Côté rock, on est passé par :

Cocoon à Dour (2009) Cocoon à Dour (2009) Joe Gideon & The Shark
Etrange de placer ce duo folk rock entre deux combos post hardcore sur une scène dédiée aux rugissements mais peut-être que s'ils avaient "ouvert" la journée, je n'aurais pas fait mon curieux... Assez dépouillée, la musique est somme toute assez sympathique et l'ambiance plutôt à la cool, dommage que le songwriting de qualité ne soit pas davantage mis en valeur par un véritable chant, Joe Gideon préférant en effet parler/chantonner que vraiment se lancer dans des mélodies. Résultat : après 3 ou 4 titres, ça en devient lassant et on va fouiner ailleurs...

Cocoon
Cocoon devait venir l'an dernier et avait du annuler... Malgré la préparation du nouvel album, ils ont tenu à venir cet été se présenter au public belge. Une bonne idée, depuis leurs débuts fulgurants, le duo s'est entiché d'un batteur, d'un bassiste multi-instrumentiste et de deux choristes/joueuses de cordes... Bien plus à l'aise face à la foule maintenant qu'ils sont rodés, les Cocoon déconnent et à la légèreté de leurs compositions ajoutent de l'humour, cela réduit la distance avec le public qui, sous le charme, s'exécute quand il faut chanter ou frapper des mains. En récompense, 3 nouveaux titres ("Sushi", "Comets" et "Baby seals"), une reprise ("Hey ya" de Outkast) et un invité (un voisin Valenciennois). Dommage qu'une partie du public ait quitté le "Dance Hall" juste avant le début du concert de Tryo car les Auvergnats méritaient une plus belle ovation.

Karkwa
La pop rock canadienne des Karkwa a envoyé quelques fraiches flèches dans nos coeurs, c'est doux, c'est bien ficelé, le son est bon, c'est très agréable et c'est avec le sentiment de se priver d'un bon moment que je les quitte pour rejoindre la grande scène où pour la première fois se produisent les Walls of Jericho, que certes j'ai déjà vu mais jamais sur cette immense scène...

Zone Libre
Des musiciens rock d'exception (Serge Teyssot-Gay guitariste de Noir Désir, Marc Sens bassiste ici mais guitariste entre autre chez Yann Tiersen et Cyril Bilbeaud ex-batteur de Sloy) associés à deux voix percutantes venus du hip hop, à savoir la très masculine Casey et un certain B. James remplaçant au pied levé Hamé (de La Rumeur), le projet était alléchant et sur disque bien plus excitant que la seule Zone Libre dont la démo instrumentale était assez abrupte... Sur scène, c'est un déluge de riffs et de rythmes et des textes -engagés évidemment- qui claquent, les mots sonnent et résonnent, le couple de rappeurs bouffe l'espace et dépense un maximum d'énergie ne nous laissant pas beaucoup le temps de souffler. Le temps du show, on se dit simplement que jamais en France le mariage du rock et du rap n'avait aussi bien fonctionné.

Ramon Zarate
Du stoner influencé par Hermano et Fu Manchu, c'est comme cela que l'on pourrait résumer les locaux de Ramon Zarate qui auront donné un chouette premier concert le samedi devant un public à demi-assoupi après une nuit de camping agitée. Les morceaux sont parfois directs, parfois plus spatiaux et progressifs. Les lunettes de soleil sont de sorties, un nuage de poussière se soulève. Le décor est planté. A redécouvrir.

O'Death
Les O'Death m'auront charmé instantanément avec leur folk un peu dingo que l'on pourrait rapprocher des 16 horsepower pour cette facette folk mais aussi le caractère habité d'un live qui cumule les atouts séduisants. Des moments calmes et des phases assez extatiques qui m'auront littéralement enchanté en prenant parfois des allures de grandes messes incantatoires. A approfondir absolument.

Deerhoof, ... Trail Of Dead
Deux groupes à l'identité très personnelle, c'est ce que l'on retiendra des Deerhoof et des ... Trail Of Dead que l'on ne connaissait pas tant que ça malgré une aura plus ou moins culte dans la sphère indie. Pop noisy escarpé pour les uns, rock aux tentations progressives avec des petits bouts de punk et d'emo pour les autres, ça sent bon la singularité à plein nez et on adore ça les groupes qui ne sonnent pas comme les autres. Promis, la prochaine fois qu'on les croisera, on aura plus de choses à dire sur eux...

