Rendez-vous compte. Sept ans que je n'ai pas mis les pieds à Belfort pour son traditionnel festival musical de début d'été. Aléas de la vie, des ans et des envies, j'ai plus ou moins volontairement délaissé le fest' auquel j'ai le plus assisté dans ma courte vie, mais l'annonce des premiers groupes en début d'année a revigoré mon envie d'aller passer du bon temps du côté de la Presqu'île du Malsaucy.
Quinze jours après un week-end épique au Hellfest, et le temps de recharger les batteries (je n'ai plus vingt ans !) qu'il est déjà l'heure de se pencher sur la question des Eurockéennes de Belfort. Quatre jours, quatre scènes (plus des happenings ici et là), ni plus ni moins. Malgré une programmation en béton, nous laisserons passer, non par désintérêt mais pour des raisons purement logistiques, le vendredi et ses FFF, Nine Inch Nails (qui, de l'avis des festivaliers et pros croisés pendant le weekend, a sublimé le festival) et Prophets of Rage (décidément, je ne verrai jamais en "live" la mouture instrumentale de RATM). Le jeudi n'ayant de toute façon pas retenu notre attention, c'est donc avec conviction et détermination (et également bonne humeur) que nous prenons la route de Belfort samedi midi. Choc des générations, notre passagère Blablacar d'à peine 20 ans nous fait part de son intérêt (voire son excitation) d'aller voir et écouter Thérapie Taxi et Rick Ross (inconnus au bataillon de la famille Champi), alors que les doux noms de At The Drive-In et Queens Of The Stone Age n'évoquent quasi rien pour elle. On remettra les choses en place durant le trajet en passant quelques brûlots dans les enceintes, et on arrive à bon port en milieu d'après-midi.
Le temps de se garer (loin, loin, loin), d'attraper une navette (rapidement) et de récupérer nos pass en deux temps trois mouvements que nous accédons au festival au moment où les portes s'ouvrent. On constate que l'espace presse est réduit à peau de chagrin (il est loin, le temps où les conférences de presse s'enchaînaient et où l'on profitait du bus à impériale de notre ami Vincent Tsunami pour se connecter à notre média), et on apprend que le grand chapiteau est de retour. Très bien. On croise des copains, beaucoup de copains, et il est bien évident que nous allons profiter de cette belle programmation du samedi taillée pour les amateurs de rock.
Et on commence fort avec les locaux de Truckks. Le jeune quatuor (un seul est majeur) n'a pas froid aux yeux et va lâcher, 45 minutes durant, des missiles qui font mal. Biberonnés à un savoureux mélange d'Unsane et Virago, la noise décomplexée de Truckks fait mouche auprès des nombreux spectateurs présents autour de cette très belle scène de la Loggia postée dans un écrin de verdure. Le fan club du groupe est au premier rang, et les guitaristes iront se frotter en fin de set au public pour un stage-diving des familles pendant que le basse/batterie pulvérise la sono. C'est frais, galvanisant, et chanté (et hurlé) en français. Seul petit bémol : le groupe quitte la scène sans saluer un public acquis à sa cause, et reviendra sur ladite scène pour réparer cette petite erreur de jeunesse. À surveiller, en tout cas !
On laisse derrière nous la scène de la Plage (axée rap et électro sur ces deux jours) et on se promène sur ce joli site du Malsaucy, quelque peu abimé par les pluies qui sont tombées les deux jours précédents mais remis en état dans la nuit grâce au travail des équipes techniques. On croise les sonorités afro de BCUP sous le chapiteau, et on retrouve la scène de la Loggia pour aller saluer l'équipe technique de choc de cette scène (Jon, ex-Second Rate, Cyrille, Scam) et partager le verre de l'amitié avec le régisseur, Jean Loose, ex-Rebel Assholes. Puis on enchaîne avec le trio punk rock Touts venu d'Irlande du Nord. Savoureux mélange des Clash et de la scène punk rock californienne, le groupe balance sans artifice des brûlots pas toujours en place mais avec une belle énergie. Le groupe n'a rien inventé, mais la détermination et l'envie de Touts d'en découdre sur scène font de ce concert un très bon moment. Et encore une fois, il est à souligner que l'environnement de la Loggia est un atout pour ce style de concert vraiment rafraîchissant. Du coup, on y reviendra.
