Dour 2000 Dour 2000 Jeudi 6 juillet
Ce premier jour, ensoleillé, est dédié aux musiques électroniques et c'est Tom Barman (dEUS) qui fait le DJ pour lancer le festival. Rien de passionnant, le public se prélasse dans l'herbe, quelques allumés fluo dansent devant une scène vide. Puis arrivent les Mexicains de Titan et leur musique électronique jouée par de vrais instruments ! Le trio pop électronique est agréable à écouter, mais lassant, heureusement la fin de leur set prend une dimension industrielle terrible et vraiment entrainante, dommage qu'il faille attendre tant de temps... Retour aux platines avec Jacques Lu Cont, évadé des Ryhtmes Digitales, pour nous passer des standards délavés. Il fait beau, le temps de manger une glace promotionnelle et Rinôçérôse investit la large scène (Red Frequency Stage). Et là, grosse claque, je savais que ce collectif était un excellent "groupe" de scène mais alors à ce point-là !!! L'union TechnoRock est parfaite et la foule se densifie devant les chaudes sonorités des Montpellierains. Derrière eux, le mur d'images suit le rythme, mesuré, effréné, emballant, distordant. Excellent. Seul regret, le concert a lieu en plein jour, de nuit avec des tonnes de light, ça doit donner encore plus. Cet avantage est laissé aux Superfunk dont les daubes commerciales sont imbuvables, qu'est-ce qu'ils foutaient là ? Enfin, à Dour, si on n'aime pas, on change de scène, "cassos" !

Vendredi 7 juillet
La pluie et les mauvaises nouvelles tombent, Sergio Vega, The Damage Manual et One Minute Silence ne joueront pas à Dour. Les Zythum eux n'auraient annulé pour rien au monde, ils jouent sur la scène pop-rock "La petite maison dans la prairie" puis comme c'est l'heure du (petit) déjeuner, ils distribuent du jus d'orange. Changement de registre ensuite avec Watcha sur la grande scène, la "Last Arena", qui comme à l'accoutumée assène un set terrible, et nous gratifiant d'une ébauche de morceau à paraître sur le futur album ! Ca valait le coup de rester sous la pluie !!! Ensuite je cours m'abriter et adorer Dionysos sous la Petite Maison... Même sur une jambe, Matthias est une bête (à bon dieu) de scène, innarrêtable, ils continuent a capella et à l'harmonica le concert alors que le son est coupé. Merci Dionysos. Sur la "Cannibal Blue Stage", réservée au skate core, De Heideroosjes assure un set correct, mais qu'il faut relativiser quand on sait ce qui se passera ensuite. La suite, c'est justement, après un très bref passage par Campag Velocet qui arrive à cumuler tous les défauts d'Oasis sans écrire de belles chansons, un peu de folie "néo-punk", j'ai raté de peu les Burning Heads mais la grande scène est à nouveau investie par de jeunes punks, les Janez Dedt qui assurent au pied levé le remplacement de One Minute Silence (!), comme ils réservent leurs chansons pour leur concert qui suivra sur "La Cannibal", ils demandent au public d'établir la set-list, ils se transforment en juke-box ou chaque chanson vaut 100 FB (15 FF), et à leur sauce passent les standards des Village People, Pearl Jam, MetallicA, ... Dour 2000 Dour 2000 De l'autre côté, sur la "Red Frequency", la Ruda Salska fait oublier la bruine, partout la fête bat son plein. Dans un cadre magique, celui du bien nommé "Magic Mirror", Flexa Lyndo entâme un concert dans la pénombre et au plus proche d'un public déchaîné. Mais, pour rien au monde, je ne veux rater la deuxième prestation du jour des Janez Dedt qui sur "leur" scène vont jouer leurs morceaux, le public les connaît et c'est une démonstration à laquelle j'assiste, les flamands connaissent parfaitement leur style et les Blink 182 et autres Green Day n'ont qu'à bien se tenir !!! Les Fishbone tentent aussi par leur musique chaleureuse de faire oublier le mauvais temps mais c'est Fantomas qui va tout nous faire oublier. Le groupe de Mike Patton (Faith No More), Dave Lombardo (Slayer) et de deux zicos extraits des Melvins et