Sleepy Sun
Une des nombreuses découvertes de Dour : le temps s'est arrêté dans les années 70, les Sleepy Sun font du rock psyché que l'on aurait envie d'affilier aux Black Mountain, le gras du stoner en moins. Les passages sur-trippants se succèdent avec une facilité déconcertante et il est vraiment facile d'adhérer à leur son si l'on est un tant soi peu ouvert aux recyclages bien foutus. On en redemande mais leur 3/4 d'heures de gloire à Dour sont hélas déjà terminés.

The Gaslight Anthem
Ils sont inconnus au bataillon (en tout cas le mien) et se payent déjà le luxe de la Last Arena : je vais voir les The Gaslight Anthem sans à priori aucun et ça s'est révélé plutôt reposant comme découverte. Ils m'ont fait penser à une sorte de Dropkick Murphys light, la crasse du punk en moins et une petite touche de soul en plus. La bande-son idéale pour siroter une bière allongé dans la pelouse en attendant un concert plus costaud.

65daysofstatic à Dour (2009) 65daysofstatic à Dour (2009) Gong
Dans un tout autre style, les mythiques Gong m'auront plu grâce à set aussi perché que captivant au travers d'une musique mélangeant rock progressif et jazz ainsi que des visuels très colorés à l'image de la pochette de leur album Angels egg. Malheureusement pour cause de programmation assez chargée, on a pas pu assister au live entier ("partir avant la fin", la formule consacrée ici bas...) mais c'était pour la bonne cause : aller applaudir les Dropkick Murphys et les 65daysofstatic.

65daysofstatic
C'est dans la Petite Maison Dans la Prairie que, pour leur 3ème passage à Dour, les 65daysofstatic ont posé leurs amplis, après deux passages très remarqués (Dour 2006 et Dour 2007), les anglo-saxons étaient attendus de pied ferme et la tente affiche "bourrée à craquer" à quelques minutes du début du concert... Et alors que ça semblait difficile, ils ont fait mieux ! Leur set-list n'est composée que de titres survoltés entre nouveautés et vieux tubes regonflés à bloc pour l'occasion. D'une intensité phénoménale, le concert rend fou, ça danse de partout, on fait n'importe quoi à peu près en rythme (bien avant le Kararocké et le Air Guitar) et on se défoule tout comme le combo, complètement ravi... Qui sait tenir une gratte en équilibre sur sa bouche par le manche ? C'est pas utile, c'est fou, mais c'est aussi ça 65daysofstatic ! Joe ne tient pas en place, Simon aligne les poses, Paul est habité par la musique et Rob explose ses baguettes... Joe termine par un slam mouvementé, on est rincé, quel putain de show !

Pet Shop Boys
Sans être forcément amateur de leurs vieux tubes electro-kitsch ("Go west", "West end girls" entre autres), je dois admettre que les Pet Shop Boys et leur chanteur sous hélium sont les acteurs d'un show vraiment divertissant sur la Last Arena surtout grâce à un aspect visuel très développé ou prennent places des formes cubiques mouvantes, des écrans colorés et de jolies danseuses aux mouvements synchronisés. Très sympa...

Ullmann kararocké
Le Kararocke ? Un karaoke version rock et avec un groupe qui joue en live, c'est pas idiot et comme les mecs sont des pros, c'est carément excellent. C'est joyeux, c'est bordélique, ça chante à peu aussi bien qu'à La Nouvelle Star, quand ça déraille de trop, le groupe rassure (et assure grave le reste du temps) et le public se marre, vient chanter ou prendre ses quelques minutes de gloire. En bonus, pour éviter les temps morts, Ullmann se déguise et vient reprendre de grands classiques pour que la température monte encore... Et cette performance a duré pendant 3h (jusque 5h du mat'), chapeau bas !