Mais pour le moment, nous allons boire un verre avec notre copine Gigi qui tourne avec les Queens Of The Stone Age en tant qu'éclairagiste. Et dire que je l'ai rencontrée au début des années 2000 alors qu'elle gérait le light de Sexypop et bossait également avec La Ruda Salska ! Que de chemin parcouru, donc, et un réel plaisir de la recroiser après tant d'années, pendant que Chronixx et son reggae (sans surprise et quelque peu stéréotypé) ambiance (et certainement enfume) la Grande Scène. On boit les paroles de Gigi avec des anecdotes savoureuses, et rendez-vous est pris un peu plus tard dans la soirée pour assister depuis la régie lumière au concert des Queens, sur son aimable invitation que nous n'avons évidemment pas pu refuser (enfin, on aurait pu refuser mais on n'est pas débiles non plus !).
Retour à la Loggia (décidément) pour le concert de Caroline Rose. Alors que nous atteignons notre but (à savoir une place correcte au milieu du public, pas trop près mais pas trop loin, bref, une place correcte quoi !), nous tombons dans un guet-apens en croisant des copains juste devant le bar. Et du coup, et ça peut paraître déconcertant, mais je prends un malin plaisir à écouter d'une oreille très attentive le quatuor sur scène tout en discutant avec passion et engouement avec Vava Rebel Assholes et Minmin Flying Donuts. On s'approchera tout de même pour les derniers titres et on applaudira de manière exponentielle cette artiste qui donne le cœur à l'ouvrage dans la pop acidulée et chaleureuse qu'elle présente aux Eurockéennes, et qui nous offrira en bonus une merveilleuse version de "Toxic" de Britney Spears ! Cheap mais très agréable. Un très bon moment !
Le temps de se restaurer (sans attendre des plombes devant le stand de pasta, quel bonheur !) et de se poser près de la Greenroom (le Chapiteau, pour les anciens !) que Superorganism envoie à la Plage. Nous n'aurons fait que passer aux alentours de cette magnifique scène (je garde encore en souvenir la fulgurante prestation de Kyuss Live ! il y a déjà sept ans) pendant notre séjour, et ce ne serait que mentir que de dire que nous avons un avis tranché et incisif concernant la prestation de Superorganism.
Il est l'heure de se positionner pour le concert très attendu de At The Drive-In. Encore un de ces groupes que j'ai écouté sur le tard, en tout cas pas à l'époque où ça a cartonné au début des 00's. Du coup, je suis curieux de voir ce que la version 2018 vaut sur scène. Les gars ont pris un coup de vieux, la folie des lives n'est plus ce qu'elle était, mais je ne doute pas un instant que la fougue musicale est, quant à elle, toujours vivace. Je fais remarquer à Tiff qu'une grappe de mecs relous, propres sur eux et sans gêne au possible, ne supportera pas trois morceaux d'affilée des Californiens. Le concert débute sous les acclamations du public, et j'aurais dû parier, car le groupe de relous n'aura tenu que deux morceaux. Il faut dire que le hardcore quelque peu déstructuré des Américains n'est pas forcément accessible du grand public mais clairement, j'ai du mal à rentrer dedans. Son brouillon et problème d'ampli pour un guitariste auront raison d'un début de concert poussif. La sauce a du mal à prendre, et ça sent le pétard mouillé. Heureusement, après le premier quart du set, ça se stabilise et les musiciens commencent à délivrer un set furieux et efficace. Ce n'est pas la grande folie dans le public, et j'ai bien peur que le début brouillon ait eu raison de l'ambiance pour le reste du concert. N'empêche que le groupe ne ménage pas ses efforts, et même si ça ne fait plus de pirouettes et autres cabrioles sur scène, l'ensemble ne fonctionne pas trop mal. La fin du set de ATDI correspondant avec celui de QOTSA, on quitte la Greenroom pour rejoindre la butte de la grande scène.
