sous un soleil pas très virulent. Mais plus tard, il continuera de frapper de coups de soleil les festivaliers trop imprudents. Après mûre réflexion au sujet du choix dans la date de départ du festival, après les concerts ou lundi pendant la journée, c'est la première option qui est retenue. La seule idée d'avoir à affronter une seconde fois la mortelle pile géante suffit à me convaincre de déguerpir au plus vite. C'est en fin de matinée que je démonte (déjà ? éh oui !) ma tente. Replis stratégique vers la voiture, portes et fenêtres ouvertes, qui offrira de l'ombre et à travers laquelle filtreront quelques courants d'air bienfaisants. Car la pression atmosphérique et la température ne cesse de grimper alors que la couverture nuageuse s'accroit elle aussi. Repas léger puis somnolence et consultation des 2 éditions précédentes du "Pays" (le cannard local) suffisent à m'occuper en ce tout début d'après midi. Alors que le ciel se couvre davantage et les premières (et légères) gouttes de pluie commencent à s'abattre sur le camping, je pars à l'attaque de cette troisième et dernière journée d'Eurockéennes. Stuck In The Sound aux Eurocks 2007 Débarquement sur le festival au moment de l'ouverture des portes au public (soit vers 14h) et passage au bus internet afin de publier la première dépêche de ce dimanche 1er juillet. La journée d'hier était creuse, un vide quasi-sidéral, un trou noir programmatique (mis à part QOTSA et TSPO) mais la première moitié de cette dernière journée s'annonce dense et devrait m'obliger de naviguer de scène en scène sans vraiment avoir le temps de toucher de sol (de 16 heures à 21 heures).
Aux vues de la météo (aléatoire) et du programme des heures à venir (plutôt chargé), je préfère rester à l'espace presse et prend quelques notes de travail pour cette présente review, faisant ainsi l'impasse sur The Audience. En revanche, à partir de 15h20, je le devait d'aller voir ce que donne Stuck In The Sound sur scène. Malgré la bruine qui s'est invitée, le quatuor est enthousiaste de venir se produire à Belfort. Le groupe, semblant "en dedans" lors des premiers titres déroule ses hits ("Delicious dog", "I shot my friend", "Toyboy", "I travel the world") devant une plage très bien remplie pour un début de journée. Les SitS procurent de bonnes sensations à son public de "teenagers branchés" (mais moins que ceux de Air quelques heures plus tard). Face au pleuviotement, José s'arme de sa capuche et joue le jeu face à un public très réactif. Stuck In The Sound a beau se démener (surtout José et Emmanuel), la pluie s'ammenuise (même si selon le groupe elle a totalement disparue) mais persiste et la pendule tourne (trop) vite. La fin de ce rafraîchissant concert, dans tous les sens du terme, est bien prononcée pour 16 heures.Le petit quart d'heure de pause permet d'aller s'abriter sous la loggia et à se "restaurer" (un bien grand mot) en attendant que Stellardrive ne se coltine à son tour le lieu.

Stellardrive aux Eurocks 2007 Stellardrive aux Eurocks 2007 Stellardrive : la révélation

A l'heure dite (16h20), les 5 habitants de la capsule spatiale apparaissent pour emmener les festivaliers avec eux. Le décollage se fait tout en douceur, notamment avec l'aide de la clarinette de Florian qui parvient à arracher le groupe de l'attraction terrestre. En évitant d'être étouffants, les morceaux se densifient petit à petit et il suffit de fermer les yeux pour être transporté. Prodiguant un post-rock interstellaire, personne ne chante chez Stellardrive, les seules voix entendues proviennent des samples instillés avec parcimonie. Lorsqu'on ouvre ses mirettes, les images cosmiques qui se forment avec l'assistance des compos du groupe bisontin collent parfaitement à celles diffusées sur l'écran, à l'arrière-plan (des images d'archives relatives à l' exploration aéronautique : décollage de fusée, vie sur une station orbitale, vues de l'Espace, etc...). De cette manière, le groupe offre un concert conceptuel, presque un ciné-concert, mettant en éveil aussi bien l'ouïe que la vue (le jeu de lumière était assez chiadé). Du coté des "petits" groupes, du moins venus grâce au Tremplin des Eurocks, qui ont secoué le public, il y avait Hollow Corp. le premier jour et pour le troisième, il y avait Stellardrive ! Des Stellardrive laissant le public bouche bée à l'aide d'un final tout bonnement ahurissant, la symbiose musique/visuel étant à son apogée ! Une fois cette claque tout juste arrivée sur mes joues, je n'ai pas spécialement envie de me trimballer jusqu'à la plage où se produit Loney, Dear pour revenir ici (la loggia) afin de gober du Cocoon. Je me pousse alors de quelques dizaines de mètres pour rester du coté gauche de la grande scène et matter principalement sur l'écran géant Hatebreed.