Petula Clarck, The Sedan Vault
Petula Clarck et The Sedan Vault, tu les connais déjà si tu squattes régulièrement nos pages. Les premiers ont donné un set tonitruant donnant en pâture la plupart des morceaux fulgurant d'Aye-aye-aye. Le chanteur/guitariste passe par dessus la barrière de sécurité pour aller jouer dans le public qui forme un cercle autour du géant (il fait au moins 2m) : un très chouette moment de rock'n'roll. Les The Sedan Vault auront livré un show à l'image de leur album, Vanguard : tout en pics d'intensités et The Mars Volta planant au dessus de leurs têtes. Ils joueront évidemment beaucoup de titres de Vanguard ("Cockney krazherz", "A rave to every home") et termineront le concert avec un final accompagné d'une vidéo très post-apocalyptique. Cinématographique et très très sympa à vivre/voir...

Petula Clarck à Dour (2009) Petula Clarck à Dour (2009) Madensuyu
Encore des locaux, ils sont de Gand, et vu le niveau, ce n'est pas nous qui allons nous plaindre. Les Madensuyu sont un duo guitare-clavier/batterie évoluant dans une sorte de pop noisy très énergique avec des formats de titres assez élastiques. Leur musique et le concert ont captivé la tente à demi-remplie pour cause d'heure matinale. Terriblement bluffant...

Malibu Stacy, Starving, Caribou, Stuck in the Sound, Bob Log III
Sur la grande scène, entre deux rayons de soleil, Malibu Stacy vient déposer sa pop et les variations de sa voix, jouant avec les sonorités de différents instruments pour nous éviter de faire la sieste, charmant et coloré, idéal pour un début de journée en festival...
Grosse déception avec Starving dont la chanteuse m'a rapidement insupporté, j'avais bien apprécié, à l'époque, leur Tout n'est pas rose mais entre temps, leur guitariste est parti et a emmené avec lui l'esprit rock qui trainait en filigrane. Vite, zappons.
Avec une disposition (deux batteries) et quelques sons qui me rappellent Tortoise sous cette même tente l'an dernier, les Caribou viennent présenter leur rock assez ouvert, malheureusement pour eux, le son de basse en façade est bien trop puissant pour qu'on puisse être touché par les finesses du reste, y avait-il quelqu'un derrière la console ?
Si tu veux te rabibocher avec les Stuck in the Sound qui ont pas mal déçu avec leur dernière galette, fonce les voir en concert car là, ils sont toujours au top ! Gouaille évidente, titres qui accrochent, grands sourires, espérons qu'ils gardent cette énergie et cette envie lors de leur prochaine entrée en studio...
Bob Log III est un habitué des festoches et le public du festival apprécie son blues rock old-school qui tourne pourtant un peu en rond. Seraient-ils hypnotisés par sa combinaison couleur or et son casque chromé ?

Boss Hog
Dernier concert rock en ce dernier jour de festival et pas des moindres puisqu'il s'agit de Boss Hog avec le couple, autant musicalement que dans la vie, Christina Martinez et Jon Spencer (du Jon Spencer Blues Explosion entres autres). La notion de couple est ici importante puisqu'ils le mettront en scène durant tout le show, feignant des mini-disputes et des mini-rabibochages : c'est plutôt mignon à voir et on devine en filigrane les frictions d'ego. D'ailleurs, même si Boss Hog est connu comme un co-projet, le sémillant guitariste/frontman figure en retrait par rapport à sa femme et tentera une poignée de fois de flirter avec les devants de la scène avant de rejoindre les autres musiciens : chassez le naturel... De ce que je connais de Boss Hog (l'album Witheout en 2002, très recommandable), ils joueront les morceaux les plus efficaces comme "Witheout", "Get it while you wait" ainsi que de nouvelles compositions qui augurent d'un futur disque plus rock délaissant cette facette groovy. Christina avait l'air plutôt stressée durant le show, se battant à multiples reprises avec son câble de micro tandis que Jon est l'incarnation-mêmede la coolitude absolue, nous gratifiant à plusieurs reprises de son électrisant "Ladies and gentlemen" qu'on imagine en amorce d'un "Beetlebottom" cinglant. Christina est la sensualité et a un joli grain de voix, Jon Spencer détient la dynamite du rock'n'roll dans les mains : le résultat c'est un concert plutôt sympa de rock-electro hybride avec un soupçon de groove dansant. Toutefois, on ne peut s'empêcher de penser que ça aurait pu être beaucoup mieux avec le truc qui fait que... Il est également fort possible aussi qu'après 4 jours de festivités, nos oreilles soient tout simplement un peu blasées...