de Mr Bungle vont scotcher tout le monde. Indescriptible, leur show est un patchwork de passages impromptus alternant joutes death metal à slow Collinsien, assez ahurissant, tout le monde reste pour savoir sur quoi ils vont enchaîner aprés 12 secondes de brutal métal qui suivaient 24 secondes de ballade... Certains n'ont toujours pas compris. C'est à tout autre chose que nous avons le droit avec An Pierlé et son piano, parfois renforcé de violoncelles. Une voix, une ambiance, qui là aussi m'ont subjugué. Telle une sirène, elle emprisonne par son chant ceux qui s'approchent trop près. C'est beau. Comme dans un rêve. Et encore un changement total avec les Shelter et leur set démentiel où les filles sont invitées à prendre leur revanche sur les garçons en slammant de partout. Cette "Cannibal Blue Stage" est vraiment excellente, le contact avec le public est total, pas de barrière et même une avant-scène prévue pour lancer les stage divings, que demande le peuple ? Les straight-edge ne se posent pas de question quant à la dépense d'énergie et on se sent tous un peu "loosers" =;-) Enfin, pour finir en beauté, rien ne vaut une visite à Jurrassik Park, et oui, c'est Motorhead qui se donne en spectacle sur la grande scène...

Samedi 8 juillet
En ce samedi pluvieux, toute notre attention se porte sur un seul homme, Jonah. De sa Californie ensoleillée où il jouait avec Far, où il jam avec les deftones, il arrive avec sa guitare, un sac et son inséparable R2D2. Sa vie faisait de lui le personnage central de la journée, sa musique et son projet solo Onelinedrawing ont fait de lui l'évèmenement du week-end. Seul sur la Red Frequency, il chasse les nuages le temps de nous livrer ses compositions oscillant entre Weezer et Radiohead, des reprises de Sade, des deftones, un titre a cappella exigé par un public déjà bien présent. La journée commence sous les meilleurs auspices. Alors que Jonah descend de la scène pour vendre à leur juste prix ses albums et ses TShirts, il faut penser à la suite de la journée et surtout ne pas manquer le show des LTNO qui encore une fois auront laissé des traces dans les esprits de ceux qui ne s'attendaient pas à un tel déluge métal indus. Le concert des Mud Flow est nettement plus calme, la pluie menace de nouveau, le groupe belge et sa pop simpliste et néanmoins efficace ne l'empêchera pas de sévir à nouveau, la fin très enjouée du concert de Yo La Tengo n'y fera rien non plus. Le soleil est à Tahiti 80, sous une tente... Là les Rouennais, à l'instar de Dionysos la veille, démontre tout le talent de la scène indé en France. Le Damien Saez qui suit, avec "son groupe" est nettement moins convaincant, aprés avoir repris du U2, il s'essaye lourdement à du Pink Floyd, sacrilège, je préfère aller décrypter Das Ich. La nuit n'est pas encore tombée mais c'est tout comme, le chanteur s'est roulé dans la boue, il a pas du avoir trop de mal à en trouver... par contre, c'est l'intérêt que je ne trouve pas... Quelques encablures plus loin, le gros rock de Fu Manchu fait merveille. Tu n'as pas vécu l'époque de Black Sabbath et de Led Zep, pas de problème, Fu Manchu est là et cette plongée dans le passé est plus qu'agréable. Fu Manchu marque des points dans toutes les générations, bravo ! Sous le Pionner Dance Hall sont diffusés des courts-métrages, "le festival de Kanne de Dour", des films de beauf, réalisés par des beaufs, avec des scénars carambar, joués par la famille, quelques minutes suffisent pour comprendre qu'il y a forcément mieux ailleurs. Hum, juste à côté c'est Einsturzende Neubauten et ce n'est pas là que l'ambiance se trouve, malgré un nombreux public, attiré par la douceur du temps sec. Non, en cette fin de journée, la folie de Dour s'est donnée rendez-vous au concert des Agnostic Front, sur la scène surchauffée par les Skarhead et autres Madball, le public fait autant le show que les Hard-Coreux. Une bonne suée et on va se coucher.