Enfin, pas exactement, car si tu as bien suivi, nous avons l'opportunité de suivre le concert depuis la régie lumière, et bien évidemment, nous honorons comme il se doit l'invitation. Gigi vient nous chercher, elle nous présente son assistante/stagiaire américaine et personnellement, j'ouvre grand les yeux sur le matos light. Car en plus d'assister à un concert exceptionnel (mais j'y reviendrai tout de suite après), j'ai décidé de m'attarder un peu sur le poste d'éclairagiste, en espérant que cela ne va pas te barber. Sinon, tu peux passer quelques lignes, mais franchement, ça peut t'intéresser. Pour exercer cette fonction au niveau amateur (mais sur des prestas qui ne le sont pas), je passe les deux premiers morceaux d'un concert (en salle, en club, en festival, en arena) à regarder le jeu de lumières, avant de me concentrer sur les musiciens et d'arrêter de me focaliser sur l'éclairage. Si bien que des lights efficaces et dans le temps et le ton (ou inversement) peuvent apporter un plus non négligeable. Le lighteux de Gojira est très fort. Ceux de Velvet Revolver, de Kreator et de Kvelertak aussi. En tout cas, ils m'ont fait passer de bons moments avec de la musique de qualité. Et il m'arrive même d'accrocher à un concert pour la lumière plutôt que pour la musique. Alors, quand ça clignote avec des lumières horribles comme pour Slipknot ou Korn, ça m'insupporte presque autant que la musique. Bref, tu l'auras compris, je porte une attention particulière à la lumière.
Assister au concert des Queens depuis la régie, en plus d'être à un endroit confortable, surélevé avec un son nickel, a été une expérience enrichissante pour le petit éclairagiste amateur, modeste mais passionné. Car j'ai pu comprendre comment un show d'une telle ampleur est façonné et "joué" en direct. Gigi joue dans la cour des grands, et elle fait ça avec autant de passion que de détermination. La puissance apportée par son jeu de lumières équivaut quasiment à un musicien supplémentaire sur scène. C'est juste... essentiel ! Tout au long du concert, Gigi fait corps avec sa console et envoie toujours au bon moment l'enchaînement de lights qui va bien. Bien évidemment, il y a un gros travail en amont (enregistrer les effets en début de tournée doit prendre un sacré bout de temps, sans parler de la créativité du light show), mais toujours une passion intacte à chaque morceau. À bien plus petite échelle, et je pense que Gigi comprendra ce que je veux dire, j'ai le même mode de fonctionnement qu'elle : une fois le concert commencé, "nous" sommes dans une bulle, concentrés à envoyer le bon potard au bon moment alors que les morceaux sont connus par cœur, et l'excitation est difficilement descriptible pendant le concert. Et une fois le show achevé, c'est un grand soulagement mêlé à l'excitation du travail bien fait qui prédomine. En tout cas, le light show envoyé par Gigi est juste monumental, et je me suis réconcilié avec la lumière des grosses pointures sur des gros systèmes qui ont souvent tendance à me décevoir. Gigi, turn the lights on !!
Et la musique dans tout cela ? Queens Of The Stone Age était en très grande forme et a honoré de fort belle manière son quatrième passage sur les terres et les eaux du Malsaucy. Set list hallucinante (avec un "Song for the deaf" en ouverture, difficile de faire plus lourd !!!), faisant la part belle à son nouvel album n'ayant pas fait l'unanimité ("Feet don't fail me", "The evil has landed") et bien évidement à ses méga tubes ("No one knows, "Sick sick sick", "Little sister"). Les musiciens jouent avec les structures lights verticales et amovibles sur scène (jusqu'à en foutre quelques-unes par terre !), Josh a le sourire et se révèle assez communicatif (surtout avec la sécu, à qui il ne manquera pas de rappeler qu'elle bosse pour lui ce soir, intervention complètement scandaleuse, mais dans l'actualité quand on pense à la polémique suscitée par l'explosion des coûts de sécurité dans les festivals qui faisait rage depuis quelques jours). L'interprétation est magique, le son est monstrueux (quand je pense que le sondier est tout nouveau !), et on apprécie d'autant plus le concert du fait de notre position privilégiée à la régie. Monstrueux je vous dis !!!!