Hatebreed dans ta face

Le show a débuté depuis quelques minutes et une petite question s'impose : Jamey Jasta serait-il cousin avec Speedy Gonzales ? Le bonhomme ne de cesse de bondir, courir, marcher le long de la scène, intervient auprès des membres du groupe mais surtout, quelle tchatche ! C'est à se demander si iil a compris qu'il avait à faire à un public pour sa plus grande part non-anglophone... Hatebreed aux Eurocks 2007 Hatebreed aux Eurocks 2007 Lorsque les morceaux ne s'enchaînent pas, Jamey fait son speech, chauffe le public et hop, ses soldats envoient le jus devant un public trop moyennement actif, la chaleur se faisant ressentir (éh oui, la pluie, s'est éffacée !). Par contre au niveau déco, c'est plutôt léger. Un simple drap contenant la pochette de Supremacy (ardemment défendu soit dit en passant) en toile de fond et des lights carrémment aléatoires à en faire sourire plus d'un garniront le set des américains. Jamey joue au tchatcheur perché, les gratteux se donnent à fond, le batteur nous démontre sa générosité, bref dans Hatebreed, c'est un peu "la tête et les jambes". Une fois que les HardCommunicants semblent conclurent leur concert (avec des titres à la pelle), retour comme prévu sous la loggia. Le tout beau tout joli Cocoon se tient là, debout et prêt à faire partager le sublime From panda moutains à l'assistance. La salle a du mal à se remplir (la faute à TV On The Radio ?) mais cela ne semble pas perturber le très jeune duo, affable et disperse ses délicates pépites. Je reste quelques titres mais ai vraiment du mal à être conquis par les associés. En revanche les fans, connaisseurs du dernier disque, se groupent aux premiers rangs et chantonnent avec Morgane et Mark ces petites pastilles et seront ravi(e)s d'avoir une chanson qui leur soit dédicacée... Je me libère des Cocoon, émouvants mais peut-être fébriles plus tôt que prévu et fais escale sous le chapiteau pour grapiller quelques instants de TV On The Radio. Le temps d'écouter 3 ou 4 titres et je me demande pourquoi une telle foule s'agglutine devant un concert comme celui-là. Peut-être aurait-il fallu prendre le concert depuis le début mais je n'ai pas compris grand chose à ce qu'il se passait... J'en arrive à regretter de ne pas être resté auprès de Cocoon plus longtemps mais qu'importe ! Une fois ces 2 "ratés" (le terme est trop fort pour Cocoon), je reprends le chemin de la plage et me place au mieux pour assister à ce qui devrait être une nouvelle claque, celle de Pelican.

Pelican : maître des éléments

Pelican aux Eurocks 2007 Pelican aux Eurocks 2007 Avec son bassiste au milieu du dispositif, devant le batteur et encadré des 2 guitaristes, Pelican s'apprête à produire sa musique, du post-rock tendu au post-métal, en plein jour (dommage d'ailleurs que le groupe n'ai pu se donner à la nuit tombée...). Sans un mot, les Chicagoans partent à l'assaut des plagistes, dont je ne pensais pas que l'affluence serait aussi élevée. Ici, pas de fioritures, juste le son, que le son, par le son, pour le son ! Le statisme relatif du quatuor est pleinement comblé par des titres pesés au gramme et mesurés au millimètre. Le groupe s'avère être prenant dès les premières mesures. Stellardrive nous envoyait sur orbite, Pelican nous offre un voyage au centre de la Terre. Les forces telluriques se font constemment ressentir et les plaques tectoniques s'entrechoquent. Le groupe est LE maître des éléments. C'est lui qui se permet de déclencher un raz de marée de basses, des riffs de guitares incendiaires ou une avalanche de pierres ponces de la part de la batterie. L'alchimie se dégageant de Pelican est unique, provoquant boules de feu et poches gazeuses, l'explosion (in the sky) est sous-jacente. Les guitares bien alignées et la batterie en ordre rangé, Pelican a expliqué en 50 minutes ce qu'est la maîtrise d'un jouissif déluge sonore. Une fois foudroyé par les spasmes de la section rythmiques et les bouillonnements guitaristiques de Pelican, c'est l'appel de la loggia qui se fait entendre. Passant en quatrième vitesse au milieu du festival, juste le temps d'apercevoir les chapeaux haut-de-forme de la (nouvelle) bande de Damon Albarn (The Good, The Bad and & The Queen) et me voilà aspiré par 65DaysOfStatic.