Pour ceux qui préfèrent la disto à la disco, il fallait vivre ces concerts-là :

Drums Are For Parades
Ils sont trois, sont quasiment du coin (de Gand, comme les Madensuyu) et ont la lourde tache d'ouvrir le festival... Les Drums Are For Parades pratiquent une sorte de stoner/sludge mais un peu avec la même conception qu'Ultraphallus : avec des gros bouts de noise dedans. Le concert aura été un pur déluge de décibels sur-jouissives et une entrée en matière qui aura donné le ton, très élevé en qualité, du festival. On en reparlera surement bientôt de ces trois là...

AmenRa
Mass III + Mass IIII sur scène, ça fait pas loin de Mass VII ! En tout début d'après-midi, AmenRa a fait mal au ClubCircuit avec son show dense et percutant, moins sombre visuellement que lorsqu'ils jouent en salle, ça balance quand même du gros riff et de la saturation du début à la fin, c'est un sacré carnage dans les têtes ! Le chanteur, que l'on pourrait croire maladif quand il entre en scène torse nu se tourne face à l'écran où sont diffusés des images en noir et blanc, explose nos tympans et tente de survivre à la musique libérée par des musiciens complètement pris par ce qu'ils jouent, un tel rouleau compresseur pour commencer un festoche de 4 jours, c'est violent mais on adore.

Isis
Une fois nos oreilles complètement nettoyées par les groupes précédents (Drums Are For Parades, AmenRa, Meshuggah) , Isis pouvait entrer en scène, eux aussi on a beau les avoir déjà vu, pour peu qu'on soit fan de Wavering radiant (et je le suis), c'est mo-nu-men-tal. A chaque prestation, on vit quelque chose de plus fort et là, j'ai bien l'impression d'être passé dans une dimension encore jamais explorée ! Une classe impressionnante, une intensité telle que l'air est figé, l'amalgame entre titres plus anciens ("Dulcinea", "In fiction") et les nouveaux ("Hall of the dead", "20 minutes / 40 years", "Ghost key", "Hand of the host", "Threshold of transformation") se fait assez facilement tant le groupe sait entremêler les ambiances et passer de l'une à l'autre sans que l'auditeur ne comprenne quoi que ce soit. Aaron Turner maîtrise aussi bien le chant que sa guitare et centralise l'attention de nos esgourdes, nos yeux étant eux laissés dans la pénombre. Encore une grosse claque et la première journée du festival n'est pas terminée...

Killing Joke
Déception, c'est le mot qui résumera au mieux le concert des Killing Joke dont la réputation hors-norme créée sans aucun doute des attentes démesurées. Ce que l'on retiendra de leur concert à Dour, c'est qu'ils ont privilégié leur période new-wave (dont le mythique "Love like blood") au détriment du matraquage metal-indus que l'on aurait sûrement plus apprécié, que Jaz Coleman et ses sbires semblaient un peu usés, voir blasés (à l'image du guitariste qui avait l'air de littéralement se faire chier sur scène et dont le regard vide n'inspirait rien de vaillant). Très moyen pour un groupe de cette trempe...

Meshuggah
Suite à AmenRa, Meshuggah investit la scène de Club Circuit Marquee. Première constatation : pas d'amplis sur scène, tout passe par la console et dès les premières salves du groupe, on identifie tout de suite leur son si caractéristique à la basse saturée et creusée. Le début de set laisse la part belle aux extraits du dernier album Obzen avec "Electric red", "Bleed" puis "Combustion". Ces morceaux affichent réellement toute la technicité de Meshuggah, c'est quand même étonnant de ne pas voir les guitaristes afficher des signes de fatigue du poignet à la fin d'un morceau aussi éprouvant que "Bleed". Le set se poursuit sur l'exploration de quelques morceaux de Nothing dont "Rational gaze", "Stengah", qu'on apprécie pour son délicieux solo, "Straws pulled at random" et son outro en bouffée d'oxygène dans l'univers chaotique des Suédois. La fin de concert arrive déjà avec "Future breed machine" issu de Destroy, erase, improve sous les sermons d'une guitare talk box. La claque est magistrale, Meshuggah confirme son statut de rouleau compresseur ! Pour autant, 1 morceau ou 2 issus de Chaosphere n'auraient pas été de refus !