L'envie d'aller voir et écouter Thérapie Taxi nous a effleuré l'esprit, mais on a préféré aller boire le verre de l'amitié avec les copains au bar du Boulot, the « place to be » des pirates du festival. On trinque avec nos amis (dont Minmin, Milou, et Franck Seven Hate/Portobello Bones) et on décide d'aller se coucher, non sans croiser le son post-punk de Viagra Boys dont je ne pourrais pas dire grand-chose car, comme je viens de le dire : "nous avons croisé le son post-punk de Viagra Boys" et il ne me viendrait pas à l'idée de chroniquer un concert d'un groupe dont j'ai seulement croisé le son, d'autant moins qu'il est post-punk. Allez, bonne nuit !
Dimanche : en bons seigneurs et vieux routards de festivals, nous avons dormi à l'hôtel à quelques kilomètres de Belfort, et avons passé une bonne nuit, même s'il manque quelques heures de sommeil. Le temps de dire bonjour à notre petite fille par visio que mon instinct m'incite à répondre à un double appel, chose que je ne fais pratiquement jamais. J'ai bien fait. Jugez-en plutôt. "Salut Guillaume, c'est Ephelide. Nous te confirmons ton interview de cet après-midi avec Alice In Chains. Rendez-vous à 16 H à l'espace presse". Ok. On rappelle vite fait bien fait la petite pour lui faire un bisou, et on analyse la situation : il est presque midi, l'interview confirmée n'est que programmée, car je n'avais pas de nouvelles d'une possible rencontre avec AIC depuis ma demande formulée il y a quelques semaines, et, bien évidemment, on a rien préparé. Je checke Oli pour travailler les questions, et Tiff se chargera de l'interview, son anglais étant imperfectible.
On a droit à 10 minutes, le responsable du label nous donne les grandes lignes de ce qu'il ne faut pas évoquer avec eux, et il s'avère que l'interview initialement prévue avec Jerry Cantrell et Sean Kinney, se déroulera avec William Duvall et Mike Inez. Nous avons passé un très bon moment avec ces gentlemen, très pro et qui pratiquent l'exercice avec beaucoup d'application, le tout au bord de l'eau dans un cadre idyllique. Je reste encore très surpris qu'un groupe de ce calibre accorde des interviews à des médias web. Respect les gars !
Les concerts commençant en fin d'après-midi, nous flânons sur le site, et allons assister au premier concert sous le Chapiteau. Pas mal de monde sous la Greenroom en ce dimanche ensoleillé, et c'est parti pour un bon moment en présence d'un chanteur, d'un batteur et de samples divers et variés. Le type est à l'aise sur scène. Vestimentairement parlant, c'est pas la joie, mais l'ensemble est assez distrayant et le rap/slam envoyé par l'artiste est tout à fait agréable. Je suis quand même surpris de l'accueil qui est réservé par le public à ce jeune homme qui doit habiter dans les quartiers de Belfort et qui a dû gagner un tremplin organisé par le département. Bah oui, Eddy de Pretto, jamais entendu parler moi. Bon, il s'avère que, renseignements pris après coup, il s'agit du troisième plus gros vendeur de disques du moment en France. Merde alors. nous sommes officiellement has been.
