Big Day Out = 20 ans. Plus vieux que le W-Fenec lui-même, le festival de musique majeur de l'hémisphère sud fêtait son vingtième anniversaire. Impossible que ce vieux fenec en soit ? Pas sûr, enfin pas tout à fait. Du coup, on a dépêché en envoyé spécial sur la date principale du fest'. Oui, on est comme ça nous. Petit récit de l'aventure.
Il y a des festivals qui ne font pas beaucoup de bruit de l'autre côté de la planète (et notamment pour les lecteurs européens du W-Fenec) mais qui soufflent pourtant leurs vingt bougies. En même temps, c'est le monde à l'envers ici : pendant que l'hémisphère nord passe sous la tutelle de l'hiver, l'hémisphère sud se positionne sous le sunshine des tropiques (oui, fallait l'oser celle-là). Et depuis 1992, un drôle de festival arpente les routes de l'Australie (et de la Nouvelle Zélande). Il s'agit du Big Day Out qui fait danser l'ensemble des grandes villes du Pacifique Sud (Auckland, Brisbane, Gold Cost, Sydney, Melbourne, Perth). Il ne va sans dire que chaque année le niveau monte toujours d'un cran pour arriver aujourd'hui à ce qu'il est devenu, c'est à dire un grand événement. Pour cela, l'équipe de W-Fenec a dépêché un envoyé très spécial pour couvrir la plus grosse date de la tournée, celle du 26 janvier, se déroulant à Sydney et qui s'annonçait juste cataclysmique. Les têtes d'affiches font rêver et si on ajoute à cela la fête nationale australienne, on obtient un mouvement de foule de plus de 250 000 personnes. Oui Monsieur !
L'ambiance est à son comble. Nous sommes en plein milieu de l'été et la chaleur torride qui règne en ce moment s'affiche à travers l'ensemble des mini shorts et légers hauts que porte l'ensemble de la gent féminine dans l'enceinte du Park Olympique. Un stade comprenant deux scènes, un hangar de plus de 1000m², deux scènes extérieures, un village de fastfood et de boutiques, sans compter les nombreuses attractions qui habillent l'ensemble du site. Nous sommes véritablement dans un autre monde où la bière coule à flots ininterrompus ainsi que la boisson officielle de la tournée, à savoir un mélange chimique de vodka et d'ananas.
Parmi les artistes présents en cette belle journée, le choix se fait assez rapidement et les concerts s'annoncent démentiels surtout du côté de la scène principale disposée dans le stade. Des groupes australiens ouvrent le bal mais c'est à 15h que l'artillerie lourde est lancée. The Living End arrive sur scène pour un show de quelques quarante cinq minutes. Chris, Scott et nous délivrent un set puissant qui illustre l'ensemble de la tournée de leur dernier opus The ending is just the beginning repeating. Le trio ne fait pas dans la demi-mesure à l'image de Scott malmenant comme il se doit sa contrebasse. Il ne sera d'ailleurs pas le seul vu que par moment Chris s'en sert comme un escabeau pour dominer l'ensemble de la foule. "Song for the lonely" fait monter la sauce, le public danse et reprend en chœur tous les classiques de la formation tels que "Machine gun" ou encore "Prisoner of society". Néanmoins, les australiens ne n'arrêtent pas là en nous offrant une reprise punk de l'hymne national local avant d'enchainer avec la reprise de "Breed" de Nirvana. L'euphorie est là et le show touche bientôt à sa fin. Le public est désormais chaud comme la braise.
Pas le temps de souffler que déjà sur l'autre scène My Chemical Romance prend place. Et les dilemmes commencent à se faire sentir car au même moment OFWGKTA ainsi que Miss Kittin se trouvent dans la Purple Zone (le fameux hangar de 10000m²). Sous ce soleil de plomb, l'appel de la bière se fait sentir mais dans la fosse l'accès des bars est limité, tant pis pour nous. Une heure plus tard, c'est à Kasabian de retourner le stade. Dans la fosse, la foule est prête pour accueillir les anglais qui reviennent une nouvelle fois ici mais pour défendre cette fois-ci, Velociraptor !, leur nouvel album. La bande de Tom Meighan inaugure le set avec "Days are forgotten" avec un intense plaisir à l'image d'un Sergio Pizzorno en mode "John Lennon hippie sur le retour" et d'un Tom qui nous fait de plus en plus penser à Dave Gahan (Depeche Mode). Les grands titres se succèdent sous les acclamations de la foule. Puis surgit "Underdog" où l'ambiance explose pour laisser place à une hystérie générale. Le public australien est aux anges et ses interactions avec la foule sont de plus en plus flagrantes. Il faut dire que Kasabian a 45 minutes pour mettre le feu avant l'arrivée des deux têtes d'affiches de ce vingtième Big Day Out. Et ils ne s'en privent pas avec l'immense "Club Foot" et "Re-wired". Le set est puissant et le final arrive à grand renfort de riffs et de titres faits pour que l'audience puisse lâcher tout ce qu'elle a dans le ventre. C'est l'heure du Pal et "Vlad the Impaler" vient annoncer la clôture du show. C'est à ce moment où "Dave Gahan" demande au public de s'assoir. Les premières notes de "Fire" arrivent et, au bout d'une minute, le public se lève et se met à danser sous les riffs accrocheurs de Sergio. Il y a pas à dire, Kasabian connait bien son affaire, pour preuve le public en extase reprend en chœur le refrain.