65DaysOfStatic : le choc électro-rock du Malsaucy

Et quel choc ! Après les grandes circonvolutions de Pelican, faire face à la neurasthénie de 65DaysOfStatic fait l'effet de plusieurs uppercuts successifs reçus de plein fouet. Le cycle des groupes "post-truc" entamé avec l'envol de Stellardrive, poursuivi par le voyage du Pelican se poursuit et se conclut avec les coups d'éclat électro-rock-post-core (vous pouvez changer l'ordre) de 65DaysOfStatic. Les anglais sont carrés dans leurs baskets et sur leurs instrus mais cela ne l'empêche pas de se démener et se déhancher comme des fous ! Lorsqu'il ne secoue pas la tête dans tous les sens, le chanteur-guitariste quitte quelques instants sa 6 cordes pour jouer du clavier, le second gratteux s'attèle à lancer le sampler en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire et la section rythmique n'est pas en reste. Véritable débauche de sueur et de décibels variés et bien assemblés, 65DaysOfStatic s'est vu accordé l'étiquette de groupe "électro-indus" sur la prog' du festival. C'est sans doute ce qui explique le fait que quelques jackys en avance pour Laurent Garnier, égarés pendant le set (génial !) du quatuor super-excité, ont quitté les lieux en se demandant ce qu'il se passait devant eux ! Les pauvres, ils ne savaient pas qu'ils manquaient un des moments forts de ces Eurocks 2007... M'enfin, tous les goûts sont dans la nature. 65DaysOfStatic joue fort, vite et bien et se permet de remercier (en français) un public abasourdi et conquis à la fois. Le début de festival était en dent de scie mais le début du dimanche méritait un petit détour par le Malsaucy. A peine remis de la précision et de la puissance émanant de la loggia, je retourne à l'opposé de la presqu'île. Là-bas, ce sont les légendaires Sick Of It All dont le set est déjà entamé depuis un bon quart d'heure, qui attirent les Eurockéens. Difficile de se frayer un chemin jusqu'à un point de vue potable tellement de monde s'est déplacé pour (aperce)voir les ancêtres du HardCore New-Yorkais, mais j'arrive à y parvenir. Et la deuxième question de la journée coule de source : pourquoi avoir "reléguer" Sick Of It All sur la plage ? D'autant plus que c'est Hatebreed qui a bénéficié de la grande scène. Perso, j'aurais fais le contraire... Mais des problèmes de planning (ou autre) ne doivent pas être étrangers à cet étonnant choix stratégique. Peu importe, les SOIA n'en tiennent pas rigueur ! Ils se donnent à fond et font aisément oublier leur double décénnie d'existence.