Sepultura
Sepultura! Sepultura! Sepultura! Le public est déjà chauffé à blanc quand le groupe entre en scène et leurs attentes seront plus que récompensées car les Sepultura livreront un excellent live sur la Last Arena : Paulo Jr impressionne par sa concentration et son application, Derrick par son envergure physique musculeuse et la variété de son chant, Andreas par la gnaque omniprésente qui imprègne les riffs du groupe et Jean Dolabella se révèlera être un remplaçant de luxe à qui-vous savez. Le résultat de ces individualités, c'est un groupe qui déboîte sacrément quand ils envoient du décibel enlive. Ils ne snoberont aucunes périodes de leur discographie en piochant autant dans les efforts les plus récents ("Sepulnation", "Convicted in life") que dans les albums cultes ("Troops of doom", "Territory", "Chaos A.d") qui achèvent d'enflammer une mèche qui ne demandait qu'a s'allumer. Je ne crois pas me tromper en avançant qu'une bonne partie du public n'était pas forcément venu pour ce Sepultura là et que beaucoup d'entre eux sont repartis ravis. Le challenge n'était pas forcément si évident et les Brésiliens ont conquis Dour avec une espèce de puissance sereine qui leur va infiniment bien. Chapeau !

the Dillinger Escape Plan à Dour 2009 the Dillinger Escape Plan à Dour 2009 Dillinger Escape Plan
Et le prix du groupe le plus taré revient à Dillinger Escape Plan : les Américains livreront sans aucun doute la prestation la plus explosive de cette édition 2009. On imagine les séances de recrutements chez les Dillinger Escape Plan : "groupe de mathcore cherche excellent guitariste, le brevet de cascadeur professionnel serait un plus". Bein Weinman et ses compères utiliseront l'espace de la scène au maximum, grimpant sur tout ce qui est à leur portée : dopé par l'adrénaline, celui-ci s'illustrera d'ailleurs au cours du set avec un joli saut d'un mur d'enceintes à la taille plus que conséquente et au rendu assez impressionnant. Le groupe explorera beaucoup de son Ire works ("Fix your face", "Lurch", "Milk lizard") et c'est tout à leur honneur : c'est une tuerie. Le groupe se fend également d'une reprise complètement sur-dynamité du "Wish" de Nine Inch Nails et les adjectifs qui nous viennent à l'esprit durant le show sont nombreux et souvent de l'ordre de l'extrême : violent, extatique, chaotique. Le répertoire récent des Dillinger Escape Plan ouvre parfois la brèche à des moments plus calmes ("Mouth of ghosts") qui leur/nous permettent de respirer et ou l'on voit que Greg Puciato excelle décidément autant dans le registre du chant hurlé que du chant très posé (ça vous rappelle quelqu'un ?). Les Dillinger Escape Plan nous auront mis littéralement sur les genoux ce soir-là et ont assuré leur statut de groupe incontournable dans la sphère des musiques barrés. Greg Puciato avouera d'ailleurs quelques jours après sur son twitter que le concert de Dour était peut-être l'un des meilleurs de leur tournée et que le public était complètement dingue. On a été vraiment très chanceux d'y être... On t'avouera que tous les groupes passés après Dillinger Escape Plan ont du subir leur concurrence et que ce n'est pas une mince affaire...

Cro-Mags
Belle claque les Cro-Mags en live dont les morceaux hardcore-crossover transcendé par une énergie intarissable d'un chanteur multi-tatoué m'auront scotché durant tout le set et dont le statut n'est clairement pas usurpé.

At Least We Try, Surge Of Fury, The Red Chord, Lionheart, Comeback Kid, All Shall Perish, Defeater
Sensiblement dans la même frange du matraquage hardcore avec des variations sensibles (relents death pour All Shall Perish, emo pour Comeback Kid, old-school pour Surge Of Fury etc.) et le même verdict : assez grisant sur les premiers titres grâce à une dépense d'énergie qui ne fait pas dans la demi-mesure mais toujours assez rapidement lassant...On snobe rapidement leurs sets respectifs pour aller voir quelque chose de plus atypiques comme les Defeater qui m'auront tenu en haleine avec leur hardcore new-school assez décalé : le chanteur du groupe à l'allure de bonne élève vient d'abord seul avec une guitare acoustique pour délivrer une pop song rageuse puis le reste du groupe vient le rejoindre pour entamer un set électrique dont le ton, assez original et désenchanté, m'a bien plu.