BDO 2012 : dans le stade, c'est encore l'été...
La nuit commence à tomber et les festivaliers se concentrent désormais sur la deuxième scène. C'est l'heure de prendre une bonne dose de 90's, d'embrasser la cause de Seattle. Une renaissance que personne ne croyait et pourtant cette fois ça y est : Soundgarden is back ! L'équipe de Cornell est de retour sur le sol australien pour ce Big Day Out. Et dans le public, une nouvelle génération est présente malgré ces longues années d'absence du quartet. Et quand les lumières tombent, l'introduction de "Black rain" retentit dans le stade avant de laisser sa place à "Searching with my good eyes". Le groupe répond bel et bien aux attentes et donne ce qu'il a dans le ventre. Chris Cornell n'attend pas pour déchainer la fosse avec le titre "Spoonman". Ça bouge et le sourire est présent sur tous les visages. Mais ça ne suffit pas, Matt Cameron nous lâche l'incontournable roulement de "Jesus Christ Posse". Et il n'en faut pas plus pour mettre l'audience en émoi. C'est un pogo géant qui prend vie dans la fosse sous les feux de lumières qui reprennent la jaquette de Badmotorfinger. Suite à cela, le groupe fait redescendre les mouvements du public avec un "Blow up the outside" et un "Fell on black days" qui permet à Matt Cameron de se placer à côté des deux guitaristes laissant vacant sa place derrière les futs pour admirer la foule en transe face aux groupe. Les grands classiques s'enchainent, "Outshined", "Rusty cage" ou encore "Burden in my hand". Pour le final, les américains nous offrent l'hymne "Black hole sun" avant de conclure avec "Slaves & bulldozers". Cet épilogue se fait avec les images des couvertures de Telephantasm (single et best of). Une ambiance unique qui nous montre que le groupe est là et qu'il est prêt à revenir. Chose dites à la vue des promesses que nous a lancées Chris Cornell.
Nous quittons l'enceinte du stade qui est pleine à craquer pour laisser place à Kanye West. Il est bientôt 22h et le festival rentre dans sa dernière ligne droite. Et face à la pointure médiatique, il y a Cavalera Conspiracy qui signe ici sa première venue sur le sol Australien tout comme Noel Gallagher's high flying birds. La sentence sera brève, Cavalera Conspiracy est à oublier. Heureusement que Marc Rizzo est là pour relever le niveau instrumental. Nous faisons l'impasse au bout de trois titres tout en ayant quand même attendu le "Refuse resist" pour revoir Max et Igor ensemble. Pour la suite, nous nous dirigeons vers la dernière scène pour voir ce que vaut Noel Gallagher (Oasis) sans son frangin.
Je ne cacherai pas que ce fut une bonne surprise. Son nouveau groupe est extrêmement accessible et plaisante avec la foule sur les titres qui s'enchainent et sur les reprises d'Oasis. Il faut reconnaitre que le bougre a un certain charisme sur scène. Il commence le show avec "It is good to be free" où le public réagit à chacune de ces interventions. Cependant, nous sommes nombreux à vouloir découvrir les nouvelles compositions sur scène et n'en sommes point déçu avec "Everybody's run" ou encore le premier single "The death of you and me". Les titres sont taillés pour le live mais également pour une ambiance intimiste. Et c'est ce qu'on retrouve sur cette scène excentré où le public est installé sur l'herbe sous les étoiles. Les titres s'enchainent et arrive l'incontournable "Don't look back in anger" qui provoque une envolé de l'ensemble du public. Tout le monde chante en chœurs pour cette dernière chanson du festival. Minuit approche et il sera bientôt temps de partir.
Que dire pour ces vingt ans ? Tellement de choses. Le projet est devenu aujourd'hui une immense machine dotée d'une infrastructure à faire pâlir certains festivals du vieux continent. Le projet est tellement bien ficelé qui permet à chacun de profiter comme il se doit de ces instants de partages. Les scènes sont éclectiques, tout comme les divertissements qui sont proposés. Cette année, Tony Hawk était présent sur le skate park du festival pour des démonstrations, tout comme les grandes marques qui elles aussi étaient présentes dans les stands. Le Big Day Out est vraiment le rendez-vous océanien pour les amateurs de musique(s), tous styles confondus.