SOIA fait vibrer les Eurocks

Dans un tout autre registre que l'hypnotisme de 65DaysOfStatic, les brûlots hardcore (parfois punkisants) de SOIA sont en quelque sorte le croisement des déchirures musculaires des élèves Hatebreed avec la ganache des Hellbats puissance 10 ! En effet, l'expression la tête et les jambes revient à la charge avec les Sick Of It All et est on ne peut plus claire. Car si le chanteur se contente de se promener gentiment de long en large, le bassiste et le guitariste ne voient pas les choses sous le même angle. Ils bondissent, posent les choeurs à la perfection, sautillent, ne tiennent absolument pas en place et vont et viennent de chaque coté de la scène toutes les 30 secondes. Ah que c'est bon de jouer sans fil ! Bandanas et tatouages sont de sortie, titres expédiés dans les 3 minutes (ou moins) du temps réglementaire, grosse communication avec le public, un petit guest sur un titre, grosses bousculades dans le public jusqu'à la mise en place d'un "wall of death", remerciements chaleureux ; Sick Of It All nous explique ce qu'est le "HardCore way of life". Du haut de leurs 20 années d'activisme et de leur discographie longue comme le bras, Sick Of It All a fait mouche et libère une bonne partie du public sur les rotules. Après cette intense séquence de près de 5 heures, le moment est venu de passer au bus Tsunami et de repartir dans la foulée à la loggia, histoire de quand même goûter à Laurent Garnier. Oui mais voilà, le lieu est littéralement pris d'assaut, bondé et inaccessible, je rebrousse chemin (pas vraiment dépité je dois avouer...) et vais me poser en tête de voie technique pour matter le Tryo de la journée. C'est une foule incommensurable que les reggae men acoustiques ont rameuté devant la scène principale du festival. Pour être franc, les Eurocks 2007 étaient quasiment bouclé pour moi. Je me demandais plus si j'allais rester jusqu'à la fin du set de Arcade Fire ou pas. Quoi qu'il en soit, Tryo interprète l'ensemble de ses titres-phares et n'a pas trop de mal à se mettre le public dans la poche. Au niveau du décor, le groupe a joué sur la sobriété, chacun est installé sur un tabouret, son instrument sur les genoux, à la bonne franquette. Rien ne dépasse, rien ne déborde. Entre deux titres, Tryo se la joue déconne (la fausse groupie de Marilyn Manson) ou plus militant. Du coté de la voie technique, l'affluence augmente, la fin du festival n'étant pas pour tout de suite mais approchant quand même... C'est l'occasion de voir passer 2 Hollow Corp., l'un avec un sweat-shirt Isis, l'autre à l'effigie de Neurosis puis du gratteux de Sick Of It All avec sa copine. N'ayant jamais eu d'Air à travers les oreilles, il semble judicieux de réparer cet oubli en allant sous le chapiteau (car l'air s'est rafraîchi, ah ah). Je me laisse tout de même hâpper par leur concert pour voir "ce que ça donne". Malheureusement Air ne me semble pas être LE groupe à découvrir sur scène. Sur l'aspect visuel, l'esthétisme exacerbé du duo (accompagné de 2 musiciens, dans l'ombre, pour le live) peut être séduisant, les versaillais se présentent dans leurs combinaisons immaculées, maîtrisent leurs mouvements à la perfection et les lights sont vraiment classe... Après, en ce qui concerne la performance musicale du groupe, il faudra attendre un moment pour avoir droit à des titres plus énergiques et capter une partie du public non "avAirti". Le long début de concert étant soporifique, aérien et sacrément ennuyeux à certains moments, seuls les fans de tous âges (qu'ils sont beaux à voir ! auto-private-joke) se font absorber par ce courant d'Air.

The Arcade Fire pour conclure

Après avoir placé le chapiteau sous la coupe d'Eole, les Eurocks ont fait appel aux canadiens de Arcade Fire pour prendre la place de tête d'affiche du dernier jour (et du festival). Toujours inconnus auprès de mes services d'écoute (musicale), les Arcade Fire se présentent, radieux, parfaitement ajustés dans leurs jolis costumes et entourés d'un décor féérique. Sans frémir, la petite troupe joue sa pop-rock mention folk et je comprends que l'on se fasse séduire par Arcade Fire. Refrains enchanteurs, détails ciselés avec précision, le tout servi par des musiciens ravis de faire un petit tour outre-Atlantique. Juste avant minuit, je me dirige vers l'espace presse mais dernier jour oblige, il a fermé plus tôt. Pour ne pas avoir à endurer trop d'attente pour quitter définitivement les lieux, c'est avec Arcade Fire dans les oreilles et sur l'écran géant qu'il ne me reste plus qu'à attendre quelques minutes la navette technique. Je n'ai même pas pris le temps de passer au Bar des Bouleaux pour voir les quelques têtes à ressort qui y traînent et me voilà en train de quitter la presqu'île du Malsaucy. Une fois à la voiture, une pluie pas vraiment méchante parvient à s'installer et il ne me reste plus qu'à faire le chemin vers "la maison" (sans errance cette fois) et d'arriver à destination au petit matin, des souvenirs plein la tête.