Rolo Tomassi
Chez Rolo Tomassi, l'originalité n'est pas le problème avec leur hardcore new-school qui ressemble à du Converge saupoudré de Fantomas : les intentions sont bonnes, il est juste dommage que ça sonne comme un collage sans saveur. On zappe rapidement en ayant l'impression d'avoir déjà fait le tour de la question en deux-trois morceaux... Et ce n'est pas la chanteuse pour le coup totalement décalée, dotée d'une mini-mini-mini jupe et d'une chorégraphie aguicheuse qui va nous retenir plus longtemps...

Walls of Jericho
La vie de Walls of Jericho est cadencée, quasiment écrite d'avance et aussi régulière que le click de la batterie : on compose, on va en studio, on fait une tournée qui passe par Dour. Après deux passages sur la scène hard-core (en 2005 et 2007), il y avait un nouveau défi en cet été 2009, faire exploser la Last Arena, une scène gigantesque avec un public nombreux qu'il va falloir faire bouger... Pas évident ? Tu parles... Il n'a pas fallu la fin du premier riff pour que la plaine de la Machine à Feu saute et se prépare à un très gros circle pit, Candace et sa voix, son langage de charretier met dans sa poche tout le monde, y compris les moins brutaux des amateurs de musique, ça gueule, ça dénonce (les Etats-Unis pour changer), ça envoie des "fuck" à tout va, ça réclame des circle pit "bigger motherfucker" et ça défonce Hadopi en quelques secondes "procurez-vous notre CD, téléchargez-le, copiez-le, volez-le, on s'en tape du moment que vous l'écoutez !". Ultra carré, ultra efficace, les Walls of Jericho ne se renouvellent pas beaucoup mais survivre à leur show est toujours un bonheur alors, rendez-vous en 2011 !

Gojira à Dour (2009) Gojira
Gojira n'avait qu'une petite heure pour assurer son set et a préféré éclipser quelques titres de son dernier opus plutôt que des titres un peu (voire beaucoup) plus vieux ("The heaviest matter of the universe", "Backbone", "Love", "Clone", "Flying whales"...), le public massif (alors qu'il pleut et qu'on est sur la scène reggae comme le rappelle Joe) peut crier sa joie... D'autant plus qu'on a tout de même le meilleur de ce dernier opus qui nous est livré en live ("Oroborus", "A sight to behold", "The art of dying", "Toxic garbage island" et "Vacuity" si je ne m'abuse) avec le traditionnel petit solo de batterie. Les frenchies qui sont en train de mettre à genoux les ricains rappellent qu'ils sont là pour la quatrième fois (Dour leur a toujours fait confiance) et surtout qu'ils sont heureux de participer à nouveau à un grand festival qui a "les couilles de mettre un groupe de métal sur une grande scène", pouvait-il en être autrement ?

An Albatross
Voisin dans la musique et les intentions d'un Dillinger Escape Plan, les An Albatross auront aussi laissé une excellente impression à la Magic Tent avec leur hardcore chaotique teinté de touches psychés au travers d'un orgue que les The Doors n'auraient pas renié. Leur show est très fulgurant, on a parfois du mal à tout suivre un peu à la manière d'une scène de film qui se déroule trop vite et que l'on re-visionnerait volontiers au ralenti. Armé de son plus beau t-shirt Mickey (celui de Disney, pas Rourke), c'est leur frontman qui s'illustrera comme une sorte d'Iggy Pop dans une version extrême dopée aux amphétamines. A suivre incontestablement. (note pour plus tard : jeter une oreille sur Blessphemy (of the peace-beast feastgiver and the bear warp kumite) sorti en 2006).