Dour 2000 Dour 2000 Dimanche 9 juillet
Malgré l'heure "matinale", il y a déjà pas mal de monde pour assister au show de La Bestia, tous se donnent à fond pour le public qui réagit plutôt bien et est même bien chaud pour le "duo" avec GRem, chanteur de Masnada, sur "La pensée uniforme", il faut bouger ! A l'aller et au travers des étendues de boue, j'avais pu entrevoir la nudité du trio rock Typ Top Taylor, le seul truc qu'on retiendra, au retour, un autre trio, De Bossen me charme autrement, avec du gros rock qui fait irrémédiablement penser à L7, à moins que ce ne soit la présence féminine au sein de ce groupe à suivre... Encore des filles mais là, sur la grande scène avec Sleater Kinney face à des trombes d'eau et quelques quidams imperméabilisés. Dommage que si peu de monde ait profité de leur set... Même problème pour Sheila Divine dont la musique se laisse écouter sans trop de mal. Mais l'appel de la Cannibal Blue Stage est plus fort, Pleymo va y livrer un de ses meilleurs concerts, le groupe a gagné en expérience et frakasse un peu plus chaque fois. Le public fout le dawa sous la tente et est récompensé par la découverte d'un nouveau morceau ! Juste aprés c'est une bande de jeunes déguisés en "racaille du quartier" qui prend possession de la scène, L'Esprit du Clan en live, ça se résume à 3 gros accords et des gens en survét' blanc qui sautent partout. Ca va bien 5 minutes mais aprés 3 morceaux (?), une bonne inspiration me conduit à retraverser le site pour le concert de Venus. Contrebasse, guitare accoustique, mandoline, le quatuor joue avec les instruments et sert une pop teintée de rock qui séduit toute la grande scène malgré la pluie toujours bien présente... Une très bonne prestation, certes en terrain conquis, qui fera regretter à certains de ne pas avoir vu Venus en live plus tôt... Le temps pourri, la boue et la fatigue m'empêchent de suivre le programme que je m'étais fixé, Lenght of Time et les black métalleux de Marduk ou Immortal en font les frais. Tout comme Zita Swoon et ses déguisements, est-ce une overdose de pop belge ? En tout cas, je ne supporte guère leurs accoutrements et leurs sonorités. Ne reste alors qu'à voir, entendre et sourire avec les Louise Attaque. Aprés leur annulation en 98, les Louise sont attendus de pied enlisé sur le site de la Machine à Feu et les Louise offrent un concert d'anthologie. Durant plus d'une heure et demi, ils vont jouer leurs morceaux avec décontraction et bonne humeur. Gaetan se permettant même de charrier le public "vous pensez qu'en 98, on n'était pas venu à cause de la finale de foot ? ... Vous avez raison !" Le public surchauffé se partage entre cris et perplexité, "nan, on déconne, Léa ..." et le morceau est déjà commencé. La voix féminine des Louise fait son apparition pour un titre exceptionnel, Arnaud s'essaye au "piano-flûte" (?), Gaetan casse une corde et continue de jouer de plus belle, insensible aux pitreries de ses comparses hilares, le public réclame "la guitare" puis "le chanteur". L'ambiance est vraiment extraordinaire, à des kilomètres de celle des Eurocks 98. "Là-bas" des Noir Désir est également de la set-list, le public jubile. Si les Louise avaient quelque chose à se faire pardonner, ils l'ont fait de fort belle manière, comme ils n'avaient rien à se faire pardonner, ils ont livré ce qui restera certainement un de leurs meilleurs concerts de l'année. C'est sur ces notes de plaisir partagé que s'achève le festival de Dour, un festival que j'ai bien envie de découvrir sous le soleil...