Nous décidons de nous rabattre sur la conférence de fin de festival où Président, Directeur, programmateurs et institutionnels sont présents pour tirer un bilan sur l'édition qui va (déjà) se terminer. Actualité oblige, l'ambiance est un peu tendue entre le Préfet et les organisateurs, surtout quand le journaliste de France Info attise les braises en questionnant les protagonistes sur la polémique des coûts de sécurité. Les Eurockéennes se font entendre en rappelant que l'économie des festivals (et donc des Eurocks) est fragile pour diverses raisons, et que l'explosion des coûts de sécurité viendrait à mettre en péril des festivals même implantés depuis trois décennies. Au rayon des bonnes nouvelles : le festival a encore battu un record de fréquentation avec 135.000 festivaliers sur quatre jours, 15.000 campeurs ayant planté leur tente, la prévention fonctionne bien, une édition 2019 à quatre jours et très peu de problèmes liés à la délinquance.
Nous rejoignons la Grande Scène pour nous positionner pour le concert de nos nouveaux amis d'Alice In Chains ! On se dit que ça ne serait pas mal de s'approcher un maximum pour profiter du concert, et il se trouve que le public est relativement clairsemé. C'est vraiment hallucinant pour un groupe de cette trempe (en même temps, il est 19H15, ce n'est pas un horaire pour ce monument du rock, bordel !). Mais ne boudons pas notre plaisir et concentrons-nous sur le concert. Pour les avoir vus quinze jours avant à Clisson, je me réjouissais d'assister à un concert béton, accrocheur et passionnant. Malheureusement, le début du show à Belfort est un peu poussif. Chaleur, fatigue, manque d'entrain dans le public ? J'ai l'impression que le groupe est un peu perdu devant une assistance qui, loin d'être indifférente, ne manifeste pas un enthousiasme exacerbé. La magie ne tardera toutefois pas à faire surface, et le groupe enchaînera pendant 75 minutes des classiques issus de tous ses albums (ceux des 90's et ceux du nouveau millénaire). La set list est un peu plus conséquente que celle du Hellfest, et je ne boude pas mon plaisir d'entendre, pour la seconde fois en deux semaines, la paire "Nutshell"/"No excuse", "Check my brain", "Your decision", et bien d'autres. Alice In Chains caresse le sublime, et "The one you know", le premier single issu de son album à paraître fin août, laisse présager d'excellentes choses. Jerry est imperturbable, et même quand il se force à communiquer, c'est toujours avec cette froideur déconcertante qui le caractérise tant. Le show s'achève avec la paire "Would"/"Rooster" et sous les applaudissements appuyés de l'assistance, non sans que Will ne balance, dans un français impeccable "et bonne chance pour la coupe du monde" ! Des pros, je vous dis.
On file sous la Greenroom pour le concert de Dead Cross. Le "supergroupe" métal comptant dans ses rangs Dave Lombardo (Slayer, Fantomas, Suicidal Tendencies) et Mike Patton (euh... Mike Patton quoi !) est également programmé aux Eurocks, quinze jours après un concert rageur au Hellfest. Je résumerai ce concert comme un show mêlant folie, fureur, bruit et anarchie sonore. Dave Lombardo, dès les premiers roulements, assure son rôle de métronome (même si avec l'âge, il commence à souffler un peu !) et Patton, qui commencera le concert avec une cagoule qui rendrait jaloux tout activiste du FLNC, enchaîne cris, hurlements et passages plus ou moins mélodiques. L'homme à la superbe chemise à fleurs ne fait pas dans la figuration, et son orchestre réussira à faire fuir au compte-goutte les festivaliers présents sous la grande tente. Il faut dire que le répertoire de Dead Cross est quand même réservé à un public, disons, "averti", et le métal distillé par le quatuor ne laissera personne indifférent. Fumée épaisse sur scène, lights peu inspirées et son de fou (c'est le sondier de Sleeppers et Suicidal Tendencies qui est à la console, ceci explique cela) caractérisent également le côté technique de ce set d'une heure mené tambour battant. Le clou du spectacle intervient quand Patton fait monter sur scène un jeune garçon prénommé Stanislas et qui ne pipe pas un mot d'anglais. Le pauvre jeune se retrouve coincé pendant un éprouvant morceau entre les bras de Mike Patton sans savoir que faire. À mon humble avis, le "jeune" est traumatisé à vie ! Programmer un groupe d'une telle trempe dans un festival devenu quelque peu "familial" était sacrément osé. Gloire à Kem et à son équipe d'avoir offert au public l'opportunité d'assister à un concert de grande qualité. Premier album oblige, le groupe complète le set avec quelques covers, histoire de terminer le concert avec la satisfaction du travail accompli.