Murphy's Law, Heideroosjes, Dropkick Murphys
Si il y a un style de musique qui a rencontré un succès conséquent durant l'édition 2009 de Dour, c'est bien le punk avec 3 groupes qui ont triomphés avec des arguments sensiblement similaires. Les Murphy's Law ne brillent pas par leur originalité mais le frontman imposant compense avec un bagout digne d'un requin d'HEC pour emballer le public ni vu ni connu et comme en plus, il le fait avec énergie, c'est vite contagieux, le public est conquis, nous aussi. Chaque introduction de morceau est pour lui l'occasion de célébrer tout ce qu'il aime : la Belgique et ses bières, les drogues douces et les filles dans un vocabulaire moins châtié. Les Heideroosjes sont hollandais mais c'est comme s'ils jouaient à la maison avec un répertoire qui distille un punk-rock somme toute assez basique mais plutôt sympa en terme d'énergie dépensée tandis que les Dropkick Murphys qui jouissent d'une popularité sans précédente (une forêt de T-shirts habite le festival) enflammeront la Last Arena grâce à leur punk celtique fédérateur et comme en plus, le public a l'air de connaître leur répertoire assez bien, cela donne un concert vraiment excellent en terme d'ambiances. Le punk et Dour : c'est du terrain conquis et une histoire d'amour qui dure.

Et comme il y en a pour tout le monde, voilà ce que tu pouvais trouver aux rayons électro/hip hop et autres... :

The Qemists
The Qemists "live" annonçait le programme et après avoir vu ce que ça donne sur scène, on se demande comment ils peuvent jouer dans d'autres conditions ! Certes le batteur, le bassiste et le guitariste n'ont pas vraiment d'allure et se tiennent en retrait des deux explosifs membres qui sont sur le devant de la scène mais au moins ça ressemble à quelque chose, la chanteuse survitaminé et son comparse au micro devant des bandes sons, ce serait du gachis... La Petite Maison Dans La Prairie a remué son popotin avec ardeur tout au long d'un show dance et rock, ça bougeait dans tous les sens et il n'a pas fallu attendre trois titres pour qu'on soit tous mis à genoux, en même temps, c'est la demoiselle qui l'avait demandé...

Igor Cavelera (Mixhell) à Dour 2009 Igor Cavelera (Mixhell) à Dour 2009 Joker
Jeudi soir sous la Magic Tent se produisait Joker, apparemment jeune valeur montante anglaise du Dubstep. Un style qui se démarque chaque année un peu plus sur les scènes de Dour. La musique de Joker est dynamique et fait l'honneur aux basses bien rondes. Un mix habilement mené et quelques ralentis de tempo tout aussi remarquables ont enchanté la Magic Tent. Et permet par ailleurs de se reposer des assauts métalliques subis en début de journée.

MSTRKRFT
Petit détour par MSTRKRFT, duo de djs d'electro branchée, annoncé comme fils spirituels de Daft Punk. arrivé aux moments de beats plutôt conventionnels, la magie ne prend pas malheureusement pas. peut-être à ré-écouter d'en d'autres circonstances.

Mixhell
Etudier la prog' de Dour, ça prend du temps, parmi les 200 artistes, y'en a forcément un paquet qu'on ne connaît pas, alors quand on peut, on surfe sur le site officiel et on butine à droite à gauche les morceaux que proposent les combos inconnus... On fait ça jour par jour histoire de se faire un programme alternatif et de combler au mieux les petits trous dans l'emploi du temps. Tout ça, ça prend du temps et quand on arrive au bas de la liste, les mecs qui jouent à 2h du mat, on zappe en se disant que ce sont certainement des DJs trucs machins... Alors quand après le concert de Gojira, on me demande si je vais voir Igor, le frère de l'autre (Max pas Grichka !), je crois à une blague... Mais non, derrière Mixhell se cache bien le batteur originel de Sepultura et de Cavalera Conspiracy ! Et il se ramène avec sa batterie et sa copine avec qui il mixe de vieux tubes techno/dance/rock plus ou moins récents et plus ou moins bons (entre Snap et AC/DC !). Soit il s'amuse à donner le rythme, soit il bidouille mais dans les deux cas, c'est plutôt sympa...

Fuck Buttons
Fuck Buttons est un duo électro/noise de Bristol. Leurs influences sont diverses et variées: du noise au pop, du cacophonique au mélodique. Sur scène, leurs morceaux sont très progressifs et prennent le temps de construire les mélodies, sur des variations légères. Mais en parallèle s'installent des vrombissements de basses qui s'intensifient et finissent par vous submerger comme une lame de fond déferlant sur les rivages.. Bref, je ne m'attendais pas à cette palette d'émotions derrière le nom de ce groupe.