On enchaîne sans répit avec le concert de Liam Gallagher. Bon, je ne vais pas maintenir le suspens plus longtemps, et vais répondre à la question que tout le monde se pose : oui, bien évidemment, Liam chante faux. Et oui, il porte sa parka et ses petites lunettes de soleil comme au bon vieux temps. Ceci exposé, que retenir de ce concert ? Que du bien finalement, car les pop rock songs du rejeton d'Oasis fonctionnent bien, et à l'image du premier morceau, Liam est bien une Rock 'N' Roll Star. Lumières blanches, musiciens au top, son agréable font de ce concert un bon divertissement. Rien à voir avec la déflagration sonore de Dead Cross, mais c'est bien de la musique calibrée et presque formatée, avec un zeste d'acidité, que les festivaliers sont venus chercher aujourd'hui. Des festivaliers qui en redemandent et qui réagissent au quart de tour quand les tubes d'Oasis sont joués en deuxième partie de set. L'écran central fait la part belle à Liam (avec parfois quelques images des musiciens), et c'est bien sûr autour de ce personnage qui chante faux que le concert s'articule. Un vrai moment rafraîchissant alors que le soleil se couche sur le Malsaucy.
Dernier concert pour nous avec Seasick Steve (Shaka Ponk "tête d'affiche" de la journée et jouant le dernier concert du festival, très peu pour nous). Le bluesman aux accents folk et aux soupçons de country a donné un showcase ultra privé pour quelques personnes (dont nous !) au bord du Malsaucy, non loin de l'espace presse, en plein milieu de l'après-midi et c'est avec joie que nous rejoignons la Greenroom où Seasick Steve est programmé. Le musicien américain au look de redneck est accompagné par un batteur et un second guitariste, et c'est clairement un choix judicieux des programmateurs d'avoir choisi cet artiste pour clôturer le dimanche du côté de la Greenroom. Avec ses guitares bricolées avec des ficelles en guise de sangles, l'homme à la longue barbe blanche, couvert de tatouages de taulard, fait clairement sensation auprès d'un public qui, tout comme nous, passe un excellent moment. Les hymnes blues s'enchaînent, et notre homme charme une spectatrice qu'il invite sur scène pendant l'intimiste "Walkin man". On tapote du pied en savourant chaque minute du concert, tout comme on profite des derniers instants de vacances au bord de la mer. La comparaison n'est pas excessive, car ce moment est appréciable et hautement apprécié.
L'ambiance a bien changé depuis la fin des années 90, mais c'est clairement avec d'excellents souvenirs que nous avons quitté les Eurockéennes. Et même si l'intégralité de la programmation ne nous était pas familière (et le mot est faible), les têtes d'affiche du rayon rock (bien évidemment, Shaka Ponk n'en fait pas partie) étaient de haute volée. Organisation parfaite, programmation éclectique et électrique, site exceptionnel magnifiquement mis en avant et équipes dynamiques font des Eurockéennes un festival avec qui je pense renouer les liens. Bravo !
Coucou, bisou et merci à Kem, Minmin, Vava, Milou, Lionel Seven Bones, l'équipe satanique de la Loggia (Medium, Jean-Loose, Jon), Ephelide et le service presse des Eurockéennes, Gil Clonmaire, Mike et Will Alice In Chains, Laurent BMG, Manon, Oli et bien évidemment ma chère et tendre Tiff.