Crystal Castles
Crystal Castles est un duo électro-quelque chose de Toronto : un mec aux machines et une nana qui braille. J'avais eu un aperçu du groupe dans la série Skins ou ils apparaissaient dans un épisode : c'était déjà plutôt crispant comme une craie qui grince sur un tableau et en live, c'est encore pire...La tente est bondée, le public a l'air ravi. Je résiste un morceau, puis d...en fait non. Les Crystal Castles confirment l'adage inventé par mes soins "Si c'est hype, c'est nase". Concert suivant.

y'a de l'ambiance à Dour ! y'a de l'ambiance à Dour ! Five Elements of Hip Hop
5 heures de hip-hop de 22 heures à 3 heures, même si les ambassadeurs Mix Master Mike (Beastie Boys), DJ Muggs (Cypress Hill), DJ JS-1 (Rock Steady Crew), Mr Wiggles (Rock Steady Crew) & Rahzel (The Roots), sont plutôt intéressants, la programmation des autres scènes (Boss Hog, Aphex Twin) fait aussi concurrence. Impossible donc de rester pendant tout le set... Chose heureuse, les deux djs les plus connus de la sphère rock commencent en premier. Pour chauffer la tente Dance Hall, Mix Master Mike se donne à cœur joie de nous balancer pêle-mêle des samples issus de "Smells like teen spirit", "Purple haze", "Killing in the name" pour n'en citer que quelques-uns parmi les sons des Beastie Boys... le tout est quand même assez expéditif et aurait pu faire preuve d'un peu plus de finesse. Même principe observé par Dj Muggs qui nous laisse savourer les basses languissantes des hits de Cypress Hill ("I want to get high", "Rap/Rock superstar")... c'est un peu moins speed que Mix Master Mike... forcément ! Ah nostalgie quant tu nous tiens...

Jamie Lidell
Jamie Lidell, c'est l'artiste qu'on allait éviter soigneusement mais qu'on est allé voir car on nous a dit qu'il était génial et parce que nous sommes des chroniqueurs consciencieux au possible (on ne se marre pas au fond... ). Le verdict : parfois ça ressemble à du Beck qui s'essaie à la disco-électro branchouille comme sur Midnight vultures, parfois ça sonne comme du Marvin Gay en mode "love love" ou la bande son pour enfin conclure auprès de la donzelle que vous convoitez depuis des lustres. Easy-listening et sympa sur deux-trois titres, sur la longueur, plutôt très moyen... On aura au moins fait quelque chose de constructif en attendant Boss Hog.

Aphex Twin + Hecker
L'autre grosse déception du festival avec Killing Joke. Des platines vides et un écran géant qui diffuse des images, c'est tout ce qu'il y a de visible sur la Last Arena lorsque la musique commence à retentir. Et Richard D. James? Il est ou dans tout ça ? Que dalle. Et coté musique, ce n'est guère mieux : le début du set flirte avec une sorte de lounge insipide. L'ennui aura eu raison de notre fatigue, on lui a laissé 25 minutes pour nous convaincre et il a échoué. Après enquête de ma part, il semble que monsieur soit agoraphobe et qu'il était caché derrière l'écran géant durant tout le set. Il semble également que le début assez mou soit à incomber au DJ Hecker et que le live a gagné progressivement en vigueur. Tant pis pour nous.

Venetian Snares
Pour clôturer Dour, le rendez-vous est donné dans Club Circuit Marquee avec le prodige canadien Venetian Snares. Comme à son accoutumée, cette pointure du breakcore nous livre un set chaotique mais toujours avec le sens du détail et au tempo survitaminé... à 3h00 le lundi matin, on voit les festivaliers purger leurs dernières réserves d'énergie (mais j'en ai vu tricher, pas bien !). Pour seul moment de répit, on savoure le magnifique breakcore symphonique de "Hajnal" avant de repartir sans concession pour un ultime assaut de furie... allez, on déstocke aussi les derniers tickets boissons et Dour 2009, c'est déjà fini !!!